A la recherche des 600000 lettres de la Torah

B''H

A la recherche des 600000 lettres de la Torah

 

par Hillel Bakis

La tradition cabalistique affirme que la Torah[1] est composée de 600000 lettres et que ce nombre est à mettre en relation avec les six cent mille âmes juives[2].

Au 16e siècle, un kabbaliste de Cracovie enseigne que ces lettres correspondent aux 600000 âmes juives[3] ; il précise que le mot Israël est l’acronyme de יש שישים ריבוא אותיות לתורה (Yesh chichim Ribo Otiyot LaTorah/il y a six cent mille lettres dans la Torah). R’ Ya’akov Abi’hsera enseigne que « le peuple d’Israël ne put être libéré d’Egypte avant d’avoir atteint le nombre de 600000 âmes, afin que chaque âme soit animée par une lettre de la Torah » [4].

Le livre Keter Chem Tov du Ba’al Chem Tov (1698-1760) donne un enseignement identique tiré d’un verset du livre Chémot : כִּ֣י תִשָּׂ֞א אֶת־רֹ֥אשׁ בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵל֮ לִפְקֻֽדֵיהֶם֒ « Quand tu dénombreras les bnei Israël selon leur compte »[5]. Le verset signifie que quand tu voudras compter les lettres de la Torah ( את־ראשׁ ) les lettres (ot) de [la Torah qui sont au nombre de]  chichim ribo otiot (six cent mille lettres). Le Ba’al Chem Tov conclut : « c’est cela le compte des Bné Israël »[6]. Chaque lettre correspond donc à la racine d’une âme juive. La pensée ‘hassidique a répandu cet enseignement. Ainsi Rabbi Schneor Zalman (le Ba’al HaTanya) a écrit dans son Likoutei Torah : « Les six cent mille âmes sont les six cent mille lettres de la Torah. » [7]

Or, cet enseignement du Zohar hakadoch a soulevé des questions depuis des siècles. En effet, nos maîtres, après avoir soigneusement compté les lettres de la Torah, ne sont pas parvenus à ce chiffre de six cent mille. Il est admis que le nombre des lettres de la Torah est de 304805 lettres (selon les massorètes[8]).

 

Voici quelques réflexions et hypothèses sur la réponse à apporter à cette question.

Peut-être faut-il compter double chaque lettre comportant un daguèch fort[9]. Cela se justifierait, car la lettre daguéchée est une double lettre[10], l’une faisant partie de la syllabe précédente et l'autre de la syllabe suivante. Distinguer les lettres daguéchées semble pertinent puisque Rachi écrit à propos de Hachèm étudiant Sa Torah : « Il en a compté toutes les lettres, doubles ou simples, celles du début et du milieu et de la fin des mots, en tout cela elle est émet (vérité)... »[11]. Ceci dit, on ne trouve pas assez de lettres comportant un daguèch fort pour compenser les quelque 300000 lettres qui manquent à l’appel.

Peut-être faut-il compter le nombre d’utilisations du « noun hafoukha » ? La question est pertinente, car, ces signes sont des lettres (malgré l’inversion). Il y a deux « nounim inversés » dans la Torah (Bamidbar 10, 35-36)[12]. Mais, même en les comptant, on n’obtient que le nombre de 304805! Ce qui évidemment est bien loin des 600000 lettres recherchées.

Si on comptait aussi les espaces séparant les mots comme étant des « lettres », dépasserait-on les 304805 lettres ? Certainement, mais cela non plus ne permettrait pas d’atteindre les 600000 lettres ? Un Sefer Torah contient autour de 80000 mots[13] donc autant d’espaces à ajouter aux 304805 lettres. Cela ne permet pas même d’atteindre 400000 lettres. Cette piste, aussi,  est donc à abandonner.

Si on veut trouver près de 300000 lettres supplémentaires, on peut être tenté d’aller les chercher dans le targoum araméen d’Onkélos sur la Torah. Certes, on peut argumenter que la Torah écrite est inséparable de la Torah orale (telle qu’exprimée par le Targoum), mais cette manière de mobiliser les quelque 300000 lettres manquantes paraît tout de même abusive.

