Sur « La loi des retours » de Charles Azoulai (2017)

Sur « La loi des retours » de Charles Azoulai (2017) - témoignage sur le passé récent et l’avenir des Juifs de France

 par Hillel Bakis 

Des amis m’ont fait découvrir un livre que je tiens à mon tour à signaler [1]. Outre une forme et un style de grande qualité cet ouvrage offre un témoignage présentant le plus grand intérêt pour qui s’intéresse au passé récent et à l’avenir des Juifs de France. Il mérite d’autant plus un signalement que sa diffusion paraît encore confidentielle. Imprimé en Pologne, il n’apparaît pas aux catalogues des Bibliothèques nationales de France et d’Israël.  Il est certes possible de le commander chez Amazon [2], mais, pour le faire… encore faudrait-il préalablement connaître son existence [3].

L’auteur de La Loi des Retours, n’est pas directement présenté sur la dernière de couverture, mais son texte donne l’impression d’une œuvre partiellement autobiographique, malgré la fausse distance crée par l’emploi de noms de lieux et de personnes choisis pour donner le change.

Le narrateur est issu d’une famille qui quitta le « département français » dont elle était originaire « longtemps avant les événements » (p. 11) [4]. Cet indice désigne l’Algérie, corroboré qu’il est par le service militaire du père (p. 9) et l’affichage d’une photographie du chanteur Enrico Macias affichée dans la chambre des parents (p. 11). Il a habité dans un 4 pièces HLM loué entre 1958 et 1989, date du décès de son père (p. 15). Candidat au concours d’entrée de l’École Normale, il a été admis (p. 29) et est entré dans la carrière de professeur de Lettres. On apprend par ailleurs que l’auteur est Docteur de l’Université de Grenoble après la soutenance d’une Thèse de Lettres en 1982 [5].

Dans « La loi des retours », Charles Azoulai s’efface derrière un narrateur. Pierre Vidal (p. 11) est un Juif français engagé dans un double retour, spirituel et national, dont il relate la genèse et les péripéties à l’occasion du récit de sa vie. A cette occasion, l’auteur présente une fine présentation psychologique du narrateur tout au long de son parcours dans un contexte du plus haut intérêt sociologique.

Attachement à la France

Au-delà des péripéties de l’existence de Pierre Vidal, cet ouvrage met en scène un moment capital de l’histoire des Juifs de France. Dès avant leur sortie du Maghreb, les Juifs d’Afrique du Nord s’étaient engagés dans une assimilation au monde « moderne ». Cet engagement s’est prolongé après l’arrivée dans la Métropole. La mère du narrateur était « profondément attachée à la France… elle ne supportait pas qu’on jouât auprès d’elle une partition autre que celle de la francité » (p. 117). Le narrateur en témoigne également à plusieurs reprises : « J’étais attaché à mon village, il était mon histoire, ma géographie, ma grammaire et mes leçons de choses. Je voulais être un enfant de ce pays et je n’accepterais de le quitter que pour mieux me retrouver en lui et le retrouver en moi » (p. 47). Ainsi, encore : « La France devint pour nous plus que la France… Elle fut un rêve, un avenir, une mission, un idéal… » (p. 153) ; « Le temps a passé et la francité a pénétré notre âme, présidant à la formation de nos goûts, au choix de nos orientations personnelles, à la force de nos aspirations et à la qualité de nos désirs » (p. 155).

Il en résultait une forme d’auto assimilation active et volontaire au pays d’accueil, démarche personnelle qui « se distingue de l’assimilation subie ou imposée par les aléas de l’exil » (pp. 137-138) et qui se manifeste par une « fascination exercée par le pays d’accueil sur l’individu… et en retour par une adhésion pleine et entière de ce dernier à ses valeurs, sa mentalité et ses usages » (p. 138) [6]. Dans certains cas, les impératifs professionnels et spirituels entraient en compétition (respect du jour de Kippour en semaine par exemple), mais une négociation avec la hiérarchie permettait souvent de gérer cette contradiction en douceur et dans la tolérance malgré une situation caractérisée par l’adoption d’une « pré orthodoxie » (p. 175)[7] et l’attachement à des signes distinctifs visibles en dehors du domicile (barbe, casquette).

