L’étude du Talmud

 

Les Sages de Provincia et l'étude du Talmud

 

On attribue le titre honorifique de «Richonim» aux rabbins éminents d'Europe et d'Afrique du Nord après la période des Guéonim jusqu'à la compilation du Chul'han Aru'h. Or, parmi eux figurent bon nombre de Sages de Provincia*. Certains sont d'une importance primordiale pour ceux qui étudient le Talmud.

Le Rabbin Marc-Alain Ouaknin explique que depuis sa première parution imprimée, le terme «Talmud» a pris un sens plus étendu. Il couvre non seulement la Michnah et la Guemara mais aussi les commentaires de Rachi et Tossafot. Dans le même ordre d'idées, Rabbi Adin Steinsalz déclare: tout comme les sages du Talmud étudiaient la Michnah et en élucidaient ses divers aspects, les auteurs des Tossafot à leur tour analysaient la Guemara même, et leur œuvre peut être envisagée comme un Talmud sur le Talmud. Or, ceci dit, d'autres Richonim ont analysé encore ce corpus, et leurs œuvres permettent d'approfondir toujours plus la compréhension du Talmud.

Imaginons la loi orale (le Talmud) comme un iceberg. Au début, à partir de Sinaï, tout était oral, submergé, sauf la pointe du pic, la loi écrite. Ensuite, de la partie cachée émergea d'abord (par écrit) la Michnah. Puis monta à la surface la Guemara, suivie des commentaires de Rachi et des Tossafot, et à la fin apparaissent les élucidations écrites des Richonim. Or, dorénavant, c'est comme si on remuait les eaux autour afin de révéler plus de l'iceberg ça et là - c'est la tâche des A'haronim, sages depuis l'époque des Richonim jusqu'à nos jours.
Autrement dit, si on réfléchit sur le mode de transmission du Talmud par écrit, on peut conclure que les Richonim, et parmi eux des Sages de Provincia, nous emmènent aux niveaux les plus profonds de ce qui est imprimé pour élucider le texte du Talmud.

Les Richonim n'avaient pas l'intention de produire des nouveautés mais seulement d'expliquer la signification réelle du talmud. D'ailleurs, selon Rabbi, Haim Soloveitchik de Brisk (1853-1918), le devoir des générations subséquentes se borne à comprendre les Richonim, à restaurer la vérité de leur paroles qu'on a perdues avec les années (4)

 

*  Parmi les Richonim de Provincia, on compte R. Moïse HaDarchan, Ibn Ezra, R. Abraham Av Bet Din, R. Zera'hyah HaLevi, Ravad de Posquières, R. Jonathan de Lunel, R. David Kim'hi, R. Moïse ben Na'hman, Rabbenu Yonah, Meiri, 'Hizkuni, R. Yedaïah HaPnini, R. Aaron de Lunel, R. Yeru'ham, R. Levi ben Gerchom et R. Echtori HaPar'hi. 

------

NOTES 

(1) Le Livre brûlé, p. 61.
(2) Le Talmud essentiel, chap. sur l’exégèse talmudique. 
(3) Rapporté au nom de R. El'hanan Wasserman, cité dans M. Shapiro (1997), "The Brisker Method Reconsidered", Tradition 31/3, p. 80
(4)   A propos du Rabbi de Brisk: il a mis au point une méthode d'analyse très puissante pour étudier le Talmud. Elle souligne la définition exacte des termes, la classification précise des catégories, et l'indépendance de l'esprit critique. Or, cette méthode se veut être tout simplement une méthode pour élucider la logique des Richonim qui, étant plus proches de matan torah (le don de la Loi), avaient rédigé leurs enseignements d'une façon plus intuitive. Ibid, p.81

 

Pour citer l'ouvrage dont fait partie cette page :

Y. Maser (2015), Les Sages de la Provincia (2e éd.), Institut Rabbi Yesha’ya, Hotsaat Bakish, Montpellier. https://editionsbakish.com/node/1723. juillet-septembre

ISBN numérique: 979-10-90638-06-8.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *