Ouverture de la chasse au Cha’atnez à Montpellier !
par Hillel Bakis,
Actualité juive, rubrique 'Régions', avril 2008
Parmi les « grandes conférences » rabbiniques tenues à Monpellier au premier semestre, la question du chaatnez a été programmée : il s’agissait d’attirer l’attention de chacun sur cette mitzva aussi peu connue que pratiquée, alors que la Torah interdit de tirer un quelconque profit du mélange de lin et de laine (vêtements notamment). .
Le Dimanche 30 mars, une conférence était organisée par l’ACIM en la Synagogue Ben Zakaï. Présenté par M. le Rabbin Didier Kassabi, le Rav Chalom Lévy, bodek (vérificateur) parisien, a pu introduire le sujet par des explications détaillées, qui furent suivie d’un débat animé. Après quoi, un atelier temporaire a été installé (comprenant notamment un microscope perfectionné). Il fonctionna sans discontinuer jusqu’à près de 19 h… limite maximale possible avant min’ha puis le retour à la gare.
Sur la table de travail : un costume coûteux abandonné par un jeune marié. Le costume n’était pas réparable tant il contenait de mélanges laine et lin. Le Rav précisa que 9 costumes sur 10 des costumes que les futurs mariés lui donnaient à vérifier étaient impropres et qu’il n’y avait aucune régle. Chaque vêtement doit être vérifié, car rien n’empêche les fabricants industriels (et encore plus les artisans tailleurs) de changer de fil, ou de tissus en cours de fabrication d’une même série.
L’intervenant a littéralement captivé l’assistance (une soixantaine de personnes, venues avec des sacs d’habits). Les questions ont révélé à la fois la découverte d’un problème souvent inconnu et un besoin latent non satisfait depuis des années.
Plusieurs personnes ont fait part de leur perplexité :
-Pourquoi, les beth din ne créent-ils pas des structures, comme pour la cacherout de la viande ? »
-« que deviennent les vêtements? Si on me rend une veste avec les doublures décousues, qu’est-ce que je fais ? Un tailleur risque de remettre du fil lin » :
-témoigné de la difficulté de respecter cette mitzva de la torah :
- « lorsque j’ai compris que ce commandement était si important, j’ai voulu faire vérifier ma garde-robe, mais il faudrait disposer d’un vérificateur à demeure pendant un ou deux jours, voire plus ! »
- « j’ai envoyé un colis de vêtements pour vérification, mais, depuis près de deux mois, il est toujours dans la file d’attente » :
L’après-midi avait trouvé son rythme : vérifications attentives du bodek, remise en état des vêtements par un tailleur de la communauté venu spécialement pour assister le rav, pendant ce temps, les personnes présentes discutaient sur le thème de la journée. Les uns, sans illusions estimaient que « si on cherche on va finir par trouver… ». D’autres s’étonnaient de la contradiction entre l’insistance rabbinique sur l’importance de cette mitzva et, en regard, la relative absence de réponse pratique, surtout pour les communautés de province.
Quelqu’un se demanda s’il fallait , en cette époque de chômage des jeunes, il n’était pas ,
De nombreux vêtements restant en souffrance mais l’objectif de l’ACIM était atteint : mieux faire connaître les difficultés réelles du respect de cette mitzva peu respectée.
Hillel BAKIS
Note de l'éditeur : voir le livre du rav publié en 2011
Rav Chalom LEVY, Les lois du chaatnez. Guide pratique, Editions Darkon-Passeport, Paris, 2011, 94 p.