Haftara 'Hayé Sarah
Les derniers jours du roi David
Un roi physiquement affaibli ?
Le premier verset de la haphtara mentionne l’âge du roi David, וְהַמֶּ֤לֶךְ דָּוִד֙ זָקֵ֔ן בָּ֖א בַּיָּמִ֑ים « vieux, [et] avancé dans [ses] jours
Le texte de la haftara ‘Hayé Sarah présente donc les derniers jours du roi David. En lisant ce texte, David semble alors particulièrement affaibli, presque sénile. Et on sait que David a quitté ce monde à 70 ans seulement [1].
Cette faiblesse pourrait s’expliquer car la vie de David a été marquée par des luttes constantes et des problèmes personnels. Il a subi d’importantes tensions psychologiques à cause des relations conflictuelles avec Chaoul qui en voulait à sa vie. Toute sa vie de roi a été consacrée à la sécurité du royaume, et il était sur les champs de bataille avec son armée. Il a connu aussi de grands drames familiaux (son fils Amnon ayant commis une faute, il fut mis à mort par Absalom, autre fils de David et son demi-frère. Absalom se rebella contre David et fut mis à mort par le chef de l’armée. De plus, David ressentait viviement tout ce qui dans son comportement passé, avait pu ne pas être à la hauteur de ses aspirations. Il éprouvait d’intenses mouvements de repentir qui lui faisaient déclarer par exempe וְחַטָּאתִ֖י נֶגְדִּ֣י תָמִֽיד׃ « …ma faute est contre moi en permanence » (Téhilim 51, 5).
Mais David était-il vraiment si faible? Le mot זָקֵן signifie “vieux” mais il signifie aussi “sage”.
Le mot זָקֵן et même toute l’expression זָקֵ֔ן בָּ֖א בַּיָּמִ֑ים ont également été utilisé à propos du patriarche Abraham dans la paracha de cette même semaine ‘Hayé Sarah [2]. On lit: וְאַבְרָהָ֣ם זָקֵ֔ן בָּ֖א בַּיָּמִ֑ים וַֽיְיָ בֵּרַ֥ךְ אֶת־אַבְרָהָ֖ם בַּכֹּֽל׃ « Et Abraham [était] vieux [et] avancé en [ses] jours; et Hachèm bénit Abraham en tout » (Béréchit 24,1). Or, s’agissant d’Abraham, rien ne permet de penser qu’il était physiquement affaibli. Au contraire, c’était un homme vigoureux qui ne quitta ce monde qu’à l’âge de 175 ans; à 140 ans, après la mort de Sarah, il remaria et eut des enfants.
De quel froid parlons-nous ? David est présenté par le texte comme ne pouvant être réchauffé: il avait très froid, comme il est écrit: וַיְכַסֻּ֨הוּ֙ בַּבְּגָדִ֔ים וְלֹ֥א יִחַ֖ם לֽוֹ׃ « on le couvrait de vêtements, et il ne pouvait se réchauffer » (I Mélakhim 1,1). La présentation qui est faite ici nous rend perplexe. R’ Chélomo Aviner א’’שליט s'étonne : « Est-ce un palais royal ou un asile du troisième âge en difficulté financière dans l'impossibilité de s'offrir un bon chauffage ? » D’où venait ce froid ? Deux raisons sont avancées qui ont joué simultanément.
Un vêtement détruit
Une première explication ressort d’une action de David alors qu’il était poursuivi par le roi Chaoul qui en voulait à sa vie [3]. David s’était caché dans une grotte quand le roi Chaoul vint dans les enclos à moutons le long de la route. Devant s’isoler pour faire ses besoins [4], Chaoul choisit par pudeur une grotte qui elle-même contentait une autre grotte, et de plus, il fit de son manteau un paravant pour que sa discrétion soit parfaite.
