7. Rabbi Abraham Ben David de Posquières
Doté d’un brillant esprit analytique et conceptuel et d’une compréhension remarquable de la littérature talmudique, ce géant de la Torah est comparable à Alfassi, Rachi et Rambam.
Rabbi Abraham ben David (Ravad de Posquières, 1120-1198) fut un des plus importants Sages de Provincia. Ce géant en Torah appartenait à une famille d’éminents érudits. Son beau-père était Rabbi Abraham Av Bet Din (Sefer HaEchkol). Ses deux fils, Rabbi Isaac l'aveugle et Rabbi David, ainsi que Rabbi Acher, fils de ce dernier, ont apporté une contribution importante à la Kabbalah.
Ravad a étudié dans les deux principales Yechivot de Provincia, alors au sommet de leur gloire. A Narbonne il fut le disciple de Rabbi Moses ben R. Joseph, et, à Lunel, de Rabbi Mechullem. Là, il fit partie du cercle brillant des disciples appelé la ’Havoura de Lunel.
De Narbonne et de Lunel il se rendit à Montpellier, puis à Nîmes où il devint Roch Yechivah. Grâce à lui la yechiva de Nîmes devint alors la plus glorieuse de Provincia (Temim Deim, p. 6b).
De Nîmes, Ravad alla à Posquières (Vauvert) où il établit une Yechiva qui grâce à son érudition et sa bienveillance attira des étudiants de toute l’Europe.
Il forma d’illustres disciples:
- Rabbi Isaac Hacohen de Narbonne (premier commentaire sur leTalmud Yeruchalmi);
- Rabbi Abraham ben Nattan de Lunel (Sefer HaManhig);
- Rabbi Meir ben Isaac de Carcassonne (Sefer Ha’Ezer);
- Rabbi Acher ben Mechoullam de Lunel (Sefer HaMatanot);
- et, indirectement, Rabbi Yonatan de Lunel (commentaire sur le code d'Alfassi).
Ravad a excellé dans de nombreux domaines.
Dans la halakha beaucoup de ses responsa apparaissent dans le Sefer Temim Deim et il a composé le Sefer Baalei HaNefech sur les lois concernant la femme. Il fut probablement le premier Sage médiéval à écrire des commentaires approfondis sur les midrachim hala’hiques (Mekhilta, Sifré et Sifra).
Son commentaire sur le Sifra nous est parvenu en entier; son étude de la nature et de la méthode de ce livre est de grande importance.
En outre, Ravad a été appelé un grand kabbaliste par Menachem Recanati et sa famille ont fondé l'école hispano-provençale de Kabbalah.
Ses commentaires talmudiques sur Kinnim et sur Eduyot sont imprimés dans l'édition standard contenant ces traités. Ses commentaires sur Bava Kama, Avodah Zarah et Kidduchin ont été publiés.
Ravad se montra expert dans l’examen profond des strates de la logique talmudique, en définissant des concepts fondamentaux, et en exposant les disparités et les similitudes à la lumière de l'analyse conceptuelle ("la méthode critico-conceptuelle"). En conséquence, des concepts abstraits et complexes traités dans des sections apparemment indépendantes dans le Talmud ont été pour la première fois définis avec précision par Ravad.
Plusieurs de ses conceptualisations et analyses ont été acceptées, enseignées et incorporées aux œuvres rabbiniques, y compris le Shul’han Aru’h et ses commentaires.
Ses hasagot (critiques) sur le code d'Alfassi versus le Sefer Hamaor de Rabbi Zera’hyah Halevi, et sur le Michneh Torah de Maimonide (éditées dans les éditions standard de ces deux ouvrages sous le titre « Hasagot HaRavad») démontrent sa puissance analytique de même que l’étendue de ses connaissances, et « justifient qu’on le mette au même rang qu’Alfassi, Rachi et Rambam[1].
Les Sages de la Provincia, par Y. Maser
© Y. Maser (1ère ed. 2002, 2015) et/ou
© Hotsaat Bakish, Institut Rabbi Yesha’ya (2015)
Mise en ligne : 15 juillet 2015
[1] Jewish Encyclopedia.