Le fini au service de l’infini. Préface

 

 

 

Le fini au service de l’infini. 

Préface

de l’Inventaire des mesures et monnaies du Tanakh et du Talmud de Hillel Bakis

Par R' Eliyahou Bakis

Mohel, Responsable de la collection Dérekh mitsvotékha, Hotsaat Bakish, Kiryat Ata/Montpellier

La collection דֶּֽרֶךְ־מִצְו‍ֹתֶ֥יךָ La voie de Tes mitsvot’ (Téhilim 119, 32) éclaire et développe divers sujets halakhiques. Elle encourage notamment les étudiants des Instituts talmudiques et halakhiques à se lancer dans l’écriture et présenter leurs travaux à des rabbanim afin d’obtenir des recommandations ou haskamot - ce qui ouvre la voie à la sélection de leurs textes dans notre collection. Trois ouvrages ont déjà vu le jour en hébreu (sur les Lois et séder de la circoncision, en 2017 ; sur les Lois de l’isolement en 2018 et sur les Lois du mariage en 2019). Deux autres ont été publiés en langue française (une analyse bibliographique des Références halakhiques récentes présentées dans le style du Michna Béroura en 2018 ; et La Couronne de son mari, sur les Lois de la pureté familiale en 2021).

La collection ‘La voie de Tes mitsvot’ est fière de vous présenter une nouvelle publication. Mon père et maître R’ Hillel Bakis הי"ו, fondateur de l’Institut R’ Yécha’ya Bakish זצ"ל en 1987, vient de terminer son nouvel ouvrage : « Inventaire des mesures et monnaies de la Bible et du Talmud. Equivalents modernes. Histoire. Halakha ». Après l’avoir examiné et apprécié, nous lui avons suggéré de l’inclure dans la collection halakhique « La voie de Tes mitsvot ». Il nous honore aujourd’hui en acceptant cette proposition.

Avec cet ouvrage, l’auteur complète les outils pédagogiques qu’il met à la disposition de tous ceux qui souhaitent approfondir leur étude (dont les étudiants en yéchiva) en fournissant une catégorie d’informations indispensables pour bien accomplir les mitsvot : les précisions et évaluations de diverses unités de mesure se trouvant dans la Torah, le Talmud et la littérature rabbinique.

S’il est exact que cet ouvrage n’a pas été rédigé pour être lu en continu (à l’instar d’un dictionnaire qu’on ne lit pas page après page), il s’agit d’un guide pratique indispensable à l’étudiant ou à tous ceux qui souhaitent réellement comprendre le texte qu’ils étudient. Les entrées sont classées par thèmes (longueurs, surfaces, volumes, poids, unités monétaires, temporelles et thermiques). Il arrive très souvent qu’un étudiant en yéchiva ou au collel utilise un dictionnaire araméen ou un manuel de grammaire hébraïque afin de comprendre le sens d’un mot et révéler ainsi le message précis du texte étudié. Il arrive tout aussi souvent qu’il soit confronté à des unités de poids, de mesure en tous genres, de monnaies. Nous disposons désormais du guide idéal auquel on pourra se référer (les index français et hébraïque rassemblent plusieurs centaines d’unités ou de notions – plus de 500 entrées pour le seul index en français).

Quoique d’un style différent de la majorité des ouvrages publiés dans notre collection, ce livre y a été inclus au vu de son intérêt halakhique évident. Il illustre la nature de l’étude de la Torah qui n’est pas une étude pour elle-même mais qui se met au service de la pratique exacte des mitsvot.

La connaissance précise des différentes mesures permet d’accomplir grand nombre de commandements (on pense bien sûr à la consommation de matsot lors du Séder de Pessa’h qui requiert une mesure précise, mais également aux temps impartis pour l’accomplissement de chaque mitsva…) L’auteur s’est d’ailleurs efforcé d’illustrer son inventaire par la présentation d’éclaircissements historiques et par des exemples d’utilisation des mesures et monnaies dans la halakha.

