Les recensements
שְׂא֗וּ אֶת־רֹאשׁ֙ כָּל־עֲדַ֣ת בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵ֔ל לְמִשְׁפְּחֹתָ֖ם לְבֵ֣ית אֲבֹתָ֑ם בְּמִסְפַּ֣ר שֵׁמ֔וֹת כָּל־זָכָ֖ר לְגֻלְגְּלֹתָֽם׃ מִבֶּ֨ן עֶשְׂרִ֤ים שָׁנָה֙ וָמַ֔עְלָה כָּל־יֹצֵ֥א צָבָ֖א בְּיִשְׂרָאֵ֑ל תִּפְקְד֥וּ אֹתָ֛ם לְצִבְאֹתָ֖ם אַתָּ֥ה וְאַֽהֲרֹֽן׃
« Relevez les têtes de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles, selon leurs maisons paternelles, au nombre des noms, tout mâles, par crâne : depuis l’âge de vingt ans et plus, tous ceux d’Israël sortant à l’armée, vous les compterez[1] pour leurs armées, toi et Aharon » (Bamidbar 1, 2-3).
Le livre de la Torah qui commence avec cette paracha est nommé Bamidbar selon un des mots de son premier verset. Il est également nommé séfer hapékoudim[2]. Dans la Septante (la traduction grecque), puis dans la Vulgate (la traduction latine) ce livre a reçu le titre de « Nombres » à cause des recensements qu’on y trouve. Les enfants d’Israël sont dénombrés par Mochè et Aharon à la demande de Hachèm (Bamidbar 1,20-46); les Lévites (Bamidbar 3,14-39) et les Anciens (Bamidbar 3,40-51) sont aussi dénombrés en particulier. Dans la paracha Pin’has - dans ce même livre de Bamidbar - un nouveau recensement est effectué après la traversée du désert et ses épreuves (Bamidbar 26). Dans le même ordre d’explication, le recensement effectué après la faute du veau d’or servait à compter les rescapés (Chémot 30, 12).
L’étude de la Torah - même des pages les plus connues - doit faire surgir des questions à chaque lecture. Ici, on ne peut manquer de s’interroger : pourquoi Hachèm qui sait tout, demande-t-Il à Moché de procéder à des recensements ? Hachèm n’a certes pas besoin d’attendre la fin du décompte pour en connaître le résultat à l’unité près ! Alors qu’est-ce que cela signifie ?
Un recensement pour faire de la collectivité d’Israël une entité globale
Un premier niveau de réponse est fourni par le sens littéral (pechat) : le premier recensement visait à mettre en place l’armée ; il fallait donc connaître quel était le total des hommes de plus de vingt ans. Le deuxième recensement avait aussi un but utilitaire : préparer la répartition de la terre d'Israël entre tribus. Ces dénombrements marquaient la transformation des anciens esclaves en un peuple organisé avec une armée, des prêtres…. Les conséquences de cette organisation étaient grandes. Le Sforno זצ״ל explique : « Dans le quatrième livre, il est relaté comment [Dieu] a voulu montrer son amour [aux enfants d'Israël] en organisant leur camp comme celui du Char divin (Merkava), tel qu'il est décrit par les Prophètes, et Son intention était qu'ils se déplacent de la même manière qu'ils campaient, de manière à pouvoir entrer sur la terre sans avoir à combattre avec des armes »[3].
David Saada résume le propos : « le camp d'Israël ainsi structuré, est le véhicule de la Chékhina. Ses déplacements font rayonner la Présence divine dans les lieux où elle est occultée, et c'est pourquoi les populations cananéennes, fermées au contact avec Hachém, n'étaient pas en mesure de supporter le ‘choc’ spirituel de la rencontre avec Israël »[4]. Elles devaient s’effondrer « face à la lumière éblouissante des armées de la sainteté. L'ère messianique, c'est-à-dire le devenir universel du message de la Torah, aurait alors commencé immédiatement »[5]. Mais les choses n’ont pu évoluer de la sorte ; l’ère messianique avait été repoussée après la faute du premier couple ; elle l’a été une fois de plus après la faute du veau d’or. Le travail spirituel des enfants d’Israël devait donc se poursuivre pendant un plus grand nombre de générations, jusqu’à nos jours et la prochaine venue du Machia’h.