On peut aussi être tenté de chercher ces lettres manquantes dans l’ensemble du Tanakh. Mais on se rend compte avec le tableau ci-dessous que cela ne nous avance pas : le Tanakh compte près d’un million cent soixante mille lettres.

Le nombre de lettres, mots, versets et sections dans le Tanakh (source : R’ Dufour, Modia’)[14] Voir sur ce site: https://editionsbakish.com/wp-admin/upload.php?item=14779

La mention de 600000 lettres vient de la Kabbalah (Zohar 'hadach sur Chir hachirim).  Faut-il donc relier cette indication aux traditions mystiques et non à une description physique du rouleau de la Loi ? Peut-être fait-on ‘fausse route’ en recherchant une correspondance physique (les lettres inscrites à l'encre) dans le texte du ‘Houmach. Selon la tradition kabbalistique, chaque lettre tracée à l’encre est entourée d'une autre lettre invisible superposée à la lettre inscrite traçant, au-delà des contours tracés à l’encre, une sorte de lettre ‘en blanc’[15]. Mais, en procédant ainsi, on dépasserait le nombre de 600000 transmis par la tradition de 9610 [16].

 

*

 

Nous avons eu l’occasion d’aborder le sujet avec Samuel Darmon qui a écrit de nombreux ‘hidouchim sur la Torah[17]. Pour tenter de trouver une réponse (toutes les réponses précédentes ne donnant pas satisfaction), il a eu l’idée d’utiliser la méthode du Sefer haTémouna[18]. Cela lui a permis d’apporter la preuve que cette affirmation de nos sages est parfaitement fondée, à l’unité près[19].

La méthode est inspirée par le Sefer haTémouna, ouvrage qui apparaît en Espagne au 13e siècle.  Elle découle de la tradition enseignée par ces Tanaïm : la graphie de chaque lettre hébraïque peut résulter de l’assemblage d’autres lettres[20].

 

Ainsi, la lettre alef est formée par l’assemblage de trois lettres : deux youd-s séparés par un waw médian[21]. Ces trois « lettres-éléments » sont désignées par le Sefer haTémouna par le terme « ko’hot ». Alef possède donc trois ko’hot. Pour répondre à notre question initiale, en appliquant cette méthode, il suffirait de connaître :

  • le nombre d’occurrences de chaque lettre dans la Torah ainsi que
  • le nombre de « lettres-éléments » (ko’hot) contenu dans chaque lettre de l’alphabet hébraïque[22].

 

Exemple: le lamed est constitué d’un khaf surmonté d’un waw[23].

 

Le nombre d’occurrences de chaque lettre dans la Torah et nombre de « lettres-éléments » selon le Sefer haTémouna

 

Lettre Nombre d’occurrences dans la Torah (Modia’) [24]Nombre de « lettres-éléments » (ko’hot) selon le Sefer haTémouna
א27059381177
ב16345232690
ג210924218
ד703217032
ה28056256112
ו30513130513
ז219812198
ח7189214378
ט180423608
י31531131531
כ11968111968
ל21570243140
מ25090250180
נ14126114126
ס183323666
ע11250222500
פ480529610
צ396227924
ק469529390
ר18125118125
ש15595462380
ת17950235900
304805552366

 

 

Vérification faite pour l’ensemble des 304805 lettres de la Torah, on obtient environ 550000 « lettres-éléments » (ko’hot), nombre qui diffère sensiblement du nombre de 600000 indiqué par nos Sages. Il reste encore inférieur de 50000.

Samuel Darmon a eu une idée fructueuse en se demandant s’il était légitime d’avancer une telle idée a priori contraire à l’enseignement de Tanaïm ?  Il a estimé qu’on pouvait au moins considérer cette hypothèse, car d’autres maîtres indiquent un autre nombre de ko’hot pour certaines lettres. Ainsi en est-il pour le ‘het : le Sefer haTémouna mentionne deux ko’hot alors que le Tikouné Zohar affirme que la lettre ‘het est formée par l’assemblage de 3 Waw-s[25].  Ainsi, encore, pour le lamed, car « il est mentionné explicitement dans les Ecrits du Ari zal que la lettre lamed résulte de l’assemblage de 3 lettres Waw alors que le Sefer haTémouna associe à cette lettre 2 ko’hot »[26].  Samuel Darmon a retenu cinq lettres pour lesquelles on pouvait considérer un nombre de ko’hot différent de celui indiqué par le Sefer haTémouna. Il s’agit du ‘het, du chin, du bet, du rech, et du lamed.

