BAMIDBAR (NOMBRES)
Haftara commune aux différentes coutumes (Hochéa’ 2, 1-22)
וְֽ֠הָיָה מִסְפַּ֤ר
Retrouvailles
Contexte historique
Cette haftara présente un extrait du chapitre 2 du livre du prophète Hochéa’ (Osée)[1]. Hochéa’ hanabi a vécu au 8ème siècle avant l’ère courante (vers 750-722 AEC[2]) quelque deux siècles avant la destruction du premier Temple. Il fut le contemporain des prophètes Yécha’ya, 'Amos et Mikha; 'Azaryahou (Ozias) régnait sur Yéhouda (Hochéa' 1,1). En ce temps-là, le long déclin du royaume ainsi que les infidélités du peuple envers Hachèm font que les prophètes donnent des avertissements pressants pour que les comportements changent. Ils annoncent aussi l’alliance indefectible de Hachèm pour son peuple, en un pacte éternel.
On peut trouver deux relations entre le sujet de cette haftara et ceux développés dans la paracha de la semaine. Avant de développer ci-après ces deux correspondances, présentons-les.
Une première correspondance peut être notée : dans le livre Bamidbar - souvent traduit par « Nombres » - de nombreux versets rendent compte du recensement des Hébreux. Dans cette haftara on lit : וְֽ֠הָיָה מִסְפַּ֤ר בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵל֙ כְּח֣וֹל הַיָּ֔ם אֲשֶׁ֥ר לֹֽא־יִמַּ֖ד וְלֹ֣א יִסָּפֵ֑ר (Hochéa’ 2,1). Le prophète Hochéa’ évoque le nombre des enfants d'Israël qui, seront comme les grains de sable qui ne peuvent être comptés.
Une seconde correspondance peut être notée : la présente haftara fait allusion au désert לָכֵ֗ן הִנֵּ֤ה אָֽנֹכִי֙ מְפַתֶּ֔יהָ וְהֹֽלַכְתִּ֖יהָ הַמִּדְבָּ֑ר וְדִבַּרְתִּ֖י עַל־לִבָּֽהּ׃ (Hochéa’ 2, 16). C’est justement dans le désert que se déroule le sujet de la paracha de la semaine qui relate l’organisation du camp des enfants d’Israël pendant les quarante ans de leur voyage vers Erets Israël, après la sortie d’Egypte. Le titre de la paracha est Bamidbar (au désert). Hachèm n’a pas conduit directement le peuple de la terre où il avait subi l’esclavage, jusqu’à la Terre promise aux patriarches pour leurs descendants. Avant de les conduire dans le pays qui leur est destiné, il tient à le maintenir auprès de lui dans une grande proximité, loin de toute « distraction » [3]. Sur leur Terre, ils auraient été occupés par la lutte armée contre les Cananéens, et aussi par la nécessité de produire les ressources indispensables à leur vie quotidienne : agriculture, commerce, etc.
Mais grâce à la parenthèse de 40 ans qu’Hachèm a inséré dans l’histoire du peuple, il est devenu possible aux « époux » de vivre en tête à tête ces les premiers temps de leur relation pour « faire connaissance », à l’instar d’un homme et d’une femme qui viennent de se choisir et de se fiancer.
Les retrouvailles entre Hachèm et Son peuple
Hochéa’ prophétise que Hachèm et son peuple (symboliquement le mari et sa femme) vont se retrouver dans l’intimité et la proximité de leurs premières rencontres: לָכֵ֗ן הִנֵּ֤ה אָֽנֹכִי֙ מְפַתֶּ֔יהָ וְהֹֽלַכְתִּ֖יהָ הַמִּדְבָּ֑ר וְדִבַּרְתִּ֖י עַל־לִבָּֽהּ « Aussi, voici, moi-même, je la séduis, je la fais aller au désert et je parle à son coeur » (Hochéa’ 2, 16) [4] . Une entente de fiancés vivant un amour intense.
Ces retrouvailles, dans l'amour renouvelé, font suite à la mauvaise conduite e de l'épouse infidèle (à qui est comparé le peuple d'Israël). On a lu dans la haftara un verset narrant cet éloignement « Elle se parait de sa narinière, de ses joyaux; elle allait derrière ses amants; et, moi, elle m’a oublié, harangue de Hachèm Dieu » (Hochéa’ 2,16).
