LE RESPECT DES LOIS DE NIDA. RENFORCEMENT
Trois publics inégalement impliqués
De façon très générale, on peut répartir en trois catégories les membres de la communauté juive. Leur résistance à une épreuve d’ordre spirituelle sera souvent fonction de leur attachement et de leur respect aux lois religieuses. Cela est d’autant plus vrai concernant les lois de la pureté familiale.
Le public ultra religieux (orthodoxe)
Même si personne ne peut être assuré de conserver sa piété indéfiniment[1], les familles orthodoxes peuvent supporter cette abstinence même si elle est appelée à durer en raison de circonstances exceptionnelles.
Leur attachement aux mitsvot ainsi que leur connaissance des lois (et de leurs fondements) sont suffisants pour que l’infraction soit évitée. Les différents exils du peuple juif ont bien souvent provoqué des épreuves de ce type. Il ne manque pas d’exemples de personnes religieuses qui ont su respecter ces lois quitte à se séparer de leur conjoint pendant une longue période (Voir T. B. Gitine 57a). Dans les cas les plus extrêmes, ces couples furent même prêts à renoncer à une descendance plutôt que de transgresser ces lois. Malgré l’importance de la mitsva de procréation[2], celle-ci ne pourrait être accomplie en contradiction avec les lois de pureté familiale. Autrefois le strict respect de ces lois, même dans les circonstances les plus difficiles, n’était pas uniquement à la portée d’une élite de rabbins ou de « religieux » mais à tout le peuple. Autrefois les juifs de tous les niveaux d’implication dans l’étude de la Torah avaient conscience de la responsabilité leur incombant à ce propos : ils savaient que le respect des lois de la pureté familiale n’était pas optionnel[3].
Même les juifs aspirant à une certaine indépendance envers les mitsvot « n’auraient jamais osé transgresser les lois de la pureté familiale » [4].
Le public non pratiquant
Certains ont du mal à saisir la raison des lois religieuses en général. Sans être hostiles à la religion, ni laïcs militants, ils peuvent simplement avoir manqué d’instruction sur le judaïsme en général et sur le sujet de de la pureté familiale en particulier. Certains n’ont même jamais entendu parler de ces lois, ne s’étant jamais mariés religieusement.
D’autres, ayant suivi les cours de préparation au mariage religieux et ayant été au mikvé avant leur mariage peuvent ne plus jamais y remettre les pieds par la suite. D’autres, encore, n’acceptent pas de sacrifier une partie de leur jouissance en ce monde au nom de principes religieux. Certains autres considèrent l’immersion rituelle comme étant une atteinte au genre féminin.
Ce texte, non exhaustif, n’est pas spécifiquement destiné à ce public qui mérite toutefois toute notre admiration pour les nombreuses autres bonnes actions réalisées malgré leur éloignement spirituel et parfois même leur quasi assimilation. Cela prouve une identité juive profondément ancrée en eux. Nous les encourageons à se rapporter au livre Taharat Israël par l’auteur du ‘Hafets ‘Hayim.
Les « traditionalistes »
Un troisième groupe se compose de couples dont l’engagement religieux est évident mais qui se sentent bien souvent obligés de faire un grand nombre de concessions à la loi juive. Ils sont parfois qualifiés de « traditionalistes ». Certains fréquentent les synagogues de chabbat en chabbat, mais pas en semaine. D’autres mangent le plus souvent kacher mais peuvent parfois faire des exceptions, par exemple lors d’un rendez-vous d’affaire avec des collaborateurs non juifs dans un restaurant non cacher. Pour d’autres encore, les matsot seront consommées les soirs du séder de pessa’h bien qu’il puisse se trouver chez eux certains produits non autorisés lors de cette fête...
Vu la très grande diversité des membres de ce troisième groupe, leur attachement aux lois de pureté familiale est variable : certains respectent ces lois partiellement, d’autres intégralement, d’autres pas encore. Il existe également des couples ou l’un des époux est religieux, le conjoint l’étant beaucoup moins. Malgré la difficulté que cela représente, le fait que la durée de la période de séparation soit connue aide à patienter. Il faut beaucoup de sagesse et d’amour entre les conjoints afin de continuer à respecter ces lois[5]. La tâche est compliquée mais n’est pas impossible, avec l’aide de D.ieu.
Il y a malheureusement un grand manque de compréhension des raisons de ces lois et de leur importance à l’échelle des générations. Beaucoup sont de bonne foi et agissent en fonction de leur ignorance de ces sujets. Certains sont prêts à se renforcer dans leur pratique du judaïsme quand ils découvrent sa profondeur et sa beauté. Ils témoignent alors d’une réelle motivation pour progresser dans la pratique des mitsvot. Un maître agréable et clair saura leur enseigner ces lois.
