Mammifères et ruminants aux sabots fendus

 

Mammifères et ruminants aux sabots fendus 

 

 

כֹּ֣ל ׀ מַפְרֶ֣סֶת פַּרְסָ֗ה וְשֹׁסַ֤עַת שֶׁ֨סַע֙ פְּרָסֹ֔ת מַֽעֲלַ֥ת גֵּרָ֖ה בַּבְּהֵמָ֑ה אֹתָ֖הּ תֹּאכֵֽלוּ׃

« Tout ce qui a le sabot fendu et le sabot entièrement divisé, faisant remonter le bol alimentaire [rumination] dans l’animal, lui, vous mangerez » (Vayikra 11, 3).

Pour être kacher, un animal doit ruminer, avoir les sabots fendus[1], répondre à d’autres conditions fixées par la halakha, et être reconnu comme tel par une tradition véritable. Il doit aussi être abattu rituellement pour que sa viande soit permise [2]. Les ruminants kachers dont la viande est commercialisée sont principalement : les bœufs, les moutons et chèvres.

Pourtant, les animaux permis pourraient être plus nombreux si l’on considère les versets suivants: זֹ֥את הַבְּהֵמָ֖ה אֲשֶׁ֣ר תֹּאכֵ֑לוּ שׁ֕וֹר שֵׂ֥ה כְשָׂבִ֖ים וְשֵׂ֥ה עִזִּֽים׃ אַיָּ֥ל וּצְבִ֖י וְיַחְמ֑וּר וְאַקּ֥וֹ וְדִישֹׁ֖ן וּתְא֥וֹ וָזָֽמֶר׃ וְכָל־בְּהֵמָ֞ה מַפְרֶ֣סֶת פַּרְסָ֗ה וְשֹׁסַ֤עַת שֶׁ֨סַע֙ שְׁתֵּ֣י פְרָס֔וֹת מַֽעֲלַ֥ת גֵּרָ֖ה בַּבְּהֵמָ֑ה אֹתָ֖הּ תֹּאכֵֽלוּ׃ « Voici la bête dont vous [pourrez] manger: bœuf, moutons, chèvres, cerf, gazelle (ou chevreuil), daim, bouquetin (pasang [3]), antilope (addax [4]), buffle [5] (bison [6]), zémer [7] (algazelle [8] ; girafe [9] ?). Tout quadrupède qui a le pied corné et divisé en deux ongles distincts, parmi les animaux ruminants, vous pouvez le manger » (Dévarim 14, 4-6). La Torah exclut explicitement certains animaux ne remplissant qu’une seule des deux conditions.

Lorsque Moché a reçu la Torah, le monde n’était pas totalement exploré, toutes les mers du monde n’avaient pas été parcourues, tous les continents n’avaient pas encore été découverts et les espèces vivantes qui s’y trouvent n’avaient pas encore été recensées ! La planète n’avait pas été explorée en totalité. Environ 1000 ans après le don de la Torah, l’histoire de la géographie témoigne d’une longue ignorance de l’étendue de la Terre [10]. Il fallut attendre plus de 2500 ans après le don de la Torah pour que soient mieux connues la Chine (voyageurs européens, 13ème s.), la Malaisie, Sumatra, Ceylan, et le sud du Sahara (géographes arabes comme Ibn Batouta, 14ème s.). Ainsi, plus de 1000 ans APRES Moché, restaient inconnues des îles (Antilles, hawaï), de vastes contrées (Afrique australe, Laponie, Sibérie, Australie, Mongolie) et des continents (l’Amérique, l’Antarctique). Encore aujourd’hui, le recensement des espèces et variétés n’est pas exhaustif. La connaissance du monde se parfait aujourd’hui encore où, chaque année, un grand nombre d'espèces « nouvelles » sont identifiées dans des territoires mal connus. Ainsi, entre 1999 et 2008, des biologistes ont fait des découvertes dans le seul Bassin du Mékong (Cambodge, Vietnam, Laos, Birmanie, Thaïlande, Sud de la Chine) ; ils ont pu décrire un millier d’espèces « nouvelles » des végétaux de divers types d’animaux dont des mammifères (cerf nain, lapin, rat, chauve-souris), des oiseaux et des poissons [11]. D’autres expéditions font régulièrement des découvertes [12], notamment sur le plancher océanique et ses failles encore très peu connus [13].

