Oiseaux

 

Fables d'Oiseaux

 

Les larmes du chasseur

 

Depuis le matin, les oiseaux de la vallée étaient effrayés car une nouvelle leur était parvenue : un chasseur approchait. Malgré  le grand froid de l’hiver, cet homme avançait vers leur territoire, armé de filets et d’armes diverses.

Et puis, il arriva. Les oiseaux le virent apparaître au détour d’un chemin. Dès qu’il fut dans la vallée, il commença sa triste besogne, installant de nombreux pièges ici et là. Avant le milieu de l’après-midi, des oiseaux se firent capturer. Dès qu’il les avait en mains, le chasseur les égorgeait avec son grand couteau[1].

Cachés dans les buissons, ou bien en haut des arbres, des oiseaux regardaient la scène terrorisés. Et puis, un canard prit la parole : « Coin, coin ! » cancana-t-il avec l’assurance du naïf. « Regardez, il ne faut pas avoir peur de cet homme. Ne voyez vous pas qu’il pleure ? »

Les petites têtes se tournèrent vers le chasseur pour vérifier la nouvelle. C’était vrai, ses yeux larmoyaient car il ne supportait le vent qui s’était levé, et qui rendait le froid de la saison encore plus vif.

Certains, parmi les oiseaux furent soulagés. « Cot, cot, cot ! » Caqueta la petite poule d’eau tout à fait rassurée. « Oui, il pleure beaucoup. Il ne doit pas être très méchant ! ». « Cui cui cui ! » pépia le moineau en approuvant cette conclusion.   

Mais la colombe n’était pas d’accord avec eux. Elle roucoula avec finesse : «  Ne regardez pas ses larmes, voyez plutôt ce que font ses mains ! »

 

Cette fable peut être racontée à Hanouka car elle évoque la stratégie grecque contre les Hébreux. Contrairement à la méthode de Haman, méthode sanguinaire et génocidaire qui échoua grâce à la prière d’Esther et de tout le peuple, les grecs voulaient ne tuer personne. Ils voulaient seulement leur faire abandonner la Torah et les mitsvot. Certains trouvèrent cela, très rassurant au fond. Mais les Macabées engagèrent la lutte, car ils ne s’étaient pas laissés trompés par les apparences. Ils avaient regardé les mains.  Des mains qui tuaient le peuple en l’éloignant de la Torah et les mitsvot, son chemin de vie.


[1] Adapté du thème d’une fable de Al Sharîshî (poète arabe ayant vécu en Algérie et en Espagne à la fin du 12e s. et au début du 13e s.). Une autre fable de cet auteur, « Le renard et la hyène »,  a inspiré « Le renard et le loup » de Jean de La Fontaine.

 

(c) editionsbakish.com, Hillel Bakis, 2013.  

 

 

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