Haft. I-26b.1 Chékalim

 

Achkénazes, ‘Hassidim, Sefarades, et Yéménites

(II Mélakhim  11, 17 – 12,17)

 

וַיִּכְרֹ֨ת יְהֽוֹיָדָ֜ע

 

Pourvoir aux besoins du Temple

 

Le texte supplémentaire lu dans la Torah est appelé Chékalim (Sicles) car il traite de la taxe destiné aux offrandes collectives (Chémot 30, 11-16). Il y est précisé que le recensement des Hébreux doit se faire de manière indirecte, au moyen de la collecte d’une pièce d’un demi-chékel par personne. Tout Hébreu devait donner cette somme, qu’il soit riche ou pauvre, qu’il soit seul ou soit père d’une nombreuse famille. C’est pour le service du Michkane que ces sommes servaient.

Même au temps du Bet hamikdach (Temple), pendant et après la vie de Chélomo hamélekh (Salomon), l’usage fut maintenu et chaque personne, au mois d’Adar, faisait ce don prescrit par la Torah.

 

Ces sommes servaient au financement des sacrifices publics quotidiens (‘ola) et des saccrifices supplémentaires (moussaffim) dûs les jours de Chabbat et de fête (yom tov). Cette destination avait pour sens que chaque membre du peuple était directement intéressé à chacun de ces sacrifice offerts par les Kohanim au Bet hamikdach [1].

Même après la disparition du Bet hamikdach, la coutume s’est maintenue du don d’une certaine somme [2]. Aujourd’hui, on continue à se souvenir du don dit « ma’hatsit hachékel » : en faisant ce don, il faut penser que ce n’est qu’un  souvenir (zékher) du ma’hatsit hachékel car ce n’est pas un véritable ma’hatsit hachékel. En conséquence, comme il n’y a plus de Temple, on n’est plus tenu d’offrir la sonne fixée à l’origine (soit dix gramme d’or pur par personne). On n’est pas obligé de donner la valeur - variable selon les années-  de dix gramme d’or pur par personne, mais on s’efforcera de donner au moins la moitié d’une unité monétaire de son temps (½ euro, ou dollar, par exemple).

 

La collecte avait lieu en Adar au temps du Bet hamikdach ; c’est pour rappeler cela que, le chabbat avant le mois d’Adar [3] on lit le passage de la Torah où il est question de cette offrande du demi-chékel. Il en découle aussi le nom donné à ce chabbat particulier : le chabbat des chékels [4].

On lit aussi une haftara spéciale : haftara chékalim au lieu de la haftara de la semaine en liaison avec la paracha hebdomadaire. Cela, même les veilles de nouveau mois lunaire (ma’har ‘hodech).

Dans le livre II Mélakhim (Rois 2), le chapitre 11 vient illustrer l’affectation des sommes perçues au culte et aux réparations du Temple.

Après le renversement de ‘Atalia (voir ci-après le récit du règne de cette ursurpatrice du trône du royaume de Yéhouda), le jeune roi Yoach régna à l’âge de sept ans [5] et fut éduqué par le grand-prêtre.

Le début de son règne fut marqué par cette bonne influence [6]. Il chargea les Kohanim de réparer le bâtiment du Bet hamikdach dégradé par une longue période de négligence. Cela devait être financé grâce aux dons faits par le peuple[7]. Comme le roi constata que les travaux de réparation du bâtiment n’avaient pas été entrepris, il décida que l’argent serait directement affecté aux réparations sans passer par les Kohanim (II Mélakhim 12, 4-5) [8]. Les fonds ne serviraient pas à autre chose (en particulier, pas à financer la fabrication d’objets d’or ou d’argent). Les surplus éventuels seraient donnés aux prêtres.

 

Les Kohanim acceptèrent la décision royale : un coffre muni d’un couvercle percé d’un trou serait placé à l’entrée du Temple et recevrait les offrandes destinées à l’entretien [9]. Lorsque le coffre était plein, il était remis aux charpentiers et maçons qui réparaient le bâtiment [10]. Les Kohanim conservaient l’usage de l’argent des sacrifices pour le délit et pour le péché (12, 16) [11].

 

 

 



[1] C’était donc un investissement très intéressant du point de vue de sa rentabilité spirituelle. Même si toutes les mitsvot sont importantes,  en général on n’en connaît pas la rétribution. Mais certaines semblent très 'rentables' apportant un mérite quantitativement grand. Ainsi, faire mériter de nombreuses personnes (zikouy et harabim) : notre tradition affirme que celui qui contribue à l’édition d’un ouvrage (tel un sidour, un livre de halakha ou tout enseignement rabbinique et  ce, même pour une aide modeste)  bénéficie du mérite de la diffusion de cet ouvrage et de son effet supirituel. 

[2] Selon les avis : la valeur du poids de l’argent du demi-chékel, valeur variable selon le cours de ce métal ; certains retiennent la moitié de la valeur de l’unité monétaire courante du pays. 

[3] Ou de Adar II lorsque c’est le cas. 

[4] A une époque, « les prêtres recevaient pour eux-mêmes les dons, à charge pour eux de faire effectuer les répara­tions, les offrandes furent ensuite affectées directement à ces réparations par suite des négligences observées dans ce domaine » (R’ J. Schwarz, p. 417)

[5] Est-il possible de régner effectivement à cet âge ? Les deux fonctions générales des rois juifs : influencer les peuples non-juifs qui entourent le royaume (pour cela aucun âge minimum n’étant précisé la nomination de Yoach était possible) ; influencer son peuple (l’âge de la bar-mitsva est requis sans considération de la maturité du jeune homme). Hisvadouyos, 5748, vol. 2, p. 558. Cit. R’ Ch. Miller (2006), Gutnick édition, p. 127.