Un compagnon de David lui fit remarquer que l’isolement de Chaoul le rendait vulnérable : c’était une occasion en or pour se débarrasser définitivement de lui. David s’approcha, entra dans la grotte, et il put constater la grande tsniout (pudeur) du roi et ses grandes qualités (midot). Raisons de plus pour ne pas supprimer un roi oint par l’ordre de Hachèm. Il renonça à son projet mais pensa utile de prendre une preuve indubitable de ses bonnes intentions à l’égard de Chaoul en découpant un morceau de son manteau. Lorsqu’il lui montrerait ce coin, le roi devrait bien convenir que David n’entretenait aucune mauvaise intention à son égard, puisqu’il s’était trouvé à sa merci : mais David n’aviat pas profité de ce moment propice pour le mettre à mort. Un cas très similaire se produisit un peu plus tard. Alors que Hachèm avait endormi tous les gens du camp de Chaoul, David et un de ses compagnons y pénétrèrent. David refusa alors de mettre à mort Chaoul qui était à sa merci, se contentant d’emporter la lance et la gourde du roi pour disposer d’une preuve de sa clémence (I Chémouel 26,19).
Découper un morceau du manteau aurait pu passer pour judicieux. Mais cette action ne l’était pas car, ce faisant, David avait avili le vêtement du roi. Un vêtement qui était de ceux devant porter des franges rituelles (tsitsits) comme l’indique le midrach [5]. Il aurait pu découper n’importe quelle partie de ce manteau à l’exception de l’un des quatre coins. Mais en transformant un vêtement à quatre coins en vêtement à trois coins, il avait rendu impropre ce dernier à la mitsva des tsitsits et mis le deshonneur sur le manteau royal. Cet acte fut la cause du problème que rencontra David avec d’autres vêtements : ceux qui à l’heure de sa vieillesse, le couvraient mais ne pouvaient plus le réchauffer [6]. Cette faute a été considérée comme importante car David n’était pas un homme ordinaire mais un tsadik et on sait que le niveau atteint par les tsadikim fait que des fautes pouvant passer pour minimes pour d’autres personnes, sont considérées comme graves.
De fait, le début de la haftara contient cette allusion car il est écrit וַיְכַסֻּ֨הוּ֙ בַּבְּגָדִ֔ים וְלֹ֥א יִחַ֖ם לֽוֹ׃ « on le couvrait de vêtements, et il ne pouvait se réchauffer » (I Mélakhim 1,1). Avait-on besoin d’indiquer “vêtements »? Il aurait suffi d’indiquer on le couvrait (וַיְכַסֻּ֨הוּ֙). Le mot בַּבְּגָדִ֔ים est donc inutile du point de vue du sens simple. On aurait pu le réchauffer en le couvrant avec autre chose qu’un vêtement: une couverture par exemple. Ici la précision בַּבְּגָדִ֔ים (de vêtements) est apparemment supperfle. En fait, elle vient apporter un enseignement supplémentaire, comme on l’a indiqué.
Lisons : וַיִּתֵּ֧ן ה׳ דֶּ֖בֶר בְּיִשְׂרָאֵ֑ל וַיִּפֹּל֙ מִיִּשְׂרָאֵ֔ל שִׁבְעִ֥ים אֶ֖לֶף אִֽישׁ׃ וַיִּשְׁלַח֩ הָֽﭏהִ֨ים ׀ מַלְאָ֥ךְ ׀ לִֽירוּשָׁלִַם֮ לְהַשְׁחִיתָהּ֒ « Hachèm envoya la peste en Israël ; et il tomba d’Israël soixante-dix mille hommes. Hachèm envoya un ange à Jérusalem pour la détruire » (Dibré Hayamim 21, 14-15).
La vision de l’ange de la mort
Nous nous sommes demandé d’où venait le froid ressenti par David alors qu’il n’aurait pas été difficile pour ses serviteurs de donner à sa chambre la température désirée. Une seconde explication nous vient midrach [7].
Un passage biblique parallèle évoque, comme notre haftara, la fin de la vie de David. Il apporte des informations intéressantes et complémentaires qui viennent éclairer notre texte. On apprend qu’une mortalité éclata, causant soixante dix mille hommes. Elle était en rapport avec un recensement décidé par David qui avait ordonné à Yoav, chef de l'armée, de recenser le peuple[8]. David maintint son ordre malgré les conseils de Yoav וּדְבַר־הַמֶּ֖לֶךְ חָזַ֣ק עַל־יוֹאָ֑ב « la parole du roi prévalut sur celle de Yoab » (Dibré Hayamim 21, 4). Cette décision était fautive puisqu’elle ne respectait pas la loi sur le recensement (qui consiste à recenser les Juifs en comptant non pas les têtes mais les pièces de monnaies (Chémot 30, 12-13) [9] . En prenant conscience ultérieurement, il regretta ce dénombrement qui n’était pas même nécessaire du point de vue militaire. Il se repentit, comme on l’a dit.