C’est principalement ce troisième groupe qui doit être spécialement encouragé, même si la pratique des mitsvot par tous demande toujours à être encouragée.
Les Sages du Talmud (T. B. Bérakhot 32b) nous ont enseigné qu’il faut toujours veiller à renforcer quatre domaines : la Torah, l’accomplissement des bonnes actions, la prière et son occupation professionnelle. Et Rachi de commenter qu’il faut se renforcer « avec assiduité et de toutes ses forces ».
Sans efforts, pas de fruits !
Pour affronter les difficultés posées par ce sujet : éléments à méditer et prendre en considération
- 1 - Une seule option
Le premier élément à garder en tête est qu’il n’y a pas d’autre option que de respecter les lois de pureté familiale. Autrefois cela était une chose évidente pour tous, les femmes étaient prêtes à briser la glace pour se tremper (comme en Europe de l’Est) ou encore à entrer dans des grottes sombres où se trouvaient des eaux aptes à servir de mikvé (comme au Yémen)... Lorsque des archéologues veulent prouver la présence d’une population juive sur un site, ils essayent avant tout de découvrir des vestiges de mikvés. Ce n’est que dans les nouvelles générations que les notions les plus élémentaires du judaïsme se sont parfois estompées, à cause de la longueur de nos pérégrinations en diaspora. S’éloigner de nos traditions et de la loi juive, c’est s’éloigner de notre être véritable, de notre âme juive. La tradition juive à ce sujet est bien établie depuis des millénaires. De ces lois données au peuple juif il y a plus de 3330 ans, on trouve mention dans la Torah (Vayikra 15, 19 par exemple), dans la Michna (michnayiot du traité de Nida, énoncée il y a quelque 2000 ans), dans le Choul’hane ‘Aroukh (conclusion halakhique de ces lois, il y a presque cinq cent ans). Ce sont des preuves irréfutables de l’attachement du peuple juif à ces lois[6].
- 2 - Des forces supplémentaires
De plus, il faut avoir en tête un principe simple : Hachem ne nous demande pas l’impossible et lorsque nous sommes confrontés à une situation qui nous dépasse, Il nous envoie les forces nécessaires pour la surmonter[7]. Ceux qui respectent les lois de pureté familiale savent qu’après un accouchement, plusieurs mois passent avant de retrouver un état de pureté permettant l’union conjugale. Pourtant des dizaines de milliers de couples arrivent à patienter pendant ces mois. C’est D.ieu qui donne la force y compris dans des périodes particulières suite à des contraintes extérieures (absence de mikvé, épidémies, etc.). Le Rav Yé’hezkel Avrahamski, donnant un cours à des étudiants à Londres leur apporta une preuve à cela a partir des lois de Yéfat toar (Dévarim 21, 11) : un soldat juif en guerre faisant captif une femme non juive peut l’épouser (sous certaines conditions), car D.ieu connait les limites de l’homme et sait qu’il existe des situations où l’homme ne peut résister. Notons que ce n’est que dans ce cas particulier qu’Hachem a pris en compte le mauvais penchant de l’homme afin « d’alléger » la loi habituellement en vigueur. Toutefois il n’en va pas de même pour toutes les autres mitsvot : celles où nous avons la force de les accomplir et de résister au mauvais penchant[8]. Nous devons considérer comme une marque de confiance, le fait que la providence divine nous ait mis dans cette situation. D.ieu envoie cette épreuve pour donner du mérite à Son peuple qu’il sait capable de lutter pour sa sainteté.
- 3 – Un renouveau perpétuel garanti
Une des nombreuses raisons expliquant les interruptions de relations conjugales lors de la période de Nida, est due au fait que l’homme, de par sa nature, se lasse de ce qui est habituel. Il a été remarqué : « Au témoignage de bien des conseillers conjugaux, un nombre considérable de couples se brisent à cet écueil de la lassitude sexuelle, comme de l’ennui ressenti de l’un par rapport à l’autre. L’une des réactions les plus fréquentes sera alors l’infidélité conjugale, consommant la rupture du lien privilégié entre époux » [9]. Grâce à la période de séparation, le désir des époux se trouve maintenu et ravivé. Cela garantit un renouveau perpétuel à l’âge où les pulsions sont les plus fortes et où le risque de brisure du couple (par une volonté de changement de partenaire) est le plus grand. Une longue période d’interruption de la vie de couple permettra d’apprécier d’autant plus le temps où une entière vie de couple est licite[10].
