41. Rabbi Moïse Ben Na’hman (Na’hmanides, Ramban)
Un de nos plus grands Sages, un géant parmi les talmudistes du Moyen-âge. Il composa un commentaire précieux sur la
Torah. Par ailleurs, il fut poète, liturgiste, polémiste, médecin, philosophe et Kabbaliste.
Rabbi Moïse ben Na’hman (Ramban, Na’hmanides) naquit à Gérone (Catalogne, Espagne) en 1194. Ses maîtres furent R’ Judah ben Yakar (France) et Rabbi Nathan ben Meir (Trinquetaille, maintenant une quartier d'Arles). Ceux-ci avaient été les disciples du Tosaphiste R' Isaac ben Abraham de Dampierre. Les disciples du Ramban firent partie des principaux hala’histes de la génération suivante : Rabbenu Yonah, Rachba et R’ Aaron ben Joseph Halevi.
Une cinquantaine de ses œuvres existent encore. Toutes portent le cachet de sa personnalité originale, et révèlent une synthèse de la culture espagnole et de la piété allemande, muni d’une formation talmudique avec des enseignements mystiques et une grande connaissance des sciences et des ouvrages séculiers.
En tant que commentateur biblique, Ramban recourt souvent au derach et aux interprétations halakhiques et, à la différence de Rachi, il ne se limite pas à la compréhension du seul sens littéral: il analyse le texte à fond et développe des idées. Il fut le premier à mettre à profit les enseignements de la kabbalah dans un commentaire sur la Torah.
Comme halakhiste et talmudiste, il a composé plusieurs œuvres, y compris le Sefer Mil’hamot Hachem, pour défendre le code de Rabbi Isaac Alfassi contre les attaques de Rabbi Zera’hyah Halevi. Ramban avait préparé au préalable un nouveau texte pour les parties du Talmud qu'Alfassi avait omis de traiter dans son code (c'est-à־dire les Traités Nedarim et Bekhorot). Cette oeuvre a établi sa renommée immédiatement au sein des érudits de sa génération. Il a commencé ce travail à l'âge de seize ans!
Ses travaux hala'hiques se rangent parmi les chefs d'oeuvre de la littérature rabbinique. En plus de son Sefer Mil’hamot Hachem et de ses Responsa, Na’hmanides a écrit un commentaire sur le Sefer HaMitsvot de Maimonide, une critique des choix de Rambam et de son énumération des 613 Mitsvot et des quatorze principes sur lesquels ses choix sont basés. Le Sefer HaMitsvot avec les critiques (Hasagot) de Ramban a été édité par Pardes, Tel Aviv.
Ramban a écrit plusieurs monographies halakhiques de grande importance, y compris Diné deGarmi sur les dommages, Torat Ha־ Adam sur les lois de deuil, et Hilkhot Niddah sur l’impureté rituelle.
Une contribution majeure aux études talmudiques est son ‘Hiddouché HaRamban (Novellae) dans lequel Ramban s’évertue à comprendre les arguments essentiels à la base des passages talmudiques (sugyot). Pour citer l'Encyclopedia Judaïca, ce travail marque le sommet de l'activité littéraire halakhique et religieuse du Judaïsme espagnol. En partant du meilleur de la tradition espagnol, Ramban fut le premier en Espagne à adopter la méthode analytique employée par le Tossaphistes français. Il créa une nouvelle école dans la manière d'étudier la loi orale. Na’hmanide fut le premier à réaliser cette synthèse hispano-française. Elle caractérise ses ‘Hiddouchim (Novellae).
Na’hmanides fait référence aux idées mystiques dans son commentaire sur le Torah et plus explicitement dans Chaar HaGuemoul, le trentième chapitre de Torat HaAdam. On lui a attribué plusieurs autres œuvres mystiques.
Ramban fut impliqué dans deux controverses importantes. Dans l'une, il essaya de concilier les partisans et les adversaires de Maimonide autour de 1230. Dans l'autre, il défendit la foi juive dans une disputation à Barcelone. Il résuma ses points de vue dans son Sefer HaVikua'h / Livre de disputation à la demande du roi. Toutefois, à cause de ce livre il fut expulsé d'Espagne en 1265.
Ramban arriva en Israël en 1267. Peu après, il écrivit une lettre à son fils à titre de testament moral : Iggueret HaRamban (lettre publiée dans plusieurs brochures séparées mais aussi incluse dans de nombreux ouvrages tels les siddourim/livres de prières (1).
On trouve le commentaire de Ramban sur la Torah dans les Mikraot Gedolot. Son Sefer Mil’hamot Hachem figure avec le texte d'Alfassi à la fin de l'édition standard du Talmud, accompagné par des commentaires de Rabbenu Yonah, Razoh, Ravad de Posquières et R’ Judah ben Bere’hyah ־ tous venant de Provincia. Son ‘Hiddouché HaRamban existe dans plusieurs éditions (2).
Ces éditions contiennent également Sefer Torat HaAdam et Chaar HaGuemoul, Dinי deGarmi, Hil’hot Niddah et les hasagot (critiques) de Ramban sur les Hil’hot Lulav de Ravad ainsi que le Sefer Hatsavah de Razoh de Lunel sur la méthodologie talmudique.
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NOTES
(1) Voir par exemple : Sefer Havikua'h , Kitvé HaRamban (édité par Chavel, Jérusalem,1963).
(2) Makhon Maarovo, 1995, 2 volumes ; ‘Hayim uVra’ha, 1974, 2 volumes, etc.
Les Sages de la Provincia, par Y. Maser
© Y. Maser (1ère ed. 2002 ; 2e éd., 2015) et/ou
© Hotsaat Bakish, Institut Rabbi Yesha’ya (2e éd., 2015).
Mise en ligne de cette page : le 27 août 2015, à Montpellier