Gram. 05.4 Le kamats

 

5.4.  Le kamats (קמץ )

Pour les sépharades, le son de base du kamats est « a »[1]. Les ashkénases et les yéménites utilisaient le son « o » dans tous les cas. Mais le « o » du kamats est phonétiquement distinct de celui du ‘holem. Pour חָק (avec qualificatif) [2] ils utilisent le « o » de « porte » ; Pour חֺק (substantif singulier) [3] ils utilisent le « o » de « beau ».

5.4.1. La prononciation du kamats : kamats gadol et kamats katane

L’hébreu des séfaradim et l’hébreu moderne distinguent :

- kamats long qui se prononce « A » (Kamats gadol ou Kamats ra’hav - large). C’est le cas le plus général: הָאֵ֔לֶּה haélé (Béréchit 22, 1).

- kamats court ou bref se prononce « O » fermé (kamats katan, ou kamats ‘Hatouf - enlevé) [4]. Cela dans les cas suivants :

 

·                  s’il est suivi d’un trait d’union - makaf (sans en être séparé par une autre voyelle).

Exemple : בְּתָם־לְבָבִ֛י bétom-lévavi (Béréchit 20, 5), בְתָם־לְבָֽבְךָ֙ bétom-lévavékha (Béréchit 20, 6) ; בְּכָל־אֶ֣רֶץ békhol-érets (Chémot 9, 22) ; כָּל־עֹלָמִים kol ‘olamim (Téhilim 145, 13).

Exceptions :

-          kamats séparé du makaf par un ה: תַֽאֲוָה־ה֣וּא taava et non taavo (Béréchit 3, 6) ; לְטָמְאָה־בָֽהּ létom-a bah et non létom-o bah (Wayikra 15, 32) ;  לְכָה־נָּא֙ lékha na (Bamidbar 23, 27) ;  וּלְדָבְקָה־בֽוֹ ouldovka-bo (Débarim 11, 22) ;

-          kamats est séparé du makaf par un א : mikra et non mikro מַה־יִּקְרָא־ל֑וֹ (Béréchit 2, 19) ; mikra-kodech מִקְרָא־קֹ֔דֶשׁ (Wayikra 23, 8) ;

-          לְךָ־נָּ֨א lékha-na et non lékho-na (Bamidbar 23, 13) - je ne comprends pas pourquoi.

 

·                   s’il est suivi d’un chéwa muet - Comme dans : בְּאָסְפְּכֶם֙ ospékhém (Wayikra 23, 39) ; קָרְבָּנ֞וֹ korbanou (Bamidbar 7, 37). חָקְכֶ֤ם Hokkhém (Chémot 5, 14) ; הָתְפָּֽקְד֖וּ hotpakédou (Bamidbar, 1, 47) ; תִּנָּ֣גְפ֔וּ tinogfou (Bamidbar 14, 42) ; שְׁפָךְ־דָּֽם chéfokh-dam (Yé’hézkel 22, 6)[5].

Exeptions - La difficulté tient ici à ce que cette prononciation du chéwa semble dépendre d’autres circonstances[6].

        interposition d’un ta’am (tonique) – Exemples : הִשָּׁ֨בְעָה hichabé’a[7] (Béréchit 21, 23) ;  הַמָּ֑יְמָה hamaymah [8] (Chémot 8, 16);  הַלָּ֑יְלָה halayla (Chémouel 15, 17) ; וּמְשָׁ֨רְת֜וֹ oumcharto ou ‘oumcharéto et non ‘oumchorto (Chémot 33,11);    שָׁ֥מְרָ֣ה  chaméra ou chamra ; וָהָ֔לְאָה ha ;

         interposition d’une ga’ya – Exemples : חָֽכְמָ֖ה (Zékharia, 9, 2) se lit ‘Ha donc ‘hakhma ou ‘hakhéma et nonhokhma;  מָֽתְנוּ maténou ou matnou et non motnou (Bamidbar 14,2);

 

·                   S’il est suivi aussi d’un hataf-kamats = chéwa kamats[9]. Exemple : אָהֳלֵי oholé ("les tentes de"). Quelques exceptions cependant[10] :

 

·                   s’il est suivi d’un daguèch fort [11] -

Exemples : מְאָדָּמִ֛ים oddamim (Chémot 25, 5) ; הָשַּׁמָּ֖ה hochchamah (Wayikra 26, 35) ; תְחָנֵּֽם té’honném  (Débarim 7, 2) ;

 

·                  si deux kamats se suivent, le 2ème kamats se prononce o -

Règle : le 2ème kamats se prononce « o » si la syllabe n’est pas accentuée (atone). Exemples : וַיָּ֧גָר wayagor (Béréchit 21, 34) ; וַיָּ֣קָם wayakom (Béréchit 22, 3) ; וַתָּ֖רָם watarom (Béréchit 7, 17) ; וַיָּ֕הָם vayahom (Chémot 14, 24) ; וַיָּ֣רָץ wayarots (Bamidbar, 11, 27) ; תָֽעָבְדֵ֑ם ta’ovdém (Débarim 5, 8) ;

A l’inverse, le 2ème kamats se prononce « a » et non « o » s’il se trouve dans une syllabe accentuée.

Indices pour sour savoir si une syllabe est accentuée :  

. présence d’un ta’am marquant le ton : ainsi, וְעָנָ֑ן (Chémot 14, 24) ; אַבְרָהָ֜ם Abraham - l’accent tonique est placé sur le « ha »; il en va de même pour : הָעָ֛ם ha’am (Chémot 1, 20) ; אֶת־הַבָּשָׂ֖ר ét-habassar (Chémot 12, 8) ; לִשְׁגָגָה֒ lichgaga (Bamidbar 15, 24) ; הָאָ֨רֶץ֙ ha-arets (Bamidbar 16, 32) ; הַקָּהָֽל hakahal (Bamidbar 16, 33) ; בָּלָק֙ Balak (Bamidbar 23,11) ;הָהָ֣רָה hahara (Yéochoua’ 2, 16). Noter que le ta’am peut ne pas être posé au niveau de la lettre qui porte le kamats mais sur une autre lettre de la syllabe :’avodatam עֲבֹֽדָתָם֙ (Bamidbar 18, 21).

