Adages et principes talmudiques–

 

 Etat du texte en préparation (mi octobre 2013) 

ב"ה

 

 

 מַגִּיד דְּבָרָיו

 

« Il enseigne Sa loi ».

Adages et principes du Talmud

 (ouvrage en préparation) 

 

Introduction

מַגִּ֣יד דְּבָרָ֣יו לְיַֽעֲקֹ֑ב  « Il enseigne Sa Loi à Jacob » (Psaumes 147, 19) * 

  • Dans le Talmud comme dans les enseignements de rabbins contemporains, il est fait grand usage de « principes ». On lit ou entend : « il y a un principe… » et d’autres arguments de même nature [1].

Pourtant, ce mot recouvre des catégories bien différentes :

  • l’une fixe les règles de l’interprétation de la Torah selon la loi orale. Les ouvrages en hébreu traitant des principes [2] du Talmud et de la méthodologie talmudique s’intéressent volontiers aux règles de l’herméneutique et de la logique dont la connaissance est inséparable de l’argumentation talmudique de nos Sages. Ces principes de l’exégèse[3] sont les règles générales de l’interprétation de la Torah. Enseignées par R’ Nahoum ich Gamzo et son disciple Rabbi Akiba, elles ont été formalisées en sept règles par Hillel l’Ancien [4]. Développées par R’ Yossi Hagalili ; elles ont été transmises par R’Ichma’el (Ismaël) ben Élicha' (Elisée) qui enseigne 13 règles [5]. D’autres listes, plus complètes, ont été établies, telles les 32 règles de Rabbi Eli’ézer ben R’ Yossi Hagalili. Au Moyen âge, R’ El’azar de Worms זצ"ל  (1160-1237) a récapitulé l’ensemble des règles précédentes et en signale d’autres, aboutissant à 73 principes exégétiques. Au 19ème siècle, 613 principes exégétiques du midrach halakhique ont été compilés par le Malbim זצ"ל  (1809-1879) [6]. Cette catégorie fondamentale de Kelalim a donné lieu à une abondante littérature rabbinique [7], à la rédaction de bibliographies et autres ouvrages pédagogiques [8]. Il existe aussi une autre catégorie de principes appliqués non à la Torah mais à la littérature halakhique [9];
  • l’autre les règles régissant les discussions entre Sages. Un second ensemble réunit des principes indispensables pour la compréhension des discussions entre les Sages du temps de la Michna et des règles concernant les discussions entre les Sages [10] du temps de la Guémara, règles recensées à l’usage du talmudiste débutant par R’ Chemouel haNaguid זצ"ל  au  12ème siècle [11];  

-sentences, [12]verbe kalal (assembler sous forme de généralité ou de globalité), ou collel (institution d’enseignement qui rassemble des étudiants mariés, « qui se mettent dans une direction générale commune »).. Le contraire de klal (principe général) est prate qui relève du particulier.

  • Enfin, il faut compter aussi avec des notions qu’il faut éliminer car elle n’ont rien à voir avec la notion de klal et proviennent de traductions imprécises - Une difficulté supplémentaire apparaît à la lecture de textes qui traduisent par ”principe” ce qui n’est pas ”klal” : ainsi la michna 1 de Baba Kama peut-elle être traduite: « Il y a quatre principes de dommages : le taureau, la fosse, la dent et l'incendie », mais le mot « principe » tel qu’il est utilisé ici, traduit  Ab (ici employé pour établir les types de dommages selon l’origine) et non Klal !

 

Les règles générales

Des principes de ce style sont présents dans la Torah. Certains commandements de la Torah sont même qualifiées de Klal par certains maîtres, ce qui complique l’identification d’une catégorie ”principes”.

Ainsi R’ ‘Akiba enseigne : « zéh klal gadol batorah »/ C’est un grand principe de la Torah (Béréchit rabba 24,7) à propos de  וְאָֽהַבְתָּ֥ לְרֵֽעֲךָ֖ כָּמ֑וֹךָ « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Wayikra 19,18) [14].

