Particules, préfixes
et prépositions (אוֹתִיוֹת־הַשִּׁמּוּשׁ)
Le grammairien Ibn Djana’h (11ème s.) a noté que “les lettres de l’alphabet peuvent, en se combinant, former trois espèces de mots: les noms, les verbes et les particules”[1]. Les particules se placent devant le mot et ne peuvent s’employer seules (préfixes, suffixes); elle sont dites lettres de service. Nous avons déjà traité de certaines particules dans le chapitre précédent (suffixes pronominaux, possessifs, de genre, de nombre, hé interrogatif). Nous en aborderons d’autres, en relation avec les conjugaisons, dans le cadre du chapitre sur les verbes (chap. 12).
Ce chapitre s’intéressera aux particules préfixées et à certaines prépositions (étant parfois des mots indépendants). La particule préfixée et le mot auquel elle se rattache sont considérés pour la vocalisation comme un mot unique. Si la première consonne du mot complété est une béguéd kéfét, la particule préfixée fait tomber le daguech kal. Voici quelques prépositions hébraïques, certaines étant préfixées :
Particules préfixées
Il existe plusieurs particules en hébreu: l’article défini, le hé interrogatif, le hé de direction, le waw conjonctif, le waw renversif, les particules bet, kaf, lamed, mem, chin.
Les prépositions préfixées[2] introduisent le représentant du nom (pronom personnel complément d’objet indirect). Elles s’appuient fortement sur ce mot et, en conséquence: elles n’ont pas besoin d’accent tonique et elles portent généralement des voyelles brèves[3].
Devant les mots, diverses particules préfixées peuvent être ajoutés :
(mnémonique משה וכלב):
בְּ
dans, en, par;
הַ
article défini;
הֲ
préfixe interrogatif (est-ce que...);
וְ
transforme une forme passée en futuret une forme future en passé
וְ
conjonction de coordination
כּ
abréviation préfixée de כְּמוֹ kémo (comme); cause (car); comparaison (comme); temps (quand); approximation (environ)
לְ
vers, à, pour[4], de[5] ;
מִ
préposition de provenance dont la traduction courante est “de”, du, de là-bas). Abréviation préfixée de מִן min (à partir de) [6]. La perte du noun est compensée par l’ajout du daguèch dans la consonnne qui suit (sauf gutturale et rèch) [7]
שֶׁ
(que, donc) - “le chin s’emploie au lieu de אשר.” [8]
On l’a vu, certaines particules (bétokh, kémo et èl) peuvent fusionner avec le mot auquel elles se rapportent sous forme de particules comme ב, ל, מ.
Devant les verbes, d’autres préfixes sont liés à la conjugaison (mnémonique איתן) -voir le chaptitre 12).
-----------
NOTES
[1] Ibn Djanah (1889), Le livre des parterres fleuris, trad. R’ Metzger, ch. 3, p. 36.
[2] Dites aussi : inséparables.
[3] Horowitz (2000), p. 108.
[4] “Le lamed s’emploie avec les noms, à l’exclusion des verbes, pour indiquer une comparaison et préciser la nature d’un fait” écrit R’ Ibn Djana’h, Le livre des parterres fleuris, Paris, 1889, pp. 42 et suiv. On le trouve parfois à la place de beth; indique le régime direct des verbes; la possession; des rapports de temps et de lieu; on le trouve devant un complément indiquant une circonstance de l’action; au lieu de; afin que... Ainsi לְאַשְׁמַ֣ת הָעָ֑ם ‘au détriment du peuple’ (Vayikra 4, 3).
[5] Ainsi en est-il dans הֵֽעָלוּ֙ מִסָּבִ֔יב לְמִשְׁכַּן־קֹ֖רַח “Ecartez-vous d’autour de la demeure de Kora’h” (Bamidbar 16:24). לְמִשְׁכַּן avec lamed et non mem (Voir Rachi et note explicative dans le Rachi du Rabbinat). Information M. Y. Maser, vers 2011.
[6] Il existe aussi des formes poétiques: מִנִּ֣י comme dans מִנִּ֣י אֶפְרַ֗יִם (Chofétim 5,14); ־ comme dans ס֚וּרוּ מִנֵּי־דֶ֔רֶךְ הַטּ֖וּ מִנֵּי־אֹ֑רַח (Yécha'yahou 30,11).
[7] C’est une même raison qui expliquerait le daguèch contenu dans la consonne qui suit le hé article défini. A l’origine le hé article aurait été hal. Le hé a disparu suite à l’évolution de la langue hébraïque alors que dans la langue arabe, l’article al s’est maintenu.
[8] Ibn Djana’h, Le livre des parterres fleuris, Paris, 1889, p. 42.
Mis en ligre 22 juin 2015.