Les plaies d’Egypte

 

Les dix plaies d’Egypte

וְגַ֣ם ׀ אֲנִ֣י שָׁמַ֗עְתִּי אֶֽת־נַאֲקַת֙ בְּנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֔ל אֲשֶׁ֥ר מִצְרַ֖יִם מַֽעֲבִדִ֣ים אֹתָ֑ם וָֽאֶזְכֹּ֖ר אֶת־בְּרִיתִֽי׃

« Et aussi, J’ai entendu le gémissement des Enfants d’Israël que les Égyptiens ont asservis, et Je me suis souvenu de mon alliance » (Chémot 6, 5).

Hachèm ית"ש a vu la situation faite à Son peuple, et il affirme à Moché se souvenir de l’alliance qu’Il a conclue avec les patriarches. Il annonce qu’il délivrera les Hébreux de leur servitude, par « bras étendu », et par de « grands jugements », qu’Il fera d’eux Son peuple et qu’il les  fera entrer en possession du pays de Kéna’an qu’Il a donné aux patriarches [1].

Pharaon s’obstinant dans son refus de laisser partir les Hébreux, de nombreuses plaies vont s’abattre sur l’Egypte [2]. Les sept premières plaies sont présentées dans  cette paracha [3] et les trois dernières le seront dans la paracha suivante (Bo). Ce sont :

1- דָם - toutes les eaux du fleuve sont devenues du sang  (Chémot 7, 14 … 7, 25). Cette plaie est survenue en Nissan [4] ;

2- צְפַרְדְּעִים - les grenouilles (Chémot  7, 26 … 8, 11) [5] ;

3- כִנִּם  - les poux (vermine)  (Chémot  8, 12  … 8, 15) ;

4- עָרֹב  - les bêtes sauvages  (Chémot 8, 16 … 8, 28) ;

5- דֶּבֶר  - la peste animale (Chémot  9, 1 … 9, 7) [6] ;

6- שְׁחִין  - les ulcères  (Chémot  9, 8  … 9, 12) ;

7- בָּרָד  - la grêle  (Chémot  9, 13  … 9, 35) ;

8- אַרְבֶּה  - les sauterelles (Chémot 10, 1 … 10, 20) [7] ;

9- חֹשֶׁךְ  - les ténèbres  (Chémot  10, 21 … 10, 29) ;

10- מכת בכורות - la mort des premiers nés égyptiens (Chémot  11, 1…11, 10).

R’ Yéhouda, important tana détenteur de la tradition orale, a eu recours à un simple procédé mnémotechnique. Mais il y a bien plus que ce procédé. Pourquoi a-t-il donc utilisé trois « mots » (groupe de lettres) et non deux, ou quatre?  Pourquoi ce choix de la première lettre de chaque plaie ?

 

 

 

 

 

ך''דצ

dé-tsa-kh

Les trois lettres initiales des mots désignant les 1ère, 2ème et 3ème plaies

ש''עד

‘a-da-sh

Les trois lettres initiales des mots désignant les 4ème, 5ème et  6ème plaies

ב''באח

bé-a-‘ha-b

Les quatre lettres initiales des mots désignant les 7ème, 8ème, 9ème et 10ème plaies

1- Sang  (דָם)

2- Grenouille (צְפַרְדְּעִים)

3- Poux (כִנִּם)

4- Bêtes sauvages (עָרֹב)

5- Peste animale (דֶּבֶר)

6- Ulcères (שְׁחִין)

7- Grêle (בָּרָד)

8- Sauterelles (אַרְבֶּה)

9- Ténèbres (חֹשֶׁךְ); Chémot 

10- Mort des 1ers nés (מכת בכורות)

 

 

 

 

 

Première explication : le nombre de plaies sur la mer  - On peut croire, à la lecture de la Haggadah de Pessa’h, que la tradition transmet des informations contradictoires sur le nombre de plaies ayant frappé les Egyptiens sur la mer : 50 pour Rabbi Yossi, 200 pour Rabbi Eli’ézer, et 250 pour Rabbi ‘Akiba [8].

Or, les trois abréviations de Rabbi Yéhouda donnent, par une gématria, la réponse dans ce débat : il y a eu en fait 501 plaies différentes sur la mer ce qui inclut les plaies citées par R’ Yossi, R’ Eli’ezer, et R’ ‘Akiba. Il parvient au total de 501 par la guématria des lettres des trois abréviations : ך''דצ =4+90+20=114 ; ש''עד =70+4+300=374 ; ב''באח = 2+1+8+2=13 ; soit 114 + 374 + 13 = 501 en tout.

Mais Rabbi Yéhouda ne vient pas apporter une quatrième tradition quant au nombre de plaies sur la mer : ce n’est pas 50 ou 200 ou 250! Rabbi Yéhouda indique que chaque Tana parle de plaies différentes ; elles s’ajoutent donc car les 50 de R’ Yossi + les 200 de Rabbi Eli’ezer + les 250 plaies citées par R’ ‘Akiba + 1 (pour le « doigt » de Hachèm ית"ש  qui a frappé l’Egypte sur la mer)=  501 [9].  

 

 

 

 

 

Deuxième explication : l’ordre des plaies  [10] - Rabbi Yéhouda donne un enseignement : l’ordre dans lequel les plaies ont frappé l’Egypte est bien celui qui ressort des versets de la Torah.

Même si l’ordre est donné par la Torah, cela n’indique pas forcément que les plaies se sont produites dans cet ordre-là : on sait qu’il n’y a ni « avant » ni « après » dans la Torah (la chronologie n’est pas nécessairement celle qui découle de l’ordre des sections [11]).

