Entendement et foi

Sur la paracha Tazria'. Entendement et foi

par R' Eliyahou Bakish

Trois textes sont lus en ce chabbat : la paracha, la haftara et le Nassi. Une seule idée directrice : la foi au-delà de l’entendement.

La paracha Tazria’ présente des lois liées à l’impureté (accouchées, lépreux) et à la purification. Non péjorative, la notion d’impureté, ne décrit ni une maladie ni un manque d’hygiène mais un état spirituel. Or, une loi dont le bien-fondé n’est pas évident rend complexe son acceptation ; elle dépasse l’entendement ! Les instituts talmudiques et rabbiniques forment à la précision juridique et à la discussion. Mais aux limites de l’intellect commence l’annulation de soi. Le roi Salomon, ne cernant pas une loi liée à l’impureté, ne la remit pas en question. Entre deux versets concernant l’impureté se trouve l’injonction de la circoncision (Vayikra 12, 3), acte purificateur qui rend l’enfant apte à sa mission spirituelle. Si les sujets paraissent contraires, le message est un : foi au-delà de l’entendement.

Dans la haftara, le général Na’amane fait appel au prophète Elicha’ pour le guérir de la lèpre. Ce dernier lui enjoint de se tremper dans le Jourdain. « Les fleuves de Damas ne sont-ils pas meilleurs que toutes les eaux d’Israël ?» argue le général. Il finit par suivre les directives et guérit. Sa guérison physique fut d’abord spirituelle. Le général souhaita même se convertir. Le destin du peuple juif dépasse l’entendement : doit-on rappeler qu’Avraham et toutes les matriarches étaient stériles ? Que ce peuple survivra aux plus grands empires ?

Le texte du Nassi. Pendant le mois de Nissan, on lit les textes décrivant les offrandes apportées par les princes des tribus lors de l’inauguration du michkane. Parmi les descriptions des offrandes, on lit les versets concernant le prince de la tribu de Chim’one : Cheloumiel ben Tsourichaday. Le Talmud (Sanhédrine 82b) enseigne qu’il s’agit de Zimri qui fauta quelques décennies plus tard avec une princesse païenne. Il chutera spirituellement en suivant sa logique : « Si cette femme est interdite, qui t’a permis la fille de Yitro », dit-il à Moché. Ce texte et la paracha rappellent que la pureté et le mérite de la circoncision s’entretiennent. En écho à la haftara, on voit que si la progression est possible, la chute l’est hélas, tout autant. À D.ieu ne plaise!
Le service divin, même au-delà de notre entendement, contribuera à la venue du Machia’h.

 

(c) R' Eliyahou Bakish (mars 2024). Publié dans Actualité juive (avril 2024).