Le Talmud raconte que Hachèm se révéla à Hochéa' le prophète et lui dit: "Tes enfants ont fauté!". A quoi le prophète comprenant le mécontentement de Hachèm ne fit pas appel à la méséricorde divine. Tout au contraire, il dit : "Toute l'humanité T'appartient! Troque-les contre une autre nation!" (T.B. Pessa'him 87 a)[5]. Mais Hachèm voulait pardonner et qu'Israël retourne à Lui comme aux meilleures époques de son histoire. Il décida de faire comprendre au prophète qu'Il n'est pas possible de se séparer de qui on aime, et ce, même si l'objet de son amour est loin d'en être digne. Il lui ordonna d'épouser une femme de mauvaise vie et de fonder une famille avec elle: il épousa Gomer bat Diblayim qui enfanta deux garçons et une fille (Hochéa’ 1, 3-9). Après quoi, Hachèm lui ordonna de se séparer de sa femme, ce que ne put faire le prophète qui supplia Hachèm de renoncer à son exigence, tout en prenant conscience que sa situation était comparable à celle de Hachèm ne voulant se séparer de son peuple pourtant fautif. Au lieu de maintenir sa réponse précédente: "Troque les contre un autre peuple", il pria pour que Hachèm protège Son peuple de Sa méréricorde. Ce qu'accepta le Saint, béni-soit-Il.
Malgré les reproches et les menaces suite à l’infidélité du peuple, Hachèm, par la voix du prophète espère le retour vers Lui de Son peuple, avec son amour, car Son alliance n’est pas une alliance qui peut cesser. La fin de la haftara présente cet avenir dans des termes émouvants. Hochéa’ annonce une union éternelle dont les triples liens de fiançailles sont gage d’une solidité à toute épreuve וְאֵֽרַשְׂתִּ֥יךְ לִ֖י לְעוֹלָ֑ם וְאֵֽרַשְׂתִּ֥יךְ לִי֙ בְּצֶ֣דֶק וּבְמִשְׁפָּ֔ט וּבְחֶ֖סֶד וּֽבְרַחֲמִֽים׃ וְאֵֽרַשְׂתִּ֥יךְ לִ֖י בֶּֽאֱמוּנָ֑ה וְיָדַ֖עַתְּ אֶת־יְהוָֽה׃ « Je te fiancerai à Moi pour toujours. Je te fiancerai à Moi grâce à la tsédaka [charité] et à la justice [que tu pratiqueras alors. Et je te comblerai Moi-même] en amour et miséricorde. Je te fiancerai à Moi [en récompense] de la foi [que tu éprouves envers Moi]. Et tu reconnaîtras dorénavant Hachèm » (Hochéa’ 2, 21-22). Par le mot וְיָדַ֖עַתְּ on apprend que Israël auras une plus grande connaissance de Hachem »
Ces trois expressions de fiançailles sont prononcées par le juif chaque matin lorsqu'il met ses Tephilines et enroules les lanières des Tefilines autour du majeur de la main gauche entoure des trois tours de lanière, « évoquant ainsi trois bagues de fiançailles »[6].
Cet acte quotidien témoigne de son attachement aux Lois divines[7].
Radak enseigne que la triple répétition du terme « fiancer » correspond aux exils qu'Israël eut à subir ; en Egypte, en Babylonie et dans l’exil d’Edom
[8]. Pendant ces exils, la conduite d’Israël n’était pas conforme à l’alliance avec Hachèm : éloignement de la justice, transgression du chabbat, mariages mixtes… Mais Hachèm nous témoignera son amour lorsque nous aurons fait un retour sincère vers Lui… Car l’homme doit manifester la fidélité à Son alliance, et avoir conscience de Ses bienfaits.
Cette Haftara annonce le prochain « retour » de Hachèm, « et l’obligation qui nous incombe d'appliquer plus scrupuleusement les préceptes divins, en raison de cette alliance indéfectible, et pour que s'exercent la justice, le droit, l'amour, autant de notions que la longueur de nôtre exil n'a pas encore réussi à implanter solidement dans notre société. »[9]
On retrouvera en ce temps-là, la proximité avec Hachèm dans l'alliance que rien ne peut détruire entre Hachèm et Son peuple : « Une alliance de sel ». Alors, se réalisera ce qui est écrit dans Débarim : וְשַׁבְתָּ֞ עַד־יְהוָ֤ה אֱלֹהֶ֨יךָ֙ וְשָֽׁמַעְתָּ֣ בְקֹל֔וֹ כְּכֹ֛ל אֲשֶׁר־אָֽנֹכִ֥י מְצַוְּךָ֖ הַיּ֑וֹם אַתָּ֣ה וּבָנֶ֔יךָ בְּכָל־לְבָֽבְךָ֖ וּבְכָל־נַפְשֶֽׁךָ׃ וְשָׁ֨ב יְהוָ֧ה אֱלֹהֶ֛יךָ אֶת־שְׁבֽוּתְךָ֖ וְרִֽחֲמֶ֑ךָ וְשָׁ֗ב וְקִבֶּצְךָ֙ מִכָּל־הָ֣עַמִּ֔ים אֲשֶׁ֧ר הֱפִֽיצְךָ֛ יְהוָ֥ה אֱלֹהֶ֖יךָ שָֽׁמָּה׃ « Tu reviendras vers le Seigneur ton Dieu, tu Lui obéiras, et Il te rassemblera au milieu de tous les peuples où Hachèm ton Dieu t'a dispersé » (Débarim 30, 2-3).