On pourrait penser que la Torah n’enseigne pas l’ordre dans lequel sont survenues les plaies. Le doute grandit lorsqu’on voit les mêmes plaies frapper dans un ordre différent dans les Téhilim (et trois plaies ne sont pas même citées) : Ps. 78, 43-51 [12] et Ps. 105,  27-36 [13].

 

 

 

 

 

Troisième explication [14] : qui a déclenché chaque plaie ?  Les plaies 1, 2, 3 ont été « déclenchées » par Aharon avec le bâton de Moché ; les plaies 4, 5, 6 par Moché sans bâton ;  les plaies 7, 8, 9 par Moché seul avec bâton; la plaie 10 par Hachèm seul.

Les abréviations de Rabbi Yéhouda fournissent un regroupement des plaies compatible avec ces catégories.

 

 

 

 

 

Quatrième explication[15] : sont frappés la terre, l’espace de l’être humain, les airs. Le premier mot mnémonique  regroupe des plaies qui sortent du monde de la terre (et de l’eau). L’appartenance de la vermine à cette catégorie peut étonner, mais cela ne dure pas lorsque l’on considère le verset : וּבַבְּהֵמָ֑ה כָּל־עֲפַ֥ר הָאָ֛רֶץ הָיָ֥ה כִנִּ֖ים בְּכָל־אֶ֥רֶץ מִצְרָֽיִם׃  « toute la poussière du pays fut poux dans tout le pays d’Egypte » (Chémot 8, 13). Le deuxième mot regroupe des plaies qui frappent l’espace de l’être humain (les bêtes sauvages, la peste animale et les ulcères). Les trois plaies de ce groupe font comprendre à Pharaon son erreur. Il admet que la domination du D.ieu des Hébreux concerne également l’espace de l’homme. Les trois plaies de ce groupe précisent le message en trois étapes, de la périphérie humaine jusqu’à l’intérieur du corps humain : incursion, par les bêtes sauvages dans l’espace occupé par les hommes ; la peste animale s’installe dans l’espace économique égyptien ; enfin, le corps humain lui-même est frappé par les ulcères. Pourtant, Pharaon ne plie pas, il va s’obstiner une fois de plus, pensant que tout espoir n’est pas perdu, espérant que l’espace aérien, au moins, n’est pas sous le contrôle du D.ieu des Hébreux : comme aucune des six premières plaies ne concernaient ce monde-là, il conservait cet espoir. Les plaies du troisième groupe (grêle, sauterelles, les astres) vont lui démontrer son erreur. Comme le monde de la terre, comme celui de l’être humain, l’atmosphère entourant la terre obéit au D.ieu des Hébreux. Après la grêle, les sauterelles et les ténèbres, Pharaon comprendra que la domination du D.ieu des Hébreux concerne aussi l’espace aérien. En conclusion, la dixième plaie va frapper tous les premiers nés [16].

 

 

 

 

 

Cinquième explication : deux extrêmes et un milieu. Dans chacun des trois groupes, les plaies se déploient en deux extrêmes et un milieu, comme l’enseigne le Maharal de Prague [17]. Dans la première catégorie de trois plaies, le sang symbolise la chaleur, et la grenouille sort de l’eau qui correspond à l’humidité. Quant aux vermines, ce sont des parasites qui ont besoin à la fois d’eau et de chaleur pour se développer. Ainsi, sang et eau correspondent à deux extrêmes, et les vermines correspondent au « milieu » de ce groupe de plaies. Dans la deuxième catégorie de trois plaies, le mal vient de l’extérieur, il frappe à l’intérieur, puis s’en prend à l’homme lui-même. Les bêtes sauvages viennent de l’extérieur du domaine de l’homme pour l’atteindre là où il vit; la peste animale au contraire frappe l’homme à travers son bétail à partir de l’intérieur de son domaine propre. Quant aux ulcères, le mal devient interne  à l’homme lui-même. Les bêtes sauvages et la peste animale correspondent aux extrêmes et les ulcères au « milieu » de ce groupe de plaies.  Dans la troisième catégorie de plaies, la grêle tombe du haut vers le bas, alors que les sauterelles frappent après être montées du sol vers le ciel (avant de redescendre vers les récoltes); les ténèbres correspondent aux mouvements des astres qui, tels qu’ils sont perçus par les hommes, montent et descendent alternativement (du haut vers le bas et du bas vers le haut). Ainsi, la grêle et les sauterelles correspondent aux extrêmes, et les ténèbres au « milieu » de ce groupe de plaies. Quant à la quatrième lettre du troisième mot mnémotechnique, elle est à part car elle concerne une plaie très particulière : la mort des premiers nés égyptiens. La formulation du verset signale cette singularité ע֣וֹד נֶ֤גַע אֶחָד֙  « encore une plaie… » (Chémot  11,1).

La typologie de Rabbi Yéhouda est riche de significations. Elle éclaire l’entêtement de Pharaon et révèle la démonstration de la toute puissance divine. Que tel groupe de plaies précède ou suive telle autre ne procède pas du hasard. Rien de fortuit dans cette succession de catastrophes s’abattant sur l’Egypte. Leur enchaînement vient exprimer une démonstration méthodique par Hachèm ית"ש , de sa toute puissance. Il s’agit de faire comprendre à Pharaon que ses divinités sont sans valeur. L’Egypte adorait trois sortes de divinités : celle régnant sur la terre, celles régnant sur le monde des airs et des astres, et celles régnant sur les territoires des hommes. R’ Moché Alchekh זצ"ל  enseigne que « par les dix plaies sur l’Egypte, D.ieu prouva qu’Il était le maître incontesté de tous les éléments fondamentaux de l’univers : l’eau, le feu, l’air et la terre. » [18] Les plaies démontrèrent la domination divine absolue sur l’ensemble du monde naturel et vivant [19].