- 4 – Avantages psychologiques : la construction d’un couple sur des bases saines
Les relations de couple contribuent à l’équilibre des conjoints et au bon développement du monde en général et du peuple juif en particulier de par la procréation. Le T. B. Yoma 69b rapporte que les sages réussirent à capturer le yetser ara’ (mauvais penchant) préposé à l’envie physique qui est cause d’un grand nombre d’interdits. Celui-ci mit en garde que sans lui, le monde se verrait détruit faute de procréation. Ne sachant trop que faire, les sages l’enfermèrent pendant trois jours. Le désir physique s’interrompit effectivement à tel point que même les poules ne pondaient plus d’œufs. Ils décidèrent de le relâcher après l’avoir aveuglé avec une poudre spéciale. Sans annuler l’envie physique, cela affaiblit le mauvais penchant sur un point : les hommes ne ressentirent plus d’attirance physique pour leurs proches parentes.
L’importance des liens intimes est donc reconnue par la Torah. Toutefois, il est capital de renforcer la construction du couple par d’autres moyens que par le lien physique. Cette période est l’occasion de plus s’investir dans son couple et sa famille sans aucun intérêt d’ordre physique. Cela sera une grande preuve d’amour et de dévotion, qui saura être appréciée par les conjoints. Le couple et la famille en sortiront soudés. Le R’ Arié Kaplan voit dans cette période, et l’immersion qui la clôt, « le meilleur remède connu » qui instaure « les conditions optimales pour l’union des époux, et en stabilisant le lien qui les unit »[11]. Il va plus loin encore puisqu’il y voit la condition nécessaire au développement des liens spirituels entre les époux[12].
- 5 – Avantages physiques et médicaux
Le plaisir lié aux relations de couple a été décrété par D.ieu afin de perpétuer le genre humain[13]. Pour le peuple juif, ce plaisir est même considéré comme l’un des délices du chabbat (voir Rambam, hilkhot chabbat 30, 14 et Choul’hane ‘Aroukh 280), jour des délices matériels et spirituels par excellence (voir : Isaïe / Yécha’ya 58, 13).
Toutefois le Rambam (hilkhot Dé’ot 4, 19) mit en garde les couples : « La semence est la force du corps, plus il en est émis et plus le corps s’affaiblit. Celui qui s’adonne aux relations sexuelles de façon exagérée se voit vieillir rapidement, sa force et sa vue faiblissent, la médecine a fixé qu’une personne sur mille décède à cause de maladies diverses et les autres à cause d’un surplus de relations de couple ».
La séparation mensuelle présente plusieurs autres avantages d’ordre médical : elle prévient les troubles de l’érection, par exemple[14]. L’abstinence est nécessaire après un accouchement difficile avec déchirure, tant que les chairs ne se sont pas cicatrisées. Cela réduit les risques d’infection.
Le Dr. Eli Schussheim explique que le respect des lois de la pureté familiale présente un réel intérêt médical[15]. Il note que le cycle menstruel de la femme (tout le mois en principe) peut être divisé en trois phases distinctes.
Pendant la première phase du cycle menstruel, le sang coule concrètement et l’utérus est « blessé », l’enveloppe se trouvant à la surface de la matrice, se décomposant et étant évacuée (saignement).
Pendant la deuxième phase du cycle menstruel – soit, la semaine suivant l’arrêt du sang-, les parois de l’utérus se reconstruisent petit à petit par le renouvellement de son enveloppe afin que la matrice soit de nouveau apte à recevoir l’embryon. Or, ce renouvellement est de sept jours (à partir de la fin des pertes sanguines). Avant que cette enveloppe ne soit reformée, la matrice est fragilisée en cas d’arrivée de microbes provenant de l’extérieur (à l’occasion du rapport notamment). Un danger existe alors : le développement de maladies graves en cas de relations sexuelles, y compris le développement d’une tumeur maligne de la muqueuse du col utérin. Ce risque est évité grâce à la séparation du couple juif pendant cette deuxième phase.
Enfin, pendant la troisième phase du cycle menstruel, le corps féminin est le plus apte à l’union conjugale : sans risquer d’infection d’une part, apte à la procréation d’autre part puisque l’ovulation a lieu dans cette période. En résumé, on constate que le respect de la mitsva permet d’adopter, sans le savoir a priori, le comportement optimal pour à la fois respecter la santé et permettre la procréation.
Elle sauvegarderait même du cancer du col de l’utérus car la femme est protégée lors des rapports conjugaux par son système immunitaire qui ne fonctionnerait pas bien pendant la période des règles. D’où une moindre résistance alors[16].
Certes la Torah, parole de D.ieu créateur de l’homme, n’a pas besoin de prouver sa véracité d’un point de vue scientifique. Toutefois, il est intéressant de constater la correspondance parfaite entre Torah et science. Cette correspondance a été établie à notre époque dans bien des domaines, tels : la Brit-Milah [17] ou l’âge de l’univers [18].