 

Le présent ouvrage s’inscrit dans la démarche pédagogique de l’auteur, manifeste dans ses livres précédents sur la Torah[1], les Néviim (Prophètes)[2], les Téhilim (Psaumes)[3], l’interprétation rabbinique de la Torah[4]… Parmi les nombreux rabbins qui ont signé haskamot et recommandations pour ses précédents ouvrages, plusieurs ont souligné ses qualités pédagogiques. Ainsi, à propos de « Pour lire les Psaumes », il a été écrit : « Un livre pour bien apprendre comme je n'en ai pas connu de cette qualité jusqu'à maintenant… Il n'y avait pas jusqu'à maintenant un tel ouvrage si réussi en pédagogie et si agréable. Les progrès de chacun seront ainsi rapides et immenses. »[5]. A propos de la série La voix de Jacob on lit : « L’étudiant trouvera des réponses satisfaisantes… grâce à un maître qui le fera tourbillonner dans les allées fascinantes du paradis spirituel, le PARDES, acronyme des premières lettres du pchat, du rémez, du drach et du sod, les quatre méthodes de l’herméneutique juive. »[6]. Cette même série sur la Torah a été présentée comme suit : « un éclairage nouveau sur la Torah… Cet ouvrage… rédigé de manière claire et accessible au plus grand nombre de lecteurs… »[7] ; « ouvrage d’érudition… dont l’intérêt didactique est évident… Etude abondamment documentée et référencée. »[8] ; « un ouvrage ouvert à tous, érudits et ceux qui le sont moins… »[9]. Ainsi, encore, sa série Comprendre la haftara a été remarquée : « A travers ses œuvres pédagogiques, que ce soit la lecture exacte avec ses cantilations sans faille, la précision de la prononciation de chaque lettre et voyelle, c’est la perfection qui est recherchée… »[10] ; on lit aussi à propos de cette série : « C'est une Encyclopédie de la Tradition juive que nous propose l'auteur. Avec un soin particulier, il détaille chaque verset de la haftara qu'il traduit en nous restituant son contexte historique, social et spirituel, ne négligeant ni la grammaire et ni l'apport des Maîtres qui commentèrent la haftara. L'érudition de Hillel Bakis est bien connue à travers les nombreux ouvrages qu'il nous a déjà offerts. Son sens extrême de la précision et son amour du texte qui transpire à chaque page ne laisseront personne indifférent. »[11]. A propos du traité de grammaire hébraïque de l’auteur, il a été écrit : « l’objectif … était ambitieux : rendre en français, au peuple de Moshé ce qui lui revient, les règles de la langue hébraïque qui lui permettent de communiquer avec son Créateur … cet objectif a été atteint ! » [12]

 

Le nouvel objectif de l 'auteur était tout aussi ambitieux : présenter des notions souvent méconnues en dehors du monde des Instituts supérieurs talmudiques et halakhiques et de leurs talmidé ‘hakhamim. Dans son Inventaire des mesures et monnaies du Tanakh et du Talmud, il démontre une fois de plus sa volonté de fournir des outils méthodologiques aux étudiants avancés qui veulent rapidement accéder à des notions apparaissant au cours de leur étude. Ce livre sera également utile à tous ceux qui souhaitent aborder la Torah et le Talmud sans être retardés par la recherche laborieuse d’informations sur les notions rencontrées.

Les mesures halakhiques nous ont été transmises par Moché

En l’honneur de l’auteur et de son travail remarquable, nous présenterons l’origine et l’importance du sujet des mesures.