Hochéa’ prophétise une alliance renouvelée, car l'amour entre Hachèm et Son peuple doit réapparaître dans toute sa force initiale, comme le montre le prophète dans cette haftara. « Aussi, voici, Moi, Je la séduis, Je la fais aller au désert et Je parle à son coeur" (Hochéa’ 2,16).
Dans cette haftara, on apprend qu’Israël n’est pas une femme répudiée. Certes, elle a été infidèle, mais tout n’est pas encore perdu : Il a l’intention de « séduire » de nouveau la communauté des enfants d’Israël. Ce retour au désert, ce n’est pas un rappel nostalgique du passé, un retour dans la région où les nouveaux époux ont vécu leurs premières amours, leur lune de miel ! Il s’agit plutôt de créer les conditions pour que se recréent en ce lieu les bases d'une nouvelle proximité. Grâce à l’isolement du désert, les Hébreux se sont rendus compte qu’ils n’avaient que Hachèm sur qui s’appuyer : pour la manne, pour l’eau, pour les victoires sur les ennemis… En retournant au désert, les Hébreux, une fois de plus, se rendront compte de tout ce qu'ils doivent à Hachèm, tant au niveau matériel qu’au niveau spirituel.
C’est pourquoi Hachèm veut retrouver la saveur de cette époque du désert pour que refleurisse l’amour d’Israël comme aux premiers jours. « Là, elle répondra comme aux jour de sa jeunesse, comme au jour de sa montée de la terre d'Egypte » (Hochéa’ 2,17). וְהָיָ֤ה בַיּוֹם־הַהוּא֙ נְאֻם־יְהוָ֔ה תִּקְרְאִ֖י אִישִׁ֑י וְלֹֽא־תִקְרְאִי־לִ֥י ע֖וֹד בַּעְלִֽי׃ « A cette époque, dit Hachèm, tu m’appelleras: mon époux et tu ne m’appelleras plus : Mon maître » (Hochéa’ 2,18) [10].
Comme l’explique bien le Pr. André Néher, « les prophètes reviennent… très régulièrement au symbolisme conjugal pour décrire les aspects notables ou les incidents de l’amour de Dieu et d’Israël. C’est ainsi qu’avant de ‘connaître’ Dieu, Israël est une vierge[11]». Après le mariage désigné par plusieurs termes, vient la période de la fécondité où naissent les enfants de Dieu et d’Israël[12]. Mais l’infidélité d’Israël est comparée à la prostitution d’une femme adultère[13]; les enfants dont parle le texte sont parfois illégitimes.
Chaque fois que cet amour est trahi, il en découle les reproches des prophètes, mais aussi des catastrophes conjugales ou familiales: abandon et répudiation, mort des enfants, veuvage. Ce qui se traduit au niveau politique et militaire par une diminution de la force du peuple et ses chefs par rapport aux autres puissances. Mais parfois, les enfants perdus sont retrouvés[14]. « Le ‘retour à Dieu’ est alors l’équivalent d’une réconciliation entre les époux séparés ou d’un nouveau mariage »[15]. Des éléments de ce symbolisme conjugal illustrent l’évocation, par les prophètes du retour à Dieu, et de la rédemption nationale[16].
C’est, notamment ce qu’exprime Hochéa’ dans la présente haftara par cette prophétie. La Vérité éternelle dont est porteur Israël est capable de sauver l'humanité entière. Mais Israël, doit prendre conscience la mission dont il est investi : une mission d’ordre social, pronant l'amour du prochain et la pratique de la justice. Alors il leur sera dit : יֵֽאָמֵ֥ר לָהֶ֖ם בְּנֵ֥י אֵֽל־חָֽי « Fils du Dieu vivant » (Hochéa’ 2, 1).