 

 

 

 

 

Sixième explication : Hachèm ית"ש  avertit deux fois puis frappe sans avertissement

Les trois mots mnémoniques de R’ Yéhouda, révèlent la structure d’ensemble des dix plaies. D.ieu avertissant les Egyptiens, avant de leur infliger de nouvelles plaies : il leur donnait du temps pour qu’ils puissent réfléchir et revenir sur le droit chemin. Il leur laissait tout un mois de réflexion entre deux plaies : « Il attendait une semaine et après, durant trois semaines consécutives Il les avertissait. » [20]

Cependant, toutes les plaies n’ont pas été précédées d’un avertissement à Pharaon. Dans chacun des groupes de plaies, seules la première et deuxième ont fait l’objet d’un avertissement de Hachèm ית"ש . Enfin, la troisième plaie de chaque groupe survient directement, sans aucun avertissement à Pharaon. On le vérifie aisément pour les plaies 3 (vermines) [21], 6 (ulcères) [22] et 9 (ténèbres) [23], qui s’abattent sur l’Egypte en l’absence de toute mise en garde préalable. Les deux plaies précédentes de chaque groupe avaient pu suffisamment démontrer la domination divine dans deux extrêmes de la catégorie [24]. Nous décelons donc une constante dans la succession de plaies : la répétition de type OUI-OUI-NON, à trois reprises selon les groupes définis par les abréviations de R’ Yéhouda : Avertissement / Avertissement/ Pas d’avertissement/ (voir tableau ci-après) [25].

 

 

 

 

 

Si Pharaon avait tiré les leçons des deux premières plaies, il se serait repenti et ne se serait pas entêté dans sa désobéissance à Hachèm ית"ש. « Si une personne écoute, apprend et comprend, cela lui permet de mieux discerner les choses » [26]. Après les deux premières plaies, il devait être évident pour tous que D.ieu était le seul maître du monde -  de l’eau en particulier - et que Pharaon n’était pas le deu du Nil qu’il prétendait être. Avec cette troisième plaie, même les magiciens durent reconnaître à D.ieu une puissance dont ils ne disposaient pas וַיֹּֽאמְר֤וּ הַֽחַרְטֻמִּם֙ אֶל־פַּרְעֹ֔ה אֶצְבַּ֥ע הִ֖ים הִ֑וא  « Et les magiciens dirent à Pharaon : ‘C’est là le doigt de D.ieu’ » (Chémot  8, 15). Pourtant Pharaon s’obstina et endurcit son cœur.

 

 

 

 

 

Des verbes différents sont utilisés lors de ces avertissements :

-  לֵ֣ך (aller à pieds)  et וְהִתְיַצֵּב֙  (se présenter) pour les premières plaies des trois groupes ;

-  בֹּ֖א   (viens) pour la deuxième plaie des trois groupes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plaies

avertissement

avertissement

Aucun avertissement

1 à 3

לֵ֣ך

1- דָם (Sang)  -  לֵ֣ךְ אֶל־פַּרְעֹ֞ה בַּבֹּ֗קֶר  « Va vers Pharaon le matin… » (Chémot 7, 15);

בֹּ֖א

2- צְפַרְדְּעִים  (Grenouilles) -    וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה בֹּ֖א אֶל־פַּרְעֹ֑ה « Hachèm dit à Moché, viens vers Pharon et dis lui… » (Chémot 7, 26);

 

 

 

3- Aucun avertissement

4 à 6

וְהִתְיַצֵּב֙

4- עָרֹב (Bêtes sauvages)  - וַיֹּ֨אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֗ה הַשְׁכֵּ֤ם בַּבֹּ֨קֶר֙ וְהִתְיַצֵּב֙ לִפְנֵ֣י פַרְעֹ֔ה הִנֵּ֖ה יוֹצֵ֣א הַמָּ֑יְמָה « Hachèm dit à Moché : ‘Demain de bonne heure, présente-toi devant Pharaon car il sortira vers les eaux’… »  (Chémot 8, 16); 

בֹּ֖א

5- דֶּבֶר (Peste animale) -  וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה בֹּ֖א אֶל־פַּרְעֹ֑ה « Hachèm dit à Moché, viens trouver Pharaon et dis lui… » (Chémot  9, 1);

 

 

 

6- Aucun avertissement

7 à 9

וְהִתְיַצֵּב֙

7- בָּרָד  (Grêle) -   וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה הַשְׁכֵּ֣ם בַּבֹּ֔קֶר וְהִתְיַצֵּ֖ב לִפְנֵ֣י פַרְעֹ֑ה  « Hachèm dit à Moché (‘Demain de bonne heure, présente-toi devant Pharaon … »  (Chémot  9, 13) ; 

בֹּ֖א

8- אַרְבֶּה (Sauterelles) -  וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה בֹּ֖א אֶל־פַּרְעֹ֑ה « Hachèm dit à Moché, viens trouver Pharaon et dis lui… » (Chémot 10, 1);

 

 

 

9- Aucun avertissement

 

 

 

 

 