Certains scientifiques tentent de valider aussi, l’intérêt médical des commandements divins - comme l’indique l’anecdote suivante rapportée par Rav Yinon Yona[19]. Il eut l’occasion de rencontrer un professeur américain en gynécologie spécialisé dans le sujet de la médecine et bon connaisseur de la religion juive quoique non juif. Ce chercheur lui parla d’un de ses travaux mené pendant environ cinq ans. Avec son équipe, il avait cherché à comprendre les avantages objectifs du respect des mitsvot par les juifs sans prendre en compte la dimension spirituelle. Les recherches ont porté sur plusieurs sujets dont les conséquences dermatologiques du port d’un habit contenant de la laine et du lin (Cha’atnez) et la pureté familiale. Sur ce sujet, étudié pendant environ un an et demi, leur résultat leur parut si convainquant que depuis, toute son équipe (16 hommes et 2 femmes) ainsi que leurs conjoints se sont mis à respecter scrupuleusement les lois de la pureté familiale ; cela sans aucune intention de se convertir mais uniquement pour des raisons médicales! [20].
- 6- Avantage spirituel
Le Tomer Dévorah (chap. 9) enseigne que lors des périodes de séparations liées aux lois de nida, le manque matériel est comblé par une satisfaction d’ordre spirituel[21]
- 7- Le potentiel spirituel de la génération suivante
La prise de conscience de la responsabilité de chaque juif d’engendrer des générations ayant un potentiel spirituel élevé. Même s’il n’y a pas de différence légale entre un enfant né de parents respectant ou non les lois de la pureté familiale (dès lors que la maman est juive, l’enfant est juif à part entière avec tous les droits et les devoirs que cela implique même si les parents n’ont pas respecté les lois de la pureté familiale), cette mitsva instaure la pureté chez les enfants. Elle est à la base de la force du peuple juif : un enfant conçu dans la pureté trouvera son lien à D.ieu renforcé et son pouvoir de foi, de prière et de sainteté, augmenté.
Ce n’est pas par hasard si la dynastie gréco-syrienne (contre laquelle se sont battus les Maccabées, rois de la dynastie hasmonéenne), puis les Romains, ont interdit aux juifs l’accès aux bains rituels [22]. Des générations plus tard, les Nazis [23] et les communistes russes en ont fait autant. Une des premières mesures de restriction des nazis à Varsovie fut la fermeture des mikvés [24]. Mais des femmes du ghetto, de véritables héroïnes, ont affronté tous les dangers pour sortir du ghetto et se plonger dans une rivière, malgré le couvre-feu et l’armée allemande qui surveillait les murs du ghetto de jour comme de nuit.
Il est donc nécessaire de reconnaître que c’est du devoir, des parents (ou futurs parents) de donner tous les atouts nécessaires à leurs enfants afin qu’ils soient les plus aptes à remplir leur mission spirituelle en ce monde [25].
La notion d’affection [26] spirituelle d’un enfant conçu dans des conditions d’impureté est bien mentionnée par les sources classiques de la littérature juive. Il est parfois difficile de réaliser à quel point un tel acte peut réellement causer du tort à sa descendance.
Cependant, il n’y a pas de différence légale entre un enfant né de parents respectant ou non les lois de la pureté familiale. S’il est vrai que l’enfant conçu dans la pureté aura une tendance naturelle au bien et inversement (voir Béréchit 36, 24 dans Rachi), cela ne signifie pas qu’un enfant né d'une union interdite soit rejeté ou impropre [27]. Ce n’est toutefois pas une raison pour prendre les choses à la légère.
Questions… et sources pour instruire les réponses
Afin d’intégrer cette notion, voici une liste des grandes questions sur ce sujet auxquelles ont répondu les grands décisionnaires rabbiniques.
La lecture des questions et des sources[28] aidera certainement le lecteur à réaliser que le respect de ces lois est un sujet extrêmement sérieux (toutefois nous ne développerons pas dans le cadre de ce court texte les réponses à ces questions).
QUESTION - Doit-on éviter de se marier avec quelqu’un dont il y a lieu de craindre que les parents ne respectaient pas les lois de la pureté familiale ?
REPONSES. Sources :
Talmud :
- Michna Kala 1, 16 ;
- B. Yébamot 44b ;
- B. Nédarim 20b.
Zohar
- Parachat chémot
Richonim :
- Responsa du Roch Klal 32, 16.
- Choul’hane ‘Aroukh, Even ha’ezer 4, 13.
Commentateurs du Choul’hane ‘Aroukh:
- Beth Chemouel (Even ha’ezer 4, 13 [15]);
- ‘Helkat mé’hokek (Even ha’ezer 4, 13 [7]);
- ‘Aroukh Hachoul’hane (Even ha’ezer 4, 4).