Un verset de Chémot enseigne un principe essentiel qui est à la source de nombre de décisions rabbiniques. Au-delà de la signification littérale, et du contexte de ce verset, les mots אַֽחֲרֵ֥י רַבִּ֖ים לְהַטֹּֽת׃ « D'après la majorité, il faut se conformer » (Chémot 23,2) [15] fournissent un principe clé : ”on va selon la décision de la majorité” [16]. Mais évidemment, ce n’est pas le cas si la question posée est clairement tranchée par la halakha (savoir si on doit ou non respecter chabbat ne relève pas d’une décision selon la majorité!). En revanche, si il y a des avis partagés sur une question c’est l’avis de la majorité qui fondera la loi rabbinique.

Dans le livre de la Genèse, on lit: וַיִּשְׁמַ֣ע אֱלֹהִים֮ אֶת־ק֣וֹל הַנַּעַר֒ וַיִּקְרָא֩ מַלְאַ֨ךְ אֱלֹהִ֤ים ׀ אֶל־הָגָר֙ מִן־הַשָּׁמַ֔יִם וַיֹּ֥אמֶר לָ֖הּ מַה־לָּ֣ךְ הָגָ֑ר אַל־תִּ֣ירְאִ֔י כִּֽי־שָׁמַ֧ע אֱלֹהִ֛ים אֶל־ק֥וֹל הַנַּ֖עַר בַּֽאֲשֶׁ֥ר הוּא־שָֽׁם׃ (Béréchit 21, 17). Ces trois mots « Baacher hou cham » correspondent à un principe de la justice divine : « selon ce qu’il est là » : selon ce qu’est à cet instant la personne jugée [17]. Le verset et la tradition rabbinique relatent que Dieu aida Yichma’el qui allait mourir de soif car en ce moment précis, il s'était repenti. Quant à des éventuelles fautes ultérieures que pourraient commettre tel ou tel être humain, elles n’ont pas à être considérées, vu le principe « Baacher hou cham ».

On en découvre aussi au fil de la lecture d’autres livres du Tanakh [18], notamment dans le livre des Proverbes [19].

 

Des centaines de principes et adages sont énoncés dans la Michna, le Talmud, le Midrach.  Le traité Abot en réunit un très grand nombre; et cette michna a d’ailleurs été publiée sous le titre de «Maximes des pères », ou encore de « Traité des principes ».

Parmi le vaste fond des principes talmudiques, certains constituent ce que l’on pourrait appeler, une sagesse populaire. Il formulent des affirmations logiques, connues, qui sonnent justes [20]. Ces proverbes d’origine talmudique témoignent de l’observation des hommes, parfois même d’un certain humour, et se caractérisent généralement par leur brièveté et le sens de la formule. Certains d’entre eux découlent directement de la tradition orale reçue par les maîtres du Talmud et entrent, à ce titre, dans les débats visant à cerner la halakha [21]. Ces principes et adages, sont principalement désignés par les mots;

  • פתגמים Pitgamim (פתגם  Pitgam au singulier); dans la vie courante on introduit l'énoncé de ces principes par les mots הפתגם אומר  "comme dit l'adage";
  • מימרות  Mémrot ( מימרה Memra au singulier -de même racine que lémor: on peut traduire par : un « dire ») ;
  • Aphorismes (du grec ἀφορίζειν, définir, délimiter). C’est une phrase ou une sentence de quelques mots ;
  • כלל Klal au singulier  (Kéllalim au pluriel) [22].

Parfois certains principes ne sont pas admis par tous dans tous les cas et ils font alors l’objet de discussions s’appuyant sur deux ”principes” opposés [23]. Certains principes sont spécifiques au sujet développé dans un traité particulier, alors que d’autres, plus généraux, se retrouvent dans de nombreux traités. Certains relèvent de la logique, d’autres de remarques de bon sens, issus de la vie quotidienne ou économique (ainsi : « un prêt est donné pour être dépensé»)[24].

C’est aux principes et adages de cette troisième catégorie  que nous allons nous intéresser ici. Les principes de nos Sages apparaissent en grand nombre au fil de l’étude du Talmud de Babylone (תלמוד בבלי). Pourtant, ils ne semblent pas mériter un ouvrage spécifique : ils sont « donnés » tels quels dans le texte et il semble suffisant de les noter au passage sans s’y attarder. Trop s’intéresser à eux pourrait distraire l’étudiant de sa page de guémara : du moins du détail de la logique en œuvre et du développement des argumentations.

