02* NOAH
Béréchit 6,9 - 11,32
L’humanité s’étant abandonnée à la perversion et au crime, Hachèm se repent de l’avoir créée (6,7) [1] ; Il décide d’effacer tous les êtres humains à l’exception de Noa’h (6,8) et de sa famille. Cette paracha raconte donc le déluge qui avait pour but de faire disparaître l’humanité fautive. Elle raconte aussi la longue période qui avait précédé la chute des eaux diluviennes – construction d’une arche de bois, enduite de bitume à l'intérieur et à l'extérieur (6,14-22). Cette période était destinée à susciter le repentir des contemporains de Noa’h.
L’humanité ne se défaisant pas de ses mauvaises conduites, la pluie tomba pendant quarante jours et quarante nuits (7,12), recouvrant les montagnes. Des représentants des animaux et les oiseaux avaient été abrités et nourris dans l’arche pour que les espèces animales puissent survivre au déluge [2]. Lorsque les eaux se retirèrent Noa’h et sa famille furent les seuls survivants (7,23).
Noa'h construisit un autel et y offrit des sacrifices. Hachèm fit alliance avec Noa’h et sa descendance, et leur donna des lois s’appliquant à l'ensemble de la nouvelle l’humanité : le meurtre est interdit ainsi que la consommation de la chair d'un animal encore vivant. Hachèm décida de ne plus détruire l’humanité, l’arc-en-ciel étant un signe de cette alliance (9,1-17).
Noa’h planta une vigne et s’endormit. L'un de ses petit-fils (Kéna’an) montra par sa mauvaise action contre Noa'h que, parmi les descendants de ce dernier tous n'étaient pas des justes (9,18-29), mais ses autres fils, Chèm et Yafèt, sont bénis pour avoir recouvert la nudité de leur père, dans sa tente. La descendance de Noa’h est présentée, ses fils étant les ancêtres des nations du monde.
Pendant dix générations, l’humanité forma un seul peuple à la langue commune. Craignant un nouveau déluge, les peuples élaborèrent un projet commun – l’érection de la Tour de Babel - afin de rejeter tout lien avec Hachèm et en quelque sorte s'en protéger. Leur révolte fut punie à la mesure de leur intention : cette génération aspirait à un certain universalisme étranger au projet divin; elle fut frappée par la division de l’humanité en nations différentes et par la confusion des langues (11,1-9). La dispersion de cette ‘génération [3] à la surface de la terre donna naissance à 70 civilisations et à la création des empires.
Au contraire, Abram, bien que contemporain de cette entreprise, construisit un universalisme conforme aux projets divins : l’alliance avec Hachèm. Alliance que les Hébreux conserveront précieusement et qui se concrétisera par le don de la Torah au Sinaï. La paracha avait commencé par l’élection de Noa’h ; elle se termine par une nouvelle élection, celle de la famille d’Abram (qui deviendra Abraham) qui quitta Our-Kasdim (Ur en Mésopotamie) pour s’installer plus à l'ouest à ’Haran (11,27-32). [4]
[1] וַיַּ֣רְא יְיָ כִּ֥י רַבָּ֛ה רָעַ֥ת הָֽאָדָ֖ם בָּאָ֑רֶץ « Et Hachèm vit que le mal [provenant] de l’homme était grand sur la terre… » וַיִּנָּ֣חֶם יְיָ כִּֽי־עָשָׂ֥ה אֶת־הָֽאָדָ֖ם בָּאָ֑רֶץ « Et Hachèm regretta d’avoir fait l’homme sur la terre » (Béréchit 6, 5-6) רב הונא בשם רבי יוסי אמר דור המבול לא נמחו מן העולם אלא ע"י שכתבו גומסיות לזכר ולנקבה « Rav ‘Houna a dit au nom de Rabbi Yossi : ‘la génération du déluge n'a été effacée du monde que parce des contrats de mariage étaient écrits pour marier des hommes entre eux et des femmes entre elles’ » (Midrach raba, paracha Aharé mot 20,9).
[2] Sept couples pour les animaux purs מִכֹּ֣ל ׀ הַבְּהֵמָ֣ה הַטְּהוֹרָ֗ה תִּֽקַּח־לְךָ֛ שִׁבְעָ֥ה שִׁבְעָ֖ה אִ֣ישׁ וְאִשְׁתּ֑וֹ (Béréchit 7,2) ; sept couples pour les oiseaux purs גַּ֣ם מֵע֧וֹף הַשָּׁמַ֛יִם שִׁבְעָ֥ה שִׁבְעָ֖ה זָכָ֣ר וּנְקֵבָ֑ה (Béréchit 7,2) ; un couple pour les animaux et oiseaux qui ne sont pas purs (Béréchit 7, 2) et pour les reptiles (Béréchit 7, 9). Voir aussi (Béréchit 7,13-16).
MOUSSAR – On constate que pour les animaux qui ne font pas partie de ces catégories, il n’est pas dit : « impurs » mais וּמִן־הַבְּהֵמָ֡ה אֲ֠שֶׁר לֹ֣א טְהֹרָ֥ה הִ֛וא שְׁנַ֖יִם אִ֥ישׁ וְאִשְׁתּֽוֹ׃ « qui ne sont pas purs, un mâle et une femelle » (Béréchit 7,2). On retrouve le même procédé quelques versets plus loinמִן־הַבְּהֵמָה֙ הַטְּהוֹרָ֔ה וּמִ֨ן־הַבְּהֵמָ֔ה אֲשֶׁ֥ר אֵינֶ֖נָּה טְהֹרָ֑ה וּמִ֨ן־הָע֔וֹף וְכֹ֥ל אֲשֶׁר־רֹמֵ֖שׂ עַל־הָֽאֲדָמָֽה׃ שְׁנַ֨יִם שְׁנַ֜יִם בָּ֧אוּ אֶל־נֹ֛חַ אֶל־הַתֵּבָ֖ה זָכָ֣ר וּנְקֵבָ֑ה כַּֽאֲשֶׁ֛ר צִוָּ֥ה אֱלֹהִ֖ים אֶת־נֹֽחַ׃ « Des bêtes pures, et des bêtes qui ne sont pas pures, et des oiseaux, et de tout ce qui rampe sur la terre, deux par deux elles viennent vers Noé vers l’arche, mâle et femelle, comme D.ieu l’avait commandé à Noé » (Béréchit 7,8-9). Cela peut démontrer aux enfants et élèves combien il faut garder sa bouche propre de toute parole inconvenante imitée de ce qui est entendu hors de la maison (les « gros mots » notamment). Voir aussi T.B. Pessa’him 3a (et fin de ce chapitre).
[3] Dite : la ‘génération de la division’.