La sonnerie du chofar

 

La sonnerie du chofar

 

Quel est le symbole majeur de Roch hachana ? Le chofar ! Plus qu’un symbole, c’est un commandement positif de la Torah [1].

Roch Hachana est même défini comme étant le « Jour de la sonnerie » : י֥וֹם תְּרוּעָ֖ה יִֽהְיֶ֥ה לָכֶֽם׃ (Bamidbar 29,1) [2]. C’est grâce à l’audition de la sonnerie du chofar que nous parvient l’influence spirituelle de Roch hachana : un réveil qui conduit à la téchouva, pour couronner Hachèm ית"ש comme maître du monde[3].  Le chofar n’est qu’une corne creuse de bélier mais lorsque le souffle de l’homme la traverse, cet instrument physique prend une toute autre dimension. Sa seule sonnerie, dénuée de tout mot, fait vibrer notre cœur mieux que des paroles. Par un souffle qui rappelle un autre souffle[4], le chofar véhicule les émotions de l’homme qui peut alors reprendre contact avec son âme. Le roi David indique cela lorsqu’il écrit : אַשְׁרֵ֣י הָ֭עָם יֹֽדְעֵ֣י תְרוּעָ֑ה « Heureux est le peuple qui connaît la térou'a » (Téhilim 89,16) ; non pas « qui entend » mais « qui connaît » ! C’est-à-dire qui comprend le sens et sait la force exceptionnelle du chofar. Le Baal Chem Tov זצוק"ל enseigne que le chofar permet d'accéder grâce à l’émotion et l’intuition au savoir divin : « Dans le palais du roi se trouvent de nombreuses pièces et chacune s'ouvre avec une clef différente. Il existe une clef, un instrument, qui peut ouvrir toutes les portes : la hache. Le chofar est une hache. Quand une personne se présente avec passion devant le Tout-puissant le cœur brisé, il peut faire voler en éclats n'importe quelle porte du palais du Roi des rois » [5]. Cette grande capacité à agir sur l’homme n’empêche pas un « travail » spécifique pour optimiser l’effet du son du chofar : il convient de recevoir cette sonnerie dans un certain état d’esprit.

La forme du chofar exprime l’essence de cette période : il a une extrémité étroite par laquelle on souffle, et une extrémité large par laquelle sort le son. La direction à suivre est claire : de l’étroitesse, du confinement, vers l’élargissement[6], le dépassement des limites. Tous les jours du mois d’éloul et plus encore les dix premiers jours du mois de tichri permettent une plus grande proximité avec le Créateur. Certes, le « retour » est d’actualité tout au long de l’année, mais en ces jours particuliers, il prend une dimension plus intense : ces jours font accéder l’homme à un niveau supérieur dans sa spiritualité[7].

Le ba’al hatanya enseigne : « En apprenant la Torah, le Juif se rapproche de D.ieu. Au moyen des commandements, il attire D.ieu ici-bas… la tâche réelle de l’homme est de changer le monde, d’en faire une demeure pour D.ieu »  [8].  


NOTES

[1] Rambam, Michné torah, Hilkhoth chofar, 1,1

[2] וּבַחֹ֨דֶשׁ הַשְּׁבִיעִ֜י בְּאֶחָ֣ד לַחֹ֗דֶשׁ מִֽקְרָא־קֹ֨דֶשׁ֙ יִֽהְיֶ֣ה לָכֶ֔ם כָּל־מְלֶ֥אכֶת עֲבֹדָ֖ה לֹ֣א תַֽעֲשׂ֑וּ י֥וֹם תְּרוּעָ֖ה יִֽהְיֶ֥ה לָכֶֽם׃  « Au septième mois, le premier du mois, ce sera pour vous une convocation sainte: vous ne ferez aucun ouvrage servile. Ce sera pour vous le jour de la Térou’a » (Bamidbar 29,1). 

[3] Le mot Terou'a provient du mot « hit’orerouth », « réveil » (selon R’ ‘Haïm Friedlander, Sifté ‘Haïm, Moadim (conférences sur les fêtes), I, p. 73. (cit.  Kountrass news, Eloul 5765).

[4] Celui qui créa l’homme à l’image de son  Créateur.

[5] Baal Chem Tov, cit. Yaakov Astor, http://www.lamed.fr.

[6] R’ M.M. Schneerson, Likouté si’hot, vol. IX pp. 204-214.

[7] Comme l’a dit le dernier Admor des ‘Hassidé ‘Habad : « Ce n’est plus seulement la repentance pour un péché, c’est le retour de l’âme à D.ieu, la fin de l’aliénation spirituelle. Cette soudaine possibilité permet à l’homme de voir ses limites humaines comme n’étant plus inévitables. Elles peuvent être transcendées » R’ M.M. Schneerson, Likouté si’hot, vol. IX pp. 204-214, cit : Réflexions sur la Torah, 1983,  p. 313.   

[8] Tanya, chap. 37, cit.  R’ M.M. Schneerson, Likouté si’hot, vol. IX pp. 204-214. 

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