Dans toute discussion talmudique, dans tout enseignement rabbinique,  il est fait appel à l’autorité d’un ou plusieurs « proverbes talmudiques ». Il est affirmé : « il y a un principe… »,  ou : « selon un principe … ». Si dans le Talmud certains principes avancés sont discutés afin d’en cerner les conditions de validité [25], d’autres deviennent des références  incontestables.

Les  talmudistes les connaissent bien, pourtant, l’« évidence » de ces proverbes a pour conséquence la négligence d’un enseignement spécifique. Faisant partie des fondements solides de l’étude du Talmud, ces principes servent de bases pour l’établissement de la halakha. Mais ils peuvent sembler mineurs à côté d’autres aspects de l’étude du Talmud. Si l’on peut trouver des compilations de proverbes et éléments relatifs à la sagesse juive, on peine à trouver un ouvrage sur les principes, et encore plus, un recensement intégral [26].

C’est pourquoi cet ouvrage recense de nombreux adages et principes. Sa rédaction a présenté, pour l’auteur, l’avantage d’organiser ses notes de lecture du Talmud, et donc sa révision commode d’une partie du contenu de pages étudiées sur le mode élémentaire dit « békiyoute » [27]. C’est dans l’espoir que d’autres étudiants de la parole divine (puissent bénéficier de cet aide-mémoire et y trouvent quelque utilité que nous le reproduisons. Nous pensons, bien entendu, aux seuls débutants, laissant aux rabbanim le soin de transmettre l’enseignement talmudique oralement.

 

Avant de commencer ce recensement, insistons sur une évidence : pour les questions halakhiques, chacun doit consulter son Rav. Seuls les rabbins décisionnaires d’autrefois ou de nos jours sont à même de préciser la halakha, la loi à suivre dans les situations concrètes. C’est pourquoi il ne convient pas de déduire la halakha de son étude de la Michna et la Guémara.

Cela est encore plus vrai des seuls principes du Talmud. Un principe, énoncé par Rabbi Yo’hanane, affirme d’ailleurs expressément : אין למדין מן הכללות : « On n’apprend pas des règles générales », et ce, ואפילו במקום שנאמר בו חוץ , même lorsqu’il est précisé excepté [28]. Il est clair qu’on n’apprend pas la Loi des seuls principes, car il n’est pas possible de tirer une conclusion catégorique de ces règles générales du Talmud. Les décisions en matière de halakha demandent une plus vaste connaissance [29].

 

 

Typologie des adages talmudiques

Les nombreux principes peuvent être classés en plusieurs catégories.

Les principes de classement varient selon l’objectif poursuivi :

-selon leur thématique ;

-selon l’origine de la tradition. Précédés de tanou rabanane  ou de Nakitinan) ils transmettent un enseignement de la tradition [30];   mais ils sont souvent cités au nom du Tana ou de l’Amora qui les a formulés [31]. Nombreux sont aussi les préceptes anonymes ;

-selon leur intérêt général, ou bien spécifique à quelques traités ;

-etc.

 

Certains mots ou abréviations annoncent parfois des principes :

-(négation) ;

- (tout) ;

-(négation) ;

-(à tout jamais/toujours) ;

-Dé-im ken(parce qu’autrement) ;

-(comme disent les gens);

-(voici la règle générale). L’indication avant l’exposé d’un principe apporte une information : selon les principes d’interprétation de la Michna, ces mots indiquent « que d’autres situations sont incluses dans la règle en question, bien que la Michna ne les mentionne pas » [32]

On retrouvera ces principes dans notre index en caractères hébraïques.

 

Certains principes sont :
-    des principes ou « règles communément acceptées »   ; כלל Kélal au singulier ; כללות  kélalot, au pluriel;
-    des principes contradictoires faisant l’objet de discussions;
-    des sentences, adages,  maximes;  - פתגמים Pitgamim - פתגם  Pitgam au singulier 
-    des dictons, formules et expressions diverses: on peut traduire par : un « dire » - מימרות  Mémrot - מימרה Memra au singulier (de même racine que lémor);
-    des proverbes connus de tous, des principes directement empruntés à la sagesse populaire: ils sont alors précédés de דאמרי אינשי (comme disent les gens);
-    des métaphores utilisés par les Tanaïm ou Amoraïm; 
-    des affirmations, dires, enseignements, préceptes.