Le verbe de la deuxième plaie est toujours différent de celui employé pour la première plaie du groupe. Il s’agit à chaque fois du même verbe « bo » ; les mots employés se répètent à l’identique וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה בֹּ֖א אֶל־פַּרְעֹ֑ה ; même la cantilation de ce groupe de mots est identique. La formule בֹּ֖א אֶל־פַּרְעֹ֑ה se retrouve chaque fois que Moché devait rencontrer Pharaon à l’intérieur du palais royal (et non à l’extérieur du palais), « au milieu de ses officiers et de ses seigneurs, en son palais, qui représentait la fierté nationale et la puissance du royaume » [27]. Mais on attendrait ici « va » et non « viens » (bo) qui est énoncé par le propriétaire du lieu de destination. Le choix de ce verbe met l’accent sur le fait que le propriétaire du palais de pharaon, comme d’ailleurs du monde entier, est non pas pharaon mais le Roi des rois des rois, le Saint, béni soit-Il. Cette formule employée par D.ieu dans l’ordre donné à Moché, implique « qu’il devait se présenter à Pharaon, au nom de D.ieu, et sans avoir à en demander préalablement l’autorisation ni à redouter le formidable appareil de surveillance et de contrôle qui protégeait l’entrée de la salle du trône »  [28].

Un important enseignement peut être déduit ici : le repentir ne doit pas être retardé car il n’est pas toujours possible. Pharaon avait endurci son cœur lors des cinq premières plaies ; au contraire, pour les cinq dernières, c’est Hachèm ית"ש  qui a décidé d’endurcir le cœur de Pharaon[29] :

1- דָם (Sang) -וַיֶּֽחֱזַ֤ק לֵב־פַּרְעֹה֙ וְלֹֽא־שָׁמַ֣ע אֲלֵהֶ֔ם  « Le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas » (Chémot 7, 22) ;

2- צְפַרְדְּעִים  (Grenouilles) -  וַיַּ֣רְא פַּרְעֹ֗ה כִּ֤י הָֽיְתָה֙ הָֽרְוָחָ֔ה וְהַכְבֵּד֙ אֶת־לִבּ֔וֹ וְלֹ֥א שָׁמַ֖ע אֲלֵהֶ֑ם « Et Pharaon vit qu’il y avait un répit, et il appesantit  son cœur et il ne les écouta pas » (Chémot  8, 11). Le mot utilisé ici « appesantit » a la même racine que « foie » comme le remarquent les midrachim [30]. Déjà, avant la première plaie, le Saint, béni soit-Il, avait dit וַיֹּ֤אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֔ה כָּבֵ֖ד לֵ֣ב פַּרְעֹ֑ה « Le cœur de Pharaon est pesant… » (Chémot  7, 14) [31]

3- כִנִּם (Vermine) - וַיֹּֽאמְר֤וּ הַֽחַרְטֻמִּם֙ אֶל־פַּרְעֹ֔ה אֶצְבַּ֥ע הִ֖ים הִ֑וא וַיֶּֽחֱזַ֤ק לֵב־פַּרְעֹה֙ וְלֹֽא־שָׁמַ֣ע אֲלֵהֶ֔ם  « Les magiciens dirent à Pharaon c’est le doigt de D.ieu, et le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas » (Chémot  8, 15) ;

4- עָרֹב (Bêtes sauvages)  - וַיַּכְבֵּ֤ד פַּרְעֹה֙ אֶת־לִבּ֔וֹ גַּ֖ם בַּפַּ֣עַם הַזֹּ֑את וְלֹ֥א שִׁלַּ֖ח אֶת־הָעָֽם׃  « Pharaon alourdit son cœur cette fois aussi, et il ne renvoya pas le peuple » (Chémot 8, 28) ;

5- דֶּבֶר (Peste animale) - וַיִּכְבַּד֙ לֵ֣ב פַּרְעֹ֔ה וְלֹ֥א שִׁלַּ֖ח אֶת־הָעָֽם׃  « Pharaon appesantit son cœur  et il ne renvoya pas le peuple »  (Chémot  9, 7) ; [32]

6- שְׁחִין (Ulcères) - וַיְחַזֵּ֤ק יְיָ אֶת־לֵ֣ב פַּרְעֹ֔ה וְלֹ֥א שָׁמַ֖ע אֲלֵהֶ֑ם « Hachèm endurcit le cœur de Pharaon et il ne les écouta pas »  (Chémot  9, 12) ;

7- בָּרָד  (Grêle) - כִּֽי־אֲנִ֞י הִכְבַּ֤דְתִּי אֶת־לִבּוֹ֙ וְאֶת־לֵ֣ב עֲבָדָ֔יו « Car J’ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs »  (Chémot  10, 1) ;

8- אַרְבֶּה (Sauterelles) - וַיְחַזֵּ֥ק יְיָ אֶת־לֵ֣ב פַּרְעֹ֑ה « Hachèm endurcit le cœur de Pharaon » (Chémot 10, 20);

9- חֹשֶׁךְ (Ténèbres) -  וַיְחַזֵּ֥ק יְיָ אֶת־לֵ֣ב פַּרְעֹ֑ה « Hachèm endurcit le cœur de Pharaon » (Chémot  10, 27) ;

10- בְּכוֹר (Mort des premiers nés égyptiens) -וַיְחַזֵּ֤ק יְיָ אֶת־לֵ֣ב פַּרְעֹ֔ה וְלֹֽא־שִׁלַּ֥ח אֶת־בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵ֖ל מֵֽאַרְצֽוֹ׃ (Chémot  11, 10).