Difficultés d’intégration

Le narrateur note la  « … séparation définitive entre l’espace privé et l’espace public » (p. 78) car les déracinés « que nous étions » ne voulaient pas trahir leur identité (pp. 78-79). « Nous eûmes… deux vies parallèles qui ne s’interpénétraient pas : l’une publique, professionnelle et sociale, réduite à sa plus simple expression car… peu encline à tisser des liens d’amitié avec l’extérieur… ; l’autre personnelle, familiale et communautaire… ne parvenant jamais à trouver son équilibre en raison de son inadéquation avec le pays » (pp. 163-164).

Le déracinement avait causé aussi sur le narrateur et sa famille un repli sur soi, engendrant « un décrochage du tissu social du lieu d’accueil » (p.76) [8]. Ils aimaient « la France d’un amour sincère et exclusif mais leur condition et leur religion les placèrent dans une suspension spirituelle et urbaine qui les dota de pieds d’argile et fragilisa leurs relations autres que professionnelles avec la réalité profonde du pays tout entier » (p. 79). En effet, « détaché de notre communauté d’origine et n’étant pas parvenue à s’intégrer à la société villageoise, notre famille était restée dans la marginalité dans laquelle le déracinement l’avait placée » (p. 75). Aussi, l’appartement où a grandi le narrateur était-il perçu par ce dernier comme « l’espace physique primordial d’un auto confinement moral… j’étais comme l’insecte contre la vitre, incapable de me mélanger aux autres et de pénétrer le monde extérieur qui n’était pas le mien dès l’origine mais dans lequel je rêvais d’exister et de briller » (p. 15).

Progressive dilution identitaire

Le narrateur est conscient que le déracinement de sa famille avait opéré « une véritable éventration de notre foi et une forme efficace de dilution identitaire… à l’œuvre dans nos esprits et dans nos cœurs » (p. 137).

Participant et renforçant la dilution identitaire, les mariages « mixtes » se sont multipliés parmi les Juifs d’Afrique du Nord installés en France depuis le milieu du vingtième siècle. Le mariage « mixte » d’un oncle du narrateur est l’occasion pour l’auteur d’une remarque forte propos de la non-juive entrée dans la famille : « à notre grand regret, elle fut l’épouse de notre oncle sans jamais devenir notre tante » (p. 132). Avec le décès de l’oncle et l’annonce de son enterrement selon un rite protestant, il devint clair que la distance que cette femme « avait imposée entre elle et nous était une marque de mépris envers notre famille, notre peuple et notre foi, distance qu’elle avait mis à profit durant de longues années pour toiletter à son aise et à son goût l’âme d’un être devenu complaisant, démuni et fragile » (p. 135).

Retour spirituel

Le progressif retour spirituel est relaté par le narrateur qui en vient à modifier son mode de vie et ajouter à ses lectures.

L’auteur fournit à cette occasion d’intéressantes remarques. Il distingue le « croyant qui a vécu de façon continue depuis son enfance dans un environnement religieux », du « croyant de retour » (pp. 98-99). Le premier « a reçu de ses parents et de son entourage un héritage linguistique, moral et spirituel constituant un cadre psychologique et intellectuel stable et homogène qu’il étend, approfondit et fait fructifier tout au long de sa vie. Sa foi pure, c’est-à-dire sans mélange, satellise autour d’elle les autres croyances dont elle marginalise les influences et relativise la portée » (p. 99). Au contraire, le « croyant de retour » vit un choc spirituel qui suit « une séquence plus ou moins longue de vie profane, laïque ou fondée sur une idéologie et se substitue à lui » (p. 99-100).  L’itinéraire d’un croyant de retour est confronté à des questions majeures : « Quelle place accorder à la religion dans la vie de tous les jours ? » ; « Comment concilier vie spirituelle et vie profane et empêcher les excès qui conduisent à des situations de rupture et de perte de sens ? ».