Responsa (A’haronim) :
- Igerot Moché (Even ha’ezer 4, 14 et 23);
- ‘Helkat Ya’akov (sur Even ha’ezer 11);
- Min’hat Yts’hak (vol. 7 siman 107);
- Michné halakhot (vol. 17 chap. 9);
- Téchouvot véhanagot (vol. 2 chap. 627).
QUESTION - Lorsque le prétendant au mariage a un haut niveau de crainte de D.ieu et d’excellents traits de caractère (midot), y a-t-il une raison de refuser ce parti (en cas de doute sur son origine) ?
REPONSES. Sources
Responsa (A’haronim) :
- Igerot Moché (Even ha’ezer vol. 4, 17) ;
- Chévet Halévi (vol. 3 siman 173, et vol. 4 siman 162) ;
- Michné halakhot (vol. 7 siman 211) ;
- Téchouvot véhanagot (vol 1 siman 733 et vol 2 siman 627).
QUESTION - Le statut de Cohen est-il retiré à celui qui fut conçu dans des conditions d’impureté ? Une jeune femme dont la conception eu lieu lors de la période d’impureté est-elle apte à se marier à un Cohen ? Doit-on « casser » les fiançailles lorsqu’on apprend après coup que le prétendant est « Ben hanida » (dans un cas de Cohen) ?
REPONSES. Sources
Richonim :
- Responsa HaRid (chap. 106) ;
Responsa (A’haronim) :
- Chéilat Ya’avets (vol. 2 chap. 48) ;
- Divrey Malkiel 3 chap. 97 ;
- Igerot Moché sur yoré dé’a (vol. 1 chap. 162).
QUESTION - L’affection[29] spirituelle « d’enfant de nida » est-elle également présente chez ses descendants ?
REPONSES. Sources
Responsa (A’haronim) :
- Chévet Halévi (vol. 4 siman 162) ;
- ‘Hachouké ‘hemed sur B Nida 69b.
QUESTION - Le risque de « Ben Nida » existe-il uniquement chez les enfants de famille non religieuses (et comment faire pour s’en préserver) ?
REPONSES. Sources
- ‘Aroukh Hachoul’hane sur Yoré dé’a 195 ;
- Responsa Téchouvot Véhanagot (vol. 1 siman 733) ;
- ‘Hachouké ‘hemed sur B Nida 69b.
QUESTION - Y a-t-il une différence entre « ben Nida » d’après la Torah ou « ben Nida » d’ordre rabbinique ?
REPONSES. Sources
- Mordékhaï (sur B Chabbat 358) rapporté par ‘Hachouké ‘hemed sur T. B. Nida 69b.
QUESTION - Un Ba’al téchouva dont la mère ne se trempait pas au mikvé a-t-il une possibilité de se purifier de l’impureté qui le touche ?
REPONSES. Sources
Midrach
- Midrach Bamidbar raba 19, 2 (sur Avraham avinou, le Roi ‘Hizkiya et d’autres).
Zohar
- Sur la parachat Chémot
A’haronim
- Cha’ar hapssoukim sur Job / Yiov 14, 4.
- Responsa Yaskil ‘avdi (Even ha’ezer siman 3, lorsque les parents procèdent aux tikounim du Cha’ar roua’h hakodech).
- Responsa Téchouvot Véhanagot (vol. 2 siman 627, au nom du Gra) et Sefer benayahou 2 (par l’étude et le respect des lois de nida).
Un enfant né d’une telle union, aura bien souvent plus de difficulté pour dominer son mauvais penchant et pour s’adonner corps et âme à la pratique de la Torah et des mitsvot.
Toutefois, malgré l’origine présumée de sa conception, celui qui se renforce dans l’étude de la Torah et des mitsvot pourra aspirer à de très hauts niveaux spirituels. On le voit dans le cas du premier de nos Pères, Avraham, qui est né de parents idolâtres et dont la conception se fit dans un état d’impureté[30]. Il parvint pourtant à se libérer de cet état, devint l’aimé de D.ieu. IL réussit à répandre le monothéisme dans le monde entier. C’est à lui que fait référence le verset « Le pur proviendrait-il de l’impur ?! » [31]. Ce n’est pas le seul exemple : le roi ‘Hizkiya (Ezékias) est né d’un père mécréant, A’haz, roi de Juda[32]. Sous l’influence du roi ‘Hizkiya, l’ensemble du peuple juif de son époque (y compris les jeunes enfants, filles et garçons) connaissait à la perfection les lois techniques de pureté et d’impureté[33].
Ces quelques éléments, bien assimilés, pourront certainement aider les couples dans leur attachement à cette importante mitsva qu’est la pureté familiale.