Selon une interprétation, ces hommes avaient fauté et c’est pour leur propre faute qu’ils ont perdu la vie [10], mais David en a souffert tout de même car c’est par son intermédiaire que leur punition fut attribée [11]. En apprenant cette nouvelle, David déchira ses vêtements, s’habilla d’un sac, se couvrit de poussière et implora le Saint, béni soit-Il face contre terre devant l’arche d’alliance. Il pria Hachèm d’accepter son repentir. Il dit : « N’est-ce pas moi qui ai commandé de dénombrer le peuple ? C’est moi qui ai péché et qui ai mal agi ; mais ces brebis, qu’ont-elles fait ? Hachèm, mon D.ieu, je Te prie, que Ta main soit sur moi et sur la maison de mon père, mais qu’elle ne soit pas sur Ton peuple pour le frapper » (Dibré Hayamim 21, 17) ; « Maître de tous les mondes, c’est moi qui ai fauté, efface ma faute ! Et son repentir fut accepté » [12]. Hachèm, ému par cette calamité, dit à l'ange qui décimait le peuple : Le Saint, béni soit-Il ordonna à l’ange : וַיִּשְׁלַח֩ יָד֨וֹ הַמַּלְאָ֥ךְ ׀ « Assez ! A présent retire ta main ! » [13].
L’ange obéit, mais il apparut à David[14] et il essuya son glaive sanglant sur son l’habit. Le roi en fut glacé d’effroi jusqu'à la fin de ses jours [15].
Voilà donc une seconde raison pour expliquer le grand froid ressenti par David. Nous sommes donc bien en présence d’un mal être, d'une inquiétude de nature religieuse et spirituelle et non de symptomes liés à l’âge ou l’état de santé du roi David [16].
Même si sa faiblesse physique n’est pas contestable, elle semble plutôt d’ordre spirituel. On le voit lorsqu’il s’exclama : וְ֝לִבִּ֗י חָלַ֥ל בְּקִרְבִּֽי׃ כְּצֵל־כִּנְטוֹת֥וֹ נֶֽהֱלָ֑כְתִּי נִ֝נְעַ֗רְתִּי כָּֽאַרְבֶּֽה׃ בִּ֭רְכַּי כָּֽשְׁל֣וּ מִצּ֑וֹם וּ֝בְשָׂרִ֗י כָּחַ֥שׁ מִשָּֽׁמֶן׃ « et mon coeur est percé en mon sein. Comme l’ombre qui s’étire, je m’en vais, secoué comme un criquet. Mes genoux trébuchent de jeûne ; ma chair s’émacie faute d’huile » (Téhilim 109, 22-24). Ce n’est pas son corps qui est sénile, c’est lui qui jeûne, c’est lui qui refuse d’en prendre soin.
Or, les proches du roi ne comprirent pas cette dimension spirituelle du comportement de David. Ils crurent bien faire en plaçant près de lui une jeune fille. וַיֹּ֧אמְרוּ ל֣וֹ עֲבָדָ֗יו יְבַקְשׁ֞וּ לַֽאדֹנִ֤י הַמֶּ֨לֶךְ֙ נַֽעֲרָ֣ה בְתוּלָ֔ה וְעָֽמְדָה֙ לִפְנֵ֣י .הַמֶּ֔לֶךְ וּתְהִי־ל֖וֹ סֹכֶ֑נֶת וְשָֽׁכְבָ֣ה בְחֵיקֶ֔ךָ וְחַ֖ם לַֽאדֹנִ֥י הַמֶּֽלֶךְ׃. « Que l'on cherche pour mon seigneur le roi, une jeune fille vierge, qui se tienne devant le roi et qui prendra soin de lui. Elle reposera dans ses bras et la chaleur reviendra à mon seigneur le roi » (I Mélakhim 1,2). Ils choisirent Abichag la Chounamite [17].