Un recensement qui enseigne le rôle essentiel de chacun
Rachi apporte une raison bien différente à celle de l’utilité pratique des dénombrements. Dès son premier commentaire du livre Bamidbar il enseigne: « C'est parce qu’ils [Israël] Lui sont chers, qu’Il [Hachèm] les compte à tout moment. Quand ils sont sortis d’Egypte, Il les a comptés et quand ils ont fauté lors du [péché du] Veau d’Or, Il les a comptés… et quand Il est venu faire reposer Sa présence divine sur eux [Bamidbar 1], Il les a comptés » [6].
De fait, compter un objet c’est lui accorder une valeur intrinsèque : ainsi, on compte les diamants un à un, alors que des objets non précieux (pommes de terre par exemple) s’évaluent au poids ! Compter, c’est considérer que chaque objet ou chaque individu a une valeur propre. R’ M.M. Schneerson זצוק"ל illustre la dimension la profonde du dénombrement à travers des considérations halakhiques. En certaines circonstances, un aliment dont la consommation est interdite peut être considéré comme nul lorsqu’une très petite quantité en est accidentellement mélangée à des aliments autorisés, mais, il y a une exception : si, en principe, il est vendu à l’unité et non au poids alors, toute proportion de l’aliment non autorisé vendu à l’unité rend le mélange interdit. Il ne peut jamais être annulé. « Le raisonnement sous-jacent à cette loi exprime l’idée que les choses qu’on a l’usage de compter possèdent une valeur et une importance intrinsèques telles qu’elles ne peuvent diminuer ou être annulées en étant mélangées à autre chose »[7]. Ces considérations montrent que la tradition juive dispose des antidotes nécessaires pour éviter que la personne noyée dans la masse anonyme ne perde sa dignité[8].
Considérons le vocabulaire du verset présenté ci-dessus. Il est écrit תִּפְקְד֥וּ אֹתָ֛ם לְצִבְאֹתָ֖ם « vous les recenserez selon leurs armées » (Bamidbar 1, 3). C’est le verbe לפקוד qui est utilisé alors qu’on aurait attendu plutôt לספור[9] ou למנות[10] parce que ces verbes seraient plus indiqués pour décrire le fait de dénombrer. Evidemment ce choix ne résulte pas du hasard. Cela est expliqué par Rabbénou Behayé[11] : il n'est pas dit vous les compterez (tispérou otam), mais vous les recenserez (tifkédou otam), car Israël n'a pas fait l'objet d'un comptage statistique, mais d’une attention particulière de Hachèm sur eux, qui avait le désir de connaître leur nombre. C'est cela qu'exprime ici la notion de pékida. « Ce qui importe dans la démarche n'est pas le nombre final, la statistique, mais le processus qui y conduit, à savoir l'attention portée à chacun des enfants d'Israël en particulier, et à leur collectivité en général. A travers le recensement, D.ieu ‘visite’ (c'est aussi une des significations de la racine פקד) en quelque sorte le כלל ישראל pour s'assurer de son aptitude à constituer la צבא, l'armée divine, l'armée de la sainteté »[12].
Ainsi comprises, ces premières pages du livre Bamidbar s’inscrivent dans le droit fil du livre précédent. Wayikra pose un objectif de sainteté que les enfants d’Israël doivent atteindre dans tous les aspects de la vie, aussi bien spirituelle que matérielle, et même sociale et financière. Le livre de Bamidbar qui commence va montrer comment cet objectif, cette norme à atteindre, doit s’incarner concrètement dans l’organisation du peuple. Le recensement de cette paracha vient en prélude de la configuration du camp du désert : avec le michkan au centre, entouré des Lévites puis des différentes tribus, la sainteté se déploie dans l’espace[13].
Revenons au vocabulaire. La racine פקד rend l'idée d'assignation à une tâche. C’est ce qu’expriment les mots תפקיד (fonction, mission) ; פקיד, (employé) ; מפקד (commandant). Cette racine vient indiquer l'aspect individuel de ce recensement. « Les six cent mille hommes de plus de vingt ans qui font l'objet du recensement constituent en fait les six cent mille âmes-racines d'Israël, dont chacune, selon les Maîtres de la kabbale, correspond à une lettre de la Torah : יש ששים ריבו אותיות לתורה ‘Il y a soixante myriades de lettres dans la Torah’ »[14]. Or, ces mots contiennent le notarikone : YShRaEL. Le sens apporté par cette particularité est que les liens entre Israël et la Torah sont constitutifs de l’identité d’Israël. On sait que tout sépher Torah auquel manquerait une seule lettre (ou bien, où l’une des lettres serait ‘défectueuse’ car effacée ou imparfaitement tracée) serait passoul : non valide. Si une communauté se rend compte du caractère passoul du sépher Torah lu publiquement, il lui faut le refermer et poursuivre la lecture dans un autre sépher Torah. Chaque individu du peuple constitue l’une des âmes-racines des enfants d’Israël, tout comme chaque lettre du séfer Torah est inséparable de l’ensemble de la Torah.