Le narrateur illustre un aspect de ce retour par la redécouverte et l’usage de son second prénom qui « marquèrent le passage puis l’entrée dans le monde religieux. Ma famille et mes anciens amis continuèrent de m’appeler par mon petit nom tandis que mes nouvelles connaissances ne retinrent que le second qui était le prénom d’origine biblique de mon grand-père maternel et que mes parents n’avaient pas inscrits à l’état-civil français. Après avoir surmonté un premier sentiment d’étrangeté, je vécus entre deux prénoms qui correspondaient aux deux facettes de ma formation et de ma personnalité et qui exprimaient tour à tour la présence diasporique de mon être physique et intellectuel et l’antécédence spirituelle de mon âme » (p. 111).

Une autre question est soulevée par ce retour : « Comment gérer les modifications familiales, amicales, sociales imposées par l’observance du dogme ? » (p. 103). L’auteur propose de nommer « syndrome de Gornac » [9] les perturbations familiales nées des changements de comportements d’un enfant (pp. 115-117).

Évolution socio-culturelle de la France

Au passage, l’auteur aborde le sujet des Musulmans en France, sujet évidemment inévitable du fait des conséquences socio-culturelle et sécuritaires posées par les évolutions sociologiques et démographiques depuis le milieu des années 1970 (pp. 113-114).

Avec une certaine distance, le narrateur observe : « Les flux migratoires porteurs d’histoire, de mentalités, d’objectifs et d’intérêts différents voire parfois antagonistes… firent [de la France] un pays de mélange. Ils modifièrent sa sociologie, précipitèrent le communautarisme… Le principe d’autorité fut pulvérisé… »  (pp. 166-167).

Une des conséquences de l’affaiblissement de l’autorité de l’État dans les « Territoires perdus de la République »[10] est la fin de « l’existence en bonne intelligence avec le pays d’accueil durant plus de cinq bonnes décennies » (p. 175).

La réflexion initialisée par « La Loi des retours » peut être prolongée. À présent, l’antisémitisme endémique en terres musulmanes a été importé en France où les autorités n’ont pas voulu imposer l’ordre républicain. Aussi, les murailles se sont-elles effondrées laissant les Juifs, mais aussi les « Français innocents », sans espoir raisonnable à court et moyen terme. Car l’affaiblissement de l’autorité de l’État est aujourd’hui manifestement sensible non seulement dans les périphéries urbaines mais aussi dans les centres-villes à diverses occasions. Depuis le début des années 2000 et l’importation en France du conflit israélo-palestinien, les actes d’incivilité et d’agressions verbales et physiques contre les Juifs se sont multipliés. On a recensé 6737 actes de violence, menaces, et intimidations entre 1997 et 2002 [11]. En 2003, un voisin musulman a assassiné au couteau le Disk-Jockey Sébastien Selam [12] et il faudra plus de quinze ans pour que ce meurtre soit reconnu comme antisémite (2018). Depuis le meurtre de S. Selam, onze autres Juifs ont été tués par des Musulmans en France [13]. En 2014, des émeutes anti-juives éclatent à Paris : dans des manifestations violentes on pouvait entendre les slogans « mort aux juifs », « Hitler avait raison » et voir les drapeaux noirs du Djihad ; des synagogues et des commerces juifs ont été attaquées [14].

À cause de l’insécurité qui sévit dans les écoles de la République, un tiers des enfants juifs sont scolarisés dans les écoles République [15]. Alors que 7000 enfants français allaient dans des écoles juives en 1970 ; en janvier 2016, ce nombre est passé à 35000 avec un nombre équivalent allant dans des écoles chrétiennes.

