Houmach – Bible juive

17 janvier 2014 

 

1.  La Bible juive

Le mot תַּנַ"ךְ Tanakh [1] est une abréviation construite avec les initiales des mots תורה (Torah), נביאים  (Prophètes, Néviim),כתובים  (Ecrits, Kétouvim), qui correspondent aux trois subdivisions traditionnelles de la Bible hébraïque [2]. Cette tradition provient d’une transmission ininterrompue depuis le don de la Torah au Sinaï [3].

 

1.1. le ‘Houmach (Pentateuque)

Les cinq livres de la תורה Torah (Le Pentateuque,‘Houmach) portent les noms de : Béréchit [4] (Genèse); Chémot [5] (Exode); Vayikra [6] (Lévitique); Bamidbar [7] (Nombres) ; Dévarim [8] (Deutéronome).  Moché a reçu la Torah de D.ieu, Torah écrite et Torah orale, sur le mont Sinaï [9].  Ceci constitue le socle de la tradition juive (Michna, Talmud) que la littérature rabbinique va exposer dans ses divers domaines  (œuvres juridiques, d’exégèse, etc.).

 

Manuscrits anciens

Dans l’état actuel de la connaissance paléographique et archéologique aucun manuscrit ne peut être daté avant 400 AEC (Avant l’Ere Courante), voire 225 AEC [10].

Le Codex de Saint-Pétersbourg dit aussi Codex de Leningrad – est le plus ancien manuscrit du Tanakh conservé au complet du Tanakh. Ecrit en 1009 au Caire, c’est un texte massorétique du type Ben Acher [11].

Le Nash papyrus [12] - Il en subsiste quatre fragments : soit 24 lignes d’écriture sans voyelle d’un texte prémassorétique des Dix paroles et du Chéma. On considère aujourd’hui qu’il remonte à une période allant de 100 AEC à 150 AEC. Il semble provenir d’un document liturgique d’un Juif d’Egypte (et non d’un fragment de l’ensemble de la Torah) ;

Le manuscrit Oriental 4445 (du British Muséum) vers 820 à 850 [13] ;

Le Kéter Aram Tsoba ou Keter ou Manuscrit d'Alep (The Aleppo Codex). Le manuscrit Aleppo Codex a été copié par le scribe Chelomo Ben-Buya'a [14], à Tibériade, au début du 10e s. Il travaillait sous la direction de Aharon Ben Acher, dernier des ‘hakhmei hamassoret. Il a été transféré de Jérusalem en Egypte lors de la conquête de Saladin (1267) et Rambam put y accéder pour copier un sépher Torah pour fixer le texte définitif [15].  Le Kéter a été conservé à Alep, Syrie, où il fut en partie détruit lors des émeutes antijuives de décembre 1947: sur les 487 pages originales ne subsistent plus que 295 (aujourd’hui au Musée du Livre, Jérusalem).

 

 

1.2. Prophètes (נביאים)

Composition

Les textes du livre des Prophètes (נביאים) sont : יהושוע Josué/ Yéhochoua’; שופטים Juges / Chofétimשמואל Samuel/Chémouel; מלכים Rois /Mélakhim; ישעיהו Isaïe/Yicha’yiahou [16];יִרְמְיָ֖הוּ  Jérémie /Yirméyahou; יחזקאל Ezéchiel /Yé’hézkèl; et un livre dont le nom est Trei ‘Asar (les douze [petits prophètes] -  הושעOsée/Hochéa’, יואל Joël/Yoèl, עמוס Amos/’Amos, עובדיה Obadia/’Obadia, יונה Jonas/Yona, מיכה Mikha/Michéeנחום Na’houm, חבקוקHabakouk, צפניה Tséfonia/Tséfania, חגיHagaï, זכריה Zacharie/Zékharia, מלאכי Mal-akhie).  Les livres des Prophètes n’ont ajouté ni retiré aucune obligation ou interdiction à celles que prescrit la Torah [17].