La Guémara[13], après avoir mentionné certaines lois relatives aux mesures (révi’it, kassé’ora, kagrogerete, karimonim, kazayit, kakotevet hagassa), affirme que, bien que n’étant pas mentionnées dans la Torah écrite, toutes les mesures ont été transmises dans la Torah orale reçue par Moché notre Maître au mont Sinaï et enseignées depuis en son nom[14]. Le Roch (1250-1327) a tranché en ce sens[15] : interrogé sur l’origine du choix de l’âge de treize ans et un jour comme âge légal à partir duquel un jeune homme est passible de sanctions devant un tribunal rabbinique, il rappela que toutes les mesures ont été fixées d’avance par D.ieu et transmises oralement à Moché[16].

 

D.ieu a associé Ses Noms aux mesures

La notion de mesure est à la base même de notre création. Le Talmud (T. B. ‘Haguiga 12a) enseigne que lorsqu’Hachem créa le monde, la puissance créatrice était telle que l’univers grandissait, presque sans limite pourrait-on dire. D.ieu limita alors son expansion afin qu’il soit à la mesure des créatures dont Il voulait le peupler, des êtres finis[17]. Le nom divin Cha-day, qui résume « Chéamar lé’olamo Day » exprime cette idée : Il a stoppé l’expansion de Son Monde. Les limites et les mesures sont donc une expression de la miséricorde divine, qui créa un monde compatible avec l’existence de Ses créatures. En plus du nom Cha-day, Hachem a également lié le tétragramme à la notion de mesures. Cela vient en allusion dans le verset (Vayikra 19, 36) : « Ayez des balances exactes, des poids exacts, une épha exacte, un hine exact : Je suis l’Eternel votre D.ieu, qui vous a fait sortir du pays d’Egypte. ». Afin d’expliquer le lien entre le début et la fin du verset, nos maitres commentent : A quel moment le nom d’Hachem est entier ? Lorsque vos balances, poids et mesures sont exacts[18].

 

Sans l’exactitude des mesures, pas de Beth hamikdach !

Après la destruction du deuxième Beth hamikdach, l’empereur romain voulut permettre aux juifs de le reconstruire. Les Koutim (Cutéens) qui avaient été installés en Samarie après la déportation des dix tribus d’Israël accusèrent les Judéens d’avoir l’intention de reconstruire les murailles de Jérusalem pour s’émanciper de l’autorité de l’empereur. Leur accusation fut entendue. Toutefois, pour éviter de donner l’impression qu’il était revenu sur sa décision déjà promulguée (son honneur en aurait pâti), l’empereur précisa les mesures qu’il autorisait pour la reconstruction du Temple saint. Le nouveau décret, sans annuler formellement la permission accordée au préalable, revenait à interdire la reconstruction aux Judéens. Reconstruire avec des dimensions erronées était impossible car, aussi bien l’emplacement que les dimensions du Beth hamikdach sont d’une précision extrême. La construction s’interrompit donc à cause d’un problème de mesures[19].

 

Fini et infini s’entremêlent…

A plusieurs occasions dans l’histoire du peuple juif, une grande quantité de gens se sont miraculeusement trouvés présents dans un même lieu dont la taille ne permettait pas de les contenir tous, selon les lois de la nature.

Des Midrachim[20] ou Rachi les mentionnent à propos de certains versets du Tanakh. En voici la liste :

