Fin de la haftara lue par les communautés italiennes et ‘Habad
(Yécha’yahou 6,1-13; 9, 5-6)
בִּשְׁנַת־מוֹת֙
La haftara lue par les Italiens et les ‘hassidé ‘habad comprend le texte lu par les Séfarades (voir la dracha 2 de la semaine Yitro). Ce texte est prolongé par la lecture de deux versets du chapitre neuf. Voici ces versets qui présente une exceptionnelle particularité orthographique.
Un Mem final au milieu d’un mot
כִּי־יֶ֣לֶד יֻלַּד־לָ֗נוּ בֵּ֚ן נִתַּן־לָ֔נוּ וַתְּהִ֥י הַמִּשְׂרָ֖ה עַל־שִׁכְמ֑וֹ וַיִּקְרָ֨א שְׁמ֜וֹ פֶּ֠לֶא יוֹעֵץ֙ אֵ֣ל גִּבּ֔וֹר אֲבִי־עַ֖ד שַׂר־שָׁלֽוֹם׃ לם רבה (לְמַרְבֵּ֨ה) הַמִּשְׂרָ֜ה וּלְשָׁל֣וֹם אֵֽין־קֵ֗ץ עַל־כִּסֵּ֤א דָוִד֙ וְעַל־מַמְלַכְתּ֔וֹ לְהָכִ֤ין אֹתָהּ֙ וּֽלְסַעֲדָ֔הּ בְּמִשְׁפָּ֖ט וּבִצְדָקָ֑ה מֵֽעַתָּה֙ וְעַד־עוֹלָ֔ם קִנְאַ֛ת יְיָ צְבָא֖וֹת תַּֽעֲשֶׂה־זֹּֽאת׃ (Yicha’yiahou 9, 5-6).
Au début du verset 9,6 le mot לְמַרְבֵּ֨ה attire notre attention car il est écrit לם רבה, avec un mem final au lieu d’un mem ordinaire. Il existe de nombreuses particularités scripturales dans la Torah et du fait de la présence d’une de ces particularités dans la haftara de la semaine, on peut centrer l'une des drachot sur ce sujet [1].
On trouve un mem final ... au milieu d’un mot. Cela a de quoi étonner.
Ce mem final se trouve précisément dans un groupe de mots qui signifient : “beaucoup d’autorité et de paix sans fin“ (Yicha’yiahou 9, 6). Ces mots font allusion à la rédemption [2].
Selon un enseignement ‘hassidique
- le mem ordinaire renvoie à l’exil
- et le mem final renvoie à la rédemption finale.
Car le dessin du premier laisse une ouverture (susceptible de laisser pénétrer) alors que le mem final est représenté par un trait totalement fermé, faisant allusion à une parfaite protection des mauvaises influences extérieures.
Aussi, dans ce cas, le péché n’a-t-il aucune prise. Et tel sera le cas lorsque viendra le temps de la rédemption.
Il a été remarqué que le Talmud commence par un mem ordinaire et se termine par un mem final ; cela suggère que par le respect des commandements divins exposés dans le Talmud, le monde sera parfaitement « raffiné » ce qui provoquera la venue du Messie [3].
[1] Voir les pages consacrées à ce sujet dans le tome 6 (chap. 2) de La voix de Jacob (2ème édition).
[2] Au contraire, on ne s’étonnera pas de trouver un mem ordinaire dans : « je considérai les murailles de Jérusalem qui étaient en ruine, et ses portes consumées par le feu » (Ne’hemya 2,13) alors qu’ici il est question de ruine et d’exil.
[3] R’ Chaïm Miller (2006), The Gutnick Edition Chumach, Book of Haftaros, pp. 40-42.