 

 LettresNombre de « lettres-éléments » (ko’hot)
Selon le Sefer haTémounaAutres indications
‘Het 2 3 [27]
Chin 4 3[28]
Bet2 [29]3 [30]
Rech1 [31]2[32]
Lamed2 3[33]

 

 

Nombre de « lettres-éléments » (ko’hot) contenues dans chaque lettre de l’alphabet hébraïque (d’après une synthèse de Samuel Darmon)

 

Lettre Nombre d’occurrences dans la Torah (Modia’) [34]Nombre de « lettres-éléments » (ko’hot) selon diverses sources
 Sefer hatemouna (sauf pour les lettres : bet, ‘het, lamed, rech, chin)Total
א27059381177
ב16345349035
ג210924218
ד703217032
ה28056256112
ו30513130513
ז219812198
ח7189321567
ט180423608
י31531131531
כ11968111968
ל21570364710
מ25090250180
נ14126114126
ס183323666
ע11250222500
פ480529610
צ396227924
ק469529390
ר18125236250
ש15595346785
ת17950235900
304805600000

                                                                  

En utilisant la méthode du Sefer haTémouna mais en considérant un nombre différent de ko’hot pour cinq des vingt-deux lettres (avis également conforme à la tradition), on constate que le total des lettres (lettres-éléments ou ko’hot) est bien de 600000.

Le nombre de « lettres » contenues dans la Torah est donc bien 600000, mais il s’agit non pas de lettres comme éléments d’un mot, mais de ko’hot, des « parties » de lettres hébraïques[35].

 

(c) Hillel Bakis.

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NOTES

[1] On parle ici des cinq livres composant le sefer Torah.

[2] Zohar ‘hadach sur Chir haChirim 74d. Megaleh Amoukot (section 186). R’ Ya’akov Abi’hsera, Pitou’hé ‘hotam, chapitre Ki tissa, Yechiva Ner Yits’ak, p. 257. Voir par ailleurs : R’ Y. R. Dufour, « Nombre de lettres, de mots, de versets, de sections dans le Tanakh » http://www.modia.org/tora/statistiques.html. Consult. mai 2006

[3] Nathan (Nosson) Notah Shapiro M'Krakov, (מגלה עמוקות, éd. 1637, http://www.hebrewbooks.org/11571, section 229 – p. 292 de l’édition PDF de hebrewbooks.org). Cet auteur a vécu entre 1585 et 1633 שפירא, נתן נטע בן שלמה .

[4]  R’ Ya’akov Abi’hsera, Pitou’hé ‘hotam, chapitre Ki tissa, Yechiva Ner Yits’ak, p. 257.

[5] Ce qui est traduit par la Bible du Rabbinat français : « Quand tu feras le dénombrement général des enfants d'Israël », ce que l’on peut aussi rendre plus littéralement : « Lorsque tu élèveras la tête des Enfants d’Israël en leurs recensements ». En effet, le but des contributions demandées à chacun n’était pas de faciliter le dénombrement et de participer aux besoins financiers du sanctuaire, mais surtout d’élever spirituellement les donateurs.

[6] Cit. R’ David ‘Hanania Pinto (2009), La voix à suivre, n° 594, 10 octobre. https://www.hevratpinto.org/PDF_n/5770/594_simha_torah.pdf.

[7] Cit. R’ David ‘Hanania Pinto (2009), https://www.hevratpinto.org/PDF_n/5770/594_simha_torah.pdf.

[8] R’ Aharon Ben Acher, Dikdoukei Té’amim. Autres décomptes : 304799 (D'après les colophons du ms. n° 1 de Madrid. Cit. lexicometrica : http://lexicometrica.univ-paris3.fr/jadt/jadt1998/poswick.htm); 304848 (Selon un décompte informatique Cit. lexicometrica) ; 304945 (Décomptes de Ginsburg en 1894, cit. lexicometrica).

[9] Voir le chap. 6 de notre Grammaire hébraïque sur le daguèch.

