Avant une naissance
Avant d'aborder les coutumes centrales relatives à la nomination d'une fille ou à la circoncision d'un garçon, il convient de s'attarder d'abord sur les coutumes relatives aux mois précédant la naissance, et sur les coutumes suivant immédiatement la naissance de l'enfant.
Nous commencerons par présenter les coutumes et traditions spécifiques concernant la naissance d'une fille.
Après quoi nous relaterons les coutumes de la semaine qui sépare la naissance d'un garçon et le moment de la mila. Il existe plusieurs ouvrages présentant les coutumes des journées précédant le brit, notamment de la veillée d’étude, et le déroulement pratique de la mila avec les textes et bénédictions lues aux différents moments [1]. Le séder varie selon la coutume suivie.
Avant la naissance
A Tou BiChevat, le nouvel an des arbres, on dit qu’il est bon qu’une femme mange du cédrat (confit) ayant servi au loulav pendant la fête de souccot [2]. Une signification de cela tient à ce que le cédrat est l’un des fruits pouvant être « le fruit défendu ». ‘Hava (Eve) ayant goûté à ce fruit défendu, il en a notamment découlé l’expulsion du Jardin d’Eden et les souffrances de l’accouchement. Consommer de ce cédrat vient selon cette tradition, faire réparation de la faute de ‘Hava. De là l’espoir de l’annulation ou la grande réduction des souffrances de l’enfantement. Cette consommation favoriserait aussi la naissance d’un garçon particulièrement [3].
Pendant le neuvième mois de grossesse - Ouverture de l'hékhal par le père
Le futur père s’efforce d'accomplir la mitsva l'ouverture du hékhal (péti'hat hahékhal) avant la sortie du Séfer Torah pour la lecture communautaire [4]. Il n’hésite pas à pratiquer cette mitsva à plusieurs reprises. Le rav 'Hida indique qu’il s’agit d’une ségoula pour que l'accouchement se passe dans les meilleures conditions [5].
La prière suivante (pour un accouchement facile) se dit chaque jour après la lecture de cinq psaumes. Elle est tirée du livre de prières de Rav Cha’arabi זצוק"ל : « O Hachèm, mon Dieu et Dieu de mes pères, par le mérite des psaumes que je viens de lire devant toi, allège les souffrances de ma grossesse et renforce-moi. Que nous ne faiblissions pas, ni moi, ni l'enfant que je porte, jusqu'au terme de ma délivrance. Lorsqu'en viendra l'heure et que je me trouverais sur le lit des accouchées, préserve-moi par ton immense bonté de toute peine, de toute douleur. Que j'enfante facilement et que le nouveau-né apparaisse au monde dans le calme et sans peine, qu'il naisse en un moment propice, à la bonne heure, sous une bonne étoile, pour la vie, la paix et la santé. Qu'il grandisse chaque jour dans la grâce et la bonté, dans la richesse et la santé. Comble les désirs de mon coeur et ceux du coeur de mon époux avec bonté, salut et miséricorde. Donne-nous le mérite d'élever nos enfants avec satisfaction et dignité dans ta Tora et la crainte du ciel, en vue du mariage et des bonnes actions. Que nos yeux, et les yeux de nos proches, voient. Et que se réalise pour notre descendance ‘une génération de justes, elle sera bénie’. Amen. » [6]
Lorsque que commencent les contractions - Certains lisent des psaumes. D’autres préfèrent lire des psaumes précis. Le mari peut lire le Psaume 100 (Mizmor Létoda) ou bien (sept fois) le Psaume 20 [7].
En salle d’accouchement - Une ségoula (réputée infaillible) est utilisée par les Juifs originaires de Tunisie : dès le début des contractions le futur père lit dans la pièce voisine le livre de Yona (Jonas) [8]. Pour d’autres, ce texte est lu au moment où la femme entre en salle d’accouchement [9].
[1] Voir ci-après quelques références : Atlan, R’ A. (1995) ; Bérit Abraham hacohen (v. 5754) ; Guez G. ; Krohn R’ & Scherman R’ (2003) ; Bérit kadoch ; Bérit ‘olam (5759) ; Settbon R’ D. (2006), Sidour Ich Matslia’h ; Sidour Pata’h Eliyahou ; Sidour Téphilat ha’hodech (5711)…
[2] Un usage -attesté dans le Sefer ta’amé ha-minhagim, p. 521- voulait qu’à l’issue de la fête de Souccot, les femmes enceintes arrachent avec les dents l’extrémité du cédrat.
[3] Une explication a été proposée qui se comprend si certains confisent le cédrat en entier et non en quartiers: cette coutume s’éclaire par le midrach selon lequel le fruit défendu qu’a consommé Adam, aurait été un cédrat ; « en en arrachant l’extrémité du bout des dents, c’est à dire sans en tirer de jouissance gustative, la femme veut montrer que ‘Hava, la première femme n’a mangé du fruit défendu que sous la pression et la contrainte du « serpent», mais qu’elle n’en a pas davantage tiré de plaisir » R’ Daniel Gottlieb..
[4] Tant les lundis, jeudis et samedis qu’aux autres occasions comme les offices des fêtes.
[5] Mare Bééçba' § 90, Lêdauid Emet chap. 2 § 3, cit. R’. D. Settbon, ‘Alé hadas, p. 435
[6] Prière citée d’après une réponse de Rav Aharon Bieler, 3 mai 2006. Cheelot.universtorah.com.
[7] Rav Aharon Bieler, 3 mai 2006. Cheelot.universtorah.com.
[8] L’origine de cette ségoula tient au parallèle entre la descente de Yona dans le bateau avec la descente de l'âme dans ce bas monde pour résider dans le corps humain (Zohar parachat Wayakhel 199a, cit. par R’ 'Azriel Mançour – information rapportée par R’ David Settbon, ‘Alé hadas, p. 435). On sait que le livre de Yona est lu en totalité à Kippour (Haftara de Min’ha).