090-91 Prononciation du chéwa- règle « guimel »

 

Précisions grammaticales du Rav Zecharia Zermati chalita

 

Sur  la règle « guimel » de prononciation du chéwa

Précisions du Raza''z publiées dans le Tome 7 de la série LA VOIX de JACOB

Grammaire hébraïque, de Hillel Bakis (encadré, pages 90-91). Décembre 2013 

 

"En effet, cette règle n'est pas respectée par tous les lecteurs de la Torah et reste une source de différend concernant certains mots. Ce point n'a pas été accepté par la majorité des décisionnaires de l'époque des Richonim. Rabbi Yéhouda Halévi (Kouzari, second maamar, chap. 80) témoigne qu’un Chéwa se trouvant après une Ténoua Guédola non vocalisée (lo moutémét) est justement Na'h, sauf s'il se trouve sous une des lettres gutturales. Ceci est aussi l'opinion du Méiri, du Ramban (Na'hmanide) et de Rabbi Zérakhia Halévi de Lunel (Séfer hamaor, introduction). D'autres expliquent cette différente approche par le fait qu'à l'époque de ces Richonim le concept de "Ténoua Guédola" n'était pas très établi ni très répandu. Plus tard, les écrits de Rabbi David Kim'hi ont précisé la différence avec une ténoua kétana.

Dès lors, tous les posskim (décisionnaires) accepteront que l'on ne puisse concevoir après une telle "grande voyelle", le fait de se suffire d'un Chéwa na'h! Cette dernière opinion n'est autre que celle du Séfat Emet à laquelle, a priori, le Rav Meir Mazouz a adhéré et nous aussi.

A cette opinion, semblent s’opposer les paroles du Beth Yossef, Rabbi Yossef Karo lui-même (siman 61 sur les paroles "Et le Raavad"), qui semble penser que le second Beth du mot לְבָבְךָ se doit d'être vocalisé d'un Chéwa na'h et non Na’ (donc lévavkha et non lévavékha). Pourtant de nombreux commentateurs se sont interrogés sur ces paroles : ils sont arrivés à la conclusion que l'on ne peut concevoir la lecture de ce beth sans un Chéwa na, et qu’on est en présence d'une anomalie ou d'une erreur de transcription qui se serait introduite dans les paroles de l'auteur du Choul'han Aroukh. Tels est ainsi l'opinion de Rav Di Louzano, du Rav Chabbataï Soffer qui ne peuvent accepter une telle erreur dite au nom de notre maître le Rav Karo (ils expliquent que Maran a certainement écrit, à propos du mot  לְבַבְכֶם et non de לְבָבְךָ (ci-dessus impliqué de façon erronée).

D'autre part, nous connaissons et acceptons de façon générale la règle selon laquelle on se doit de recevoir l'autorité de la majorité des décisions halakhiques du Choul'han ‘Aroukh קבלנו הוראות מר"ן "Nous nous plions aux décisions du Choul'han ‘Aroukh". Cette règle est le fer de lance de l'école de la décision Halakhique en particulier dans tous les pays d'Afrique du nord (excepté les us et coutumes déja établis dans ces mêmes pays selon la voie des Richonim et bien avant la publication des écrits de Rabbi Yossef Karo) néanmoins et à ce sujet la tradition explique que cette règle ne s'applique pas aux points grammaticaux. En résumé nous n'avons pas forcément reçu les décisions du Choul'han ‘Arou'h en matière de grammaire et même si celui-ci pense qu'après une Ténoua guédola non ponctuée vient un Chéwa na'h, ceci ne changera pas nos traditions. C'est une fois de plus l'opinion du Rav Meir Mazouz dans deux lettres rédigées à ce sujet (fascicule Beth Aharon 38 et 40).

 Mais il existe une troisième voie pour comprendre les paroles du Beth Yossef : celle que nos pères ont choisie, à savoir de ne pas prononcer ce chéwa ou bien comme dans l'exemple cité  - la 2ème  lettre Beth de לְבָבְךָ) portant comme un vrai chéwa na, ni même comme un vrai chéwa na'h, mais plutôt un comme un chéwa né'htéfet soit un peu un compromis entre les deux intonations, chose difficile à exprimer par voie écrite mais où la voie orale de l'enseignement prend, une fois, de plus le dessus".

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