Chabbat siman tov (Chabbat zakhar)

 

Le chabbat qui suit la naissance d'un garçon porte le nom de Chabbat siman tov (ou Chabbat Zakhar)

 

 

Explications sur les raisons de cette coutume

Les origines de cette cérémonie tiennent à plusieurs raisons avancées pour l’expliquer. Les achkénazes l’appellent « chabbat zakhor » ce qui est dû à la prononciation « o » du kamats -  les sépharades auraient énoncé « chabbat zakhar ».

Il s’agit de remercier Hachèm ית"ש pour la délivrance de la maman et la bonne santé de l’enfant et fêter le premier chabbat de l’enfant : première mitsva à son actif [1].

Le mot zakhar (mâle) est mis en relation avec le nom zakhor (souviens-toi) le quatrième des Dix commandements de la Torah  זָכ֛וֹר אֶת־י֥וֹם הַשַּׁבָּ֖ת לְקַדְּשֽׁוֹ׃  « Souviens-toi du jour du chabbat, pour le sanctifier » (Chémot 20, 8-11) [2]. Avec l’arrivée d’un garçon, le chalom du chabbat arrive dans le monde [3].

Autre explication -  Comme, en naissant, l’enfant perd la mémoire de toute la Torah que le fœtus avait entièrement étudiée pendant sa gestation[4], il convient de le consoler de cette perte de la Torah oubliée à la naissance [5].

Cette réunion est assimilée à la visite à un endeuillé, le bébé étant « en deuil » de sa Torah perdue, car, juste avant la naissance, un ange touche les lèvres du bébé, provoquant cet oubli.  Le souvenir de la Torah apprise serait la raison de cette  réunion à son domicile [6] et peut-être une manière de souhaiter au bébé que durant sa vie, il aura l’occasion d’étudier en profondeur toute la Torah par son propre mérite: zakhor (souviens-toi !).

Une troisième explication est avancée par le Midrach qui relate la parabole suivante : visitant l’une des provinces de son royaume, un roi décrète que toute personne souhaitant une audience devrait préalablement présenter d'abord ses hommages à la reine [7]. De la même manière, l’enfant qui désire entrer dans l'alliance décrétée par Hachèm ית"ש, doit auparavant célébrer le jour du Chabbat (on parle de « la Reine chabbat »).

 
La veille du chabbat chez lesSéfarades

Le chabbat suivant la naissance d’un garçon est appelé « chabbat simane tov » chez les séfarades [8].

Ce jour revêt une certaine solennité et des visiteurs viennent au domicile de la famille.

 

Piyout :   ’Houchah na

En Tunisie, un piyout[9]

 

 

La veille du chabbat, chez les Achkénazes

Chez les achkénazes le chabbat suivant la naissance d’un garçon est appelé « chabbat zakhor ». Une petite réception est organisée alors dans la maison des parents du bébé. Le choix de ce jour tient pour certains à ce que ce soir-là, « les gens sont en général chez eux et donc, plus disponibles pour venir y participer » [10].

La séouda du chabbat zakhor  est parfois considérée comme sé’oudat misva [11].  La tradition du « deuil de la perte de la Torah » par l’enfant permet de comprendre pourquoi des  lentilles, des haricots ou des pois chiches sont souvent servis lors de cette séoudat : ce sont des aliments traditionnellement consommés par les endeuillés [12].

Parfois, la coutume consiste à servir des boissons « mais pas un repas complet. » [13]

 

Montée à la Torah le chabbat

A l’office du samedi matin, avant l’ouverture du hékhah et la sortie des séfarim, il est d’usage de chanter

-          un piyout lorsque dans l’assemblée est présent le père d’un nouveau-né [14] ;

-          le psaume 128 est lu dans les communautés de coutume italienne [15].

 

Le sandak, le père [16] - et le mohel ont droit à une monté à la Torah - dans cet ordre et dans la mesure du possible [17]. Notons que le père d’un garçon cède son droit au père d’une fille dont la mère se rend à la synagogue pour la première fois depuis son accouchement [18].

 

 


[1] R’ A. Atlan (1995), p. 32.

[2]  Séoudat mitsva. Voir: Krohn R’ & Scherman R’ (2003).

[3] Selon l’enseignement talmudique : « La paix inhérente au chabbat arrive dans le monde avec la naissance d’un garçon » (T.B. Nida 31b).   

[4]  T.B. Nida 30b

[5]  R’ Y. Emdem, Migdal ‘oz – cit. R’ Atlan, p. 32.

[6]  Taz, Y.D. 265, 13  cit. par http://www.cisonline.org/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=88 (consult. janv. 2010).

[7]  Midrach wayikra rabba 27,10, cit. par http://www.cisonline.org/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=88 (consult. janv. 2010).

[8]  R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, p. 438.

[9]  R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, volume 2 (Ma’hzor) p. 203.

[10] Troumat Hadechen, 269, Cit. R’ Shraga Simmons,  « C’est un garçon »,   

http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=752,  consult. fév. 2010.

[11]  Séoudat mitsva. Voir: Krohn R’ & Scherman R’ (2003).

[13] R’ Shraga Simmons,  « C’est un garçon », http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=752, consult. fév. 2010.

[14] C’est également le cas, lorsqu’un Bar Mitsva, ou un marié est présent à l’office. L’assistance chante alors en leur honneur un piyout de circonstance et cela met un air de fête à l’office.   R’ S. Darmon (1995), p. 415.

[15] Voir le tableau page 69 dans סדר תפלות כמנהג איטאלייאני, 2010 (תשעא),  ירושלים, 205 p. (= p. 78, http://www.hebrewbooks.org/46130)

[16]  Conformément à l’enseignement de R’ Moché Isserlès, cit. R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, p. 438.

[17]  Un ordre des priorités est parfois fixé. Mais, lorsque les montés à la Torah sont vendues les personnes intéressées ne peuvent faire valoir leur droit car l’intérêt de la communauté passe avant, mais l’usage est d’honorer tout de même les personnes ayant le droit ou le devoir de monter à la Torah (non mise en vente de certaines montées). Dans la communauté de Prague l’ordre avait été précisé : c’est le droit, d’abord, du jeune marié dans la semaine de son mariage ; c’est le devoir du Bar Mitsva ; c’est le droit du père et de la famille du Bar Mitsva ; c’est le droit du Sandak ; du Mohel, du père du garçon ; enfin c’est le devoir de celui qui marque l’anniversaire d’un deuil (cité par R’ A. Atlan,1995,  pp. 32-33).

[18]  R’ A. Atlan, 1995,  p. 32.

[19]  R’ A. Atlan, 1995,  p. 32. 

 

 

 

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