Pharaon ne pouvait donc exercer son libre-arbitre; on peut donc se demander pourquoi il a été puni pour son attitude? Paradoxalement, c’est en ayant endurci le coeur de Pharaon que Hachèm lui avait rendu son libre-arbitre: ébranlé à cause des cinq premières plaies, Pharaon n’aurait pu agir à sa guise et persister dans sa volonté de ne pas laisser partir les Hébeux. Mais comme Hachèm l’a renforcé, il peut refuser d’accéder aux demandes de Moché. On peut comprendre aussi que Hachèm a endurci le cœur de Pharaon parce qu’il n’était plus apte à la téchouva [33]. Cela nous apprend qu’éprouver un repentir sincère est une faveur divine. Celui qui est gêné par une de ses fautes, celui qui regrette une transgression, apprend par là-même qu’il n’est pas abandonné de D.ieu, l’impossibilité pour d’éprouver le moindre repentir étant déjà le début de la punition.

 

 

 

 

 

Septième explication [34]- Par ses abréviations, R’ Yéhouda fournit une typologie des plaies en relation avec les souffrances des Hébreux en Egypte traités en étrangers, en esclaves, en opprimés. Contrairement aux explications précédentes qui se lisaient par groupe de plaies (les abrégés de R’ Yéhouda), cette explication se lit « horizontalement » (premières, deuxièmes et troisièmes de chaque groupe).

Les premières plaies de chaque groupe sont une leçon à Pharaon : elles lui font ressentir la condition d’étranger. Toute la terre appartenant à Hachèm ית"ש, Il ne peut profiter de son eau (sang), de son espace (bêtes sauvages, grêle). La leçon est    לְמַ֣עַן תֵּדַ֔ע כִּ֥י לַֽיְיָ הָאָֽרֶץ « que tu reconnaisses que la terre appartient à D.ieu (Chémot  9, 20).

Les deuxièmes plaies de chaque groupe punissent les Egyptiens de leur sentiment de supériorité sur les esclaves juifs. Les grenouilles d’habitude si peureuses, prennent possession des logements égyptiens. La peste animale frappe le cheval, symbole de puissance ; les sauterelles « mangent le reste des produits agricoles laissés intacts par la grêle. »[35]

Les troisièmes plaies de chaque groupe punissent l’oppression: poux, ulcères, et ténèbres touchèrent les Egyptiens dans leur propre corps.

Enfin, la dixième plaie, la mort des premiers nés égyptiens est venue punir un autre aspect des souffrances des Hébreux en Egypte : la mise à mort des garçons nouveau-nés.

Dans ce passage agadique du Talmud, R’ Yéhouda ne se limite pas à mémoriser les plaies : il établit plusieurs typologies pertinentes. Ses « mots » nous permettant de déceler des points communs entre certaines plaies, qui auraient pu nous échapper. Il vient enseigner à Pharaon  - et plus généralement au monde entier - un principe fondamental de la foi juive:

- l’existence de D.ieu - Le 1er groupe fut introduit par: כֹּ֚ה אָמַ֣ר יְיָ בְּזֹ֣את תֵּדַ֔ע כִּ֖י אֲנִ֣י יְיָ  « …Vous saurez que Je suis Hachèm » (Chémot 7, 17). La providence divine  est rappelée ici;

- la providence divine - Le 2ème  groupe fut introduit par לְמַ֣עַן תֵּדַ֔ע כִּ֛י אֲנִ֥י יְיָ בְּקֶ֥רֶב הָאָֽרֶץ׃ « Tu sauras que Je suis D.ieu au milieu de la terre » (Chémot 8, 18). Le pouvoir effectif de D.ieu sur toute la terre est rappelé ici[36] ;

- la vérité de la prophétie - Le 3ème groupe fut introduit par : וַֽאֲשֶׁ֥ר לֹא־שָׂ֛ם לִבּ֖וֹ אֶל־דְּבַ֣ר יְיָ «Que celui qui ne tient pas compte de  la parole de Hachèm » (Chémot 9, 21). La Torah parle de ceux qui n’ont pas tenu compte de la parole divine.

 

 

 

 

 

 


 

 

[1] וְהֵֽבֵאתִ֤י אֶתְכֶם֙ אֶל־הָאָ֔רֶץ אֲשֶׁ֤ר נָשָׂ֨אתִי֙ אֶת־יָדִ֔י לָתֵ֣ת אֹתָ֔הּ לְאַבְרָהָ֥ם לְיִצְחָ֖ק וּֽלְיַעֲקֹ֑ב וְנָֽתַתִּ֨י אֹתָ֥הּ לָכֶ֛ם מֽוֹרָשָׁ֖ה אֲנִ֥י יְיָ׃ « Et je vous ferai entrer dans le pays… donné à Abraham, à Yiss’hak et à Ya’akob, et je vous le donnerai en héritage, Moi, Hachèm »  (Chémot 6, 8) .

[2]  Historiens et archéologues universitaires contestent souvent la réalité des événements rapportés dans le Tanakh estimant n’avoir découvert aucune preuve archéologique probante! La négation de l'histoire hébraïque de la Terre d’Israël et du mont du Temple a des raisons politiques. Certes, la Torah n’est pas un livre d’histoire. R’ 'Haïm Dynovisz remarque : « L’histoire sainte décrit des principes qui traversent l’histoire et la géographie du monde » (R’ Haïm Dynovisz, vidéo sur la haftara Waéra, 2010). Au niveau du Sod, la Torah révèle la structure spirituelle du monde. Toutefois, la Torah se lit aussi au niveau du sens littéral. Aussi, cette prétendue absence de preuves matérielles est déroutante. Tentative d’explication : les universitaires s’appuient sur une chronologie décalée de plusieurs siècles par rapport à la chronologie transmise par nos Sages חז"ל . Ainsi, le papyrus d’un scribe égyptien (Lamentations d’Ipouwer) est ignoré alors qu’il semble être une relation égyptienne des dix plaies : il a été écrit plusieurs siècles avant la période considérée comme celle de la sortie d’Egypte par l’histoire « officielle » (Kountrass,  n° 134, 2009). Cent soixante ans inexistants sont ajoutés à l’histoire perse (Kountrass,  n° 29, 1991). Sans rallier les positions des croyants, le Pr. William G. Dever conteste rudement les « historiens » révisionnistes (Aux origines d’Israël. Quand la Bible dit vrai, Bayard, Paris, 2005, 287 p.).