[10] Il y a 2 alef-s daguéchés dans le ‘Houmach.

[11] Rachi, Commentaire sur Iyob (Job 28, 27).

[12] On en trouve sept autres dans un psaume (Téhilim 107, 23-28 ; Téhilim 107, 40). Mais nous nous intéressons aux nombres de lettres de la Torah (‘Houmach) et non à celle du Tanakh (avec les livres des Prophètes et des Ecrits).

[13] Le compte des mots de la Torah - la Torah en comporte 79.983

« 79.638 mots selon les sommes du Ms n° 1 de la Bibliothèque de Madrid ; 79.856 mots d'après les colophons des Scribes massorètes du ms B19a de Leningrad ; 79.977 d'après le décompte fait sur l'enregistrement électronique du CATAB ; ou 81.404 d'après les colophons du texte utilisé par Ginsburg. « Les différences de comptage sont expliquées par des différences orthographiques, notamment dans les noms propres » Actes JADT'1998 en ligne

http://lexicometrica.univ-paris3.fr/jadt/jadt1998/poswick.htm .

Le compte des versets - 5 845 versets selon ms.B19a Leningrad (Codex de Leningrad ou Codex Leningradensis), qui date de 1008 ; 5888 selon une tradition massorétique. Les autres comptages s’écartent peu de ce nombre : 5.844 (division palestinienne) ; 5888 (Massorètes) ; 5.841 (division babylonienne) ; 5.855 (division des soph-pasuq, marques de séparation). (Cit. Gérard-Emmanuel Weil, spécialiste de la massora).

[14]https://web.archive.org/web/20200604120519/http://www.modia.org/tora/statistiques.html. Etat de la page en juin 2020.

[15] Emmanuel Bloch (2011), Chééla.org, 11 avril, réponse 56631.

[16] 304805x2=609610.

[17] Samuel Darmon (2011), Ateret Paz. Une couronne d'or fin, Montpellier, 292 pages.  Nombreuses drachot postérieures à cet ouvrage ont été publiées sur le site editionsbakish.com depuis 2015. Voir une présentation de cet auteur : https://editionsbakish.com/1649.

[18] Un ouvrage attribué à Rabbi Yichmaël et Rabbi Né’hounia ben Hakana, (maîtres de Rabbi Akiva).

[19] Voir sa démonstration : Samuel Darmon (2022), Le nombre de lettres de la Torah, https://editionsbakish.com/le-nombre-de-lettres-de-la-torah/ , mise en ligne le 12 octobre.

[20] Voir : Joseph Cohen (1997), L'Écriture hébraïque : son origine, son évolution et ses secrets, Lyon, éditions du Cosmogone, 328 p. ; Marc-Alain Ouaknin (1997), Les Mystères de l'alphabet : l'origine de l'écriture, Paris, Éditions Assouline, 371 p. Catherine Chalier (2006), Les Lettres de la Création : L'alphabet hébraïque, Cerf.

[21] Conformément à l’enseignement de ses maîtres, Rabbi ‘Akiva a dit que les «lettres-éléments» du mot alef sont au nombre de trois : « le dessin de la lettre alef est composé de 3 constituants: un en haut, un en bas et un dans le milieu » cité par R’ Dufour. Rabbi Akiva a dit aussi sur les lettres qui composent le mot « alef »: « Qu'est alef? Cela (ce mot) nous enseigne que la Torah a dit (par le procédé nommé notaricone, par lequel chacune des lettres qui composent le nom alef devient l'initiale des mots suivants) Emet lamed pikha (vérité - apprend - ta bouche), cela pour que l'on mérite la vie de ce monde-ci. (Puis le texte renverse l'ordre des lettre du mot alef ) Pikha lamed émete (ta bouche - apprend - vérité): pour que tu mérites la vie du monde à venir »  (https://web.archive.org/web/20170329153645/http://www.modia.org/galerie/lettrehebreu.php).

[22] Francis I. Andersen et A. Dean Forbes (1989), The Vocabulary of the Old Testament. Cet ouvrage est une somme en matière de comptage sur le texte massorétique de la Bible. « Les statistiques et comptages présentés là sont également basés sur un enregistrement du codex B19a de Leningrad. Non seulement les mots sont comptés, mais également tous les types d'éléments de la langue qu'une grammaire classique peut suggérer (particules, verbes, noms, pronoms) » (http://lexicometrica.univ-paris3.fr/).  Nous n’avons pas encore pu consulter l’ouvrage de F. I. Andersen & A. Dean Forbes.