Le déni et les silences du gouvernement Jospin devant l’émergence de l’antisémitisme musulman ont ébranlé la confiance que les Juifs avaient indûment placée en leur pays. Le déni et les silences des gouvernements suivants [16] - devant la banalisation des émeutes urbaines et l’insécurité croissante - ont ébranlé la confiance de la population française dans son ensemble. La volonté politique de mettre un terme au soulèvement latent, manque au point que  Gérard Collomb, ancien Ministre d’État et Ministre de l’Intérieur  a affirmé - en quittant son poste suite à sa démission : « Aujourd'hui, on vit côte à côte. Moi je crains que demain, on vive face à face » [17]. Les attentats et autres agressions ne font désormais plus la distinction entre les Juifs et les « Français innocents », comme dirait Raymond Barre [18]. Cela dans un contexte de laxisme judiciaire et de refus des institutions d’imposer l’autorité de l’État dans les espaces publics. La situation semble aujourd’hui irréversible puisque la nature du problème n'est toujours pas nommée. Pendant ce temps, des voitures brûlent tous les 31 décembre de manière récurrente sans que cette « anomalie » ne soit traitée. Des attentats meurtriers ont endeuillé le pays, dont les attentats de Montauban et Toulouse (Ozar hatorah, 2012) ; ceux de Charlie Hebdo (Paris, 7 janvier 2015) et de l’Hyper Cacher (Porte de Vincennes, 9 janvier 2015), ceux du 13 novembre 2015 (Bataclan…). Depuis, les égorgements et assauts sur les commissariats ne sont plus exceptionnels. Dix-sept guet-apens ont même été ourdis contre pompiers et policiers dans le seul mois d’octobre 2019 dans la région d’Ile-de-France.

Cette situation est si lourde de menaces non assumées par les décideurs politiques qu’on ne peut tout à fait exclure qu’un jour ou l’autre la fuite [Juifs et autres] sera inévitable. Déjà, certains prennent les devants, choisissant de quitter la France tant qu’il est encore temps dans de bonnes conditions. Certains font aussi le choix d’une migration interne (forte mobilité géographique de la population juive du Nord et de l'Est de l’île-de-France vers l'Ouest) en attendant l’élargissement possible de la surface des « territoires perdus de la République ».

Revenons au témoignage de Charles Azoulai qui s’inscrit dans ce contexte : il écrit à propos des Juifs de France  que le « cœur du XXe siècle aura prouvé qu’une assimilation quasi-totale de l’exilé au pays d’accueil accompagnée de sacrifices et de contributions de génie dans tous les domaines » n’a pas constitué un « rempart contre la haine » (p. 143). Il écrit aussi qu’avec le changement de génération des populations immigrées, avec l’arrivée de nouvelles vagues d’immigration en provenance d’Afrique du Nord et d’Afrique sub-saharienne, « ce que nous croyions devoir durer indéfiniment ne fut, hélas, qu’un répit de courte durée » (pp. 161-163).

Les Juifs français et Français juifs ont aimé la France [19], ils ont adopté et aimé la langue, la culture et la société françaises. Ils y ont contribué passionnément dans tous leurs domaines d'activités. Mais l’amour doit-il rester aveugle ? Doit-il empêcher d’être attentif à une situation démographique, culturelle et sécuritaire lisible depuis octobre 2000 [20] ? Une situation et des évolutions qui concernent tant les Juifs de France que leurs concitoyens ?

 

De l’exil à la renaissance nationale

Charles Azoulai tire le bilan de notre exil en France : il « fut doux, exempt pendant quelques décennies d’ostracisme, d’agressions verbales et physiques… » (pp. 161-163).

Alors que la France évoluait vers une situation où elle dérive loin de ce qu’était la France, un phénomène parallèle s’est affirmé, ancré dans l’amour millénaire de Jérusalem : l’appel de Sion est devenu irrésistible.  Le narrateur exprime cela par les mots : « Je ne puis demeurer dans ce lieu plus longtemps » (p. 99), l'adaptation d'un vers de Victor Hugo [21] servant de base à cette prise de conscience.