Certains principes sont :

-des « règles communément acceptées » [33] ; כלל Kélal au singulier ; כללות  kélalot, au pluriel;

-    des principes contradictoires faisant l’objet de discussions;
-    des sentences, adages,  maximes;  - פתגמים Pitgamim - פתגם  Pitgam au singulier 
-    des dictons, formules et expressions diverses: on peut traduire par : un « dire » - מימרות  Mémrot - מימרה Memra au singulier (de même racine que lémor);
-    des proverbes connus de tous, des principes directement empruntés à la sagesse populaire: ils sont alors précédés de דאמרי אינשי (comme disent les gens);
-    des métaphores utilisés par les Tanaïm ou Amoraïm; 
-    des affirmations, dires, enseignements, préceptes.

Au-delà de la diversité : principe fondamental תלמדני כל התורה כולה כשאני עומד על רגל אחת  - « Enseigne-moi toute la Torah pendant que je me tiens sur un pied » ! (TB Chabbat 31a)  -

La différence entre ces principes et ceux des autres peuples tient en ce qu’ils font partie de la Loi orale [34]. Ils se distinguent radicalement des adages populaires [35], ou des adages utilisés par les juristes afin de faciliter la mémorisation de principes du droit [36].

Une anecdote du Talmud met en scène un non Juif qui provoque deux grands sages avec une exigence ridicule : « enseigne-moi toute la Torah pendant que je me tiens sur un pied ». Chamaï le chassa, mais Hillel l’Ancien  parvint à le convertir après lui avoir enseigné toute la Torah en ces quelques mots : « ce qui est détestable pour toi, ne le fait pas à ton prochain. Ceci est la Torah toute entière » [37]. On comprend généralement ce passage du Talmud comme la démonstration de la grande patience de Hillel l’Ancien : rien ne parvenait à le faire sortir de ses gonds. Il ne s’énervait jamais, restait humble et doux avec ses interlocuteurs, même si la provocation délibérée frisait la farce (comme ici) ou dépassait les bornes par la forme irrespectueuse, ou par le moment très mal choisi (comme dans d’autres histoires du même genre [38]). Performances d’autant plus remarquables qu’Hillel avait de grandes responsabilité : c’était à la fois l’un des maîtres spirituels de sa génération et le chef du peuple Juif (Nassi).

La tradition enseigne que, lorsque les Sages enseignent, y compris des sujets de type haggadiques il existe un sens profond qui va bien au-delà ce qui semble n’être qu’une remarque de faible importance. Au-delà de l’anecdote, au-delà de la provocation facétieuse adressée à Chamaï puis à Hillel, le Maharcha voit un enjeu d’importance [39]. En demandant s’il est possible de faire tenir toute la Torah sur un seul pied, voulait-il simplement provoquer ou bien voulait-il sincèrement identifier un principe fondamental sur lequel reposerait toute la Torah ?

La réponse musclée de Chamaï, est négative : il le chasse avec une règle de maçon - un instrument servant à mesurer les fondations. Ce faisant, Chamaï nous apprend que de même qu’un bâtiment ne peut reposer sur un seul point d’appui, et que les fondations doivent se ternir sur une large base, de même, la Torah ne peut être réduite à un unique principe. 

En revanche Hillel l’Ancien entre dans le jeu de son questionneur, et il n’hésite pas à donner une réponse positive, suffisamment convaincante pour que son interlocuteur décide de se convertir, prouvant de la sorte que sa question n’était pas simple provocation, mais quête sincère d’une vérité première. De fait, la réponse de Hillel l’Ancien est satisfaisante car elle semble bien résumer pratiquement toutes les lois de la Torah régissant les relations entre les hommes et leurs prochains (vol, faux témoignage, adultère, etc.) [40]. Pourtant, elle semble occulter les lois de la Torah régissant les relations entre l’homme et Dieu, mais Rachi exprime l’idée que cette réponse n’occulte pas ces lois régissant les relations entre l’homme et Dieu. Puisqu’il est écritרֵעֲךָ ורעה (וְרֵעַ) אָבִיךָ, אַל-תַּעֲזֹב;   « N’abandonne pas ton compagnon ni le compagnon de ton père » (Proverbe 27, 10). Ainsi, Dieu est appelé le ‘prochain’ de l’homme selon ce qu’enseigne Rachi : « וְרֵעַ אָבִיךָ - le Saint béni soit-Il qui est appelé le prochain d’Israël et le prochain de ton père… » [41] . De même « que l’on trouve détestable que quelqu’un puisse ignorer nos souhaits, nous ne devrions pas ignorer les souhaits de Dieu, contenus dans les mitsvot de la Torah » [42].

