Insectes

 

Insectes consommables selon la Torah

 

Dans la Torah on lit : « Tout insecte ailé qui marche sur quatre pieds sera immonde pour vous. Toutefois, vous pourrez manger, parmi les insectes ailés marchant sur quatre pieds, celui qui a au-dessus de ses pieds des articulations au moyen desquelles il saute sur la terre. Vous pouvez donc manger les suivants : l’arbé (אֶת־הָֽאַרְבֶּ֣ה) [1] selon ses espèces, le sol’am (וְאֶת־הַסָּלְעָ֖ם) [2] selon les siennes, le ’Hargol (וְאֶת־הַחַרְגֹּ֣ל) [3] selon ses espèces et le ‘Hagab (וְאֶת־הֶֽחָגָ֖ב) [4] selon les siennes » (Vayikra 11, 20-21) [5].

Dans les traditions algériennes [6], marocaines [7], libyennes, tunisiennes [8] ou yéménites [9], quelques espèces de sauterelles étaient consommées [10]. Mais il fallait pouvoir les reconnaître, ce qui, n'étant pas évident a conduit des décisionnaires à les interdire de manière générale.

Plus généralement, la Torah impose de vérifier soigneusement les fruits et légumes qui sont habituellement infestés par les insectes avant de les consommer, « car il s’agit là d’une interdiction très importante» [11]. Le Gaon R’ Hizkiya ben David Da Silva זצ"ל[12] « a mis les orateurs en garde et les a exhortés à ne pas consacrer uniquement leurs discours à des sujets abstraits, négligeant ainsi d’attirer l’attention des foules sur la gravité de cette interdiction de consommer des insectes » [13]. [14].

R’ Juda Chanin זצ"ל[ 15] compare les caractéristiques des poissons permis et celles des insectes ailés kachers : quatre pattes, deux articulations au-dessus des pieds, quatre ailes couvrant la majeure partie du corps. Les nageoires des poissons correspondent aux articulations des insectes, leur permettant de se déplacer. Les écailles des poissons correspondent chez les insectes aux ailes couvrant la majeure partie du corps. Ainsi, les deux conditions de la pureté sont les pieds ou nageoires et le vêtement recouvrant le corps [16].

 

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Notes

[1] Selon la tradition yéménite, il s’agit de la sauterelle rouge autorisée à la consommation (Yossef Kapa’h, Halikhot Téman, Jérusalem, 1968, p. 218, cit. R’ A. Kaplan, 1996, p. 350). Chouraqui : criquet.

[2] Il s’agit de la sauterelle jaune, autorisée à la consommation (halikhot Téman, cit. R’ A. Kaplan, 1996, p. 350). Egalement appelée sauterelle chauve ou sauterelle à longue tête. Chouraqui la nomme : acridien.

[3] Il s’agit de la sauterelle grise à pois (halikhot Téman, cit. R’ A. Kaplan, 1996, p. 350).

[4] Il s’agit d’une petite sauterelle blanche (halikhot Téman, cit. R’ A. Kaplan, 1996, p. 351).

[5] כֹּ֚ל שֶׁ֣רֶץ הָע֔וֹף הַֽהֹלֵ֖ךְ עַל־אַרְבַּ֑ע שֶׁ֥קֶץ ה֖וּא לָכֶֽם׃ אַ֤ךְ אֶת־זֶה֙ תֹּֽאכְל֔וּ מִכֹּל֙ שֶׁ֣רֶץ הָע֔וֹף הַֽהֹלֵ֖ךְ עַל־אַרְבַּ֑ע אֲשֶׁר־לא (ל֤וֹ) כְרָעַ֨יִם֙ מִמַּ֣עַל לְרַגְלָ֔יו לְנַתֵּ֥ר בָּהֵ֖ן עַל־הָאָֽרֶץ׃ אֶת־אֵ֤לֶּה מֵהֶם֙ תֹּאכֵ֔לוּ אֶת־הָֽאַרְבֶּ֣ה לְמִינ֔וֹ וְאֶת־הַסָּלְעָ֖ם לְמִינֵ֑הוּ וְאֶת־הַחַרְגֹּ֣ל לְמִינֵ֔הוּ וְאֶת־הֶֽחָגָ֖ב לְמִינֵֽהוּ׃