Concernant le cochon il est écrit : וְאֶת־הַֽ֠חֲזִיר כִּֽי־מַפְרִ֨יס פַּרְסָ֜ה ה֗וּא וְשֹׁסַ֥ע שֶׁ֨סַע֙ פַּרְסָ֔ה וְה֖וּא גֵּרָ֣ה לֹֽא־יִגָּ֑ר טָמֵ֥א ה֖וּא לָכֶֽם׃ « Et le cochon, car il a le sabot fendu, lui (seul) et divisé en deux ongles; il ne rumine pas et il est impur pour vous » (Vayikra 11, 7). Commentaire de Rabbi Yishma’el : « Le Maître du monde sait qu'il n'y a rien qui ait le sabot fendu tout en étant impur, sauf le cochon. C'est pour cela que le verset précise ‘lui’ » (ce qui est interprété ‘que lui’ et aucun autre animal) [14]. Il y a là un argument sur l’origine divine de la Torah. Qui pourrait affirmer l’exhaustivité de cette affirmation ? Les océans n’étaient pas tous connus lors du don de la Torah (Atlantique, Pacifique, Arctique [15], Océan Austral [16]) ! Aujourd’hui encore on découvre de nouvelles espèces de poissons dans les fleuves (Amazone, Congo) et les océans. Affirmer dans ces conditions que le cochon seul avait le sabot fendu sans ruminer relevait, sinon d’un pari très hasardeux. Ce qui est dit ici (dans la Torah écrite) pour le cochon se retrouve (dans la Torah orale) pour les poissons.

Conséquence halakhique : si on peut attester qu’un poisson a des écailles, il est Kacher même si les nageoires ne sont pas visibles. Comment les Tanaïm חז"ל pouvaient-ils affirmer cela, tant pour le cochon que pour les poissons ? Comment la Bible a-t-elle pris le « risque » d’affirmer que, de tous les animaux du monde, seul le cochon a le sabot fendu sans être un ruminant ? Que tout poisson qui a des nageoires n’a pas forcément d’écailles ?

Un auteur humain aurait évité ces affirmations catégoriques que les découvertes ultérieures auraient pu démentir. Mais rien n’a, depuis, contredit les affirmations de la Torah car Hachèm ית"ש connaît Sa Création ! « Ceci est une réponse à ceux qui ne croient pas que la Torah soit d’origine divine » [17]. La Torah affirme des vérités éternelles, valables pour les terres connues du temps de Moché, ou non. Moché ne communique pas le savoir des sciences naturelles de son époque. Il transmet un savoir que seul pouvait détenir le Créateur.

La Michna affirme : כל שיש לו קשקשת, יש לו סנפיר; ויש שיש לו סנפיר, ואין לו קשקשת. « Tout poisson ayant des écailles a des nageoires ; et tout poisson ayant des nageoires n’a pas d’écailles » (Michna Nida 6,9) [18].

Noter que le Psychedelicae (poinsson découvert près de Bali en 2009) a des nageoires mais pas d’écailles.

 

Gamal, chafane et arnébèt 

Trois autres animaux sont définis comme étant impurs car, quoique ruminant, ils n’ont pas de sabots fendus. Rabbi Yishma’el commente : « Et le Maître du monde sait qu'il n'y a rien qui rumine tout en étant impur sauf le gamal, le chafane et l’arnébèt »[19]. Cela nécessiterait traductions et identifications précises. Ce qui manque…

- אֶֽת־הַ֠גָּמָל est généralement traduit par chameau (Vayikra 11, 4)[20] ;

- וְאֶת־הַשָּׁפָ֗ן - le shafan (Vayikra 11, 5) –De nombreux traducteurs traduisent : « gerboise » (un rongeur ! Il ne rumine pas !).  On y a vu aussi le blaireau des roches. On l’identifie parfois au hyrax ou daman[21] ;

- וְאֶת־הָֽאַרְנֶ֗בֶת l’arnévet. (Vayikra 11, 6). – Les éditions courantes de la Bible traduisent par : lièvre ou lapin [22], animaux qui ne ruminent pas [23].

