Littérature rabbinique
et
interprétation de la Torah
Cet ouvrage* a été écrit pour raccourcir autant que possible la phase d’étude initiale de qui souhaite se familiariser avec les traditions et les méthodes rabbiniques. Avoir la possibilité de se référer à un manuel synthétique permet de bien cadrer son étude et fournit une base sûre pour développer son immersion dans l’océan de la littérature rabbinique.
Nous présenterons d’abord la bibliothèque juive idéale par une introduction documentée à la Torah écrite (chapitre 1) et à la Torah orale : Michna et Tossefta (chapitre 2), Guémara (chapitre 3), Midrach halakhique et agadique (chapitre 4). Un éclairage sur la littérature rabbinique est donné ensuite (chapitre 5), depuis les ouvrages juridiques et d’exégèse, jusqu’à ceux exposant les grands domaines de la tradition juive (moussar, approches kabbalistiques, hassidisme).
La seconde partie de cet ouvrage abordera la méthodologie rabbinique de compréhension de la Torah écrite. Outre le sens littéral, d’autres niveaux de sens sont enseignés. Le sens ainsi reçu provient de l’application de règles précises venant elles mêmes de la Torah orale. C’est en ce sens que l’on parle d’interprétation bien que ce mot prête à confusion : évidemment, l’interprétation rabbinique de la Torah reste fidèlement attachée au Texte. Interpréter la Torah n’est pas affaire d’inspiration individuelle.
Il a semblé nécessaire de tenter, pour les francophones, une synthèse méthodique de ces règles. Nous examinerons d’abord les grands principes de l’interprétation transmis par Hillel l’Ancien, Na’houm ich Gam Zou, Rabbi ‘Akiba, Rabbi Yichma’el, et leurs successeurs (chapitres 6 et 7). Le chapitre 8 approfondira les méthodes d’interprétation s’appuyant sur les lettres de l’alphabet : notarikon (on verra comment d’un mot on aboutit à plusieurs mots, et inversement, comment de plusieurs mots, on aboutit à un mot), guématria (on exposera douze procédés différents) et les méthodes de substitution de lettres (témoura). Si le principe de l’anagramme est simple, les neuf procédés différents de permutation de lettres ont mérité plus de précision, notamment au moyen de grilles d’équivalences. Les différents principes d’exégèse et les procédés d’interprétation seront illustrés par des exemples pour mieux en apprécier les particularités.
Ces règles de l’exégèse talmudique rendent possible de retrouver des enseignements de la Torah orale déjà enseignés à Moché au Sinaï voire d’innover dans une certaine mesure pour conserver l’esprit de la Torah [1]. C’est dire que ces méthodes ne peuvent être mises en œuvre par des amateurs (même éclairés) se lançant dans un bricolage ingénieux. Les clés de l’interprétation véritable étaient dans les mains des maîtres de la Michna, de la Guémara et de leurs successeurs. Elles restent dans les mains d’autorités confirmées : les Poskim [2].
* Tome 6 de la série La voix de Jacob, nov. 2013, Montpellier. Diffusion BibliEurope, Paris.
-----
Notes
[1] Voir ci-après l’introduction de la partie 2.
[2] Rabbins décisionnaires à l’orthodoxie rabbinique sans faille.