[3] Waw et aleph de וָֽאֵרָ֗א correspondent à 6+1 = sept plaies. La paracha suivante (Bo) = 2+1= 3  plaies.

[4] R’ Mena’hem Bérros (2004),  Pardes Ména’hem, Débarim,  pp. 33-34. Les rabbins enseignent que seule l’eau des Hébreux était potable. Pour boire, les Egyptiens devaient acheter leur eau des Hébreux. Mais s’ils demandaient de l’eau sans la payer, cette eau redevenait sang dès que le récipient était saisi par les Egyptiens.

[5] Au singulier dans la Haggadah de Pessa’h.

[6] Cette plaie est survenue dans le mois d’Ab (Ari Zal, cit. R’ Mena’hem Bérros (2004),  Pardes Ména’hem, Débarim,  pp. 33-34).

[7] Les sauterelles ont dévoré les végétaux ayant survécu à la grêle.

RACONTER- Les  frontières de l’Egypte - Un midrach raconte qu’à l’époque où les Hébreux étaient esclaves en Egypte, ses frontières étaient contestées au sud par l’Ethiopie (l’actuel Soudan faisait partie de Mitsraïm, l’Egypte d’alors). Or, lorsque les sauterelles ont dévasté l’Egypte (Chémot 10, 4-20), elles n’ont pas frappé certains territoires contestés à la limite des deux pays. C’est ainsi que l’on a pu savoir quelles étaient les régions dépendant de l’Ethiopie ou relevant de l’autorité du Pharaon- Midrach rapporté par R’ Haïm Hania  א’’שליט  Synagogue Ben Zakaï, Montpellier, janv. 2003.

[8] Voir par exemple : Robert Nerson, La haggada commentée, Colbo, 5738/1966, p. 36-37 ; R’ Elie Munk, Kol hatorah, Commentaire du Pentateuque, Chémot.

[9] Ce nombre de 501 plaies indiqué par R’ Yéhouda correspond à : 1 (pour le « doigt » de Hachèm ית"ש  qui a frappé l’Egypte sur la mer), et 500 (pour le nombre de plaies survenues sur la mer selon R’ Yéhouda). R’ Yicha’ya Harichone et Rachbatz (Yavin Chmou’ah), cit. R’ ‘Obadia Yossef, ‘Hazone ‘Obadia, Pessa’h (page ‘ayin).

[10] R’ Yéhouda hé’hassid, cit. R’ ‘Obadia Yossef, ‘Hazone ‘Obadia, Pessa’h , p. 70.

[11] Chapitre 7 : sang ; grenouilles. Chap. 8 : poux ; bêtes sauvages. Chap. 9 : peste animale ; ulcères ; grêle. Chap. 10 : sauterelles ; ténèbres. Chap. 11 : mort des premiers nés égyptiens.

[12] Dans le Ps. 78, les poux apparaissent avant les grenouilles ; les sauterelles avant la grêle, elle-même avant la peste. Versets : 43 אֲשֶׁר־שָׂ֣ם בְּ֭מִצְרַיִם אֹֽתוֹתָ֑יו    וּ֝מֽוֹפְתָ֗יו בִּשְׂדֵה־צֹֽעַן׃  ;  44 sang וַיַּֽהֲפֹ֣ךְ לְ֭דָם יְאֹֽרֵיהֶ֑ם  וְ֝נֹֽזְלֵיהֶ֗ם בַּל־יִשְׁתָּיֽוּן׃ « il changea en sang leurs courants d’eau » ; 45  poux ;  grenouilles יְשַׁלַּ֬ח בָּהֶ֣ם עָ֭רֹב וַיֹּֽאכְלֵ֑ם    וּ֝צְפַרְדֵּ֗עַ וַתַּשְׁחִיתֵֽם׃ ;  46  sauterelle וַיִּתֵּ֣ן לֶֽחָסִ֣יל יְבוּלָ֑ם  וִֽ֝יגִיעָ֗ם לָֽאַרְבֶּֽה׃ ; 47  grêle יַֽהֲרֹ֣ג בַּבָּרָ֣ד גַּפְנָ֑ם  וְ֝שִׁקְמוֹתָ֗ם בַּֽחֲנָמַֽל׃; 48 וַיַּסְגֵּ֣ר לַבָּרָ֣ד בְּעִירָ֑ם    וּ֝מִקְנֵיהֶ֗ם לָֽרְשָׁפִֽים׃ ; 49 יְשַׁלַּח־בָּ֨ם ׀ חֲר֬וֹן אַפּ֗וֹ עֶבְרָ֣ה וָזַ֣עַם וְצָרָ֑ה    מִ֝שְׁלַ֗חַת מַלְאֲכֵ֥י רָעִֽים׃ ; 50  peste יְפַלֵּ֥ס נָתִ֗יב לְאַ֫פּ֥וֹ  לֹֽא־חָשַׂ֣ךְ מִמָּ֣וֶת נַפְשָׁ֑ם וְ֝חַיָּתָ֗ם לַדֶּ֥בֶר הִסְגִּֽיר׃ ;  51  premier-nés  וַיַּ֣ךְ כָּל־בְּכ֣וֹר בְּמִצְרָ֑יִם   רֵאשִׁ֥ית א֝וֹנִ֗ים בְּאָֽהֳלֵי־חָֽם׃ « il frappa tout premier-né en Égypte ».