Ces traductions courantes ne sont, à l’évidence, guère satisfaisantes car les animaux considérés ici comme le chafan ou l’arnévet ne sont pas des ruminants ni n’ont le pied corné divisé en deux ongles. R’ Hertz זצ"ל écrit à propos de l’assimilation au shafan du blaireau, lapin ou lièvre qu’ils ont l'habitude de remuer la mâchoire comme s'ils mâchaient de la nourriture. La Torah est très précise, à la lettre près. Elle donne des détails extrêmement fins (au poil près) comme pour le cas de poils d'une plaie qui, devenus blancs (Vayikra 13, 4-37) ou jaunes et fins (Vayikra 13, 30) rendent la personne impure Il n’est pas concevable que, pour la cacheroute elle soit si vague au point de prendre pour un ruminant un animal qui ne l'est pas ou dont la qualité de ruminant dépendrait de notre conception de ce qu’est cela.

 Aussi, les tentatives ne manquent pas pour trouver de bonnes raisons de rapprocher certains de ces animaux aux « ruminants » : on s’écarte de la classification des « ruminants » proprement dits pour considérer des formes plus allégoriques : ainsi en est-il pour le lapin (« on peut considérer qu’il rumine ; car il régurgite sa nourriture au petit matin, puis l’avale de nouveau »)[24] ; pour le daman (« Puisqu’il est pourvu d’une caillette[25] comme les ruminants, on estime qu’il ‘rumine’ ») [26].

R’ Meyer Lubin offre une autre perspective הַ֠גָּמָל serait le dromadaire (à une bosse), הַשָּׁפָ֗ן serait le lama (qui découvert après la découverte de l’Amérique, s’est avéré ruminer sans avoir de sabots fendus), הָֽאַרְנֶ֗בֶת serait le chameau à deux bosses [27]. Il croit trouver la solution aux difficultés de traduction des ces noms d’animaux, en examinant l’étrange variation des temps utilisés pour les verbes.

Concernant le gamal, il est écrit : אַ֤ךְ אֶת־זֶה֙ לֹ֣א תֹֽאכְל֔וּ מִֽמַּעֲלֵי֙ הַגֵּרָ֔ה וּמִמַּפְרִסֵ֖י הַפַּרְסָ֑ה אֶֽת־הַ֠גָּמָל כִּֽי־מַעֲלֵ֨ה גֵרָ֜ה ה֗וּא וּפַרְסָה֙ אֵינֶ֣נּוּ מַפְרִ֔יס טָמֵ֥א ה֖וּא לָכֶֽם׃ « Mais ceci vous ne le mangerez pas, parmi les remonteurs de rumination et les partagés du sabot, le gamal, oui, il fait remonter la rumination [les aliments déjà avalés], mais son sabot n’est pas partagé, il est impur pour vous » (Vayikra 11, 4). Le verbe מַפְרִ֔יס est bien au présent : « n’est pas partagé ».

Concernant le chafane, il est écrit : וְאֶת־הַשָּׁפָ֗ן כִּֽי־מַעֲלֵ֤ה גֵרָה֙ ה֔וּא וּפַרְסָ֖ה לֹ֣א יַפְרִ֑יס טָמֵ֥א ה֖וּא לָכֶֽם׃ « Le chafane, oui, il fait remonter la rumination mais son sabot ne sera pas partagé: il est impur pour vous » (Vayikra 11, 5). לֹ֣א יַפְרִ֑יס c’est du futur[28].

Concernant l’arnèbèt, il est écrit : וְאֶת־הָֽאַרְנֶ֗בֶת כִּֽי־מַעֲלַ֤ת גֵּרָה֙ הִ֔וא וּפַרְסָ֖ה לֹ֣א הִפְרִ֑יסָה טְמֵאָ֥ה הִ֖וא לָכֶֽם׃ « L’arnèbèt, oui, il fait remonter la rumination mais son sabot n’était pas partagé: il est impur pour vous » (Vayikra 11, 6). הִפְרִ֑יסָה c’est du passé féminin [29].