[6] וַיַּ֨עַשׂ יְהוֹאָ֧שׁ הַיָּשָׁ֛ר בְּעֵינֵ֥י יְיָ כָּל־יָמָ֑יו אֲשֶׁ֣ר הוֹרָ֔הוּ יְהֽוֹיָדָ֖ע הַכֹּהֵֽן׃  « Et Yoach fit ce qui est droit aux yeux de Hachèm, tous les jours que Yéhoyada‘, le grand-prêtre, l’instruisit. » (II Mélakhim 12,3)

[7] וַיֹּ֨אמֶר יְהוֹאָ֜שׁ אֶל־הַכֹּֽהֲנִ֗ים כֹּל֩ כֶּ֨סֶף הַקֳּדָשִׁ֜ים אֲשֶׁר־יוּבָ֤א בֵית־יְיָ  « Et Yoach dit aux Kohanim : ‘Tout l’argent des sacrements qu’ils feront venir à la Maison de Hachèm »  יִקְח֤וּ לָהֶם֙ הַכֹּ֣הֲנִ֔ים אִ֖ישׁ מֵאֵ֣ת מַכָּר֑וֹ וְהֵ֗ם יְחַזְּקוּ֙ אֶת־בֶּ֣דֶק הַבַּ֔יִת « les Kohanim  le prendront, chacun de ses connaissances, et ils renforceront l’entretien de la Maison » (II Mélakhim 12, 4-5). 

[8] Cela se passait dans la vingt-troisième année de son règne. Le roi Yoach a régné dès l’âge sept ans, cette remise en cause a donc eu lieu lorsqu’il avait 30 ans.  

[9] וַיֵּאֹ֖תוּ הַכֹּֽהֲנִ֑ים לְבִלְתִּ֤י קְחַת־כֶּ֨סֶף֙ מֵאֵ֣ת הָעָ֔ם וּלְבִלְתִּ֥י חַזֵּ֖ק אֶת־בֶּ֥דֶק הַבָּֽיִת׃ וַיִּקַּ֞ח יְהֽוֹיָדָ֤ע הַכֹּהֵן֙ אֲר֣וֹן אֶחָ֔ד וַיִּקֹּ֥ב חֹ֖ר בְּדַלְתּ֑וֹ וַיִּתֵּ֣ן אֹתוֹ֩ אֵ֨צֶל הַמִּזְבֵּ֜חַ בימין (מִיָּמִ֗ין) בְּבוֹא־אִישׁ֙ בֵּ֣ית יְיָ וְנָֽתְנוּ־שָׁ֤מָּה הַכֹּֽהֲנִים֙ שֹֽׁמְרֵ֣י הַסַּ֔ף אֶת־כָּל־הַכֶּ֖סֶף הַמּוּבָ֥א בֵית־יְיָ ׃ « Les Kohanim consentirent à ne plus prendre d’argent du peuple et à ne plus être chargés de l’entretien de la Maison. Yéhoyada‘, le prêtre, prend un coffre et perce un trou dans son couvercle. Il le donne auprès de l’autel, à droite, à l’arrivée des hommes dans la Maison de Hachèm. Les cohen, gardiens du seuil, donnent là tout l’argent apporté à la Maison de Hachèm » (II Mélakhim 12, 9-10).

[10] וַֽיְהִי֙ כִּרְאוֹתָ֔ם כִּי־רַ֥ב הַכֶּ֖סֶף בָּֽאָר֑וֹן וַיַּ֨עַל סֹפֵ֤ר הַמֶּ֨לֶךְ֙ וְהַכֹּהֵ֣ן הַגָּד֔וֹל וַיָּצֻ֨רוּ֙ וַיִּמְנ֔וּ אֶת־הַכֶּ֖סֶף הַנִּמְצָ֥א בֵית־יְיָ ׃ יב וְנָֽתְנוּ֙ אֶת־הַכֶּ֣סֶף הַֽמְתֻכָּ֔ן עַל־יד (יְדֵי֙) עֹשֵׂ֣י הַמְּלָאכָ֔ה הפקדים (הַמֻּפְקָדִ֖ים) בֵּ֣ית יְיָ וַיּֽוֹצִיאֻ֜הוּ לְחָֽרָשֵׁ֤י הָעֵץ֙ וְלַבֹּנִ֔ים הָֽעֹשִׂ֖ים בֵּ֥ית יְיָ ׃ « Et quand ils voyaient qu’il y avait beaucoup d’argent dans le coffre,  le scribe du roi montait avec le grand prêtre et ils serraient et comptaient l’argent qui était trouvé dans la maison de Hachèm ; et ils donnaient l’argent contrôlé entre les mains des maîtres d’oeuvre, qui étaient préposés sur la maison de Hachèm, et ceux-ci le livraient aux charpentiers et aux constructeurs qui travaillaient à la maison de Hachèm, et aux maçons, et aux tailleurs de pierres, pour acheter des bois et des pierres de taille, afin de renforcer l’entretien de la maison de Hachèm , et pour tout ceux qui se sortaient vers la maison afin de la renforcer. (II Mélakhim 12, 11-13).

[11] Selon les avis : la valeur du poids de l’argent du demi-chékel, valeur variable selon le cours de ce métal ; certains retiennent la moitié de la valeur de l’unité monétaire courante du pays.  

 

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