[13] Dans le Ps. 105, l’ordre est encore différent, les ténèbres étant citées en premier alors qu’il s’agit de la neuvième plaie -  27שָֽׂמוּ־בָ֭ם דִּבְרֵ֣י אֹֽתוֹתָ֑יו   וּ֝מֹֽפְתִ֗ים בְּאֶ֣רֶץ חָֽם׃ ; 28 ténèbres שָׁ֣לַֽח חֹ֭שֶׁךְ וַיַּחְשִׁ֑ךְ וְלֹֽא־מָ֝ר֗וּ אֶת־דבריו (דְּבָרֽוֹ)׃ ; 29 : sang הָפַ֣ךְ אֶת־מֵֽימֵיהֶ֣ם לְדָ֑ם  וַ֝יָּ֗מֶת אֶת־דְּגָתָֽם ; 30 grenouilles שָׁרַ֣ץ אַרְצָ֣ם צְפַרְדְּעִ֑ים בְּ֝חַדְרֵ֗י מַלְכֵיהֶֽם׃ ; 31 poux, bêtes sauvages אָ֭מַר וַיָּבֹ֣א עָרֹ֑ב   כִּ֝נִּ֗ים בְּכָל־גְּבוּלָֽם׃; 32 grêleנָתַ֣ן גִּשְׁמֵיהֶ֣ם בָּרָ֑ד  אֵ֖שׁ לֶֽהָב֣וֹת בְּאַרְצָֽם׃ ; 33 וַיַּ֣ךְ גַּ֭פְנָם וּתְאֵֽנָתָ֑ם וַ֝יְשַׁבֵּ֗ר עֵ֣ץ גְּבוּלָֽם׃ ; 34 sauterelles אָ֭מַר וַיָּבֹ֣א אַרְבֶּ֑ה   וְ֝יֶ֗לֶק וְאֵ֣ין מִסְפָּֽר׃; 35 וַיֹּ֣אכַל כָּל־עֵ֣שֶׂב בְּאַרְצָ֑ם וַ֝יֹּ֗אכַל פְּרִ֣י אַדְמָתָֽם׃ ; 36 premier-nés  וַיַּ֣ךְ כָּל־בְּכ֣וֹר בְּאַרְצָ֑ם  רֵ֝אשִׁ֗ית לְכָל־אוֹנָֽם׃ .

[14] Chiboulé haLéket, cit. R’ ‘Obadia Yossef, ‘Hazone ‘Obadia, Pessa’h (page ‘ayin). Voir aussi The Haggadah, Artscroll, p. 133 (édition anglaise).

[15] Chiboulé haLéket, cit. R’ ‘Obadia Yossef, ‘Hazone ‘Obadia, Pessa’h (page ‘ayin).

[16] On peut s’étonner de l’initiale “B” comme békhor (premier-né) utilisée par R’ Yéhouda. Cela n’est pas une plaie (pourquoi ne pas indiquer « M » pour Makat békhorot au lieu de « B »). En fait, le Tana signale ici qu’un miracle concernant les premiers-nés avait commencé avant la plaie elle-même : déjà lors du premier Chabbat hagadol, les premiers nés égyptiens étaient entrés en insurrection contre les autres Egyptiens car ils craignaient pour leur vie et Pharaon ne voulait pas laisser partir les Hébreux (Midrach). Voir לְמַכֵּ֣ה מִ֭צְרַיִם בִּבְכֽוֹרֵיהֶ֑ם    (Ps. 136, 10).

[17] Inspiré de R’ Didier Kassabi א’’שליט, dracha de Pessa’h, Montpellier, 2005. Voir le chapitre 57 de Guevourot Hachèm, (Ed. 1980, p. 252-253).

[18] Cit. R’ Mena’hem Berros (2004), Pardes Ména’hem, Chémot, p. 65.

[19] L’eau (1- le sang ; 2- les grenouilles) ; le feu (6- les ulcères ; 7- la grêle -la glace de cette grêle enfermait du feu qui ne faisait pas fondre la glace et la glace n’éteignait pas le feu, preuve de la maîtrise absolue des forces de la nature par D.ieu) ; sur l’air (8- les sauterelles ; 9- les ténèbres) ; sur la terre (3- les poux ; 4- les bêtes sauvages) ; peut-être pourrait-on ajouter aussi, sur la vie tant des animaux que des hommes (5- la peste animale ;  10- la mort des premiers-nés égyptiens).

[20] Chémot Raba 9, 12 cit. R’ D.H. Pinto (5763), Pa’had David, sur Waéra.

[21]  וַיֹּ֣אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁה֒ אֱמֹר֙ אֶֽל־אַהֲרֹ֔ן נְטֵ֣ה אֶֽת־מַטְּךָ֔ וְהַ֖ךְ אֶת־עֲפַ֣ר הָאָ֑רֶץ וְהָיָ֥ה לְכִנִּ֖ם בְּכָל־אֶ֥רֶץ מִצְרָֽיִם׃ « Et Hachèm dit à Moché: ‘ Parle à Aharon ‘ Tends ton bâton et frappe la poussière de la terre: il y aura des poux dans toute la terre d’Egypte ’ »  (Chémot 8, 12).