Or, la Torah n’utilise nulle part ailleurs trois temps simultanément pour enseigner une même loi. Pourquoi ici ce glissement du présent au futur puis au passé ? [30]. Cela, alors que leur qualité de ruminant – trait caractéristique aux trois animaux- est systématiquement conjuguée au présent? Ce que nous retrouverons dans Dévarim 14, 7, אֶֽת־הַ֠גָּמָל וְאֶת־הָֽאַרְנֶ֨בֶת וְאֶת־הַשָּׁפָ֜ן כִּֽי־מַעֲלֵ֧ה גֵרָ֣ה הֵ֗מָּה וּפַרְסָה֙ לֹ֣א הִפְרִ֔יסוּ טְמֵאִ֥ים הֵ֖ם לָכֶֽם׃ « le gamal, et l’arnèbèt, et le shaphane, qui ruminent et n’ont pas le sabot fendu, ils seront impurs pour vous ». Le même verbe est utilisé pour les trois animaux - conjugué ici au passé (pluriel). L’hypothèse du Rav repose sur l’histoire de la diffusion des espèces animales. Si le dromadaire était connu précocement dans l’Egypte antique et au Proche-Orient [31], il n’en allait pas de même pour le chameau (à deux bosses) qui ne fera son apparition que plus tardivement [32]. Le dromadaire aurait été domestiqué en Arabie il y a quelque 4000 à 5000 ans, alors que le chameau aurait été domestiqué quelque 1000 ans plus tard. Quant au lama, il n’a été connu qu’après la découverte de l’Amérique et la connaissance des plateaux andins. Le Rav propose une traduction des versets signalant ces trois animaux, en tenant compte de la variation des conjugaisons :

- dans Vayikra 11, 4, הַ֠גָּמָל le gamal désignerait un animal « qui ne se tient pas debout sur des pieds cornés » et « que vous connaissez maintenant » - ce serait le dromadaire (Camelus dromedarius) qui était connu en ces temps-là ;

- dans Vayikra 11, 5, הַשָּׁפָ֗ן le chafane désignerait un animal « que je te montre maintenant, ils ne l'ont jamais vu et ne le voient pas maintenant. Mais quand ils le verront dans l'avenir, ils constateront que cet animal ne se tient pas debout sur des pieds cornés », il s’agit des lamas des Andes : lama au sens strict (Lama glama), et ses proches : guanaco (lama guanacoe), alpaga (Lama pacos) et vigogne sauvage (Lama vicugna). L’existence d’un animal inconnu (lama) était donc annoncée par la Torah si on suit cette argumentation. Cela est conforme avec l’idée d’exhaustivité enseignée par Rabbi Yishma’el[33] ;

- dans Vayikra 11, 6 הָֽאַרְנֶ֗בֶת l’arnevet désignerait un animal qui « ne se tenait pas debout sur des pieds cornés » et que les hébreux connaîtront « quand vous l'avez connu », cet animal ne se trouvant pas dans votre entourage actuellement »- ce serait le chameau de Bactriane (à deux bosses - Camelus bactrianus), qui n’était pas domestiqué en ces temps-là, ni connu dans ces régions du monde [34].

L’hypothèse de R’ Meyer Lubin ne fait pas l’unanimité, mais elle éclaire la conjugaison exceptionnelle d’un verbe simultanément au présent, au futur et au passé, pour enseigner une même loi.

__________

Notes

[1] Vayikra 11, 2-8 ; Dévarim 14, 4-8.

[2] Seul le lait d’un animal pur peut être consommé. A propos de la consommation du lait après un repas de viande : il faut laisser passer six heures selon le Choul’hane ‘aroukh (Yoré dé’a  89,1. Cit. R’ D. Settbon, 5766, p. 503). En Tunisie ainsi qu’en Europe occidentale  (R’ D. Settbon, 5766, pp. 503-504) certaines familles ne laissaient s’écouler que 3 heures (Ces traditions  pourraient s’appuyer sur  le Péri ‘Hadach de R’ ‘Hizkiya Da Silva זצ"ל, pour qui les ‘six heures’ de la halakha ne sont pas à prendre au pied de la lettre: il ne s’agirait que d’un critère de référence: le temps moyen s’écoulant entre deux repas (R’ David Pardo זצ"ל , cit. R’ D. Settbon, 5766, p. 503). Plusieurs décisionnaires se sont opposés à cet avis.