Ainsi, Hillel l’ancien va bien au-delà d’un résumé des lois de la Torah régissant les relations entre les hommes. Il suggère que le principe fondamental des mitsvot de la Torah consiste à ce que l’homme, naturellement égocentrique, dépasse la simple satisfaction de ses besoins personnels et reconnaisse l’importance d’autrui. Or, à l’extérieur de lui-même se trouvent tant les autres hommes que Dieu. Le terme רֵעַ   ferait ainsi référence à tout ce qui est extérieur à l’égo.

 

La question posée par le non juif de l’histoire à Chamaï et Hillel l’ancien, illustre une quête fondamentale de l’existence juive : l’étude de la tradition qui passe par la recherche et la formulation de nombreux principes.

Des principes dont le nombre et la variété sont indispensables selon la réponse de Chamaï et qu’il faut prendre le temps d’étudier sa vie durant et pas seulement le bref instant où l’étudiant superficiel se tiendrait « sur un pied » ! On retrouve là toute l’étendue de la parole divine et en particulier toutes les lois contenues dans la Torah écrite et orale.

Des principes qui, selon la réponse de Hillel l’ancien, reposent bien sur un klal fondamental, au-delà de la diversité des principes particuliers (kellalim) : l’essence de la Torah orale transmise par nos Sages provient directement de Hachèm, par Moché au Sinaï.

 


[1]  Ainsi : « Il est, en effet, rapporté dans de nombreux ouvrages de la tradition juive un principe selon lequel… », Gérard Touaty, « L’Insolence de la fin des Temps », Actualité juive, n° 1061, 5 mars 2009, p. 42.

[2] כלל Klal au singulier - כללים au pluriel. On parle de הכלל בתלמוד “règle du Talmud”.

[3] hamidot chéhatorah nidréchet bahèn 

[4] Né environ 60 ans avant l’ère courante – et mort à près de 80 ans en l’an 20.

[5] Formulées au 2ème siècle avant l’ère courante, elles reprennent en partie les sept règles de Hillel l’ancien (il en subdivise certaines, en omet une, et en ajoutant une autre). Par exemple : Kal va’Homer   ;Gézéra chava -  גזירה שוה   ; Mininyan ab vékhatoub é’had, mibinyan ab ouchné khétouvim ; Védabar halamed mé’inyano, védabar halaméd misoufo.

[6] Ces derniers principes exégétiques ne sont pas des principes bien définis, et « on ne peut les mettre en évidence qu’après une analyse méticuleuse des textes midrachiques eux-mêmes » R’ A. Steinsaltz (1995), Le Talmud, L’Edition Steinsaltz, Guide et lexique, p. 133.

[7] Parmi les nombreux ouvrages rabbiniques proposant une introduction à l’étude de ces règles herméneutiques citons :

- de R’ Samson Mikinon  זצ"ל  "Sefer Keritut" (écrit au 13ème s, publié à Constantinople, 1515) devenu un classique. Le rav insiste sur la connaissance précise des règles relatives aux déductions par analogie et  a fortiori, aux règles de R’ Yichma'el et de R’ Yossé ha-Galili; il indique les noms des Tannaim and Amoraim, et avance une méthode pour décider entre les opinions contraires des maîtres du Talmud ;  il explique certaines décisions halakhiques ;

- R’ Yossef Karo זצ"ל  (voir titre) ; …

[8] Voir:

- Index du Talmud Babli Soncino (1952) : “comprehensive Index volume collating the indices from all tractates, and included an index to the statements of each of the Sages” Certains traités sont disponibles en ligne à http://www.come-and-hear.com/talmud/

- Weiss, I.H (1891), Sefer Darkhei ha-Gemara. Vienna, 20 p.;  Jellinek, Adolph (1878) - Kuntres ha-Kelalim (On talmudic methodology), Vienne 1878 (32 p.).