Les propos sont stupéfiants si on lit le Tanakh comme un livre ordinaire oubliant que les lumières de la Torah orale venant de la tradition rabbinique sont indispensables pour comprendre. R’ Aviner א’’שליט remarque : « Singulière façon de réchauffer un roi saint qui, à travers une longue vie d'épreuves, s'est hissé aux plus hauts sommets de la spiritualité » [18]. Le rav poursuit : mais « David ne prit même pas la peine de leur répondre, il planait bien plus haut que ces pygmées politiques. Tout simplement cependant, il se contenta que la jeune fille lui tienne office de nouvelle secrétaire, sans plus » [19]. Comme il est écrit : וְהַֽנַּעֲרָ֖ה יָפָ֣ה עַד־מְאֹ֑ד וַתְּהִ֨י לַמֶּ֤לֶךְ סֹכֶ֨נֶת֙ וַתְּשָׁ֣רְתֵ֔הוּ וְהַמֶּ֖לֶךְ לֹ֥א יְדָעָֽהּ׃ "Or, la jeune fille était fort belle. Elle devint la garde du roi et elle le servit, mais le roi n'eut pas commerce avec elle." (I Mélakhim 1, 4) [20].
Ainsi, vieux et rassasié en jours, David apparaît loin d’être sénile, comme il est précisé explicitement dans un verset: וַיָּ֨קָם דָּוִ֤יד הַמֶּ֨לֶךְ֙ עַל־רַגְלָ֔יו וַיֹּ֕אמֶר שְׁמָע֖וּנִי אַחַ֣י וְעַמִּ֑י « Et le roi David se leva sur ses pieds; il dit: ‘Ecoutez-moi, mes frères et mon peuple! » (Dibré Hayamim 28, 2).
A la fin de sa vie, David prépare l’avenir
La non-sénilité du roi David dans les derniers temps de sa vie apparaît à l’évidence, aussi, par ses actions et décisions. Comme Abraham dans la la paracha de cette semaine [21], la haftara montre que David s’intéresse à l’avenir. Il prend diverses dispositions sur l’avenir de son royaume (dont sa succession). וְדָוִ֥יד זָקֵ֖ן וְשָׂבַ֣ע יָמִ֑ים וַיַּמְלֵ֛ךְ אֶת־שְׁלֹמֹ֥ה בְנ֖וֹ עַל־יִשְׂרָאֵֽל׃ « Le roi David, étant vieux et rassasié de jours, établit son fils Chlomo comme roi d'Israël » (Dibré Hayamim 23,1) [22].
L’œuvre politique et militaire du roi David a été considérable pendant sa vie car il a renforcé tout ce qui fait la force d’une nation. Pourtant, malgré l’affirmation de l’indépendance de son royaume par rapport aux peuples voisins, malgré l’essor économique et les relations commerciales développées avec la Phénicie et d’autres pays, il savait qu’il lui restait à développer la dimension spirituelle dans son peuple. Aussi consacra-t-il ses derniers jours aux préparatifs pour la construction du Temple, à l'organisation des Lévites, à l'organisation de la justice
David, avant de mourir, prit d’importantes dispositions quant à l’organisation du Temple
- Il dénombra les Lévites. וַיֶּֽאֱסֹף֙ אֶת־כָּל־שָׂרֵ֣י יִשְׂרָאֵ֔ל וְהַכֹּֽהֲנִ֖ים וְהַלְוִיִּֽם׃ וַיִּסָּֽפְרוּ֙ הַלְוִיִּ֔ם מִבֶּ֛ן שְׁלֹשִׁ֥ים שָׁנָ֖ה וָמָ֑עְלָה « Il assembla tous les chefs d’Israël, et les sacrificateurs, et les Lévites. On dénombra les Lévites, depuis l’âge de trente ans et au-dessus » (Dibré Hayamim 23, 2-3). Il les répartit selon les fonctions qu’ils auront à assurer une fois le Temple en service וַיֶּֽחָלְקֵ֥ם דָּוִ֖יד מַחְלְק֑וֹת {ס} לִבְנֵ֣י לֵוִ֔י לְגֵֽרְשׁ֖וֹן קְהָ֥ת וּמְרָרִֽי׃ « David les distribua en classes d’après les fils de Lévi, Guershon, Kehath, et Merari » (Dibré Hayamim 23, 6).
