L’être humain, comme la ménora…

 

 

L'être humain, comme la ménora...
 
La tradition juive dispose de nombreuses œuvres de moussar (morale) aidant en vue de la transformation des traits de caractère (midot) non satisfaisants. Dans cette paracha, c’est la forme même du chandelier [1] qui nous offre une leçon de morale.
L’homme juif doit avoir une base stable. Tout comme la ménora, il doit veiller à la stabilité de sa base. Pour cela, il faut veiller à l’intégrité physique du corps (un corps sain ; mais aussi un corps apte à l’activité spirituelle [2]) ; à la solidité familiale (la paix du ménage, la bonne éducation des enfants), à l’activité culturelle (pratique des mitsvot, des prières, étude, etc.).
Il a des branches latérales [3] – ce qui évoque les oreilles de l’homme : « Le Juif est toujours placé dans l’écoute » comme le demande le Chém’a Yisrael [4].
Il est composé d’une seule pièce de métal : וְזֶ֨ה מַֽעֲשֵׂ֤ה הַמְּנֹרָה֙ מִקְשָׁ֣ה זָהָ֔ב עַד־יְרֵכָ֥הּ עַד־פִּרְחָ֖הּ מִקְשָׁ֣ה הִ֑וא  “Et ainsi  était fait le chandelier: d’or battu depuis son pied jusqu’à ses fleurs, il était battu.  ” (Bamidbar 8, 4). « Il est un, compliqué mais cohérent en toutes ses parties de son être » [5] - de même, l’homme doit rester cohérent malgré la complexité de sa nature et de ses sentiments.
La forme de la ménora fait aussi allusion à la centralité du chabbat par rapport aux autres jours de la semaine : la branche centrale plus élevée que les autres, elle a trois branches à droite et trois autres à gauche. Trois jours baignent encore dans la sainteté du chabbat précédent, et trois jours préparent à la sainteté du chabbat qui arrive.
La flamme fait penser à l’âme puisque le roi Chélomo écrit : נֵ֣ר יְ֭הוָה נִשְׁמַ֣ת אָדָ֑ם« une lampe de Hachèm est l’âme de l’homme » (Michlé 20, 27) [6]. Comme le Kohen Gadol « faisait monter » les flammes de la ménora, chacun doit agir afin d’élever son âme.
 


[1]  Puisque la ménora est à l’honneur dans cette paracha, on peut raconter l’histoire édifiante d’une flamme qui apportait des bénédictions. 
 
RACONTER- Une bénédiction pour Ali, l’apprenti boulanger -  
Une nuit, un jeune Arabe du Maghreb prit l’initiative d’aider un rabbin en panne de lumière.
Ce vendredi soir, en se rendant à son travail, il passa comme à son habitude devant le domicile du rabbin. Mais contrairement aux autres nuits, aucune lumière ne filtrait de la fenêtre.
Ali comprit que la situation était anormale car il était de notoriété publique que ce sage se levait après un court sommeil pour prolonger son étude jusqu’à l’aube. Il décida de frapper à la porte.
Lorsque le rabbin vint lui ouvrir, il le salua respectueusement et sans que rien ne lui soit demandé, il alluma la lampe qui s’était éteinte prématurément. Le rabbin, reconnaissant, bénit Ali : grâce à lui, il pourrait continuer son étude malgré un malencontreux courant d’air. 
Quelques temps plus tard, Ali hérita d’un oncle parti dans un pays lointain et ses affaires prospérèrent. Il devint négociant et s’établit en Egypte.
Des années plus tard, le rabbin et ses disciples voyageant vers Jérusalem, firent halte en Egypte. Or, le chemin d’Ali croisa celui du vieux rabbin. Reconnaissant sans peine dans le vieillard qui passait, ce même rabbin qui l’avait béni dans sa jeunesse - et à qui il savait devoir toute sa réussite -  il décida de prendre à sa charge l’hébergement et la nourriture (cachère) des voyageurs pendant leur séjour dans sa ville. Il insista pour qu’ils restent plus longtemps que prévu, car  les juifs de la ville souhaitaient entendre ses enseignements. Lorsque les voyageurs décidèrent de continuer leur pèlerinage, Ali prit en charge l’organisation du voyage et les confia à son homme de confiance qui devait les conduire à Jaffa.
 
 
[2] Pour cela, il faut veiller à ce que l’alimentation soit bien cachère. Si on remplit le réservoir de son automobile, non pas d’essence ou de diésel mais de sable ou d’eau, l’auto peut avancer si on la pousse, mais elle n’atteindra jamais les vitesses prévues par le constructeur. De même, on peut continuer à respirer et peut sembler physiquement en bonne santé sans manger pas cachère, on aura perdu son potentiel spirituel. On sera, dans ce domaine, comme une voiture qu’on pousse laborieusement !  Voir notre dracha ‘les animaux consommables’, paracha Chémini.
 
[3]  Alors que certains commentateurs pensent que les branches étaient courbées et se déployaient latéralement en demi-cercle (Ibn ‘Ezra sur 25,37 et 27,21), d’autres indiquent qu’elles « s’étiraient en longueur, en oblique, l’une au-dessous de l’autre, celle du dessous étant plus la plus longue et celle du dessus la plus courte », de manière à ce que « tous leurs sommets se situent à la même hauteur que celui de la tige centrale, la septième, d’où sortaient les six autres branches » (Rachi sur 25,32). C’est aussi la position de Rambam (sur Ména’hot 3,7).
 
[4]  R’ Dufour 
 
[5]  Ajoute ici R’ Dufour 
 
[6] R’ Yédaya haPénini de Béziers זצ"ל  décrit le lien qui unit l’homme à la lumière divine de la Torah. L’homme est comparé à une torche: « leur union forme la lumière divine sur terre, la Torah est la flamme qui se répand de l’étincelle de celui qui réside dans les cieux. Et l’homme par ses deux éléments (son corps et son âme) est une torche qui absorbe sa lumière : son corps, une mèche tordue, et son âme, de l’huile d’olive pure. En s’unissant et en s’enflammant (la torche et la flamme) ils produisent une lumière qui remplit  la maison toute entière ». D’après Malbim, cit. R’ E. Munk, Kol hatorah,  Chémot 27, 21, p. 329.  

 

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