[9] La méthode de compréhension du choul’hane ‘aroukh (et donc la décision halakhique qui en découle) obéit à certains principes. Par exemple, on tranche la loi selon les principes suivants:

- “klal :stam wé yech, halakha ké stam” C’est-à-dire que lorsqu’un avis est donné (stam), suivi de “certains disent” (yech), c’est le premier avis qui est retenu (stam)

- ou au contraire “yech vé yech”: “klal: yech véyech, halkha ké yech batra”. C’est-à-dire que se succèdent “certains disent” (yech),  suivi encore de “certains disent” (yech), c’est le dernier avis qu’il faut suivre (celui de dernier yech).

[10] Notons que les Sages du temps de la Michna sont appelés les Tanaïm et portent le titre de Rabbi. Les Sages du temps de la Guémara sont appelés les Amoraïm : ceux d’Erets Israël sont nommés Rabbi (tout comme les Tannaïm) alors que ceux de Babylonie portent le titre de Rav. Le Midrach et les écrits des ’ha’hamim formulent d’autres principes.

[11]  R’ Chemouel HaNaguid, Introduction au Talmud (12ème siècle), Appendice 1, Carmell A. (1994), Aide à l’étude du Talmud, Editions Marome, Paris

[12] Ainsi que des expressions et diverses citations.  

[14] Cit. R’ Léon Askénazi זצ"ל qui précise qu’en hébreu, cela se lit aussi : « c’est le principe d’un Grand de la Torah » : on est là au niveau de la perfection morale.

[15] לֹֽא־תִהְיֶ֥ה אַחֲרֵֽי־רַבִּ֖ים לְרָעֹ֑ת וְלֹֽא־תַעֲנֶ֣ה עַל־רִ֗ב לִנְטֹ֛ת אַֽחֲרֵ֥י רַבִּ֖ים לְהַטֹּֽת׃ ”Tu ne seras pas derrière plusieurs pour méfaire. Tu ne répondras pas dans une querelle pour dévier derrière plusieurs et faire dévier” (Traduction A. Chouraqui). 

[16] Ce principe biblique est commenté par Rachi comme : suit ”fait pencher [la décision] d’après la majorité”. Il en découle le concept halakhique de ”bitoul” (annulation) à propos de la nourriture interdite: ”tout le mélange peut être consommé à la condition que la nourriture permise représente la majorité”. Ce principe donne lieu à une réglementation plus complexe pour l’application précise en matière de lois de cacherout: certains aliments ou éléments considérés comme importants ne peuvent être annulés dans un mélange  (ainsi : un insecte petit mais entier). Aussi faut-il évidemment tenir compte des décrets rabbiniques (Choul’han ’Aroukh, Yoré Dé’a 98-111). Voir: T.B. Beitsa 3B, édition Safra, p. 3b2, notes 21, 23.

[17] Ainsi :« La charité sauve de la mort »  וּצְדָקָה, תַּצִּיל מִמָּוֶת. (Proverbes 10, 2 )

[18] Ainsi : ”Car de Tsion sort la Torah, et la parole de Hachem de Jérusalem” כי מציון תצא תורה ודבר ה' מירושלים (Michée 4, 2 -  מיכה ד ב)

[19] Ainsi :« La charité sauve de la mort »  וּצְדָקָה, תַּצִּיל מִמָּוֶת. (Proverbes 10, 2 )

[20] Par exemple :

- « On est dans le lieu auquel on pense » ou ” Là où on pense, on est” - Si quelqu’un se trouve au beth hamidrach pendant toute la journée, si pendant une demi heure, il a pensé à autre chose (par exemple, a un pb dans un bureau ; ou bien pensé à sa maison) ce temps ne compte pas dans le temps passé au beth hamidrach. C’est logique, on le dit, mais est-ce un kalal ?

[21]  Voir par exemple comment est avancé l’un de ces principes  dans l’argumentation d’un Sage : il est question des droits d’une petite fille à consommer la térouma (TB Kiddouchine 4a).

[22] Ce mot a été compris dans le sens de « postulat de base » par R’ Marc-Alain Ouaknin (1986), Le livre brûlé, Lire le Talmud, éd. Lieu Commun,  pp. 105-106.

[23] Ainsi, pour certains, la Torah parle le langage des êtres humains, alors que pour d’autres le principe inverse est soutenu (TB Makot 12a).

[24]  TB Kiddouchine 47a.

[25]  Voir par exemple les discussions sur le principe relatif à l’établissement de conditions non formulées lors de l’établissement d’un contrat.