- Il écrivit un Psaume pour l’inauguration : מִזְמ֡וֹר שִׁיר־חֲנֻכַּ֖ת הַבַּ֣יִת לְדָוִֽד׃ (Ps. 30, 1). David réunit aussi « les chefs d’Israël, les chefs des tribus, et les chefs des divisions qui servaient le roi, et les chefs de milliers, et les chefs de centaines, et les chefs de tous les biens et de toutes les possessions du roi et de ses fils… » [23]. Il prit la parole solennellement devant cette assemblée pour une importante déclaration politique et religieuse. Il aborda divers sujets :
- Il proclama la légitimité de son fils Chélomo que Hachèm Lui-même avait choisi pour succéder à David כִּֽי־בָחַ֨רְתִּי ב֥וֹ לִי֙ לְבֵ֔ן וַֽאֲנִ֖י אֶֽהְיֶה־לּ֥וֹ לְאָֽב « car Je Me le suis choisi pour fils, et Moi Je serai pour lui un père » (Dibré Hayamim 28, 6) ; s’adressant à Chélomo, il dit publiquement « Hachèm t’a choisi » (Dibré Hayamim 28, 10);
- Il charga Chélomo de la construction du Beth hamikdach comme le lui avait ordonné Hachém. וַיֹּ֣אמֶר לִ֔י שְׁלֹמֹ֣ה בִנְךָ֔ הֽוּא־יִבְנֶ֥ה בֵיתִ֖י וַחֲצֵֽרוֹתָ֑י « Il m’a dit : Chélomo, ton fils, c’est lui qui bâtira Ma maison et Mes parvis » (Dibré Hayamim 28, 6);
- Il transmit à son fils des plans du Beth hamikdach (Dibré Hayamim 28, 11-19); avec des détails qu’il avait reçus par esprit prophétique (roua’h hakodech)[24]. Cela avec des précisions qu’une personne sénile n’aurait pu ennoncer : sur le poids des chandeliers d’or et d’argent, des tables, des autres instruments, pour l’autel de l’encens, les chérubins ;
Le testament spirituel du Roi David
- David formula une prière dont nous lisons des versets de nos jours encore lors de l’office du matin. C'est, en fait ,l'essentiel de son testament spirituel : וַיְבָ֤רֶךְ דָּוִיד֙ אֶת־ה׳ לְעֵינֵ֖י כָּל־הַקָּהָ֑ל וַיֹּ֣אמֶר דָּוִ֗יד בָּר֨וּךְ אַתָּ֤ה ה׳ א׳ יִשְׂרָאֵ֣ל אָבִ֔ינוּ מֵֽעוֹלָ֖ם וְעַד־עוֹלָֽם׃ לְךָ֣ ה׳ הַגְּדֻלָּ֨ה וְהַגְּבוּרָ֤ה וְהַתִּפְאֶ֨רֶת֙ וְהַנֵּ֣צַח וְהַה֔וֹד כִּי־כֹ֖ל בַּשָּׁמַ֣יִם וּבָאָ֑רֶץ לְךָ֤ ה׳ הַמַּמְלָכָ֔ה וְהַמִּתְנַשֵּׂ֖א לְכֹ֥ל ׀ לְרֹֽאשׁ׃ וְהָעֹ֤שֶׁר וְהַכָּבוֹד֙ מִלְּפָנֶ֔יךָ וְאַתָּה֙ מוֹשֵׁ֣ל בַּכֹּ֔ל וּבְיָֽדְךָ֖ כֹּ֣חַ וּגְבוּרָ֑ה וּבְיָ֣דְךָ֔ לְגַדֵּ֥ל וּלְחַזֵּ֖ק לַכֹּֽל׃ וְעַתָּ֣ה א׳ מוֹדִ֥ים אֲנַ֖חְנוּ לָ֑ךְ וּֽמְהַלְלִ֖ים לְשֵׁ֥ם תִּפְאַרְתֶּֽךָ׃ « David bénit l’Éternel aux yeux de toute la congrégation, et David dit : Béni sois-tu, Hachèm, D.ieu d’Israël notre père, de tout temps et pour toujours ! À Toi, Hachèm, est la grandeur, et la force, et la gloire, et la splendeur, et la majesté ; car tout, dans les cieux et sur