Sur la révolte de Korah. Manque d’humilité ou manque de sainteté ?
Par
Chantal Mamou Bakis
Dvar torah dédié à l'élévation de l'âme des victimes du pogrom du 7 octobre 2023
Korah, descendant de Lévi projette une rébellion en s’insurgeant contre le double pouvoir de ses cousins Moché et d’Aharon. Arguant la sainteté de sa lignée ainsi que celle de tout le peuple, il entend contester la légitimité des deux frères.
Il rallie à sa cause Dathan et Abiran de la tribu de Réouven ainsi que 250 autres béné Israël. L’origine de cette rébellion trouve sa source dans l’épisode des « explorateurs » ayant entraîné l’adoption du funeste décret condamnant tous les hommes de plus de vingt ans à périr dans le désert.
Dans les faits, Korah s’est insurgé lorsque Aharon et ses quatre fils ont été désignés pour assumer les sacrifices après l’inauguration du Tabernacle. Aharon ayant été distingué par sa prise de fonctions de Cohen gadol.
Il est légitime de s’interroger sur ce comportement. Quels sentiments ont envahi Korah ? Korah lui-même, premier-né de la tribu de Lévi s’entoure de 250 premiers-nés, chefs de communautés. Il considère qu’il est en droit de revendiquer, afin d’accéder aux fonctions politiques et sacerdotales au même titre que ses cousins.
A-t-il péché par orgueil ? La lignée et les qualités innées ou acquises permettent-elles de s’élever au-dessus de ses semblables ? Selon Rabbi Yohanane ben Zaccaï, « si tu as beaucoup étudié la Torah, ne t’en fais pas un mérite personnel, car c’est pour cela que tu as été créé » (Avot 2, 9).
Au demeurant, lorsque Hachèm a distingué Moché et Aharon, ils ont rétorqué : « Que sommes-nous ? » (Chémot 16, 7) ? L’humilité doit gouverner non seulement la pensée, mais également le comportement. En effet, Hachèm nous a « ouvert la voie » en choisissant le mont Sinaï, la plus basse des montagnes pour y établir Sa résidence. Ne nomme-t-Il pas, les bienaimés de D.ieu, ceux qui subissent affront et injures sans broncher ni répliquer (T. B. Chabbat 88b ; Juges 5, 31). L’enseignement classique de nos maîtres consiste à énoncer : « aime le travail et hais la fonction dirigeante » (Avot 1, 10). Korah recherchait-il les honneurs personnels et la reconnaissance, ou était-il en quête de sainteté ?
Après la construction du Tabernacle sous la direction de Moché, Aharon et ses fils ont été chargés du service sacerdotal par Hachèm Lui-même. D.ieu a choisi et désigné exclusivement Aharon afin qu’il apporte les offrandes (paracha Chémini).
Néanmoins, Korah et ses alliés dirent : « "C'en est trop de votre part ! Toute la communauté, oui, tous sont des saints, et au milieu d'eux est Hachèm; pourquoi donc vous érigez-vous en chefs de l'assemblée de Hachèm » (Bamidbar 16, 3).
Moché qui « tomba sur sa face » s’en remit alors au jugement divin. Korah et ses alliés ainsi que tous leurs biens ont alors été engloutis par la terre qui « ouvrit sa bouche ». Une épidémie frappa le peuple.
Seule, l’offrande d’encens d’Aharon mit fin à cette tragédie. Les fleurs d’amandier qui fleurirent sur le bâton d’Aharon et non sur celui de chacun des princes des tribus finirent par convaincre définitivement chacun.
Tout le peuple est saint et doit s’efforcer de l’être, mais il faut admettre que certaines fonctions sont réservées aux plus méritants. Or, seul Hachèm est capable de les distinguer.
L’humilité et la sainteté sont des vertus. Savoir respecter les injonctions de Hachèm reste primordial. Antigone de Soho disciple de Siméon le juste disait : « Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire, mais soyez comme des serviteurs qui servent leur maître sans attendre aucune rémunération. Et soyez pénétrés de la crainte de D.ieu » (Avot 1, 3).
© Chantal Mamou Bakis & Hotsaat Bakish, juin 2024.
Dvar Torah dédié à l'élévation de l'âme des victimes du pogrom du 7 octobre.
Mise en ligne le 7 octobre 2024.