[23] Ce que l’on voit bien dans certaines écritures manuscrites. Voir notre ouvrage : Manuel pour l’apprentissage des cursives séfarades. Création de polices hébraïques séfarades, maghrébines et orientales (2023).

[24]  D’après R’ Dufour, site Modia’, cité par S. Darmon (communication orale et notes manuscrites d’après la page de Modi’a – avant 2016).

[25] Samuel Darmon (2022). Il ajoute : « Pour aller plus loin : chaque juif étant associé à une lettre ou à une partie de lettre, la proximité entre néchamot pourrait être liée au type de lettre qui est à notre racine. Deux personnes peuvent être associées à deux Alef situés dans des mots différents, mais elles peuvent aussi correspondre par exemple aux 2 Youd qui entrent dans la composition de cette lettre. Des néchamot pourraient appartenir à une seule lettre, à un même mot, à un même verset, à une paracha identique, etc. »

[26] Cité par Samuel Darmon (2022).

[27] Le Tikouné Zohar affirme que la lettre ‘het est formée par l’assemblage de 3 Waw-s (Samuel Darmon, 2022).

[28] Trois ko’hot au lieu de quatre. Sur le sefer Torah ashkénaze la lettre chin est faite de trois waw-s (se réunissant en un point en bas au lieu de se fixer sur une base). Une mention du chin dessiné avec trois waw-s se trouve dans : Ram’hal (2013), Le Discours de la délivrance (2013), 68, Ed. Ram’al, Jérusalem, p. 235.

[29] « Le beit ressemble à un waw à l’intérieur d’un waw » (Ba’al haTanya). Pour arriver à deux, on aurait pu dire aussi : un waw (en bas) et un rech (traits en haut et à droite). On peut comprendre ainsi l’indication du Baal haTanya : la barre verticale à droite du beit ב ressemble à un waw ו à l'intérieur du mot waw (le mot waw en lettres pleines וו correspond aux barres horizontales haute et basse du dessin de la lettre beit). Donc le beit ressemble à un waw (lettre dessinée verticalement) à l'intérieur d'un waw (mot waw écrit וו). Cependant cette méthode diffère du calcul des ko’hot (lettres-éléments), car on arriverait ici au total de deux waw-s en comptant d’une part une lettre élément (la barre verticale du beit) et de mot waw écrit en toutes lettres, d’autre part.

[30] « Même remarque » que pour le ‘hét, indique Samuel Darmon (2022).

[31] Pour le Sefer haTémouna, les lettres Rech et Dalet ont la valeur d’une Koa’h.

[32] « la lettre Rech, en dépit de son bord arrondi, résulte de l’assemblage de deux Waw… on obtiendrait alors pour cette lettre le nombre de 2 ko’hot. Une justification à cela : la lettre Dalet fait référence au mot E’had qui désigne l’unité divine. En revanche, la lettre Rech renvoie, d’après nos maîtres, à l’idolâtrie dans la mesure où elle rappelle le mot ‘a’her’, ‘autre’. En effet, si on supprime l’angle droit de la lettre Dalet dans le mot E’had, on aboutit au mot a’her, ce qui désigne des divinités étrangères, à D.ieu ne plaise ! Ainsi, la lettre Dalet fait référence à l’unité, alors que la lettre Rech renvoie à la pluralité, c’est-à-dire au minimum de deux, d’où l’attribution de 2 ko’hot à cette lettre. »   Samuel Darmon (2022).

[33]  « il est mentionné explicitement dans les Ecrits du Ari zal que la lettre Lamed résulte de l’assemblage de 3 lettres Waw » Samuel Darmon (2022).

[34]  D’après R’ Dufour, site Modia’, cité par Samuel Darmon (communication orale et notes manuscrites d’après la page de Modi’a consultée avant 2016).

[35] Il semble que l’analyse de Samuel Darmon apporte une réponse satisfaisante à la question du nombre de lettres de la Torah.