Comment prélever la ‘hala sur les pâtes?

Cacherout pratique

Comment prélever la 'hala sur les pâtes? 

 

A quelles pâtes cela s’applique-t-il ? Aux pâtes faites avec une farine de blé de seigle, d'avoine, d'orge ou d'épeautre[1] (pain, matsot, gâteaux). La pâte pétrie avec de l’eau, ou du vin (ou du jus de raisin), de l’huile d’olive, du lait ou du miel, est concernée par le prélèvement »[2]. La pâte doit être « de consistance épaisse et destinée à être cuite au four »[3]. Ne sont concernées cependant que les pâtes appartenant à un Juif (même pétries par un non-juif) car il est écrit : עֲרִסֹ֣תֵכֶ֔ם  « votre pâte »[4]. Le Chla hakadoch remarque que la ‘hala « est prélevée avant la cuisson pour que, dans sa nature essentielle, dès le début, elle soit imprégnée de sainteté »[5].

A partir de quelles quantités de farine cela s’applique-t-il ? Il existe diverses opinions sur la quantité de farine minimale pour qu’il soit prescrit de prélever. Il s’agit du poids de farine et non du poids de pâte (qui contient de l’eau, de l’huile, du sucre… L’avis courant est le suivant : à partir de 1,200 kg de farine on prélève mais on ne prononce pas de bénédiction;  à partir de 1.667 kg de farine on prélève et on prononce la bénédiction.

Quelle est le poids de la pâte prélevée ? « Il n’y a pas de quantité fixée pour la ‘hala : peu ou beaucoup de prélèvement rend la pâte permise »[6]. Certains prélèvent un morceau ‘kazayit’ (de la grosseur d'une olive); d'autres « ont l'habitude de prélever au moins 30 grammes de pâte »[7]. Il n’est pas nécessaire de prélever un gros morceau de pâte puisque les Kohanim, aujourd'hui, ne sont plus aptes à consommer le prélèvement, et qu'il faudra le détruire.

Qui prélève ? Aussi bien un homme qu’une femme peut prélever. Pour une pâte faite (ou cuite) à la maison, c’est à la femme que revient prioritairement cette mitsva (sans permission du mari, et pouvant déléguer une amie par exemple). Certains disent qu’on ne doit pas laisser un Juif renégat ou ne respectant pas chabbat en public prélever pour nous. Le Ben Ich 'Haï précise « une fois par an, par exemple pendant les dix jours de téchouva où chacun s'efforce de multiplier les mitsvot et les mérites, il est bon que la femme laisse son mari prélever la 'hala à sa place et dire la bénédiction lui-même. Ainsi, il pourra accomplir cette mitsva au moins une fois dans l'année »[8].

Quelle est la bénédiction à prononcer ? Les Séfarades disent : « Baroukh ata Hachem Elokénou mélékh ha’olam achère kidéchanou bémitsvotaw wétsivanou léhafrich 'hala » (Béni sois-Tu Hachèm… Qui nous a sanctifié par ses mitsvot et nous a ordonné de prélever la 'hala)[9]. Selon la coutume, certains disent : « Baroukh …  léhafrich 'hala térouma » (Béni sois-Tu…de prélever une térouma)[10]. Les achkénazes : disent  « Baroukh … wétsivanou léhafrich 'hala (certains ajoutent « mine a'issa »)[11]. Le prélèvement se fait debout (sauf problème de santé) et, a priori, de la main droite.

Que faire après le prélèvement ? On dit : « haré zou ‘hala » ceci est la ‘hala.  Il est d’usage de formuler alors une prière (santé, etc.).

Que faire de la pâte prélevée ? Le morceau de pâte doît être brûlé ou enterré ou encore jeté (mais dans ce cas avec un respect tout particulier : une double enveloppe est nécessaire). On évite de la brûler dans un four puisque cela est interdit en Erets Yisraël.

Que faut-il faire hors d’Israël ? Le verset indique : בַּֽאֲכָלְכֶ֖ם מִלֶּ֣חֶם הָאָ֑רֶץ  « lorsque vous mangerez du pain du pays » (Bamidbar 15,19). Est-ce à dire que la mitsva n’est pas prescrite pour qui habite hors de la Terre d’Israël ?

Hillel Bakis, juillet 2015

Références

 

NOTES


[1] Les farines faites à partir de riz, de maïs ou de pomme de terre ne sont pas concernées par cette obligation hala'hique. Elle "ne s'impose que lorsqu'il s'agit d'une pâte faite des cinq sortes de céréales, qui sont : le blé, l’orge, le seigle, l'avoine et l'épeautre". R’ Shmouel Melloul (5768), Les sentiers du savoir. La chacherout des aliments, Jérusalem, 481 p. p. 149.

[2] « Dans le cas d’une pâte pétrie avec du jus d’orange par exemple ou des œufs il « faut toujours faire attention au moment du pétrissage à ce qu’il y ait au moins un peu d’eau ou de l’un de ces liquides dans la pâte »  R’ Sh. Melloul (5768), p. 152.

[3] Cependant certains décisionnaires sont d’avis qu’il faut prélever sans bénédiction si la pâte épaisse doit être cuite à l’eau ou frite, car au moment où elle est pétrie, elle fait partie des pâtes sur lesquelles on prélève. R’ Sh. Melloul (5768), p. 152.

[4] « On n'a le devoir de prélever la 'hala que d'une pâte qui appartient à un juif, même si elle a été pétrie par un non-juif. La pâte d'un non-juif est exemptée de tout prélèvement, même si elle a été pétrie par un juif, ainsi qu'il est dit "votre pâte" et non la pâte des idolâtres. C'est-à-dire que peu nous importe qui pétrit, ni dans un sens ni dans l'autre, tout va selon celui qui possédait la pâte au moment du pétrissage » R’ Sh. Melloul (5768), p. 149.

[5] Cit. R’ Y. R. Dufour, Modia’ (sur la paracha).

[6] R’ Sh. Melloul (5768), p. 163.

[7] Yad Mordékhaï (2009).

[8] Cit par R’ Sh. Melloul (5768), p. 157.

[9] Il n’est pas nécessaire de préciser « léhafrich ‘hala in ha’issa » (de prélever la ‘hala de la pâte) R’ Sh. Melloul (5768), p. 161.

[10] Il n’est pas nécessaire de préciser « léhafrich ‘hala in ha’issa » (de prélever la ‘hala de la pâte) R’ Sh. Melloul (5768), p. 161.

[11] Yad Mordékhaï (2009).

Voir sur ce site la page "Pain de maison, ou "'hala"  dans la rubrique "Cuisine et pâtisserie juives"

 

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