Toutefois, la prise de conscience de l’importance d’une mitsva ne suffit pas sans la connaissance des lois qui s’y rapporte. Le moussar est inséparable de la halakha !
Même sans développer les réponses, l’énoncé de ces seules questions a le pouvoir d’interpeller et de faire prendre conscience de la responsabilité qui incombe à tout juif pour préparer à sa descendance les conditions optimales de réussite spirituelle.
Pour cela nous avons trouvé justifié d’associer à ce texte la partie halakhique qui suit. Elle résumera certaines des lois de Nida, et notamment les importantes lois de « prise de distance »[34] lors des jours de séparation (les har’hakot), que tout couple juif a le devoir de réviser de temps à autre afin de bien les connaitre et les respecter.
(c) אליהו בקיש, Jérusalem, mai 2020
&
(c) Hotsaat Bakish
Lire
- L'introduction https://editionsbakish.com/la-couronne-de-son-mari/
- Quelques éléments d’encouragement (cette page)
- Les lois de la pureté familiale (résumé de quelques lois)
--------
NOTES
[1] Michna Avot 2, 4 : Hillel dit : ‘ne crois pas en toi jusqu’au jour de ta mort’. Et dans le T. B. Bérakhot 29a de commenter : ‘Le grand prêtre (Cohen Gadol) Yo’hanane officia pendant quatre-vingt ans avant de chuter spirituellement’.
[2] Première mitsva mentionnée dans la Torah (Béréchit 1, 28) et dans le premier chapitre du volume Even ha’ezer du Choul’hane ‘aroukh.
[3] D’après l’introduction du livre Taharat Israël (de l’auteur du ‘Hafets ‘hayim). Ce livre a été traduit en français par le Rav Aharon Partouche (Torah Box). Il existe toutefois des différences halakhiques selon les différentes communautés.
[4] L’histoire suivante l’illustre bien. A Jérusalem une femme se présenta au bureau de la ‘hevra kadicha afin d’organiser les obsèques de son mari. L’accent russe et l’absence de tout signe religieux dans sa tenue vestimentaire et dans son comportement obligea la ‘hevra kadicha à procéder à une vérification de judaïcité. Rapidement l’identité juive de cette femme et de son défunt mari fut bien établie. Installé en Israël depuis peu, et sans famille proche, le défunt fut accompagné seulement par sa femme et dix personnes. Juste avant l’enterrement, la veuve demanda qu’une oraison funèbre soit prononcée. Embarrassé le dirigeant de la ‘hevra kadicha lui répondit que ne connaissant pas son mari, lui et ses collègues ne savaient pas quoi dire. La femme demanda alors la permission de procéder elle-même à l’oraison funèbre. Elle tint alors un discours qui saisit de stupeur les quelques présents. « Sacha, dit-elle, certes nous n’avons pas de fils, ni de gendre, pour prononcer le kadich. Toutefois Hachem sait que tu n’as pas besoin de kadich pour faire monter ton âme vers Son siège de gloire. D.ieu connait la raison pour laquelle nous n’avons pas eu d’enfant : Sous le régime communiste, l’accès au mikvé était presque impossible ! Là où nous habitions, il n’y en avait même pas. Sacha, tu as toujours su patienter, indéfiniment. Que le mérite du respect des lois de la pureté familiale t’accompagne désormais vers le Gan ‘Eden ». En l’honneur de ce héros qui avait eu une parfaite maîtrise de soi, toute sa vie, les dix personnes prononcèrent le kadich avec une certitude : Sacha n’avait pas besoin de leur kadich (d’après Hatahara bahalakha oubahagada, p. 54).
[5] Lorsque les populations ont pris conscience des dangers liés à la pandémie du coronavirus, elles n’avaient aucune idée de la durée de ses conséquences (isolement, précautions). Dans un tel cas, le découragement est grand, et, avec lui, le risque de chute spirituelle.
[6] Notons qu’en dehors du peuple juif, il existe un certain nombre d’autres nations chez qui les traditions de séparation des époux lors des cycles menstruels sont en vigueur. Cela n’est pas étonnant : la mitsva de pureté familiale a été plus spécifiquement donnée aux femmes afin d’expier la faute de ‘Hava qui versa le sang en provoquant l’avènement de la notion de mort, à la suite de la faute de consommation du fruit interdit. Eve, étant la mère de l’univers tout entier, il n’est pas étonnant que certains peuples aient conservé certaines traditions liées à ce sujet (d’après le Midrach béréchit raba, 17).