La conséquence sera spirituelle, mais elle se traduira aussi par un pacte conduisant à la fin de l’exil: בְּנֵֽי־יְהוּדָ֤ה וּבְנֵֽי־יִשְׂרָאֵל֙ יַחְדָּ֔ו וְשָׂמ֥וּ לָהֶ֛ם רֹ֥אשׁ אֶחָ֖ד וְעָל֣וּ מִן־הָאָ֑רֶץ כִּ֥י גָד֖וֹל י֥וֹם יִזְרְעֶֽאל׃ Et les fils de Yéhouda et les fils d’Israël ensemble se grouperont, et s’établiront un chef, et monteront du pays. Car il est grand, le jour de Yizré’el ! » (Hochéa’ 2, 2).
La conséquence sera aussi que la paix règnera. Hachèm promet. וְכָֽרַתִּ֨י לָהֶ֤ם בְּרִית֙ בַּיּ֣וֹם הַה֔וּא עִם־חַיַּ֤ת הַשָּׂדֶה֙ וְעִם־ע֣וֹף הַשָּׁמַ֔יִם וְרֶ֖מֶשׂ הָֽאֲדָמָ֑ה וְקֶ֨שֶׁת וְחֶ֤רֶב וּמִלְחָמָה֙ אֶשְׁבּ֣וֹר מִן־הָאָ֔רֶץ וְהִשְׁכַּבְתִּ֖ים לָבֶֽטַ « En ce jour-là, je ferai pour eux un pacte avec les bêtes des champs, et les oiseaux des cieux et les reptiles du sol. Et l’arc, l’épée et la guerre, Je les briserai du pays et ferai demeurer [chacun] en paix » (Hochéa’ 2, 20). [17]
Que la réalisation de cette prophétie de Hochéa’ se produise de nos jours ! Amen
[1] Vers 750 avant l’ére courante (AEC).
[2] A. Abécassis, T.2, ouvrage cité.
[3] Leur rétablissent physique était aussi indispensable afin de réparer leurs forces amoindries (Chir hachirime raba 2). Autre raison : la pénurie de ressources du désert a fait comprendre aux Hébreux combien ils étaient dépendants de Hachèm ; cette mêle pénuerie a démontré de manère miraculeuse que Hachèm veillait sur eux avec affection (T.B. Yoma 76 a).
[4] Trad. A. Chouraqui.
[5] Lire R' Jacques Kohn (éditeur, 1997), La haftara commentée, Institutions Yad Mordekhaï, pp. 108-109.
[6] R’ Ch. Aviner (5763/2002-3), Haftaroth. Pensée juive sur la haftarah, Jérusalem, pp. 136-7.
[7] RACONTER - Une histoire vécue mérite d’être rapportée à ce propos. Lisons : ce matin-là, « j’étais dans le métro… en route vers mon travail », lisant un texte du Tanakh. C’est alors qu’un chanteur-guitariste regardant la page, a demandé : « ‘Votre fiancée vous a écrit ?’. ‘Oui !’, répondis-je en souriant... J’avais eu comme un éblouissement de compréhension : je réalisais pourquoi, chaque matin, en mettant mes téphilines… je récitais la phrase biblique et traditionnelle (Osée, 2, 21-22) : ‘Véérastikh li lé’Olam… Je te fiancerai à Moi pour l’Eternité…’. Miracle du quotidien ! A 7 heures, chez moi, je déclare rituellement que je me ‘fiance’ à D.ieu, et à 8h30, dans le métro, un poète inspiré me demande précisément si je lis une lettre de ‘ma fiancée‘! Preuve spirituelle que nos actes religieux habituels, que nous faisons parfois par habitude (ce qui est déjà plutôt bien) répondent à une réalité profonde, concrète, que les plus sensibles des personnes qui nous entourent peuvent ressentir, à leur manière, même dans le métro, aux heures de pointe ! En fait, le compte du ‘Omer, ne serait-ce pas cela, aussi ? De compter les jours avec impatience, en attendant le don de la Thora, cette lettre d’amour que le Fiancé divin du peuple d’Israël réexpédie fidèlement, chaque Chavou’ot, à chacun d’entre nous ? » Gilles Joseph Bakis (2010), « Votre fiancée vous a écrit ? », Actualité juive hebdo, Paris, 13 Mai, n° 1117, page 11.
