7.3. Déplacement du ton
Le ton peut se déplacer pour un même mot selon le contexte où il est employé[1] (il monte vers la syllabe précédente, ou descend vers la suivante). Notons quelques remarques.
La place du ton varie, et tient compte des éléments suivants [2] :
- de la pause : La pause entraîne souvent des modifications de voyelles et de ton : « ce repos comporte un certain retardement préalable… La prononciation d’un mot est lente, pleine, emphatique ». Aussi : la voyelle tonique est toujours plus longue ; certaines voyelles tombées reparaissent. Cela concerne les grandes pauses de fin ou de milieu de verset[3].
. Changement de voyelleוְנָֽתַתָּ֥ה נֶ֖פֶשׁ תַּ֥חַת נָֽפֶשׁ׃ (Chémot 21, 23) nafèch au lieu de néfèch - comme deux mots avant; vékhésef (avec deux ségol) léchoul’hanot hakassef (fin de phrase). C’est le cas ci-après pour un nom propre : אֶת־הָ֑בֶל וַֽיְהִי־הֶ֨בֶל֙ (Béréchit 4, 2) ;
. Changement de syllabe portant le ton : אָֽנֹכִי֙ (Chémot 20, 2). En pause, le ton passe du khaf au noun : le même mot devient anokhi;
- de l’allongement d’un mot : (ton sur « bar » dernière syllabe de דָּבָ֔ר ; mais au pluriel, c’est « rim » la nouvelle syllabe finale, qui prend le ton הַדְּבָרִ֗ים) ;
- du contact entre la voyelle tonique finale et la gutturale initiale du mot suivant: (א ה ע ; mais pas ח) : quand un mot מִלְּעֵיל terminé par une voyelle, est suivi d’un mot commençant par le ton, il devient מִלְּרַע [4].
- du waw conversif : (transformation d’un passé en futur et d’un futur en passé) change souvent l’accentuation.
. futur inverti : « l’accent remonte dans la mesure du possible »[5]. Exemples :
* wayélekh au lieu de yélekh .
* wayakom lorsqu’il porte l’accent de pause athna’h[6] au lieu de wayakom : « à la pause le ton descend dans le cas du futur inverti »;
* אָהַבְתָּ (forme au passé : « tu as aimé ») est מִלְּעֵיל. ; noter un déplacement du ton au futur inverti : וְאָהַבְתָּ accentuée sur le ת (« tu aimeras ») ;
. parfait inverti « l’accent remonte dans la mesure du possible »[7].
- Règles de nésiga’h (« recul ») ou nasog a’hor נסוג אחור (« accent en recul »). Pour cause rythmique, on évite de faire succéder deux accents dans une phrase ; si le premier mot a l'accent sur la dernière syllabe, et le deuxième sur la première syllabe, l'accent du premier mot "remonte" généralement[8], créant un מִלְּעֵיל artificiel. Dans וְעָ֥שָׂה ל֖וֹ (Béréchit 37,3) l’accent deוְעָ֥שָׂה n’est pas מִלְּרַע comme usuellement ; ainsi dans כִּֽי־עֵירֹ֥ם אָנֹ֖כִי l’accent de אָנֹ֖כִי n’est pas מִלְּרַע comme usuellement en forme de contexte.
[2] Ainsi que de la nature des syllabes et des voyelles (voir : Jouon P., 1982, pp. 77-78). Mais l’utilisation de la grammaire de Jouon ne peut être faite qu’avec prudence : sa vision ne correspond pas toujours à celle de notre tradition.
[3] Silouk/sof passouk - ou du verset – atna’h. Jouon P., 1982, p. 79.
[4] Jouon P., 1982, p. 79. Jouon appelle ce phénomène « hiatus ».
[5] Jouon P., 1982, p. 78.
[6] Jouon P., 1982, p. 78.
[7] Jouon P., 1982, p. 78.