Les Prophètes: une partie de la Loi écrite

 

Les PROPHÈTES: une partie de la Loi écrite

 

Ce que l’on appelle haftara correspond à un texte extrait des livres des Prophètes lu à la suite de la paracha (extrait du’Houmach). La longueur de cet extrait correspond en général à une vingtaine de versets (10 versets pour la haftara de Noa’h ; 49 versets pour celle de Min’ha de Kippour) [1].

Plusieurs étymologies sont prêtées au mot haftara :

- il proviendrait de la racine פתר qui, dans la Torah, signifie “percer”, “partager” comme dans le cas du premier né mâle qui est qualifié de פֶּֽטֶר־רֶ֖חֶם  « peter ré’hem »  (littéralement : ouvreur de matrice)  (Chémot 13,12).

- dans l’hébreu de la Michna, ce mot est plutôt utilisé dans le sens de « conclure » comme dans : אין מפטירין לאחר הפסח אפיקומון. "ein maftirin a’har haPesa’h afikoman (On ne doit pas conclure [le repas] par un dessert après l’offrande de Pessa’h »  - Michna Pesa’him 10, 8).

- « prendre congé » (un peu comme le mot de la même racine : niftar (personne « décédée », « celui qui nous a quitté »). La lecture de la haftara suit [2] celle de la lecture principale de la Torah (dans le ‘Houmach). Le terme maftirin dans un sens michnaïque, ferait donc référence au fait que la haftara constitue une manière de prendre acte du fait  que la Torah a pris « congé de nous ».

Nous ne pouvons nous retirer [auprès d’une autre compagnie] après la lecture. On quitte la Torah à regret : une transition vers la suite de l’office est nécessaire. Les textes des prophètes fournissent une opportune transition, puique l’on est toujours attentif à la parole divine, mais cette parole est indirecte, elle a été retransmise à travers la personnalité des prophètes. De ce fait, elle est dotée d’un éclat moindre que celle exprimée dans le ‘Houmach. Les livres des Prophètes, comme ceux des Ecrits ne sont pas source de droit en effet : ils n’ont ajouté ni retiré aucune obligation ou interdiction à celles que prescrit à la Torah [3] (à l’exception du commandement de la lecture de la Méguila d’Esther). Pourtant, ils constituent le prolongement du message confié à Moché au Sinaï ; bien que rédigés dans un contexte historique précis, les textes prophétiques véhiculent la parole divine.

Notons que le corpus fondamental est partagé par les différentes catégories de juifs orthodoxes, quelles que soient leurs rites [4] et origines géographiques : séfaradim (Espagne, Bassin méditerranéen suite à l’expulsion d’Espagne), orientaux (irakiens, parsim - Iran), témanim (Yémen), achkénazim (Allemagne et vallée du Rhin), sfard [5] et ’hassidim (Europe centrale et orientale).

 


[1] Le chabbat Wayichla'h on lit tout le livre de ‘Obadia (21 versets), et à Kippour, on lit tout le livre de Yona (Jonas 1,1-3,19) dont les trois chapitres comptent respectivement 16, 11 et 19 versets (soit 46 versets). A l’inverse, le chabbat Noa’h, la haftara lue également le chabbat Ki Tétsé ne compte que dix versets (lue tant par les Sépharades que par certaines communautés de rite achkénaze ou hassidique. Il s’agit de Yécha’yahou  54,1-10.

[2] A la fin de l’office de Cha'harit des chabbats et fêtes, à la fin de la lecture de la Torah, l’assemblée prolonge la lecture par un extrait des Prophètes. R’ Aboudraham, cit. R’ J. Kohn (1997), p. 10.

[3] Cela ressort des discussions talmudiques (Chabbat 104a, Haguiga 10b, Baba Kama 2b, Nidda 23a)

[4] Sauf les originaires d’Ethiopie, coupés du reste du monde juif avant l’époque talmudique.

[5] Le rite (noussa’h) sfard n’est pas le rite ashkénaze (les sidourim sont différents). Le judaïsme polonais ou russe est de rite sfard. On peut trouver dans une même ville des offices de rite ashkénaze et sfard, même si la diminution du nombre de fidèles dans certaines villes européennes oblige à alterner les rites selon les semaines ; mais lors des grandes fêtes des offices différents sont maintenus. 

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