Cette idée est renforcée par l’expression במספר שמות selon le nombre des noms, expression utilisée en relation avec le recensement - les noms, c'est-à-dire ce par quoi les individus sont identifiés dans la collectivité. R’ M. M. Schneerson זצוק"ל enseigne qu’en ordonnant à Moché de compter les membres de Son peuple, Hachèm nous apprend que chaque membre de Son peuple a une valeur suffisante pour être compté individuellement. Telle était la raison qui Lui fit ordonner un recensement des enfants d’Israël alors qu’Il en connaissait évidemment le nombre. Il explique : « Quelle est donc cette valeur si particulière de chaque Juif ? Chacun d’entre nous a une mission à accomplir ; une mission qui lui est propre et qui ne peut être réalisée par personne d’autre…. Ainsi chaque Juif possède-t-il une valeur infinie et irremplaçable »[15].
En demandant un recensement, Hachèm ית"ש utilise la racine פקד pour faire comprendre clairement la fonction du dit recensement. A chaque individu dénombré est assignée une tâche essentielle : s’il s’en éloigne, il joue le rôle de la lettre manquante dans un sépher torah ! Considérable est la responsabilité de chaque membre du peuple juif, car il est irremplaçable !
Les recensements préparent la venue du Machia’h
La racine פקד se retrouve dans d’autres passages de la Torah en relation avec la sortie d’Egypte. A la fin du livre de Béréchit, on lit : וַיַּשְׁבַּ֣ע יוֹסֵ֔ף אֶת־בְּנֵ֥י יִשְׂרָאֵ֖ל לֵאמֹ֑ר פָּקֹ֨ד יִפְקֹ֤ד אֱלֹהִים֙ אֶתְכֶ֔ם וְהַֽעֲלִתֶ֥ם אֶת־עַצְמֹתַ֖י מִזֶּֽה׃ « Yossef fit jurer les enfants d'Israël en disant : Dieu rappeler, se rappellera à vous et vous ferez monter mes ossements d'ici. » (Bérechit 50, 25)[16]. Un passage de Chémot contient aussi cette racine : לֵ֣ךְ וְאָֽסַפְתָּ֞ אֶת־זִקְנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֗ל וְאָֽמַרְתָּ֤ אֲלֵהֶם֙ יְהוָ֞ה אֱלֹהֵ֤י אֲבֹֽתֵיכֶם֙ נִרְאָ֣ה אֵלַ֔י אֱלֹהֵ֧י אַבְרָהָ֛ם יִצְחָ֥ק וְיַֽעֲקֹ֖ב לֵאמֹ֑ר פָּקֹ֤ד פָּקַ֨דְתִּי֙ אֶתְכֶ֔ם וְאֶת־הֶֽעָשׂ֥וּי לָכֶ֖ם בְּמִצְרָֽיִם׃ « Va, rassemble les anciens d'Israël et dis-leur : Hachém le Dieu de vos pères m'est apparu, le Dieu d'Abraham, de Yits’hak et de Ya’akob, en disant : rappeler, Je Me suis rappelé de vous et de ce qui vous est fait en Egypte » (Chémot 3, 16). On le voit, Hachèm ית"ש utilise dans ce verset les mots employés par Yossef, en son temps.
Le recensement mentionné dans la présente paracha n’est pas une exception dans l’histoire d’Israël qui en a compté dix en tout selon le midrach raba. La Torah en présente cinq ; le Tanakh en présente quatre autres. Quant au Midrach[17] il annonce le dixième pour l’époque du Machia’h[18].
