2. Première (semi) voyelle

 

 

01* BERECHIT (Béréchit 1,1- 6,8)

Au commencement de… 

 

Première (semi) voyelle…

 

בְּ  - La toute première lettre de la Torah porte un chéwa, correspondant souvent à une absence de vocalisation propre. Un principe de base de la Torah, est qu’aucun mot, aucune lettre, n’est inutile. On peut donc présumer que la présence du  chewa  (et non d'une voyelle [1]) n’est pas un hasard ! 

Cette semi-voyelle a la particularité de ne pas toujours se prononcer.  Le chéwa na’h   נח (il est muet ; dit chéwa « immobile ») correspond à une absence de voyelle (on n’entend que la consonne). Mais le chéwa se prononce dans certains cas avec un son rendu par « é » dans la tradition séfarade: c’est le chéwa na’  נע  (dit chéwa « mobile »)[2].

Que vient nous apprendre ce premier signe vocalique de la Torah? Peut-être, qu’il convient d’utiliser judicieusement silence et parole. Il faut « faire silence » devant la parole du Saint, béni soit-Il, pour mieux comprendre. Trop souvent en effet, les images vues, les paroles entendues, les phrases et mots lus, sont interprétées en fonction de la personnalité de celui qui les reçoit. C’est d’ailleurs sur ce principe que le psychanalyste Rorschach a élaboré en 1921 le test qui porte son nom : des tâches d’encre sont montrées à des personnes évaluées qui doivent décrire ce qu’elles voient. Evidemment, chacune donne une interprétation subjective selon sa personnalité. Dès la première lettre du mot de la Torah, Hachèm indique que la Torah ne doit pas être interprétée de manière subjective. Pour comprendre le message divin, il convient en tout premier lieu de laisser « parler » le texte et de ne pas y projeter son imaginaire.

Il faut aussi ne pas apprendre égoïstement mais savoir enseigner ce que l’on a pu comprendre. C’est une leçon similaire que viennent peut-être nous apprendre les mots  הַסְכֵּ֤ת ׀ וּשְׁמַע֙ יִשְׂרָאֵ֔ל  « Tais-toi / et entend Israël» (Débarim, 27, 9). Il faut d’abord faire silence pour comprendre le sens exprimé par Celui qui parle, et ne pas comprendre hâtivement un sens qui nous semble évident! Cette leçon ressort du sens littéral, mais il est encore renforcé par le signe [3] (passek) séparant « Tais-toi » et « Et écoute » : un signe disjonctif impliquant, à la lecture une légère séparation entre les deux mots qu'il sépare. 

 


[1] On ne vocalise souvent que la consonne seule..

[2] Nous consacrons à la prononciation du chéwa un développement spécifique. Voir : page grammaire de ce site – et Annexe 3 de la 1ère  édition de La Voix de Jacob (2009), pp. 697-746.

 

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