 . présence d’une ga’ya : שָׁכָֽלְתִּי chakhalti (Béréchit 43, 14); הָאָֽרֶץ ha-arets (Chémot 12, 19) ; מְצָאָֽתְנוּ métsa-atnou (Bamidbar 20, 14);

. présence d’une ga’ya placé entre deux kamats. Dans ce cas, on constate qu’il annule souvent la règle : il se dit « a » et non « o » [12]: תָֽעָבְדֵ֔ם ta’abdém (Chémot 23, 24); קָֽדָשִׁ֖ים kadachim[13] (Wayikra 2, 3 ; Wayikra 2, 10) ; וְאֵ֤ת כָּל־הָֽאָדָם֙ ha-adam (Bamidbar 16, 32) ; וָֽאָבִ֗יא wa-avi (Chémouel 15, 20) ; kadachay קָֽדָשַׁ֖י (Yé’hézkiel, 22, 8)[14].

Noter le cas du kamats qui suit un ’hataf-kamats Ce 'hataf kamats se prononce « o » comme toujours, mais le kamats est un unique kamats et non un second kamats puisque le 'hataf kamats est non un kamats mais un chéwa "voisé". Il n'y donc pas lieu de vocaliser en « o » l'unique kamats du mot, ainsi : חֳדָשִׂים ’hodachim (mois).

 

·         S’il est suivi aussi d’un = chéwa kamats[15]. Exemple : אָהֳלֵי (oholé = "les tentes de"). Quelques exceptions cependant (surtout des mots commençant par aleph et avec l’article défini hé ).

 

 

·         Nous n’avons pas d’explication à ce stade pour :

- וְעַתָּ֗ה הִשָּׁ֨בְעָה לִּ֤י hichabé’a  (Béréchit 21, 23) ;

- וָֽאָקֻ֡ם wa-akoum (I Rois 8, 20) – Le 2ème kamats aurait dû se prononcer « o » puisque le ta’am pazer gadol n’accentue pas le aleph mais le kouf.

 




[1] Nom authentique: kameç (pour kamats) ; kibouç (pour koubouts) ; ‘Hirek ou ‘Hirik - Settbon, R’ David (2006), ‘Alé hadas, Vol. 1, Kyriat Séfer, 577 p. Voir p. 138.

[2] Comme dans  לְחָק-עוֹלָם (Bamidbar 18, 8, ou Wayikra 7, 34) ,  כִּי חָקְךָ וְחָק-בָּנֶיךָ הִוא  (Wayikra 10, 13) ; נִתְּנוּ כִּי-חָקְךָ וְחָק-בָּנֶיךָ  (Wayikra 10, 14).

[3] Comme dans  לִבְלִי-חֹק (Yicha’yiahou 5, 14) ; כִּי-עָבְרוּ תוֹרֹת חָלְפוּ חֹק, הֵפֵרוּ בְּרִית עוֹלָם. (Yicha’yiahou  24, 5). Par ailleurs, à l’état construit « ou » : לְחֻקַּת עוֹלָם (Bamidbar 10, 8), לִשְׁמֹר חֻקַּי וּמִצְו‍ֹתַי (I Rois, 3, 14)

[4] Le ‘o’ du kamats bref est dit ouvert et est utilisé dans les mots français ‘pomme’, ‘bonne’) ; il se distingue du ‘o’ fermé représenté en hébreu par les deux formes de ’Holam [point au dessus de la consonne ; ou bien dans le cas du ’Holam plein : point au-dessus d’un waw]. Le ‘o’ fermé se retrouve dans les mots français ‘dos’ ou anglais « go » Pour en faciliter la lecture, le kamats ‘o’ est imprimé en plus gras dans le Sidour Ich Maçlia’h  (2001) et le tikoun sofrim Ich Maçlia’h  (1996-7).

[5] Vocalisation selon le Tikoun Ich Maçlia’h.

[6]  Dont : la découpe des syllabes du mot puisqu’en début de syllabe le chéva se prononce « é » ; et les traditions.

[7] Vocalisation selon le Tikoun Ich Maçlia’h. Ici, l’explication de la vocalisation du chéva semble liée à la découpe des syllabes du mot.  En début de syllabe le chéva se prononce « é ».   

[8]  Hamayma (Vocalisation selon le Tikoun Ich Maçlia’h) et non hamayéma.

[9]  Boulanger (2006), p. 63.

[10] Surtout des mots commençant par aleph et avec l’article défini .

[11] Dans les exemples ci-après, nous redoublons la lettre comportant un dagèch, contrairement aux règles de transcription adoptées dans cet ouvrage.

[12] Ce n’est pas le cas pour chéva kamats: אָֽהֳלֵ֨י aholé (Bémidbar 16, 26); אָֽהֳלֵיהֶ֔ם  aholéhem (Bémidbar 16,27) 

[13] Accent principal (ta’am tar’ha) sur le chin ; accent secondaire (ga’ya) sur le kof. Au contraire, s’il fait partie d’une syllabe se terminant par une voyelle, il se prononce « a ». Cf. D. Ellul (2003), p. 305.

[14] Dammron A. (1961), p. 12. L’accent principal (tar’ha, placé en syllabe tonique est sur le chin ; et l’accent secondaire (ga’ya) est sur le kof.

[15] Boulanger (2006), p. 63.

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