[22]  וַיֹּ֣אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֣ה וְאֶֽל־אַהֲרֹן֒ קְח֤וּ לָכֶם֙ מְלֹ֣א חָפְנֵיכֶ֔ם פִּ֖יחַ כִּבְשָׁ֑ן וּזְרָק֥וֹ מֹשֶׁ֛ה הַשָּׁמַ֖יְמָה לְעֵינֵ֥י פַרְעֹֽה׃  Et Hachèm dit à Moché et à Aharon ‘ Prenez plein vos mains de cendre de fournaise, et que Moché la jette vers les cieux devant les yeux de Pharaon » (Chémot  9, 8).

[23]  וַיֹּ֨אמֶר יְיָ אֶל־מֹשֶׁ֗ה נְטֵ֤ה יָֽדְךָ֙ עַל־הַשָּׁמַ֔יִם וִ֥יהִי חֹ֖שֶׁךְ עַל־אֶ֣רֶץ מִצְרָ֑יִם וְיָמֵ֖שׁ חֹֽשֶׁךְ׃ « Hachèm dit à Moché: ‘Tends ta main vers les cieux, et il y aura des ténèbres sur la terre d’Egypte  et on touchera de la main les ténèbres » (Chémot  10, 21).

[24] Notons, aussi, un mode opératoire constant : dans chaque groupe de plaies, les avertissements s’effectuent selon une  progression de l’extérieur à l’intérieur. Hachèm menace d’abord à l’extérieur du Palais. Les plaies étaient annoncées le matin près du fleuve, « au bord du Nil, à l’endroit même où Pharaon manifestait le criminel orgueil de détenir des pouvoirs divins » (R’ Ben Attar, cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot,  sur v. 10, 1 ; p. 88). Moché avertit Pharaon à l’extérieur du Palais avant les plaies 1-Sang, 4-Bêtes sauvages, et 7-Grêle. Puis il formule sa menace à l’intérieur du Palais pour annoncer les plaies 2-Grenouille, 5-Peste animale, et 8-Sauterelles.

[25] Voir Pérouch hayarbets sur la hagadah.

[26] R’ Mena’hem Berros (2004), Pardes Ména’hem, Chémot, p. 69;

[27] Na’hmanide, & R’ Ba’hia,  cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot,  sur v. 10, 1 ; p. 88..

[28] R’ Ben Attar, cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot, v. 10, 1 ; p. 88..

[29] C’est là un sujet abordé tant par le Midrach, que par de nombreux Richonim. Voir aussi: R’ D. H. Pinto (5763), Pa’had David, sur Waéra.

[30] Cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot,  v. 10, 1 ; p. 96.

[31] La « bile, sécrétée par le foie, est considérée comme l’organe qui incite aux mouvements de colère. Chez Pharaon, cet organe était devenu synonyme de cœur » - Cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot,  v. 10, 1 ; p. 96.

Puisque l’on parle de coeur, on peut raconter aux enfants la fable suivante:

RACONTER – Le voyage en bateau du lion, du renard et de l’âne -  Illustration par la fable suivante : « Un lion voyageait en bateau, accompagné d’un renard et d’un âne. Ce dernier alla percevoir la taxe de navigation chez le capitaine. Le renard lui dit. Insensé ! Ne sais-tu pas que la taxe appartient au lion, qui est le roi des animaux et qui voyage avec nous ? Je l’ai perçue en son nom et pour son trésor, répondit l’âne. Mais le lion ordonna sa mise à mort et dit au renard de lui apporter tous les membres de son corps. Le renard le dépeça, mais il ne put résister à l’envie de dévorer son cœur. Où donc est son cœur ? demanda le lion lorsque ses membres lui furent présentés. Il n’avait jamais eu de cœur, répondit le renard. S’il en avait eu, comment aurait-il osé réclamer la taxe du roi ? » (Yalkout Chim’oni, Waéra, קפב, Cit. R’ E. Munk, Kol hatorah, Chémot, v. 10, 1 ; p. 96).

[32] DEVINETTE – Il est écrit que Pharaon prend son char, et six cent chars d’élites, et tous les chars d’Egypte pour pourchasser les Bené Israël (Chémot 14, 5-8). D’où viennent ces nombreux chevaux alors qu’il ne devait pas y avoir de bétail vivant en Egypte après les plaies ? Après l’épizootie, après la grêle frappant les champs et pâturages, il ne devait pas rester une seule bête vivante. Rachi nous donne la réponse : ce sont les chevaux des Egyptiens qui ont craint la parole de Hachèm et qui ont protégé leurs bêtes. Il ajoute aussi : le meilleur des serpents, écrase lui la tête (même s’ils avaient pu craindre la parole de Hachèm lorsqu’il s’agissait de mettre leur bétail à l’abri, ils n’en ont pas moins contribué à la poursuite des Hébreux qu’Hachèm voulait pourtant libérer)…

[33] « D.ieu endurcit le coeur de celui qui ne Le reconnaît pas, et le châtie jusqu’à ce qu’il finisse par Le reconnaître: alors Hachèm déracine le mal qui souille le coeur du pécheur » R’ D.H. Pinto (5763), Pa’had David, sur Waéra. La 7ème et la 8ème plaie avait été précédées par un avertissement, mais Pharaon n’était déjà plus en mesure de se ressaisir puisque D.ieu lui avait interdit le repentir.

[34] R’ Chimchon Hirsh זצ"ל, cit. Robert Nerson, La haggada commentée, Colbo, 5738/1966, pp. 36-37.

[35] R’ Chimchon Hirsch זצ"ל, cit. Robert Nerson, pp. 36-37.

[36] Ces trois principes, selon R’ Yossef Albo  constituent les principes fondamentaux de notre foi (voir : Haggada de Pessa’h, Colbo, 1993, p.138 ; Haggadah Artscroll, p. 132).

 

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