la terre, [est à Toi]. À Toi, Éternel, est le royaume et l’élévation, comme Chef sur toutes choses ; et les richesses et la gloire viennent de Toi, et Tu domines sur toutes choses ; et la puissance et la force sont en Ta main, et il est en Ta main d’agrandir et d’affermir toutes choses. Et maintenant, ô notre D.ieu, nous Te célébrons, et nous louons Ton nom glorieux » (Dibré Hayamim 29, 10-13) [25];
- David ennonça des recommandations fermes sur l’importance du respect et de la pratique des mitsvot. שִׁמְר֣וּ וְדִרְשׁ֔וּ כָּל־מִצְו֖͏ֹת יְיָ ﭏהֵיכֶ֑ם לְמַ֤עַן תִּֽירְשׁוּ֙ אֶת־הָאָ֣רֶץ הַטּוֹבָ֔ה וְהִנְחַלְתֶּ֛ם לִבְנֵיכֶ֥ם אַֽחֲרֵיכֶ֖ם עַד־עוֹלָֽם׃ « Gardez et recherchez tous les commandements de Hachèm, votre D.ieu, afin que vous possédiez ce bon pays, et que vous le transmettiez en héritage à vos fils après vous, pour toujours » (Dibré Hayamim 28, 8).
La pratique des mitsvot a une valeur qui dépasse le seul point de vue spirituel. Comme le proclame le roi David, en disant לְמַ֤עַן תִּֽירְשׁוּ֙ אֶת־הָאָ֣רֶץ הַטּוֹבָ֔ה « afin que vous possédiez ce bon pays », la pratique des mitsvot est inséparable du maintien du peuple d’Israël sur la terre d’Israël et de sa légimité reconnue au sein des nations.
Hillel Bakis
Cours donné avant min'ha du chabbat 7 novembre 2015, à la synagogue Ben Zakaï, Montpellier. Mis en ligne le 8 novembre 2015.
---------------
NOTES
[1] Cet âge était un âge limite, puisque c’est le nombre d’années de vie « offertes » à David par Adam qui aurait dû vivre 1000 ans. Voyant, par prophétie, qu’aucune année n’avait été allouée à David, il décida d’offrir 70 ans de sa vie pour que le personnage « potentiel » de David naisse effectivement. Car David, en tant qu’ancêtre du Messie, était indispensable pour que soit corrigée la faute d’Adam qui fit des êtres humains des mortels. C’est pourquoi Adam s’éteignit à 930 ans et non à 1000 ans.
[2] Et cela fournit un point commun entre la paracha et la haftara.
[3] ויבא אל גדרות הצאן על הדרך ושם מערה ויבא שאול להסך את רגליו תנא גדר לפנים מן גדר ומערה לפנים ממערה להסך אמר ר' אלעזר מלמד שסכך עצמו כסוכה: (שמואל א כד) ויקם דוד ויכרת את כנף המעיל אשר לשאול בלט (T.B. Bérakhot 62b).
[4] Par euphémisme, le texte dit : « abriter ses pieds ».
[5] Cho’her tov 7 (cit. Edition Safra du Talmud, T.B. Bérakhot, p. 62b3, note 33).
[6] אמר ר' יוסי בר' חנינא כל המבזה את הבגדים סוף אינו נהנה מהם שנאמר (מלכים א א) והמלך דוד זקן בא בימים ויכסהו בבגדים ולא יחם לו: (T.B. Bérakhot 62b).
[7] Pirké de rabbi Eli’ezer, 43.
