Comment se fait-il que presque tout le monde ressent l’effet spirituel qui suit une grande fête, mais ne ressent pas celui résultant de la prière ? Comment ressentir l’effet spirituel de la prière si les phrases défilent à une vitesse folle ; si les mots sont avalés, si des lettres ne sont sont prononcées convenablement [2] ? Si le fidèle ne se place pas dans les conditions favrables prescrites par les maîtres de notre tradition ? L'histoire suivante tente d'apporter une réponse à cette question. *
Le médecin et le malade aphone
Maroc. Récit rabbinique [1]
Mess'od avait perdu la voix. Il alla consulter un médecin qui lui prescrivit des pilules en affirmant : « C’est très efficace. Dans trois jours, tu seras guéri ».
Le malade repartit, rassuré, mais, trois jours plus tard, il n’avait toujours pas retrouvé sa voix. Il retourna chez le médecin qui fut très étonné.
« Ce remède est très efficace. Tu as dû oublier de suivre exactement le traitement que je t’ai prescrit ».
« Je n’ai pourtant jamais oublié d’avaler ces comprimés »
« Que dis-tu ? Avaler ! Mais je t’avais demandé de sucer ces pilules ! Comment un médicament ferait-il son effet s'il n'est pas pris comme il le faut! »
[1] Adaptation. Collecte 2007.
[2] Voir dans le même esprit certains de nos contes sur les sujets grammaticaux (chapitre 1 de notre "Grammaire hébraïque", Montpellier, 2013).