[3]  Animal de la famille des antilopes. A. Chouraqui.

[4] L’addax est une antilope africaine (autrefois présente dans les régions sahéliennes et sahariennes à l’ouest de la vallée du Nil). A. Chouraqui.

[5] Le rabbinat d’Israël a récemment reconnu le buffle (d’eau ou d’Inde) comme parfaitement kacher (décision du Richon lésion, R’ Shlomo Amar א’’שליט au terme d’une instruction de deux ans : « Les chercheurs ont trouvé plusieurs cho'hatim et examinateurs (qui ont pour tâche d'ôter les graisses et les veines interdites) qui se souvenaient avoir travaillé sur des buffles » cela, à l'époque où la vallée de la ‘Houla était un marécage. Le mot buffle apparaît dans le Choul'han Aroukh de Rabbi Yossef Karo (Tsfat, 16ème siècle) qui le cite au nom du Rabbi Isaiah de Trani, Italie, 13ème  siècle ». La communauté de Rome consommait traditionnellement de ce buffle dont le lait était utilisé pour la fabrication des meilleurs fromages de mozzarella ; jusque dans les années 40, des sho’hatim avaient abattu ces buffles en Israël - Act. juive hebdo, n° 934, du 18 mai 2006, p. 22). http://www.kashrut.com/articles/buffalo/.

[6] A. Chouraqui

[7] Note grammaticale – Noter qu’on lit ici wazamer (וָזָֽמֶר׃  Dévarim 14, 5). et non wazémer. Car, la voyelle accentuée d’un mot en grande pause, est allongée.  Les signes musicaux (té’amim) indiquant ces positions pausales sont atna’h et sof passouk (ou silouk). D’ailleurs, même en français, lorsqu’on lit à haute voix un mot terminant un membre de phrase, on a plutôt tendance à prolonger la syllabe accentuée du dernier mot de ce membre de phase (comparable à la position pausale de l’atna’h et du sof passouk). Les exemples sont très nombreux (chékel/chakel ; néga’/naga’ ; chémen/chamen).  Voir dans la série La voix de Jacob, le T. 7, Grammaire hébraïque (diffusion BibliEurope). 

[8] A. Chouraqui

[9]  זָֽמֶר  (Dévarim 14, 5) – Il y a discussion sur la traduction de ce mot. Le Targum d’Onkelos traduit זָֽמֶר  par  דיצא : espèce de gazelle (Marcus Jastrow, p. 304) ; sorte de bouquetin  (דיצא rendu par יַעֲלַת dans le targoum de Michlé 5, 19). Les traductions modernes indiquent : mouflon (trad. Bible de Jérusalem), chevreuil (trad. Pleiade), algazelle - antilope de grande taille (A. Chouraqui). C’est la Septante qui a traduit girafe (grec : καμηλοπάρδαλιν· kamelopardalis) imitée en latin par la Vulgate (Camelopardalum). R’ Saadia Gaon traduit zarafa en arabe ; la girafe est cachère pour trois richonim R’ Saadia Gaon, mais aussi Rabbenu Yona et Radak (source : R’ Ari Z., Zivotofsky, “What’s The Truth About Giraffe Meat!”, http://www.kashrut.com/articles/giraffe/, Union of Orthodox Jewish Congregations of America, 2000). R’ Shlomo Mahfoud a statué en 2008 que la girafe est cachère, son lait pouvant cailler [naturellement] (Actualité juive hebdo, 19 juin 2008, p. 37). Attention: On disait que tout fromage ne pouvait avoir été fait qu’à partir du lait provenant d’un animal kacher ; on ne peut plus affirmer cela aujourd’hui, car il existe des présures spécifiques permettant de coaguler le lait de chamelle. De tels fromages sont commercialisés au Sénégal, http://camelides.cirad.fr/fr/curieux/from_chamelle.html (juin 2008). Un document de la F.A.O. (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) précise : « Si on mélange le lait de chamelle au lait d'autres animaux tels que la vache ou la chèvre, il peut servir à fabriquer le fromage, le yaourt et le beurre. On utilise le lait des chamelles à deux bosses pour fabriquer le fromage et le beurre. » http://www.fao.org/docrep/t0690f/t0690f09.htm - consult. 2009.

