En scrutant le premier mot de la Torah… ‘Hidouchim

בס"ד
Avec l'aide de D.

En scrutant le premier mot de la Torah. 'Hidouchim…

Dracha sur la paracha Béréchit

L'auteur de ce commentaire original nous propose ici une exégèse innovante sur le premier mot de la Torah (Béréchit 1, 1). 

 

par

Samuel Darmon (1)

 

Le mot בראשית (Béréchit), premier mot de la Torah, fournit l’essentiel du programme de création de l’univers par D. béni soit-Il.

 

1

- ב -

Lettre Beit - Elle représente une force intérieure (beit, c’est bayit, la maison) qui est toute entière en potentiel, mais pas encore exprimée à l’extérieur.

 

2

- בר -

Ajoutons la lettre suivante, le Rech, au Beit : nous formons le mot « bar », qui signifie à l’extérieur. Cette étape correspond à l’explosion, le big bang …

D'après de nombreux astrophysiciens, l'univers a bien eu un instant "zéro" : un commencement. Toute la matière à venir était alors confinée dans un minuscule point, ultracondensé [tout est à l'intérieur étape de la lettre beit, laquelle est mise en relation avec le sens de "au-dedans" comme dans le verset 14 du chapitre 6 de la Genèse (mibayit oumi'houts : au-dedans et au-dehors)] puis le contenu de ce point jaillit au-dehors, ce qui est reflété par le mot "bar" : à l'extérieur.

Le mots 'Bar' possède une triple signification en araméen : c'est à la fois l'extérieur, le fils et le grain de blé ...  Le fils, c'est à dire l'enfant, représente la concrétisation de l'union des parents. Autrement dit, c'est dans l'enfant que se dévoile à l'extérieur, ce qui était enfoui, en potentiel, au sein des parents ... Comme dit le proverbe, tel père tel fils ... Deuxième explication : lors de la naissance, l'enfant est expulsé à l'extérieur. 
Il est intéressant de constater que la lettre rech peut s'écrire ראש   - Rech Aleph Chin  - ou ריש  -  Rech Yod Chin.. Aussi, le miloui [2] du mot 'bar' aboutit à un réarrangement des lettres qui composent le mot Béréchit (ראש בית  = בראשית). Ainsi ces deux simples lettres B-R contiennent en potentiel B R E CH Y T, à l'instar d'une graine qui contient toute la plante à venir, ce qui fait penser au code génétique enfoui dans le noyau de chaque cellule.  
Le blé étant d'après nos maîtres, l'arbre de la connaissance du bien et du mal (cf guémara brakhot 40a en fin de page), le blé est appelé 'hita, ce qui rappelle 'het, la faute. En araméen, bar est le grain de blé, car c'est la consommation de ce qui en sort (le blé, l'arbre défendu) qui entraîna que Adam et Hava se retrouvèrent à l'extérieur du Gan Eden.  Quand Yossef accumule le blé dans les entrepôts en Egypte, le verset mentionne le terme bar pour désigner les grains de blé (Gen 41,49).

 

3

- ברא -

 En ajoutant la lettre suivante, le Aleph, nous formons le mot Bara : créer. A ce stade, le Maître du monde ordonne et combine tous les éléments qui étaient contenus dans le noyau originel : c’est la création des galaxies, des étoiles, des planètes, des êtres vivants, etc. 
Nous voyons ainsi que créer bara implique un double mouvement : celui du beit, un mouvement vers l’intérieur, et celui de bar, un mouvement vers l’extérieur. Cela rappelle le Tsimtsoum, une phase de rétraction suivie d’une expansion, un va et vient permanent, le cycle de la vie et de l’univers …

 

4

- בראש -

Ajoutons encore une lettre, le Chin : nous obtenons l’expression « béroch » : dans la tête … La lettre Beit représente l’intériorité, il s’agit donc bien d’une énergie (la lettre Chin représente le feu) qui anime l’intérieur (Beit) de la tête (Roch) : c’est la conscience …