[8] וַיַּֽעֲמֹ֥ד שָׂטָ֖ן עַל־יִשְׂרָאֵ֑ל וַיָּ֨סֶת֙ אֶת־דָּוִ֔יד לִמְנ֖וֹת אֶת־יִשְׂרָאֵֽל׃ « Satan se leva contre Israël, et incita David à dénombrer Israël » (Dibré Hayamim 21, 1). וַיֹּ֨אמֶר דָּוִ֤יד אֶל־יוֹאָב֙ וְאֶל־שָׂרֵ֣י הָעָ֔ם לְכ֗וּ סִפְרוּ֙ אֶת־יִשְׂרָאֵ֔ל מִבְּאֵ֥ר שֶׁ֖בַע וְעַד־דָּ֑ן וְהָבִ֣יאוּ אֵלַ֔י וְאֵֽדְעָ֖ה אֶת־מִסְפָּרָֽם׃ « David dit à Yoav et aux chefs du peuple : Allez, faites le dénombrement d’Israël depuis Be-er-Chéba jusqu’à Dan ; et rapportez-le-moi, afin que j’en sache le nombre » (Dibré Hayamim 21, 2). Yoav fit remarquer que cela était inutile et même répréhensible. וַיֹּ֣אמֶר יוֹאָ֗ב יוֹסֵף֩ יְיָ עַל־עַמּ֤וֹ ׀ כָּהֵם֙ מֵאָ֣ה פְעָמִ֔ים הֲלֹא֙ אֲדֹנִ֣י הַמֶּ֔לֶךְ כֻּלָּ֥ם לַֽאדֹנִ֖י לַֽעֲבָדִ֑ים לָ֣מָּה יְבַקֵּ֥שׁ זֹאת֙ אֲדֹנִ֔י לָ֛מָּה יִֽהְיֶ֥ה לְאַשְׁמָ֖ה לְיִשְׂרָאֵֽל׃ « Pourquoi le roi mon maître cherche-t-il cela ? Pourquoi la faute en viendrait-elle sur Israël ? » (Dibré Hayamim 21, 3).
[9] T.B. Bérakhot 62b.
[10] Zohar, Bo, 36b, cit. Edition Safra du Talmud, T.B. Bérakhot, p. 62b4, note 43).
[11] Autre interprétation - שִׁבְעִ֥ים אֶ֖לֶף אִֽישׁ . Il n’y a vait qu’un homme et non une armée car le mot « homme » (ich) n’est pas au pluriel (anachim). Rabi Chim’on enseigne qu’il y a là une allusion : en fait une unique personne est tombée, mais elle était très importance. Il s’agirait d’Avichaï fils de Tserouya, qui équivalait à soixante-dix mille hommes par ses bonnes actions et sa connaissance de la Torah » (Pirké de rabbi Eli’ezer, 43). Cette mort servit à empêcher la mort de 70000 personnes. Cela est conforme à l’enseignement de R’ El’azar (dans la guémara) T.B. Bérakhot 62b et au principe qui veut que מיתתן של צדיקים מכפרת « La mort du juste sert d’expiation [pour la génération] » (T.B. Mo’ed Katan 28a). Le mot rav est lu dans le sens de la même allusion : signifiant non pas « un grand nombre » mais « un rav » : וּכְהַשְׁחִ֗ית רָאָ֤ה ה׳ וַיִּנָּ֣חֶם עַל־הָֽרָעָ֔ה וַיֹּ֨אמֶר לַמַּלְאָ֤ךְ הַמַּשְׁחִית֙ רַ֔ב עַתָּ֖ה הֶ֣רֶף יָדֶ֑ךָ (Dibré Hayamim 21, 15). « Quel est le sens du mot rav? Le maître d’Israël est tombé ! » explique le midrach (Pirké de rabbi Eli’ezer, 43). Il en va de même dans un texte parallèle וַ֠יֹּאמֶר לַמַּלְאָ֞ךְ הַמַּשְׁחִ֤ית בָּעָם֙ רַ֔ב עַתָּ֖ה הֶ֣רֶף יָדֶ֑ךָ « Il dit au messager, destructeur du peuple: ‘Assez ! Maintenant, relâche ta main’ » (II Chémouel 24, 16).
[12] Pirké de rabbi Eli’ezer, 43.
[13] 'Assez ! Retire maintenant ta main !' (Dibré Hayamim 21, 15). Egalement en II Chémouel 24, 16.
[14] וַיִּשָּׂ֨א דָוִ֜יד אֶת־עֵינָ֗יו וַיַּ֞רְא אֶת־מַלְאַ֤ךְ יְיָ עֹמֵ֗ד בֵּ֤ין הָאָ֨רֶץ֙ וּבֵ֣ין הַשָּׁמַ֔יִם וְחַרְבּ֤וֹ שְׁלוּפָה֙ בְּיָד֔וֹ נְטוּיָ֖ה עַל־יְרֽוּשָׁלִָ֑ם « David leva ses yeux, et vit l’ange de l’Éternel se tenant entre la terre et les cieux, ayant en sa main son épée nue étendue sur Jérusalem » (Dibré Hayamim 21, 16).
