026. Rabbi Abba Mari de Lunel

 
 
 

26. Rabbi Abba Mari de Lunel

 
A Montpellier, ce sage (1) a mené une guerre par lettres pour défendre la position traditionaliste contre la philosophie. Sa correspondance a plus qu’une valeur historique. 

 

                                                   
R. Abba Mari ben Moïse (1240-1315) de Lunel défendit le point de vue traditionaliste versus l'approche philosophique à la Torah. Il vénéra Maïmonide mais craignait que l'approche philosophique ne sape la foi.
 
D'abord un modéré, puis emporté par la polémique il mena par correspondance son combat de la ville de Montpellier jusqu’en Provincia, en Espagne et puis en France. En Espagne il finit par convaincre le sage R. Salomon ben Abraham (Rachba) de venir à sa défense avec R. Acher ben Ye’hiel (Roch). À Montpellier et ailleurs Rabbi Abba Mari a rencontré une résistance féroce. La décision prise de proscrire l'étude de la philosophie avant un certain âge a donné lieu à des interdits de la part de rabbins s'opposant ayx positions prises par R' Abba Mari. La polémique a continué à faire rage jusqu'à sa fin abrupte due à l'expulsion des juifs de France en 1306. 

Une vaste correspondance subsiste suite à ce conflit passionné. Rabbi Abba Mari a rassemblé les lettres qu'il avait échangées avec les principales autorités dans un document intitulé Min'hat Kenaot (2). Il a préfacé son travail par une discussion et une analyse des principes de la foi, focalisée sur : 

  • l'existence, l'unité, l'incorporalité  et la souveraineté de D־ieu;
  • la création du monde par D-ieu et
  • la Providence divine.

Vers la fin de son oeuvre, Rabbi Abba Mari présente un court essai (Sefer HaYaréa’h) dans lequel il interprète des passages de la Bible à la lumière de ces trois principes.
 
Min’hat Kenaot  a été publié dans les Techuvot HaRachba (Mossad HaRav Kook, Jérusalem, 1990). Un sommaire en français de chaque lettre ainsi que le Sefer HaYaréa’h figurent  dans Histoire littéraire de la France, vol. 27, pp 655.
 
Rabbi Abba Mari fut talmudiste et maître à Montpellier où le conflit commença et fut le plus intense. Plus tard il se déplaça à Arles, puis à Perpignan. Il fut l’arrière petit־fils de R' Mechullam ben Jacob, grand érudit dans plusieurs domaines, mécène de l'étude et Roch Yechivah à Lunel au zénith de sa gloire.

 

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NOTES

(1) Parfois nommé R' Abba Mari de Montpellier. 

(2) Pressburg en 1838 (selon hebrewbooks.org)Min’hat Kenaot  a été publié dans les Techuvot HaRachba (Mossad HaRav Kook, Jérusalem, 1990).  

 

 Les Sages de la Provincia, par Y. Maser
© Y. Maser (1ère ed. 2002, 2015) et/ou 
© Hotsaat Bakish, Institut Rabbi Yesha’ya (2015)
Mise en ligne en août 2015, à Kyriat Ata, Israël

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