[26]  Exception notable: le Ma’aassé Moché (מעשי משה, L’œuvre de Moché) de R’ Moché Lévi (Turquie, 19e s.). Cet ouvrage du rabbin de Kostur (Serbie) inclut une liste alphabétique d’aphorismes du Talmud (nous n’avons pu encore consulter cet ouvrage cité par http://artengine.ca/eliany/html/biodictionaryfiles/rabbinsl.html (consulté en oct. 2013).

[27] Simple lecture du texte de la guémara et compréhension d’un sens littéral (pchat). Mot opposé à « ‘Iyoune » (étude approfondie du Talmud à la lumière des commentateurs).

[28] « la règle générale n’a pas la prétention d’être applicable uniformément dans toutes les situations » Cela même si la règle commence par Kol (tous) : « l’usage du collectif ‘tous’ doit se comprendre comme un simple moyen mnémotechnique » R’ A. Steinsaltz (1995), Le Talmud, L’Edition Steinsaltz, Guide et lexique, p. 85

[29] En particulier, connaissance des exceptions mentionnées ou non dans le texte et qu’il faut connaître par la connaissance des débats sur les différents sujets.  Même lorsque des exceptions sont précisées dans le texte, d’autres peuvent exister…

[30] Nakitinan (Voir : Rachi Erouvine 5a) = massoret méaboténou transmission de nos pères et enseignement de nos maîtres  (EB)

[31] « soit qu’il les avait inventés, soit encore qu’il aimait à les mettre en exergue ou à les enseigner à ses disciples » indique Malka V. (2002), Le grand livre des proverbes juifs, p. . 10-11

[32] Note 8, page 21a1, TB Méguila 21b, Ed Safra.

[33] Selon l’expression de: TB Makot, Ed. Safra, p. 14b4. Par exemple: « Violer un interdit qui peut être effacé au moyen d’un commandement positif n’est pas passible de malkout »

[34] Expriment pas une sagesse populaire parfois contradictoire, ou des adages utilisés par les juristes afin de faciliter la mémorisation de principes du droit.

[35] Il s’agit de formules condensée exprimant des affirmations pouvant se contredire.

[36] Un adage latin donne toute la mesure des différences entre la loi hébraïque et celles des nations : « les lois postérieures dans le temps prévalent sur les plus anciennes ». Voici quelques autres exemples d’adages juridiques :  « La  preuve incombe au demandeur » ; « La confession est la reine des preuves » ; « Contre un fait il n'existe pas d'argument » ; « Le doute profite à l'accusé » ; « Nul n'est censé ignorer la loi » ; « On ne peut être juge et partie » ; « Personne ne peut donner ce qu'il n'a pas » ; etc.

[37] שוב מעשה בנכרי אחד שבא לפני שמאי אמר לו גיירני ע"מ שתלמדני כל התורה כולה כשאני עומד על רגל אחת דחפו באמת הבנין שבידו בא לפני הלל גייריה אמר לו דעלך סני לחברך לא תעביד זו היא כל התורה כולה ואידך פירושה הוא זיל גמור:   - TB Chabbat 31a.

[38] TB Chabbat 30b

[39] Maharcha. Cit. note 17, p. 31a2, TB Chabbat , Ed. Safra.

[40] On y trouve l’écho du verset : לֹֽא־תִקֹּ֤ם וְלֹֽא־תִטֹּר֙ אֶת־בְּנֵ֣י עַמֶּ֔ךָ וְאָֽהַבְתָּ֥ לְרֵֽעֲךָ֖ כָּמ֑וֹךָ אֲנִ֖י יְהוָֽה׃. Le Maharcha suggère que si Hillel applique négativement l’affirmation déduite des mots de ce verset, c’est parce que l’on trouve dans ce même verset des commandements  négatifs : לֹֽא־תִקֹּ֤ם וְלֹֽא־תִטֹּר֙  « tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas rancune ». Maharcha , cit. TB Chabbat , éd. Safra, note 18, p. 31a2.

[41] Cit. Néviim ou Kétouvim. Mkraot Guédolot, Michlé, Mekor haSéfarim / Feldheim Publishers, Jérusalem/New York, 5759, p. 306.

[42] Note 18, p. 31a2, TB Chabbat , Ed. Safra.

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