 

5

- בראשי -

Mais faire naître la conscience dans un point de l’univers ne représente pas encore le but de la création … Il faut oser ajouter une nouvelle lettre : le Yod, pour former le nouveau mot « bérochi », c’est-à-dire dans Ma tête. Cela signifie trois choses :
Prendre conscience que toute la création du monde a été conçue en tant que projet divin: bérochi, dans « Ma tête », si l’on peut s’exprimer ainsi …
La lettre Yod représente l’humilité, car la finalité est de craindre le Créateur, en se rendant compte de l’immensité de Son univers …
Avec la seule lettre Yod, il est possible de reformer toutes les lettres du Nom divin à 4 lettres.
En effet, quand on épelle le Yod, on écrit : Yod -Vav - Dalet. Les lettres Vav et Dalet se combinent pour dessiner le premier Hé du Nom divin. Nous avons ainsi le Yod de départ, puis le premier Hé (association Vav et Dalet), puis le Vav, puis le deuxième Hé, issu de la combinaison entre le Yod et le Dalet.
On en déduit que l’étape dite « bérochi » correspond tout simplement à la conscience de D.
Cette conscience, c’est celle que porte le peuple juif, yéhoudi, dont les lettres sont totalement inscrites dans le Nom divin de 4 lettres. En effet, les trois premières lettres de yéhoudi, sont le Yod, le Hé et le Vav. Enfin, les deux dernières lettres (soit le Dalet et le Yod) forment précisément un Hé, soit la quatrième lettre du Nom divin !
Ainsi, s’arrêter à l’étape « béroch » signifie avoir un certain degré de conscience, mais sans conscience de D.
Par contre, dans l’étape suivante « bérochi », la créature accède à un niveau supérieur : celui de la conscience d’un Créateur.

Mais cela ne représente pas encore l’étape ultime, car il nous faut rajouter encore une dernière lettre, le Tav.

 

6

- בראשית -

Nos maîtres de mémoire bénie nous expliquent que cette lettre désigne « les 400 almin dékissoufin », les mondes spirituels liés à la récompense des tsadikim dans l’autre monde [3].
De plus,
Le Tav, c’est Torah, l’étude.
Le Tav, c’est Téfila, la prière.
Le Tav, c’est Takhlit, la finalité.
Le Tav est formé par un Noun et un Rech encastrés l’un dans l’autre : c’est le Ner, la flamme, car cela représente l’ultime finalité, qui adviendra après la résurrection des morts : l’union (Tav) de l’âme purifiée (Noun – Néchama) au corps (Rech lié à rach pauvre ce qui désigne le corps) au service de D.

L’âme et le corps, débarrassés de toute souillure, s’uniront au Créateur, pour l’éternité. Amen !  [4]

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Notes

[1] Samuel Darmon est présenté sur une autre page de ce site: https://editionsbakish.com/node/1649 (note de l'éditeur).

[2] C'est à dire la manière d'épeler les deux lettres Beit et Rech (écrite avec un aleph) . Le nom de certaines lettres hébraïques  peut avoir plusieurs orthographes. Cela a des conséquences importantes pour l'exégèse (notarikon, guematria, tsérouf, témoura).  Le lecteur trouvera des précisions sur les procédés d’exégèse dans Hillel Bakis (2013), Interpréter la Torah, Tome 6 de la série La voix de Jacob, Montpellier, chap. 8, pp. 241-264; sur le milouy, voir pp. 250-251.  (Note de l'éditeur)

[3] Voir à ce sujet le commentaire du Or ha’hayim sur la paracha Berechit.

[4] Dracha donnée dans une soucca de Kiryat Ata ('hol hamo'ed souccot 5778). Voir également d’autres commentaires de cet auteur sur ce site (note de l'éditeur).

 

© Samuel Darmon et/ou © Hotsaat Bakish
Mis en ligne à Kiryat Ata, le 16 octobre 2017 

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