Le témoignage du narrateur sur son retour national se trouve dans un chapitre intitulé « En un jardin promis », (pp. 391-439). Le narrateur est installé en Galilée centrale dans une localité nommée « Ieniel » où on reconnaît Karmiel. Pour conclure, le narrateur fait le point sur ce que représente pour lui le fait d’ « habiter le pays » (pp. 427-429) et il formule une belle prière (pp. 432-437).

*

La loi des retours est un ouvrage dense, prenant, très bien écrit. Il mériterait une analyse approfondie de ses différentes thématiques [22]. Même si ce n’était pas mon propos, il m’a semblé utile de partager quelques notes et réflexions pour inciter à lire ce beau livre qui présente un important témoignage sur ce qui paraît être la fin d’une époque.

6 novembre 2019


NOTES

[1] Charles Azoulai (2017), « La loi des retours » (imprimé en Pologne).

[2] Diffusé sur Amazon depuis le 22 juin 2017 (broché ou ebook Kindle) : https://www.amazon.com/s?k=charles+azoulai+la+loi+des+retours&ref=nb_sb_noss.

[3] Il semble que la « publicité » de cet ouvrage ait été assez limitée. Je n’ai connaissance que de la soirée littéraire organisée par Olga Azen à Karmiel, Israël, le 18 mars 2018.

[4]  Le narrateur évoque une présence dès les années cinquante (P. 77).

[5] Un indice plaide pour un ouvrage au moins partiellement autobiographique : le narrateur marque son intérêt pour Jean Guéhenno (pp. 33-35). L’auteur a soutenu une thèse pour le doctorat de 3ème cycle portant sur l’œuvre de cet écrivain et critique littéraire : « Les problèmes moraux dans l'œuvre de Jean Guéhenno » (Univ. Grenoble 3, 1982, 338 p.).

[6] L’auteur propose d’appeler loézisme (de l’hébreu lo’ez/étranger) « l’auto assimilation active et volontaire au pays d’accueil ».

[7]  Le narrateur remarque : « Nous avons mené de front une citoyenneté française exemplaire, respectueuse des fondamentaux du pays et une pré-orthodoxie… composée d’aménagements et de compromis incohérents vis-à-vis de la règle religieuse mais qui avait le mérite de sauver de la dissolution notre identité et notre différence » (p. 175).

[8] Ce que Charles Azoulai propose d’appeler le « syndrome des Rubins » (p.76) - Rubins étant le nom de la localité où le narrateur a habité trente ans. Malgré cette longue implantation locale, ses parents « ne fréquentaient aucun lieu particulier d’ordre associatif ou professionnel par manque d’implication personnelle », ils ne fréquentaient [pas], non plus, la bourgeoisie provinciale locale (p. 74-75).

[9] Nom de personnages de Destins, roman de François Mauriac (Grasset, Paris, 1928) où la vie d’une mère est bouleversée par l’intransigeance de son fils séminariste.

[10] Voir : Les Territoires perdus de la République, un ouvrage collectif dirigé par Emmanuel Brenner (pseudonyme de Georges Bensoussan) et paru en 2002, sur l’antisémitisme, le racisme et le sexisme en milieu scolaire de la part de jeunes d'origine maghrébine.

[11] Recensement SPCJ (Service de Protection de la Communauté Juive) en liaison avec le Ministère de l’Intérieur.

[12] Bien avant le meurtre de Ilan Halimi et Mireille Knoll, ce DJ avait été assassiné aussi par un Musulman car Juif : « Sébastien Selam, alias "DJ LamC", a été assassiné à coups de couteaux [2003] alors qu'il était en pleine ascension professionnelle, le 19 novembre 2003 dans le sous-sol de son immeuble du 10e arrondissement de Paris par son voisin et ami d'enfance musulman radicalisé. L'assassin avait revendiqué le mobile antisémite : "J’ai tué un Juif ! J’irai au Paradis." » Courrier envoyé au député Meyer Habib, http://www.tribunejuive.info/antisemitisme/emmanuel-macron-reconnait-le-caractere-antisemite-du-meurtre-de-sebastien-selam. (28 mai 2018).