[6] C’était un met très apprécié en Algérie. R’ Tséma’h Duran I זצוק"ל  traite de ce sujet (Yakhin Oubo’az, vol. 1, p. 64). R’ Tséma’h Duran II זצוק"ל (décédé en 1590) indique qu’un homme âgé originaire du Tafilalet ainsi que des gens venus de Tlemcem, témoignaient que l’on avait l’habitude d’en consommer (R’ D. Settbon, ‘alé hadass, p. 502). Un homme m’a affirmé que l’on considérait cet aliment comme notoirement kacher dans son enfance, et que lui-même en mangeait, grillées (témoignage 2005 d’un originaire de Géryville - sud Oranais dans l’Atlas saharien). « La Torah enseigne effectivement certaines espèces pures, et pour lesquelles une tradition est nécessaire. L'authentification fut faite sous les soins de Dr Amar auprès d'une centaine de natifs du Maroc et du Yémen...  Bien que nombre de décisionnaires Ashkénazes interrogés avaient conseillé de ne pas en manger, un certain nombre de décisionnaires avaient autorisé de se baser sur la tradition yéménite»  (Rabbi Ari Z. Zivotofsky and Dr. Ari Greenspan, « Living the law: Reinforcing the tradition with a palpable precedent », http://www1.alliancefr.com/~kacher/faisan.htm).

[7] R’ H. Ben ‘Attar  זצ"לen interdit la consommation (R’ D. Settbon, 5766, p. 502), mais les traditions locales autorisaient la consommation de certaines sauterelles. Une scène se déroulant dans la cour du talmud Torah de Meknes en témoigne: “Les récréations sont parfois animées par les nuées de sauterelles opaques qui obscurcissent le ciel. Des centaines de sauterelles tombaient dans la grande cour, que nous faisons griller, quand elles sont cachères bien entendu, c’est-à-dire si elles arborent sur le ventre, comme il se doit, la lettre hébraïque Het!” ces sauterelles “représentaient un supplément de protéines apprécié par les populations démunies. Quant à nous, nous les considérions tout simplement comme des friandises!” - André Elbaz (2007), La tentation de l’Occident. Itinéraire d’un Juif maghrébin, Ed. du Marais, Montréal, 378 p., voir p. 51.

[8] Dans les régions de Tunis, Djerba, Tripoli, les sauterelles étaient consommées dans la première moitié du 18ème s. mais interdites vers 1766 (R’ D. Settbon, ‘alé hadass, p. 502).

[9] Les Juifs du Yémen autorisaient la consommation de sauterelles se déplaçant en groupe, certaines personnes âgées sachant encore les reconnaître de nos jours (R’ D. Settbon, p. 503).

[10] J’ai entendu qu’en Israël (en 2004), un homme originaire d’un pays où certaines sauterelles étaient consommées, organisa une grillade pour ses amis sans admettre les avis contraires de ceux les interdisaient, faute de savoir les reconnaitre.

[11]  Yalkout Yossef, volume VII. Moadim deuxième partie.  p. 94-95.  

[12]  R’ Hizkiya ben David Da Silva זצ"ל , rabbin livournais (1659-1698), s’installa à Jérusalem, et en devint Grand Rabbin: auteur d’un commentaire  sur le choul’han ‘aroukh  (Péri ‘Hadach).

[13]  Yalkout Yossef, volume 7,  pp. 94-95.  Les « insectes qui grouillent sur la terre, tels que les fourmis et les vers qui infestent les fruits et les légumes, etc. » constituent la vermine de la terre. On distingue deux autres catégories de vermines. La « vermine aquatique, c’est-à-dire les insectes qui pullulent dans l’eau [et même les crabes]; … et la vermine volante, c’est-à-dire les insectes volants tels que les mouches, les moustiques, les abeilles, etc. » Yalkout Yossef, volume 19, p. 52

[14]  RACONTER- Rabbi Chalom au marché - Au début du jour précédant Pessa’h, le tsadik R’ Chalom Kaskhi d’Alep זצ''ל se rendit au souk. Il se rendit compte que les salades d’un vendeur étaient infestées de petits vers et de bestioles minuscules. Il pensa que de très nombreux Juifs ne sauraient pas les nettoyer convenablement. Ils allaient se souiller involontairement ! Or, bientôt les clients allaient venir pour se procurer les légumes dont ils avaient besoin pour la fête, et, en particulier, ils avaient besoin de ‘maror’ (herbes amères) pour le plateau du séder. Sans hésiter, il acheta tout le lot de salades et les piétina afin qu’elles ne soient plus consommables.

[15] Cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Vayikra, 1998, p. 87  

[16] R’ E. Munk, Kol hatorah, Vayikra, 1998, p. 87  

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