  1. Lors de la Création, toutes les eaux de la terre se sont retrouvées au même endroit (Béréchit 1, 9).
  2. Les mains de Moché ont attrapé une quantité de suie supérieure à ce qu’elles pouvaient logiquement contenir. Il la jeta alors vers le ciel, déclenchant la sixième plaie d’Egypte : les ulcères (Chémot 9, 8).
  3. A propos du Michkane, on ne comprend pas comment tout le peuple juif pouvait être contenu sur la surface de la cour, les mesures indiquées étant 100 amot de longueur sur 50 de largeur (Chémot 27, 18).
  4. 600 000 personnes ont été rassemblées à l’entrée du Michkane, chose impossible, si ce n’est de façon miraculeuse (Vayikra 8, 3).
  5. Tout Israël a été rassemblé près du rocher d’où Moché fit jaillir de l’eau. Le Midrach précise qu’il s’agissait d’un petit endroit (Bamidbar 20, 10).
  6. Il est rapporté que tout le peuple juif fut rassemblé entre les deux barres de l’arche d’alliance afin de prouver que la présence divine l’accompagnait (Yéhochou’a 3, 9).
  7. Au Beth hamikdach, les fidèles étaient serrés l’un contre l’autre et au moment de s’incliner lors de la prière, chacun pouvait le faire et était à l’aise : il disposait de place autour de lui : une ama de chaque côté (Michna Avot 5).
  8. Il est enseigné que, lors de la délivrance future, Jérusalem s’étendra énormément de façon prodigieuse : d’après certains jusqu’à Damas et d’après d’autres jusqu’au trône de Gloire dans le ciel (Midrachim: Béréchit raba 5, 7 ; Vayikra raba 10, 9 ; Yalkout Chim’oni Yéochou’a’ 14 ; Chir Hachirim Raba 7).

 

L’auteur qui associe rigueur et précision scientifique d’une part, amour de la Torah d’autre part, mêle dans son étude fini et infini. Dans son introduction, à propos du double sens du mot chi’our, il note que le fini de ce monde matériel (ses mesures) est en relation avec « l’infini de la parole divine à laquelle on accède par l’étude de la Torah » : chi’our définit une mesure (de temps, de volume) et, à la fois, une leçon de Torah. Or, la durée d’une leçon (et même toute une vie d’étude) ne peut suffire pour épuiser ce sujet. En ce mot, se trouvent inextricablement liés fini et infini ! Mettre le sujet des mesures au service de la halakha participe à la subordination du fini à l’infini de la Torah.

Souhaitons qu’Hachem gratifie l’auteur de Ses bienfaits lui, ainsi que ma chère mère שתחי'.

Que l’étude des mesures et l’accomplissement des mitsvot liées à ces mesures fassent grandir le mérite du peuple juif pour que vienne le Messie, bientôt et de nos jours. Amen !

 

(c) Eliyahou Bakis, Responsable de la collection La voie de Tes mitsvot, Jérusalem, le 25 sivan 5780 (2021)

Mise en ligne: 8 novembre 2021

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NOTES 

[1] La voix de Jacob, série commencée en 1987 a été publiée par l’Institut Rabbi Yécha’ya Bakish זצ"ל (en 2009, puis augmentée en 2013). Elle est composée de cinq volumes et on y trouve le commentaire de toutes les parachas de la Torah à la lumière des enseignements de nos maîtres.

[2] Commenter la haftara. Sont déjà parus les volumes : Fêtes, jeûnes et chabbats spéciaux (2017), Béréchit (2018), Chémot (2018), Vayikra (2019), Bamidbar (2020). Série publiée par l’Institut Rabbi Yécha’ya Bakish זצ"ל (Kiryat Ata/Montpellier). En préparation : Dévarim.

[3] Pour lire les Psaumes. Étude de l’Alphabéta (Ps. 119). Texte. Phonétique et rythme. Nouvelle traduction. Commentaires. Abrégé grammatical, X-294 pages. Ouvrage publié par l’Institut Rabbi Yécha’ya Bakish זצ"ל en 2014, Montpellier.

[4] Interpréter la Torah, Traditions et méthodes rabbiniques, XIV-282 pages. L’auteur recense les nombreux procédés de l’interprétation rabbinique les illustrant par des exemples (Institut Rabbi Yécha’ya Bakish זצ"ל, Montpellier, 2013).

[5] Rav Yehoshua Rahamim Dufour, Bulletin du site Modia, 17 avril 2016.

[6] Grand Rabbin Richard Wertenschlag (5771/2011), p. XI de La voix de Jacob, Dévarim, 2013.

[7] Rabbi David Hanania Pinto (5772/2012), p. XII de La voix de Jacob, Dévarim, 2013.