[7] Voir T. B. Sanhédrine 37a : un non juif fit part à Rav Kahana de son étonnement : Comment la Torah permet-elle à un couple de vivre ensemble dans une même maison (yi’houd) lors de la période de Nida. Se pourrait-il qu’ils ne fautent pas ? Le Rav lui répondit d’après le verset « Souga bachochanim » (Chir hachirim 7, 3) : Même un jeune homme le jour de son mariage à qui son épouse lui annonce qu’elle vient de voir ne serait-ce qu’une seule goutte de sang a la force de s’en détourner (jusqu’à sa purification). Pourtant aucun serpent ou scorpion ne se tient entre lui et sa femme. Pour autant ce couple trouve la force de respecter ces lois (il est vrai cependant que la loi juive indique toute une série de lois qui aident à ne pas fauter, comme mentionné dans le Choul’hane ‘Aroukh Yoré Dé’a chap. 195, comme nous le détaillerons plus loin.
[8] Hatahara bahalakha oubahagada, p. 60. Pour d’autres dimensions de cette loi biblique, voir la dracha « Lorsque tu sortiras en guerre », de mon père et maître Hillel Bakis (2013), La voix de Jacob, tome 5. Dévarim, chapitre 49-Ki tétsé (Hotsaat Bakish). Sont exposés tour à tour des éclaircissements sur ce sujet aux niveaux du pchat (pp. 92-93), du remez (pp. 93-95), et du sod (pp. 96-101).
[9] Cité par R’ Arié Kaplan (2006), Les eaux d’Eden. Le mystère du miqwé, 129 p. 5ème édition, Kountrass, Jérusalem (édition anglaise : 1976), pp. 58-59.
[10] Le R’ Arié Kaplan a noté aussi : « Les lois de nidda renforcent ainsi chaque mois le respect, l’affection et tous les liens autres que physiques qui peuvent unir un couple. En effet, si le mariage suppose le lien sexuel, il exige bien plus encore… le lien sexuel est certes indispensable à la vie conjugale mais doit être contenu dans certaines limites : de cette façon, d’autres facteurs peuvent recevoir leur dû, donnant ainsi à l’intimité d’échapper à la monotonie ou l’indifférence » (pp. 59-60, R’ Arié Kaplan, 2006).
[11] R’ Arié Kaplan (2006), Les eaux d’Eden. Le mystère du miqwé, p. 59.
[12] « En l’absence d’un lien physique, ils doivent alors mettre en valeur les liens spirituels qui existent entre eux, communiquer de façon plus profonde, puisque plus désintéressées », R’ Arié Kaplan (2006), Les eaux d’Eden. Le mystère du miqwé, p. 59.
[13] Les décisionnaires halakhiques se sont même demandé pourquoi aucune bénédiction (birkot Hanéénin) n’a été instituée pour remercier D.ieu du plaisir accordé à cette occasion (de la même façon que l’on prononce les bénédictions d’usages dans d’autres cas de profit ou de plaisir). Voir Piské téchouvot, Ora’h ‘hayim chap. 240. En conclusion, bien qu’il n’y ait aucune obligation halakhique, l’auteur conseille d’acquitter ce plaisir soit en louant D.ieu dans la bénédiction « Hamapil » du chéma’ d’avant le coucher ; soit dans la bénédiction « Acher Yatsar » prononcée au sortie des toilettes, avant les relations de couple ; soit en prononçant la bénédiction de chéhakol (sur une boisson ou un aliment, quelques temps avant l’union).
[14] Comme le précisent des études que cite le Dr. Eli J. Schussheim, président de l’organisation Efrat dans son ouvrage : (« Santé et bonheur dans la vie de famille », rapporté dans Hathara bahalakha oubahagada, p. 16). Texte anglais: Achieving true married bliss, Efrat, 2006, Efrat Organisation Medical Department, Council of Young Israel Rabbis in Israel, 18 p.
[15] Dr. Eli J. Schussheim, cité dans Hathara bahalakha oubahagada, p. 16).
[16] Selon un médecin de l’hôpital Chaaré Tsédek (Jérusalem) cité par Chalom Guenoun (2019), « 5 Preuves que les Mitsvot sont pour notre bien », en ligne, Torah Box, 12 Juin (note de l’éditeur).
[17] Voir par exemple R’ Zamir Cohen (2009), « A partir de quand le sang peut-il coaguler ? », dans La Révolution : quand la science vient à la rencontre de la Bible, Hidabroot, Jérusalem, pp. 146-149.
[18] Voir par exemple la synthèse de mon père et maître Hillel Bakis (2018), La création du monde. Science et Torah, conférence, Carmiel, 28 novembre. Hotsaat Bakish, Power point, 99 p..
[19] Témoignage du Rav Yinon Yona, anciennement Rav des mikvés d’Israël, Rav du quartier de Giv’at Chaoul à Jérusalem et auteur de Yémé Tohar.