La tradition date comme suit les différentes périodes: Yéhochoua’ (2489) ; les Juges (depuis Caleb ben Yéfouné, 2516) ; les prophètes de Chémouel à Malakhi (2871-3448).

 

Manuscrits anciens et fragments

Voici les fragments manuscrits les plus connus (outre ceux cités ci-dessus) :

Extraits du livre de Chémouel (Samuel): C’est le plus ancien  texte biblique découvert à Qumrân: daté du milieu ou de la fin du 3e siècle AEC ;

Livre de Yécha’yahou (Isaïe) : c’est le plus ancien manuscrit hébreu complet d’un livre biblique. Daté du 2e  s. AEC il a été découvert à Qumrân. Il comporte 54 colonnes sur 17 feuilles de cuir cousues ; le rouleau est long de 7,30 mètres ;

Nombreux fragments de livres du Tanakh (dont Dévarim, Téhilim, Yécha’yahou) parmi les quelque 800 manuscrits et fragments provenant des découvertes de la rive occidentale de la mer Morte ;

Liturgie juive et livres des prophètes

Certains passages des livres des Prophètes sont intégrés au rituel de prières (sidour), ou des fêtes. D’autres ont été sélectionnés pour des lectures selon un ordre précis mais variable quelquefois selon les communautés: c’est le séder hahaftarot (ההפטרות). Cela permet une fréquentation hebdomadaire de ces livres bibliques. Pour éviter que le message prophétique ne « reste hermétique à la plupart de nos coreligionnaires » [18], il convient - au minimum - d’étudier les haftarot [19].

 

 

1.3.  Ecrits ou Hagiographes (כתובים)

 

Composition - Onze livres  

Ces livres ne furent écrits ni par Moché (Torah) ni par les Prophètes (Néviim) sont qualifiés d’hagiographes [20].  

Ces livres sont : תהלים Psaumes/Téhilim ;  איוב Job /Iyob; משלי Proverbes /Michlé; רות Méguila de Ruth /Rout ; שיר השירים Le Cantique des cantiques /Chir hachirim; קוהלת l’Ecclésiaste/Kohélèt ; איכה Lamentations/Ekha [21]  ; אסתר Méguila d’Esther ; דנייאל Daniel [22]; עזרא /נחמיה Ezra ou Esdras /’Ezra– Néhémie/Né’hmiya [23]; דברי הימים Chroniques/Dibré hayamim [24].

Parmi ces livres, cinq sont aussi désignés comme les « cinq méguilot » : Ruth, le Cantique des cantiques, l’Ecclésiaste; les Lamentations, Esther (si on parle de Méguila sans autre précision, on sous-entend celle d’Esther).

La liste de ces livres a été fixée lors du Synode de Yavné[25] réuni à l’initiative de R’ Yo’hanan Ben Zakaï (vers 90 AEC). Les rabbis ont discuté sur le statut de certains ouvrages dont le statut était encore flottant : à savoir Le Cantique des cantiques et l’Ecclésiaste, admis alors définitivement.

 

NOTES 
 


[1]   Autres orthographes : Tanakh, Tanach, Tenakh, Tenak ;  nommé également : Bible hébraïque, texte massorétique, Mikra, Miqra).

[2]  Il comprend 24 livres : ‘Houmach  (5 livres) ; Neviim (8 livres qui contiennent 19 textes différents car un de ces livres qui a pour nom Trei ‘Asar contient les prophéties des douze prophètes mineurs) ; Ketouvim (11 livres). Voir version de la bible de l’Institut Mamré (מכון ממרא  Mékhone Mamréé) avec voyelles et té’amim, http://www.mechon-mamre.org/c/ct/c0.htm. Noter aussi le site snunit vocalisé et cantillé : http://www1.snunit.k12.il/kodesh/.index.html (2003).

[3] Voir Michna Abot, 1,1.

[4]  Appelé aussi Séfer hayétsira (« Le livre de la création ») car en son début, il traite de la création du monde.

[5]  Appelé aussi Séfer haguéoula (« Le livre de la libération ») car il traite largement de la libération de l’esclavage en Egypte.