[13]  Manfred Gerstenfeld, (2018), « La France prépare un plan de paix superflu »., le 6 nov., www.jforum.fr/la-france-veut-preparer-un-plan-de-paix-superflu.html

[14] Lors des émeutes autours des synagogues de La Roquette (11ème Arr.) et des Tournelles (Paris 11ème Arr.) les assaillants qui voulaient y pénétrer de force. Les policiers ont surpris par l’agressivité des émeutiers http://www.france24.com/fr/20140716-emeutes-rue-roquette-synagogue-paris-antisemitisme-conflit-isra%C3%A9lo-palestinien (13 juillet 2014). Émeutes quelques jours plus tard à Sarcelles : « « Commerces et voitures incendiées, mobilier urbain saccagé, tirs de mortier... Sarcelles (Val-d'Oise) a été ce dimanche le théâtre de violentes émeutes (Le Parisien, 20 juillet 2014). Le député-maire PS de Sarcelles déclarait : « Ce sont des hordes de sauvages. Toutes les dispositions ont été prises pour protéger les lieux de la communauté juive (comme la synagogue) qui étaient clairement leur cible. Du coup, une fois refoulés, ils s'en sont s'en pris à des commerçants de la communauté juive et assyro-chaldéenne ». Par ailleurs, le sous-préfet d'Argenteuil a confirmé que les émeutiers « ont tenté un assaut sur le commissariat mais celui-ci a échoué ». Le commissariat de Garges a également été touché.

[15]  « De mon temps nous allions tous à l'école laïque. Aujourd'hui il n'y a plus qu'un tiers des enfants juifs qui vont à l'école laïque, les deux autres tiers vont dans des écoles privées, payantes, juives ou chrétiennes ». « Les enfants juifs dans de très nombreuses écoles sont battus, insultés parce que juifs » a pu constater Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) - cité par Le Figaro, le 6 mars 2016.

[16] Un exemple entre mille : le premier ministre a qualifié de « bande d’imbéciles » [seulement] les auteurs d’un des nombreux guet-apens dirigés contre la police et les pompiers (Chanteloup-les-Vignes, nov. 2019). Le président du conseil général des Yvelines a bien voulu monter d’un cran dans la qualification en parlant de « crétins » et de « voyous ».

[17]  « Aujourd'hui, on vit côte à côte. Moi je crains que demain, on vive face à face » (25 novembre 2018).

[18] Après l'attentat à la bombe de 1980 contre la synagogue de la rue Copernic (Paris), le Premier ministre d’alors, Raymond Barre, se déclara plein d'indignation à l'égard de cet attentat « qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ».

[19] Qu’on permette à l’auteur de ce compte rendu un souvenir de sa propre adolescence : son père z’’l réunissait sa famille autour de lui tous les samedi soir pour prononcer solennellement, debout, la « Prière pour la République française ». Il a agi ainsi pendant des dizaines d’années, jusqu’à son départ de ce monde.

[20] Une voiture a foncé sur des fidèles juifs sortant d’une synagogue d’Aubervilliers le 1er octobre 2000 ; soixante-dix incidents divers ont suivi. Voir Marc Knobel (2013), Haine et violences antisémites. Rétrospective 2000-2013, Berg international ; M. Knobel (2013), “Interview Antisémitisme. Rétrospective 2000-2013, http://www.antisemitisme.fr/antisemitisme-retrospective-2000-2013-marc-knobel/.

[21] « Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps ». Vers original qui fait partie du poème célèbre de Victor Hugo « Demain, dès l’aube… » (écrit en 1847 et qui fait partie du recueil intitulé Les Contemplations, 1856).

[22] Nous n’avons pas épuisé tous les thèmes abordés par l’auteur. Le narrateur décrit longuement la vie d’une communauté juive d’une grande ville de province (pp. 205-390) qui comptait deux mille familles à la fin des années soixante-dix (p. 219). Il présente aussi l’amorce du déclin de cette communauté (p. 352) qui préfigure peut-être le déclin de la communauté juive française dans les décennies futures.

Par Hillel Bakis

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6 novembre 2019

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