[20] Yémé Tohar, pages 105-106.
[21] Ressentir une délectation d’ordre spirituelle exige forcément un certain niveau. J’ai personnellement entendu un Rav important qui a témoigné avoir ressenti cela une soirée de chabbat ou il était loin de chez lui pour accomplir une mitsva. La joie intense qu’il a ressentie lui a même coupé toute envie de manger ou de boire.
[22] Voir à ce sujet sur ‘hanouka, notre texte « Ner léméa. Partager la lumière. Pour bien profiter des lumières spirituelles de ‘Hanouka », 26 p., Jérusalem. Texte mis en ligne par https://www.toraconnection.com/ner-mea-partager-lumiere-2/ et https://editionsbakish.com/node/15, déc. 2011, 26 p.
[23] Hatahara bahalakha oubahagada, p. 54. Voir aussi « Mikvah in the Ghettos: Women and Mikvah during the Shoah», The Eden Center, http://theedencenter.com/mikvah-in-the-ghettos-women-and-mikvah-during-the-shoah/.
[24] Il nous semble intéressant de citer ici le paragraphe suivant : « La nation juive ne serait pas parvenue jusqu’à notre époque sans la ferme adhésion du peuple à la halakha, contre les vents et marées de l’histoire. Les ennemis de notre peuple n’ont pas mesuré leurs efforts pour nous assimiler ou nous empêcher de respecter les mitsvot. Faut-il rappeler que, pendant la Shoah, une des premières mesures de restriction des nazis à Varsovie fut la fermeture des mikvés ? Ils interdirent l’utilisation des mikvés et fermèrent ceux des ghettos, empêchant les femmes de préserver les lois liées à la pureté familiale. En cas d’infraction, la peine allait de 10 ans d’emprisonnement à l’exécution. Dans une responsa de R’ Shim’on Huberband, on lit : «Varsovie a été laissée sans mikvés, et le problème de la pureté des filles d'Israël est devenu aussi grave qu'il l’a été à l'époque des décrets romains contre le judaïsme » (Responsa conservée dans les Archives ‘Oneg Shabbat, clandestinement constituées et miraculeusement retrouvées après la guerre). R ’Shim’on Huberband a expliqué comment des femmes du ghetto ont affronté tous les dangers pour se plonger dans une rivière, malgré le couvre-feu et les problèmes de transport. Ces femmes font incontestablement partie des héros de cette époque par leur résistance à l’occupant nazi, au même titre que les résistants ou les soldats juifs des armées alliés. De plus, les administrateurs de nombreux ghettos ont tenté de remettre en activité leurs mikvés après que les nazis les aient détruits et ils les ont parfois maintenus en état jusqu'à la déportation des communautés vers les camps d’extermination. » Extrait de la postface de mon père et maître Hillel Bakis à sa série Compendre la haftara (quatre volumes parus depuis 2017 ; texte autorisé pour être repris ici et communiqué par l’auteur. La postface figurera à la fin du volume Dévarim, en cours de finalisation).
[25] Il s’entend qu’un enfant n’ayant reçu aucune éducation aura du mal à réussir des études supérieures. De la même façon, un enfant sans préliminaires spirituels aura du mal à évoluer dans ce domaine. Toutefois il y a des exceptions aussi bien dans le domaine de l’éducation que dans le domaine spirituel.
[26] Mot pris ici dans le sens de défaut, atteinte, handicap, tâche…
[27] Le Talmud enseigne (T. B. Kidouchine 72b) qu’avec la venue du Machia'h même les enfants adultérins (mamzerim) seront purifiés. Chacun se doit donc de se rapprocher de D.ieu de toutes ses forces.
[28] Les sources permettant de répondre aux questions posées ne sont pas exhaustives. Nous avons sélectionné quelques textes pour que le lecteur intéressé, et notamment l’étudiant en yéchiva, puisse approfondir le sujet par lui-même.
[29] Comme on l’a dit, ce mot est pris ici dans le sens de défaut, atteinte, handicap, tâche.
[30] Cha’ar hapssoukim sur Job / Yiov, au nom du Ari zal, mentionné par le Responsa Chevet Halevi vol. 4 chap. 162.
[31] Job / Yiov 14, 4.
[32] « Il ne fit pas ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, son Dieu, comme l’avait fait David, son aïeul » (Mélakhim/Rois II, 16, 2). Voir aussi : Bamidbar Raba 19, 2.
[33] T. B. Sanhédrine 94b.
[34] La traduction du mot hébreu har’hakot par « prise de distance » nous semble préférable à celle utilisée généralement de « séparation ». Elle rend mieux l’action volontaire et dynamique des époux au lieu de se limiter à décrire une situation.