(c) Hillel Bakis
La vix de Jacob, 2013
La mission du couple
Notre paracha traite de la construction du michkan, le sanctuaire construit selon les prescriptions divines sous la conduite de Moché, au désert. L’Arche et les Tables de l’alliance (Tables de la Loi) étaient déposées dans une partie distincte (le Saint des saints [1]). Le plan du Beth hamikdach, le Temple de Jérusalem construit quelques siècles plus tard par le roi Chélomo (Salomon), sera inspiré par le modèle du michkan.
וְעָ֥שׂוּ לִ֖י מִקְדָּ֑שׁ | « Et ils feront pour moi un sanctuaire » (Chémot 25,8) |
וְכֵ֖ן תַּֽעֲשֽׂוּ׃ | « ainsi vous ferez » (Chémot 25,9) ; |
וְעָשׂ֥וּ אֲר֖וֹן | « et ils feront une arche…» (Chémot 25,10). |
Ces mots s’adressent aux constructeurs du michkan, au temps de Moché, mais aussi aux enfants d’Israël en général.
Le couple est défini par nos sages comme constituant un « petit michkan ». On est donc tenté de chercher dans la paracha Térouma un reflet de ces remarques sur la fusion de deux individualités en une unité de niveau supérieur. En se mariant, deux individus décident de construire un couple.
Ce n’est pas forcément facile que de parvenir à cette unité. Tout au long du mariage, les conjoints doivent agir de manière à faire prédominer la construction harmonieuse du nouveau ménage sur tout obstacle éventuel. Si cela demande une part de renoncement, cela conduit aussi à des découvertes enrichissantes car le couple n’est pas la cohabitation de deux personnalités qui s’opposent (l’une voulant mettre l’autre à son service !) ou qui composent pour mieux se supporter (les deux vivant leur vie propre en étant perturbés le moins possible par l’interférence de l’autre !) ! Il s’agit au contraire de deux individus associés. Le mari ne dit plus « je », la femme ne dit plus « je », le couple adopte un autre pronom personnel : « nous ».
Dans le michkan une Arche contient
Pour trouver un reflet des remarques sur la fusion de deux individualités en un couple, examinons la conjugaison des verbes. On peut être étonné par le fait qu’après avoir employé ici le pluriel,
S’adressant aux enfants d’Israël, le Saint, béni soit-Il dit: וְעָ֥שׂוּ לִ֖י מִקְדָּ֑שׁ וְשָֽׁכַנְתִּ֖י בְּתוֹכָֽם׃ « Et ils feront pour moi un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux » (Chémot 25,8). Ces mots s’adressent également au ‘hatan et à la kala, à qui nous souhaitons de vivre heureux dans un foyer de Torah.
[1] Kodech hakodachim.
[2] Autre explication : l’Arche renferme
[3] Mot de la famille de Mo’ed. Comme : Ohel mo’ed (tente d’assignation ; la tente du rendez-vous).