Les 10 recensements des enfants d’Israël
1er
| Recensement lors de la descente des Hébreux en Egypte | Chémot 1, 1-5[19] |
2ème | Recensement après la sortie d'Egypte | Chémot 12, 37 |
3ème | Recensement après la faute du veau d'or avant la construction du Sanctuaire | Chémot 30, 12 |
4ème | Recensement après la construction du sanctuaire | Bamidbar 1, 20-46 |
5ème | Recensement avant l’entrée en Terre d’Israël | Bamidbar 26 |
6ème | Recensement effectué par le roi Chaoul |
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7ème | Second recensement effectué par le roi Chaoul |
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8ème | Recensement effectué par le roi David | II Chémouel 24, 1-2 ; I Dibré hayamim 21, 1-17 |
9ème | Recensement effectué par ‘Ezra au retour de l'exil de Babylone | ‘Ezra 2 |
10ème | Le Machia’h procèdera au 10ème dénombrement des enfants d’Israël comme il est écrit: עֹ֣ד תַּֽעֲבֹ֧רְנָה הַצֹּ֛אן עַל־יְדֵ֥י מוֹנֶ֖ה אָמַ֥ר יְהוָֽה׃ « Mon troupeau passera de nouveau devant le recenseur » (Yirméyahou 33, 13). | Midrach Bamidbar Raba 2, 1 |
Bien que les recensements soient interdits par la Torah, plusieurs ont été effectués, certains pouvant avoir des raisons légitimes[20]. Mais ils n’en restent pas moins potentiellement dangereux, comme on le voit bien avec les conséquences de celui organisé par David (II Chémouel 24, 1-2). R’ Yéhouda Askénazi זצ"ל explique la raison de cette dangerosité[21]: « Le fait de dénombrer un groupe humain revient en fin de compte à poser la question : combien d’individus sont dignes de porter l’identité du groupe ? … Par conséquent, lorsqu’il y a un dénombrement, c’est une mise en jugement de chaque personne de chaque individu qui se fait… Le fait de dénombrer c’est interpeller chacun… et le faire passer en jugement : mérites-tu ce nom qu’on t’a donné de Israël ? »[22].
Le Midrach écarte le caractère utilitaire des recensements, ce qui nous conduit à en rechercher la signification spirituelle dans la perspective de l’aboutissement de l’histoire d’Israël : c’est-à-dire dans la perspective de la venue du Machia’h. Rabbi Moché Haïm Lussato זצוק"ל précise le processus[23] : l'avènement des temps messianiques comprendra deux phases. La première consiste en une pékida (פקידה, rappel divin/ ‘recensement’) ; la seconde est la zékhira (זכירה, mémoire) [24]. C’est lors de cette dernière que « se déploient toutes les promesses divines, qui jusque-là étaient restées à l'état virtuel, comme des traces mnémoniques non activées » [25]. La pékida a un sens qui va bien au-delà du dénombrement des enfants d’Israël ; elle indique le moment où tous les individus du peuple d'Israël retrouvent leur potentiel spirituel et, le cas échéant, font téchouva. Cette énergie collective suscitera la seconde phase, la zekhira qui mènera à la révélation de la Chékhina avec la venue du Machia’h[26].
Les enseignements de R’ M.M. Schneerson זצוק"ל débouchent sur l’importance de ces recensements bibliques pour les Juifs de notre temps : lorsque Rachi écrit que Hachèm « compte les enfants d’Israël en tout temps », cela ne peut être pris au pied de la lettre puisque les recensements sont survenus à certaines périodes et non en permanence. Mais, Rachi faisait allusion à l’effet du dénombrement et non à l’opération comptable. Ainsi, « le sentiment d’importance et de valeur personnelle qui fut révélé par le recensement demeura pour toujours au sein des Juifs et les accompagnait ‘en tout temps’. On peut avancer les mêmes propos pour nous, à notre époque. Bien que nous ne soyons pas activement dénombrés sur ordre divin, quand nous lisons ces épisodes dans la Torah, il nous est donné la force de réaliser à quel point nous sommes précieux pour D.ieu et combien il est vital que nous conduisions nos vies en accord avec Ses valeurs. D.ieu Lui-même atteste de notre valeur à chaque instant, il suffit juste d’écouter et de se comporter en conséquence » [27]. Cela débouche sur un enseignement de moussar qui, s’il est bien appliqué, fera venir le Machia’h de nos jours. Amen !
[1] André Chouraqui traduit : « Recensez-les ».
[2] Ou : הפקודים בחומש (T.B.Sota 36b).
[3] Sforno, Introduction au livre de Bamidbar, cit. D. Saada (2006), Le pouvoir de bénir, Bibliophane, Paris. pp. 338-339.
[4] D. Saada (2006), p. 338.
[5] D. Saada (2006), p. 339.
[6] Rachi sur le début de Bamidbar.
[7] D’après des drachot du Rabbi de Loubavitch - Chabbat Bamidbar 5722 (1962) et 5724 (1964) - Likoutei Si’hot vol. 4 pp. 1019-1024 ; vol. 7 pp. 1-7.