[6]  Appelé aussi Torat Kohanim (« Le livre des prêtres ») car il traite largement du service des prêtres.

[7] Appelé aussi Séfèr hapékoudim (« Le livre des comptes ») car il contient des recensements.

[8]  Appelé aussi Michné Torah, car  il répète en partie l’enseignement de la Torah.

[9] Le 6 du mois de sivan en l’an 2448 (soit : 1300 avant l’ère courante). Nous utiliserons parfois l’abréviation AEC pour « Avant l’Ere Courante ».

[10] Cross (1955), “The Oldest Manuscripts from Qumran”, Journal of Biblical Literature, vol. 74, pp. 147–172. Cité par Waltkeand Bruce K. & O’Connor M. (1990), An Introduction to Biblical Hebrew Syntax, Eisenbrauns Winona Lake, Indiana, p. 16.

[11] Ou : Leningradensis,  ou Codex Firkovitch. Voir: David ‎Noel Freedman ‎et al., The Leningrad Codex: A Facsimile Edition, Eerdmans Publishing, Grand Rapids ‎MI, 1990 - www.usc.edu/dept/LAS/wsrp/educational_site/biblical_manuscripts/ Photographies du manuscrit). Voir Aron Dotan (1973), Biblia Hebraica Leningradensia (BHL), Hendrickson Publishers, Peabody, Massachusetts, ADI Publishers, Tel-Aviv : très fidèle au Codex, lisible, comprend les divisions hebdomadaires.

[12] Acquisition en Egypte par W. L. Nash en 1898. Exposé à la bibliothèque de l'Université de Cambridge.

[13] Les points voyelles ayant été rajoutés environ 1 siècle plus tard.

[14] Il a utisé le système massorétique de la famille Ben Acher (entre 910-930)

[15] Hilkhot Sefer Torah, ch.8, 4. Voir : R’ Ya’aqov Sapir (2000), Evène Sapir. Journal de voyage à travers les communautés juives d’Asie et d’Australie de 1857 à 1863, Daath, Bnei Braq, p. 27. Elève du Gaon de Vilna (1822-1885), l’auteur se fixa à Jérusalem en 1836.

[16] Le manuscrit de Yicha’yiahou  découvert à Qumram (1947) date de 700 ans après la mort du Prophète. Ce texte a 2100 ans environ.

[17] Cela ressort des discussions talmudiques (T.B. Chabbat 104a, T.B. Haguiga 10b, T.B. Baba Kama 2b, T.B. Nida 23a)

[18] Comme l’a regretté R’ J. Schwarz, Les haftarot. Morceaux choisis des prophètes. Edition de l’Espérance, Jérusalem (Réédition 1996, BibliEurope, Paris, p. 4.)

[19] Voir par exemple nos drachot sur les haftarot : ouvrage en cours de préparation. Partiellement en ligne depuis 2011 sur : editionsbakish.com.

[20] Du grec α ́γιος « sacré » et γραφη ́ « ce qui est écrit ».  On peut traduire les hagiographes par les livres sacrés, ou les saintes écritures. 

[21] Le livre biblique Eikha (Lamentations) est intégralement lu le 9 ab au soir puis à l’office suivant du matin.

[22] Les Amoraïm (Jonathan ben Uziel) déclassent le livre de Daniel des Néviim aux Ecrits (T.B. Méguila 6a). Flavius Josèphe et la Septante le tenaient pour prophète.

[23] A l’époque talmudique le livre de Ne’hémya était considéré comme appartenant au livre de ‘Ezra « Jusqu’en 1448, ces deux livres n’en formaient qu’un dans la Bible hébraïque. À cette date, la division existant dans la Vulgate latine y fut introduite et adoptée » (A. Chouraqui, note avant la traduction de ces livres).

[24] Parfois nommé Paralipomenon ou Paralipomena  par les Chrétiens. Ce terme issu du grec παραλειπο ́μενα et du bas latin a pour sens : supplément à l'ouvrage qui précède (Rois).

[25] Ou : Yabneh ou Yabnah, ou  Jamnia.  

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