46* ‘EKEB (Débarim 7, 12 – 11, 25)
Résumé
Cette paracha poursuit la récapitulation, par Moché, de l’histoire et des attentes divines envers les Hébreux. Elle « organise tous les enseignements de la Torah en deux catégories : bonheur ou malheur (bénédiction ou malédiction) et présente cela comme un absolu (ou Hachèm, ou les autres cultes interdits) » [1]. Moché enjoint au peuple de respecter les mitsvot prescrites et assure que de leur accomplissement découlent des récompenses : prospérité, bonheur et paix.Cette paracha présente plusieurs mitsvot importantes, et notamment celles qu’il faudra observer sur la terre d'Israël.
Comme dans la paracha précédente, l’action individuelle est nécessaire à côté des actions collectives du peuple. Certaines actions individuelles sont indiquées dans cette paracha : les téphilines pour les hommes (11, 18 - et 6, 8) ; la mézouza à fixer à sa porte (11, 20) ; la prière aussi [2] (Moché reprend le second paragraphe du chéma’ [3] qui est au cœur de la prière quotidienne ; bénédiction après le repas[4]).
Moché rappelle ses nombreuses interventions pour obtenir le pardon divin après des fautes du peuple « dur de nuque » (9,7 ; 9,13) : veau d’or (9, 7-21), révolte de Kora’h (9, 7-21), faute des explorateurs (9, 7-21), révolte de Datan et Abiran (11,6).
Moché donne des exemples du grand amour de Hachèm envers Son peuple, amour dont témoignent les nombreux bienfaits reçus depuis la sortie d’Egypte : don des deuxièmes tables de la loi (10,1-5 [5]) ; manne [6], etc.
D’autres bienfaits sont annoncés pour le futur dont la fertilité de la terre d’Israël: un pays qui dispose de ressources en eau [7] et ruisselle de lait et de miel (le miel des dattes). La qualité des principaux fruits du pays des « sept espèces » [8] témoigne de l’ampleur des bénédictions divines.[9]
[1]R’ Y.R. Dufour[2]וּלְעָבְד֔וֹ בְּכָל־לְבַבְכֶ֖ם וּבְכָל־נַפְשְׁכֶֽם׃. Le service de Hachèm, service du cœur et de l’âme, passe notamment par la prière.
[3]Débarim 11, 13-21.
[4]וְאָֽכַלְתָּ֖ וְשָׂבָ֑עְתָּ וּבֵֽרַכְתָּ֙ אֶת־יְהוָ֣ה אֱלֹהֶ֔יךָ עַל־הָאָ֥רֶץ הַטֹּבָ֖ה אֲשֶׁ֥ר נָֽתַן־לָֽךְ׃ « Et tu mangeras, et tu seras rassasié, puis tu béniras Hachèm, ton Dieu, à cause du bon pays qu'il t'a donné » (Débarim, 8, 10).
[5]Voir la dracha « Les quarante jours et le don de la Torah » (Paracha Yitro, tome 1 de La voix de Jacob).
[6] La manne vient enseigner que l’homme ne vit pas que de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Hachèm (וַֽיְעַנְּךָ֮ וַיַּרְעִבֶךָ֒ וַיַּאֲכִֽלְךָ֤ אֶת־הַמָּן֙ אֲשֶׁ֣ר לֹֽא־יָדַ֔עְתָּ וְלֹ֥א יָֽדְע֖וּן אֲבֹתֶ֑יךָ לְמַ֣עַן הוֹדִיֽעֲךָ֗ כִּ֠י לֹ֣א עַל־הַלֶּ֤חֶם לְבַדּוֹ֙ יִֽחְיֶ֣ה הָֽאָדָ֔ם כִּ֛י עַל־כָּל־מוֹצָ֥א פִֽי־יְהוָ֖ה יִֽחְיֶ֥ה הָֽאָדָֽם׃ Débarim 8, 3)et que les épreuves prennent fin(הַמַּאֲכִ֨לְךָ֥ מָן֙ בַּמִּדְבָּ֔ר אֲשֶׁ֥ר לֹֽא־יָדְע֖וּן אֲבֹתֶ֑יךָ לְמַ֣עַן עַנֹּֽתְךָ֗ וּלְמַ֨עַן֙ נַסֹּתֶ֔ךָ לְהֵיטִֽבְךָ֖ בְּאַֽחֲרִיתֶֽךָ׃ « … afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin »(Débarim 8, 16).
[7] Les ressources en eaux sont présentées comme relevant de deux catégories : des eaux de surface et des eaux souterraines כִּ֚י יְהוָ֣ה אֱלֹהֶ֔יךָ מְבִֽיאֲךָ֖ אֶל־אֶ֣רֶץ טוֹבָ֑ה אֶ֚רֶץ נַ֣חֲלֵי מָ֔יִם עֲיָנֹת֙ וּתְהֹמֹ֔ת יֹֽצְאִ֥ים בַּבִּקְעָ֖ה וּבָהָֽר׃« Car Hachèm, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d’eaux, de sources, et [d’eaux] des abîmes qui sortent dans les vallées et les montagnes » (Débarim 8, 16). Peut-être peut-on voir là une allusion à la Torah (eau) : les eaux de surface faisant allusion aux sens accessibles de la Torah (PRD) et les eaux souterraines faisant allusion au sens caché (sod). A ce niveau de compréhension, une hiérarchie existe parmi ceux qui tentent d’y accéder : alors que certains accèdent aux sommets, d’autres s’enfoncent dans les ravins. Peut-on voir là une discrète allusion à notre époque, où tout un chacun prétend être cabbaliste, même s’il n’est pas respectueux des mistvot (même s’il n’est pas même entré dans l’Alliance d’Abraham !).
[8]Blé, orge, vigne, figue, grenade, olive, datte (8, 8).
[9] Autres orthographes pour ‘Ekev: Ekev, Êqev