[8] R’ Yéhouda Askénazi זצ"ל a abordé ce problème avec le Pr. Néher « qui étudiait la notion de masse. Tout ce vocabulaire moderne parle des ensembles humains en les objectivisant, en en faisant des objets : la notion de masse... [risque] d’évacuer la dignité géniale de la personnalité individuelle de chacun. C’est un des graves dangers de la civilisation moderne. Mr. Néher l’avait étudié (Cf. son livre « l’existence juive ») à propos de la civilisation de Babel. Lorsqu’une société arrive à ce niveau de société fonctionnelle, il y a ce risque de perte de l’attention qu’il y a à porter à la personne dans sa qualité propre, et la Torah l’interdit » R’ Askénazi Léon (1995), Sur Waéra. 1ère partie. Parashat hashavoua.
[9] סָפַּר
[10] מָנָה ; מוֹנֶה (compteur).
[11] D’après D. Saada (2006), pp. 337-338.
[12] D. Saada (2006), p. 338. On notera qu’un cinquième du peuple Hébreu seulement sortit d’Egypte. Les autres assimilés ne possédaient plus la capacité à répondre à l’appel de Hachèm pour assumer l’histoire de leur peuple. Ils furent détruits pendant les trois journées de la plaie des ténèbres. Ceux qui sortirent d’Egypte furent donc des rescapés ; rescapés des cruautés et des pièges de l’exil. Il s’agit d’une « minorité… consciente du rôle qu’elle doit assumer pour assurer la pérennité du peuple d’Israël » (Kountras, 501 drachoth, T.2, 2009, p. 113)
[13] Est décrite ici ce que l’on peut appeler la « géographie de la sainteté » ; la présence divine est située au centre du camp des enfants d’Israël. Même si le camp se déplace, la présence divine reste au centre de l’espace d’Israël.
[14] D. Saada (2006), p. 339.
[15] D’après des drachot du Rabbi de Loubavitch - Chabbat Bamidbar 5722 (1962) et 5724 (1964) - Likoutei Si’hot vol. 4 pp. 1019-1024 ; vol. 7 pp. 1-7.
[16] Traduction de David Saada. Le P. Darby traduit : « Certainement Dieu vous visitera, et vous ferez monter d’ici mes os ». Il insiste sur la connotation « visiter » de la racine פקד. André Chouraqui traduit « vous sanctionnera, il vous sanctionnera ».
[17] Bamidbar Raba 2, 1, cit. David Saada (2006), pp. 336-342.
[18] Mais la date ne nous est pas connue. Ya’akob ne put la révéler lorsqu’il bénit ses enfants (Béréchit 49, 1). Voir T.B. Pessa’him 56a. Dans son livre Responsa du Ciel, le tossafiste R’ Ya’akob de Corbeil rapporte 70 questions résolues par des réponses apportées en rêve ; sauf celle concernant la date de la venue du Machia’h (cité par Kountrass, 501 drachoth, T.1, 2009, p. 141).
[19] Cinq recensements dans le ‘Houmach selon le midrach.
[20] Pour savoir « à la fois s’il y a un nombre minimum suffisant par tribus et… parce qu’il est nécessaire qu’il y ait un nombre minimum – mispar - comme véhicule de la présence de la collectivité pour que la Chékhina puisse résider sur Israël ». R’ Askénazi Léon (1995), Sur Waéra. 1ère partie. Parashat hashavoua
[21] Noter le double sens du mot מוֹנֶה: « compter » mais aussi « oppresser » Cohn M.M. (1979), Dictionnaire Hébreu-Français, Larousse, p. 349.
[22] R’ Askénazi Léon (1995), Sur Waéra. 1ère partie. Parashat hashavoua.
[23] Ram’hal, Maamar HaGuéoula, cit. David Saada (2006), p. 341.
[24] Noter le double sens du mot פקידה: « recensement » mais aussi « souvenir » (Cohn M.M. (1979), Dictionnaire Hébreu-Français, Larousse, p. 557).
[25] D. Saada (2006), p. 341.
[26] D’après le Ram’hal. D. Saada précise : « Ce que la pékida, la ‘Visitation’ divine, recherche à travers le mifkad, le recensement, c'est l'activation du tafkid, de la mission unique assignée à chaque âme d'Israël dans la mise en œuvre de l'avènement messianique. Cette activation n'est pas immédiate ».