[8] Radak, cit. R’ Alain Goldmann (2001), Commentaire des haftarot, in R’ Marc Breuer, Commentaire de la torah, Kéren hasefer vehalimoud, Paris, Paris, pp. 186-187.
[10] Ces mots font comprendre aussi que la récompense suprême est que l’être humain accèdera à une plus grande connaissance de Hachèm.
[11] bétoula ou alma. Voir par ex. les versets suivants.
- נָֽפְלָה֙ לֹֽא־תוֹסִ֣יף ק֔וּם בְּתוּלַ֖ת יִשְׂרָאֵ֑ל נִטְּשָׁ֥ה עַל־אַדְמָתָ֖הּ אֵ֥ין מְקִימָֽהּ׃ ('Amos 5,2).
[12] וּשְׁמוֹתָ֗ן אָֽהֳלָ֤ה הַגְּדוֹלָה֙ וְאָֽהֳלִיבָ֣ה אֲחוֹתָ֔הּ וַתִּֽהְיֶ֣ינָה לִ֔י וַתֵּלַ֖דְנָה בָּנִ֣ים וּבָנ֑וֹת וּשְׁמוֹתָ֕ן שֹֽׁמְר֣וֹן אָֽהֳלָ֔ה וִירֽוּשָׁלִַ֖ם אָֽהֳלִיבָֽה׃ « Leurs noms, Ahola la grande, et Aholiba sa soeur. Elles sont à moi. Elles enfantent des fils et des filles. Leurs noms: Samarie, Ahola; et Jérusalem, Aholiba » (Yé'hézkiel 23,4). Le verset précise que Ohola et Oholiva ont pour significations: Samarie et Jérusalem. André Néher précise que cela veut dire: le royaume du Nord (Samarie) et le royaume du Sud (Yéhouda): 1995, p. 225).
[13] Cette violation des liens sacrés de l’amour conjugal donnent lieu à des paroles de reproches sévères. Cela a une correspondance avec les actes du prophète Hochéa’, tels qu'ordonnés par Hachèm: וַיֹּ֨אמֶר יְהוָ֜ה אֶל־הוֹשֵׁ֗עַ לֵ֣ךְ קַח־לְךָ֞ אֵ֤שֶׁת זְנוּנִים֙ וְיַלְדֵ֣י זְנוּנִ֔ים כִּֽי־זָנֹ֤ה תִזְנֶה֙ הָאָ֔רֶץ מֵאַֽחֲרֵ֖י יְהוָֽה׃ « Et Hachèm dit à Hochéa’: ‘Va, prends-toi une femme de prostitution et des enfants de prostitution ; car la terre se prostitue, elle se prostitue, au loin derrière Hachèm. » Hochéa’ 1,2).
[14] Voir par exemple: "Jubile, stérile, toi qui n’as pas enfanté ! ... Car les fils de la désolée sont plus nombreux que les fils de la mariée..." (Yécha’yahou 54,1). "Qui m’a enfanté ceux-là, ... qui les a fait grandir ? Voici, j’étais restée seule. Ceux-là, d’où sont-ils ?" (Yécha’yahou 49, 21).
[15] Néher, André (1955), L’essence du prophétisme, PUF ; rééd. 1995, Prophètes et prophéties. L’essence du prophétisme, Petite Bibliothèque Payot, pp. 225-231.
[16] Voir par exemple: וְנוֹדַ֤ע בַּגּוֹיִם֙ זַרְעָ֔ם וְצֶאֱצָֽאֵיהֶ֖ם בְּת֣וֹךְ הָֽעַמִּ֑ים כָּל־רֹֽאֵיהֶם֙ יַכִּיר֔וּם כִּ֛י הֵ֥ם זֶ֖רַע בֵּרַ֥ךְ יְהוָֽה׃ " Leur postérité sera connue chez les nations, leurs descendants dans les peuples. Tous ceux qui les verront les reconnaîtront car eux [sont] la postérité bénie par Hachèm" (Yécha’yahou 61,9). כֵּ֣ן ׀ אֲדֹנָ֣י יְהוִ֗ה יַצְמִ֤יחַ צְדָקָה֙ וּתְהִלָּ֔ה נֶ֖גֶד כָּל־הַגּוֹיִֽם׃ "Oui, Mon Seigneur Hachèm fait germer la justifice et la louange devant toutes les nations" (Yécha’yahou 61,11).
[17] Selon la traduction du verset dans : J. Kohn (1997), La Haftara commentée…, Paris, p. 109.