[8] Rav J. Poultorak 5767/2007), Autorisation, p. XVIII de La voix de Jacob, Béréchit, 2013.

[9] Rav Meir Abitbol (5770), p. XX de La voix de Jacob, Béréchit, 2013.

[10] Rav Meir Abitbol (2017), p. XII de Comprendre la haftara, Fêtes, jeûnes, chabbats spéciaux, 2017.

[11] Gérard Touati (2018), Actualité juive, 25 octobre. Voir également : la notice https://fr.wikipedia.org/wiki/Hillel_Bakis et un bon article de synthèse qui résume sa démarche : Nicole Cohen (2019), https://www.o-judaisme.com/blogs/salle-de-lecture/invitation-a-la-decouverte-de-l-oeuvre-de-hillel-bakis, 8 juillet (publié en préface du tome Bamidbar de la série Commenter la haftara, pp. XVII-XX, 2020).

[12] Rav Zecharia Zermati, Haskama, pp. IX-XII de Grammaire hébraïque, Lire la Bible et prier avec précision, XVI-420 p. Ouvrage publié par l’Institut Rabbi Yécha’ya Bakish זצ"ל, Montpellier, 2013.

[13] T. B. Souca 6a :

תלמוד בבלי מסכת סוכה דף ו עמוד א

שעורה - דתנן: עצם כשעורה מטמא במגע ובמשא, ואינו מטמא באהל. גפן - כדי רביעית יין לנזיר. תאנה - כגרוגרת להוצאת שבת. רמון - דתנן: כל כלי בעלי בתים שיעורן כרמונים. ארץ זית שמן (ודבש) - ארץ שכל שיעוריה כזיתים. כל שיעוריה סלקא דעתך? הא איכא הני דאמרינן! אלא אימא שרוב שיעוריה כזיתים. דבש - ככותבת הגסה ביום הכפורים. אלמא דאורייתא נינהו. - ותסברא, שיעורין מי כתיבי? אלא: הלכתא נינהו, וקרא אסמכתא בעלמא הוא.

[14]  Michlé 16, 11 :

פֶּ֤לֶס ׀ וּמֹאזְנֵ֣י מִ֭שְׁפָּט לַיי מַ֝עֲשֵׂ֗הוּ כָּל־אַבְנֵי־כִֽיס׃

[15] Responsa Chout HaRoch (Klal 16, 1) :

וששאלת מאין לנו דבן י"ג שנה ויום אחד הוא בר עונשין אבל פחות מכן לא, דע כי הל"מ =הלכה למשה מסיני= הוא והוא בכלל שיעורין חציצין ומחיצין שהן הלכה למשה מסיני, דשיעור וקצבה לכל דבר נתן למשה בעל פה. וכן ההיא דבת שלש ביאתה ביאה פחות מכן לא. וכן בן ט' ביאתו ביאה ולא פחות. וכן סריס שהוא קטן עד כ' שנה הוא אז גדול אם נולדו בו סימני סריס ואם לא נולדו בו סימני סריס הוא קטן עד ל"ו שנה. כל אלו הלכה למשה מסיני הן.

[16] T. B. Souca 6a.

[17] Voir commentaire du Maharcha (‘Hidouché Hagadot) et Pirké déRabi Eli’ezer, chap. 3.

[18] Ben Yèhoyada’ (par l’auteur du Ben Ich ‘Hay), sur T. B. Baba Batra 98b, cité par Rav Yts’hak Batsri dans Pardess Yits’hak, p. 413. Cette idée se retrouve également dans le Otsrot ‘hayim (Cha’ar Haonaa, chap. 1, page 55b) au nom du Zohar (Parachat ki tissa p. 187b).

[19] Midrach Béréchit raba 64, 10.

[20] Midrach Béréchit raba 5, 7 ; Vayikra raba 10, 9 ; Yalkout Chim’oni, Yéochou’a’ 14 et Chir Hachirim Raba 7.