[10] Les côtes de la mer Rouge et de l’océan Indien sont explorées vers 600 AEC à l’initiative du Pharaon Néchao ; cela fut semble-t-il le premier périple réussi autour de l’Afrique. Un siècle plus tard, une autre expédition fut lancée jusqu’au golfe de Guinée par Hannon, roi de Carthage (500 AEC). Hérodote (v. 450 AEC) connaît surtout la Méditerranée orientale, l'Asie occidentale (la Mer Noire et ses fleuves, il sait que la Caspienne est une mer isolée), l’Egypte et la Libye. Ce n’est qu’un siècle plus tard que Pythéas entre dans la mer Baltique et explore le nord de la Grande-Bretagne. Il faudra attendre Alexandre le Grand (vers 330 AEC) pour que les limites du monde connu atteignent le bassin de l’Indus (entre l’Inde et le Pakistan actuels). L'Afrique carthaginoise fut décrite par Polybe (v. 150 AEC) alors que la Gaule, la Grande Bretagne et la Germanie entraient dans le monde connu plus tard encore, après les conquêtes de César et de ses successeurs. Le capital d'informations géographiques et scientifiques de l'Antiquité fut recueilli dans les centres intellectuels de la civilisation arabo-musulmane qui le firent prospérer lorsque les conquêtes arabes s'étendirent en Asie et vers les côtes orientales de l'Afrique.

[11] “519 plants, 279 fish, 88 frogs, 88 spiders, 46 lizards, 22 snakes, 15 mammals, 4 birds, 4 turtles, 2 salamanders and a toad. … It is estimated thousands of new invertebrate species were also discovered during this period, further highlighting the region’s immense biodiversity”, WWF (2008), “Greater Mekong a biological treasure trove: more than 1000 new species discovered in a decade”, 15 Dec.

[12] Une région quasi inexplorée du Mozambique s’est révélée riche d'espèces inconnues.

[13] Des océanographes ont identifié des espèces « nouvelles » d’éponges et d’arthropodes (vaste famille animale qui comprend notamment les insectes et les araignées). Expédition organisée par le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) sur des fonds marins à l'est de l'Australie, dans une faille.

[14] ואמר רב חסדא היה מהלך בדרך ומצא בהמה שפיה גמום בודק בפרסותיה אם פרסותיה סדוקות בידוע שהיא טהורה אם לאו בידוע שהיא טמאה ובלבד שיכיר חזיר לאו אמרת איכא חזיר איכא נמי מינא אחרינא דדמיא לחזיר לא ס"ד דתנא דבי ר' ישמעאל (ויקרא יא) ואת החזיר כי מפריס פרסה הוא שליט בעולמו יודע שאין לך דבר שמפריס פרסה וטמא אלא חזיר לפיכך פרט בו הכתוב הוא « si quelqu’un trouve un animal qui a le sabot fendu mais qu’on ignore s’il rumine, on pourra le consommer si on n’est sûr que ce n’est pas un porc… mais peut-être s’agit-il d’un autre animal qui a le sabot fendu mais qui ne rumine pas. Non! Le Maître du Monde sait qu’il n’y a aucun animal qui ait le sabot fendu tout en étant impur sauf le porc, c’est pour cela que le verset précise ‘lui’  » T.B. ‘Houlin 59a.

[15] Autrefois plus couramment appelé océan glacial Arctique

[16] Autrefois plus couramment appelé océan glacial Antarctique.

[17] TB ‘Houlin 60b ; R’. Munk, Kol hatorah sur Vayikra 11, 6,  p. 85

[18] Des milliers d’espèces de poissons ont été découvertes depuis le don de la Torah, et aucune ne vient démentir l’affirmation de nos Sages qui ne pouvaient se tromper, car ils détenaient l’enseignement du Créateur. Un exemple : en 2009, a été découvert en Indonésie un poisson qui a des nageoires mais pas d’écailles. Sa couleur pêche rosée et ses zébrures blanches ont inspiré l’attribution de son nom : Psychedelicae. Il fait partie de l’ordre des Lophiiformes ; sans écailles, sa peau peut être couverte d’un mucus. Mais il dispose de nageoires (qui lui permettent de ramper !). Le psychedelicae a été décrit par T. W. Pietsch, R. J. Arnold and D. J.. Hall (2009) “A Bizarre New Species of Frogfish...”, Copeia: Feb. 2009, Vol. 2009, No. 1, pp. 37-45.