[15] Comme il est écrit וְלֹֽא־יָכֹ֥ל דָּוִ֛יד לָלֶ֥כֶת לְפָנָ֖יו לִדְרֹ֣שׁ ﭏהִ֑ים כִּ֣י נִבְעַ֔ת מִפְּנֵ֕י חֶ֖רֶב מַלְאַ֥ךְ ה׳ ׃ « Mais David ne put s’y présenter pour consulter D.ieu, car il avait été épouvanté par l’épée de l’ange de Hachèm » (Dibré Hayamim 21, 30). « Que fit l’ange ? Il prit son épée et la nettoya dans le vêtement de David. David aperçut l’épée de l’ange de la mort, il se mit à trembler de tous ses membres et cela jusqu’au jour de sa mort ». Pirké de rabbi Eli’ezer, chap. 43 (Ed. Verdier, pp. 264-265).
[16] R’ Ch. Ch. Aviner (5763), p. 35.
[17] Il a été question de la localité de Chounem dans la haftara précédente (II Mélakhim 4,12). Elle se situe au nord-ouest du pays.
[18] R’ Ch. Ch. Aviner (5763), p. 35.
[19] Cette jeune fille serait devenue ultérieurement une des épouses de son fils Chélomo, (« Avichag était permise (en mariage) à Salomon », Rab Yaacob, in T.B. Sanhédrin 22a), chose impossible (interdiction de la Torah) si David avait eu un autre comportement avec elle. R’ Ch. Ch. Aviner (5763), p. 37.
[20] Pour la petite histoire, notons qu’Abichag la Chounamite aborda la question d’un mariage mais le roi lui répondit qu’elle lui était interdite. Elle répliqua alors vivement en citant un dicton « Quand un voleur manque de courage [pour voler] il se fait passer pour un homme honnête ». Mais David était dans l’impossibilité de l’épouser car il avait déjà le nombre maximal d’épouses permises à un roi, soit dix-huit. Or, comme le dit Rab Chaman bar Abba « Viens et vois combien un divorce est chose difficile, car on a permis au roi David de s’isoler [avec Abichag] et on ne lui a pas permis de répudier » sans raison valable l’une de ses dix-huit épouses. T.B. Sanhédrin 22a.
[21] Abraham pense à marier son fils Yits’hak.
[22] Livre dont le titre est traduit par : Chroniques.
[23] וַיַּקְהֵ֣ל דָּוִ֣יד אֶת־כָּל־שָׂרֵ֣י יִשְׂרָאֵ֡ל שָׂרֵ֣י הַשְּׁבָטִ֣ים וְשָׂרֵ֣י הַמַּחְלְק֣וֹת הַמְשָֽׁרְתִ֪ים אֶת־הַמֶּ֟לֶךְ וְשָׂרֵ֣י הָֽאֲלָפִ֣ים וְשָׂרֵ֣י הַמֵּא֡וֹת וְשָׂרֵ֣י כָל־רְכוּשׁ־וּמִקְנֶה֩ ׀ לַמֶּ֨לֶךְ וּלְבָנָ֜יו עִם־הַסָּֽרִיסִ֧ים וְהַגִּבּוֹרִ֛ים וּֽלְכָל־גִּבּ֥וֹר חָ֖יִל אֶל־יְרֽוּשָׁלִָֽם׃ (Dibré Hayamim 28, 12).
[24] וְתַבְנִ֗ית כֹּל֩ אֲשֶׁ֨ר הָיָ֤ה בָר֨וּחַ֙ עִמּ֔וֹ (Dibré Hayamim 28, 12); pour tour cela, il reçut l’intelligence par la main de Hachèm comme il est écrit : הַכֹּ֥ל בִּכְתָ֛ב מִיַּ֥ד ה׳ עָלַ֣י הִשְׂכִּ֑יל כֹּ֖ל מַלְאֲכ֥וֹת הַתַּבְנִֽית׃ (Dibré Hayamim 28, 19).
[25] En les faisant suivrre d’un texte de Ne’hemia hanabi (Ne’hemia 9, 5-11).