49* Ki Tétsé

 

 

49* KI TETSÉ (Débarim 21-10 – 25, 19)

כִּֽי־תֵצֵ֥א Lorsque tu sortiras

Résumé 

 
Le dernier verset de la paracha précédente précisait כִּֽי־תַעֲשֶׂ֥ה הַיָּשָׁ֖ר בְּעֵינֵ֥י יְהוָֽה׃ « tu feras ce qui est droit aux yeux de Hachèm »(21,9).Si les enfants d’Israël ont été physiquement et spirituellement sauvés d’Egypte, ce n’est pas pour construire un pays semblable aux autres [1], maispour y constituer une société juste, un peuple saint. Aussi, parmi les 74 mitsvot prescrites dans la présente paracha, se trouvent de nombreuses lois sociales et familiales qui parachèvent le cadre indispensable pour bâtir la sainteté d’Israël. Cette paracha est la suite du discours de Moché. Depuis le début du livre de Débarim, Moché a entrepris la récapitulation de l’histoire des Hébreux et de leur alliance avec Hachèm. Il a formulé des exhortations pour l’avenir tant au niveau collectif (organisation sacerdotale, législative) qu’au niveau individuel (exigences morales tendant à la sainteté).
Dans cette paracha, on compte de nombreuses lois sur la famille: restrictions quant au mariage avec des étrangères prisonnières de guerre (21,10-14), prescriptions sur l’homme bigame (21,15-17), sur le fils rebelle (21,18-21) ;  règles du divorce (24, 1-4) et du lévirat (25, 5-9).
Sont édictées aussi des lois visant à préserver la société par la mise en œuvre de pratiques honnêtes et de la justice sociale :interdiction du port de vêtements du sexe opposé (22,5) et de la prostitution (23,18) ; préservation de la bonne entente avec les autres membres de la société  : restitution des animaux ou objets perdus (22,1-3) ; respect de la parole (23,22-24); exactitude des mesures utilisées (25,13-16) ; punition des auteurs d’infractions [2](21,22 ; 25,1-3). Même en situation extrême, la Torah prescrit  la pureté du comportement: on l'a vu dans la paracha précédente (interdiction de détruire les arbres fruitiers dans les champs d'une ville assiégée); c'est encore le cas dans cette paracha avec la conversion d'une captive. Car l'être humain, et l'Hébreu en particulier, ne doit pas se transformer en animal sous prétexte que la situation est troublée.
Une société ne peut fonctionner, non plus, si les pauvres sont négligés. Aussi des mesures sociales sont-elles édictées : protection des esclaves fugitifs (23,17) ; interdiction du prêt à intérêt à son prochain (23,20-21) ; protection du débiteurpauvre (24,6) ; justice envers les pauvres (24,17). Lors de la récolte, il faut laisser aux pauvres de quoi glaner dans les champs [3]. Bien avant les législations sociales des nations, la Torah, proclame que les travailleurs ont des droits et que l’employeur a l’obligation de rémunérer son salarié sans tarder (24,14-15).
Le perfectionnement recherché concerne aussi les objets : construction de la maison (parapets au toit 22,8) [4] ; préservation de la pureté du camp (21,23) ; le mélange de certains textiles est interdit (22,11); l'exactitude des poids et mesures (25, 13-15).
Le perfectionnement recherché inclut aussi le comportement envers le monde animal : aide à apporter à un animal qui s'effondre sous la charge (22,4) ; libération de la mère avant de saisir ses oisillons dans le nid (22,6-7); interdiction d’atteler ensemble deux animaux de forces différentes (22,10) ; ne pas museler un animal dans son travail pour l’empêcher de consommer un produit de la terre (25,4).
Les derniers versets de la section ordonnent : זָכ֕וֹר אֵ֛ת אֲשֶׁר־עָשָׂ֥ה לְךָ֖ עֲמָלֵ֑ק « souviens-toi de ce que t’a fait 'Amalek… » (25, 17-19). On pourrait penser qu’ils n’ont aucun rapport avec le sujet de la paracha, mais on serait dans l’erreur ! Moché explique dans toute cette paracha que les enfants d’Israël doivent mettre en pratique la sainteté dans l’organisation de la famille, de la société, de la justice, et de la vie économique. Or, le rappel d’Amalek intervient après les prescriptions sur les poids et mesures justes. Rachi enseigne : « Si tu fraudes dans les poids et les mesures, redoute les provocations de l’ennemi » [5].
 
 
 


[1] Les livres du Nakh (Prophètes et Ecrits de la Bible hébraïque) montreront qu’ils n’y sont pas toujours parvenus, certains rois étant éloignés de cet idéal : les prophètes tenteront de rectifier le cours des choses.
 
[2] Rachi enseigne, à partir du sujet de ce verset et du précédent, que si le père et la mère s’attendrissent sur leur fils, il devient rebelle puis finira mal jusqu’à commettre des crimes passibles de condamnation à mort par le tribunal  (sur le verset).
 
[3] Avec des limites imposant le respect du travail et la propriété de l’agriculteur : il est possible de grappiller dans la vigne de son prochain, jusqu’à se rassasier, mais pas pour emporter ; il est possible d’arracher des épis à la main, mais pas en utilisant la faucille (23, 25-26).
 
[4] Ce qui renvoie aussi au perfectionnement recherché dans le domaine personnel: cette loi relative au parapet fait allusion à la protection de l’intelligence : « Si tu te promènes trop loin avec les moyens limités de ton intelligence, sans lui préparer un ‘écrin’ de protection, tu tomberas de ta haute position comme Elicha’ ben Abouya » qui chuta après avoir tenté de percer les secrets du monde supérieur (R’E. Munk, Kol hatorah, sur le Débarim 22  8 ; Bé’hayé ; T.B. ‘Haguiga 14b).
 
[5] Notons que le verset ne parle pas même de faute avérée, mais d'un comportement laxiste qui rendrait possible une fraude en matière de poids et mesures לֹֽא־יִהְיֶ֥ה לְךָ֛ בְּכִֽיסְךָ֖ אֶ֣בֶן וָאָ֑בֶן גְּדוֹלָ֖ה וּקְטַנָּֽה׃ לֹֽא־יִהְיֶ֥ה לְךָ֛ בְּבֵֽיתְךָ֖ אֵיפָ֣ה וְאֵיפָ֑ה גְּדוֹלָ֖ה וּקְטַנָּֽה׃  "Tu n’auras pas dans ta poche deux poids différents: un grand et un petit. Tu n’auras pas dans ta maison deux épha différents; un grand et un petit" (25, 13-14).Un épha, volume de mesure des solides, correspond à peu près à 25 litres. Il s'agit d'éviter non seulement la faute, mais aussi la tentation de la faute.

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