[19] TB ‘Houlin 59a.

[20] Le chameau s’accroupit de telle manière qu’il ramène ses pattes sous lui, comme s’il les dissimulait, alors que l’activité de sa mâchoire est bien en évidence et démontre qu’il rumine. Cette situation est l’inverse de celle concernant le porc : lorsqu’il est couché, il allonge ses membres en avant, comme s’il exhibait ses signes extérieurs de cacheroute. Porc et chameau ont une apparence trompeuse.

[21] « Petit mammifère ressemblant à la marmotte, et habitant les régions chaudes d'Afrique ou de l'Asie Mineure » http://www.cnrtl.fr/definition/daman. A. Chouraqui propose également : daman.

[22] R’ A. Kaplan (1996), La torah vivante. Parler de lièvre et de lapin serait justifié si l’on prend en compte le fait qu’ils mangent deux fois le même aliment (Coprophagie ; ils mangent leurs excréments). Ce procédé peut être compris comme  étant équivalent à "ruminer ». Il a été mis en évidence par Madsen H (1939) et Eden A. (1940) dans la revue Nature, vol. 143 et 145.

[23] L’identité de cet animal n’est pas certaine, d’autant que son nom « a été altéré à dessein par les Septante car il était identique à celui de la femme (ou de la mère de Ptolémée) ». R’ E. Munk, Kol hatorah - sur Vayikra 11, 6. Voir : TB Meguila 9b.

[24] R’ A. Kaplan (1996), La torah vivante.

[25] La caillette (ou abomasum) est le quatrième et véritable estomac des ruminants. Les trois autres compartiments sont des pré-estomacs (panse, réticulum, feuillet).

[26] R’ A. Kaplan (1996), La torah vivante.

[27] Lubin, R’ Meyer (1973), « L'identification des gamal, chafan et arnevet de la Torah »,  Intercom, Orthodox Jewish Scientists Association ; trad. http://www1.alliancefr.com/~kacher/chafarnevet.htm (consult. juin 2008). L’auteur est un homonyme de R’ Meir Lublin (Meir ben Gedalia, 1558 – 1616) dit le Maharam. 

[28] A. Chouraqui traduit au présent.

[29] A. Chouraqui traduit au présent.

[30] Lubin, R’ Meyer (1973).

[31] Les troupeaux d’Abraham comprenaient des guémalim : וַּֽיְהִי־ל֤וֹ צֹאן־וּבָקָר֙ וַֽחֲמֹרִ֔ים וַֽעֲבָדִים֙ וּשְׁפָחֹ֔ת וַֽאֲתֹנֹ֖ת וּגְמַלִּֽים׃  « il eut du petit et du gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des guémalim » (Béréchit 12,16). Cela date d’il y a  quelque 3750 ans (– 1742 de l’ère courante environ). L’époque était trop précoce par rapport à la domestication du chameau : c’était donc des dromadaires. Or, le mot וּגְמַלִּֽים est généralement traduit « et des chameaux » depuis la Septante (κάμηλοι)  jusqu’aux traductions plus récentes (A. Chouraqui ; J. Kohn).

[32] Des chameaux figurent sur l’obélisque de Salmanasar III (Roi d’Assyrie vers 840 avant l’ère courante).

[33] שליט בעולמו יודע שאין לך דבר שמפריס פרסה וטמא אלא חזיר « Le Maître du Monde sait ... » TB ‘Houlin (59a).

[34] Représenté en Assyrie (obélisque de Salmanasar III, vers 840 avant l’ère courante). Les Grecs ne le rencontrèrent qu’à l’époque des conquêtes d’Alexandre le Grand (vers 330 AEC).

 

(c) Hillel Bakis, La voix de Jacob, Tome 3, Vayikra. Chapitre 26. Diffusion aux libraires: BibliEurope, Paris.

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