Maîtriser sa parole pour éviter la médisance

 

(c) Hillel Bakis

La voix de Jacob, 2013

 

Maîtriser sa parole pour éviter la médisance…

 

וְעָשִׂ֣יתָ עַל־שׁוּלָ֗יו רִמֹּנֵי֙ תְּכֵ֤לֶת וְאַרְגָּמָן֙ וְתוֹלַ֣עַת שָׁנִ֔י עַל־שׁוּלָ֖יו סָבִ֑יב וּפַֽעֲמֹנֵ֥י זָהָ֛ב בְּתוֹכָ֖ם סָבִֽיב׃ פַּֽעֲמֹ֤ן זָהָב֙ וְרִמּ֔וֹן פַּֽעֲמֹ֥ן זָהָ֖ב וְרִמּ֑וֹן עַל־שׁוּלֵ֥י הַמְּעִ֖יל סָבִֽיב׃  « Tu feras sur ses bords des grenades d’azur et de pourpre et d’écarlate de cochenille sur ses bords autour, et des clochettes d’or au milieu d’elles autour (Chémot 28, 33). Les vêtements du Cohen gadol sont qualifiés par la Torah par les mots, ‘gloire’ et splendeur’ וְעָשִׂ֥יתָ בִגְדֵי־קֹ֖דֶשׁ לְאַֽהֲרֹ֣ן אָחִ֑יךָ לְכָב֖וֹד וּלְתִפְאָֽרֶת׃  « tu feras des vêtements de sainteté pour ton frère Aharon pour la gloire et la splendeur » (Chémot 28,2).

Ce verset sur le vêtement du Kohen gadol est riche d’enseignements [1].

Ainsi, le bord de la robe bleue (mé’il) était décoré de grenades et de clochettes d’or. Les grenades « d’azur et de pourpre et d’écarlate » décoraient. Rachi explique les mots : בְּתוֹכָ֖ם סָבִֽיב  par « Entre elle, tout autour. Entre deux grenades une clochette fixée et suspendue » [2]. Si l’on suit la disposition, telle que précisée par l’enseignement de Rachi, ces grenades nous apprennent qu’il faut savoir maîtriser la parole et éviter la médisance. Les clochettes n’étaient pas uniquement décoratives : elles produisaient des sons (« avec des battants à l’intérieur » précise Rachi qui explique que « au milieu d’elles autour » signifie « entre elles, tout autour. Une clochette est  assujettie et suspendue entre deux grenades aux bords de la robe »).

Pourquoi Rachi dit-il : « une clochette... entre deux grenades » [3] ? Dans toute alternance, lorsqu’on choisit une section de trois éléments, on peut aussi bien dire que c’est l’une ou l’autre de ces catégories qui se trouve au milieu : une cloche entre deux grenades, aussi bien qu’une grenade entre deux cloches !  Mais un ordre précis est choisi par la Torah, repris par Rachi : « une clochette est  assujettie et suspendue entre deux grenades aux bords de la robe  ».

Cela apporte un enseignement moral : la clochette produit des sons et elle symbolise la parole. Cela nous apprend comment nous servir de la parole. La succession de grenades et de clochettes d’or dans le vêtement du Kohen gadol indique que la parole doit être contrôlée par la personne qui parle. Mesurée, elle est précédée par un silence, et est suivie par un autre silence, comme ces clochettes étaient, chacune, précédées et suivies par un objet n'émettant pas de bruit. De la sorte, seront évitées les médisances ! 

Le ‘Hafets ‘Hayim a insisté sur la maîtrise du langage. Cela n’est pas une aptitude innée : il convient à chacun de  travailler sur lui-même pour observer ces lois le mieux possible.


[1] Comme le note R’ R. ‘H. Pontrémoli, Mé’am Lo’ez, Esther (Trad. Verdier, p. 44)

[2] Pentateuque avec Rachi, Chémot, p. 249, v. 33. La note 25 ajoute : Rachi rejette l’interprétation « des grenades… et des clochettes d’or à l’intérieur de celles-ci (c’est-à-dire dans la partie creuse des grenades) ».

[3] Sur Chémot 28, 33.

 

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