Exeg. 3.1.1 Guématria – Méthode simple

 

 

1. Méthode simple (raguil ou mispar siduri )

Une lettre ou un groupe de lettres est traduit par un nombre. Association aux lettres d’un mot d’une valeur numérique correspondant à la position de la lettre [1] selon l’ordre de l’alphabet et une base décimale : 1re à 9e lettres (unités) ; 10e à 18e  (dizaines) ; 19e à 22e (centaines) [2].

Voyons quelques exemples :

  • yayin (vin) = sod (secret) = 70. L’équivalence numérique entre vin (yayin) et sod (secret) permet d’énoncer la maxime « lorsque le vin entre, le secret sort » (T.B. Erouvine 65a);
  • le traité T.B. Nida 38b note que la guématria du mot grossesse (הריון herayon 5+200+10+6+50=271) correspond à la durée de la grossesse  (271 jours, soit près de 39 semaines) ;
  • גַּ֔רְתִּי j’ai habité  (Béréchit 32, 5) : Ya’akov parle de son séjour chez Laban, mais grâce à la guématria de ce mot (3+400+200+10 = 613) il envoie un message à ‘Essaw : ‘j’ai respecté tous les commandements malgré mon éloignement’ ;
  • Messie et Serpent ont la même guématria de 358, ce qui permet des ouvertures symboliques : le Messie vient-il achever la réparation de la faute d’Adam ? Cela laisse-t-il entendre la diminution puis l’extinction de la force du tentateur ?
  • chéleg (neige) : 333 comme : Hachèm rofékha (Hachém ton guérisseur) – guématria signalée par R’ Dufour, Bull. de Modia’, fév. 2008 ;
  • Golem 3+30+40= 73 = 8+20+40+5= ’Hokhmah (sagesse).
  • Après la lecture de la Méguila d’Esther à Pourim, on dit : « Maudit soit Haman » et « Béni soit Mordékhaï ». Notons que la valeur numérique de chacune de ces phrases est identique : 502 [3] ;
  • Le mot haSatan (5+300+9+50=364) permet de comprendre que le mauvais penchant n’a aucun pouvoir sur les Juifs pendant le jour de Kippour. Ce mot ayant pour valeur numérique 364, cela indique qu’il ne peut exercer son pouvoir que pendant ces 364 jours.
  • Il est écrit  כָּל־יְמֵי֙ נֶ֣דֶר נִזְר֔וֹ תַּ֖עַר לֹֽא־יַעֲבֹ֣ר עַל־רֹאשׁ֑וֹ עַד־מְלֹ֨את הַיָּמִ֜ם אֲשֶׁר־יַזִּ֤יר לַֽיְיָ קָדֹ֣שׁ יִֽהְיֶ֔ה גַּדֵּ֥ל פֶּ֖רַע שְׂעַ֥ר רֹאשֽׁוֹ׃   (Bamidbar 6, 5). De קָדֹ֣שׁ יִֽהְיֶ֔ה (il sera saint) il a été déduit que la période du naziréat dure trente jours car  יִֽהְיֶ֔ה a pour valeur numérique 30 (10+5+10+5).
  • Le rouleau biblique d’Eikha est composé de lamentations à la suite de la destruction de Jérusalem. Le premier verset commence par אֵיכָ֣ה ׀ יָֽשְׁבָ֣ה בָדָ֗ד הָעִיר֙ (Eikha/Lamentations 1, 1). Les valeurs numériques des lettres composant le premier mot אֵיכָ֣ה   servent à comprendre la raison de cette catastrophe nationale et spirituelle ayant causé le premier exil. La lettre aleph de אֵיכָ֣ה   a pour valeur 1 ; elle correspond au reniement de l’Un (D.ieu). Le yod de אֵיכָ֣ה  a pour valeur 10 ; il reproche aux exilés le non-respect des dix Paroles (dix Commandements). Le khaf de אֵיכָ֣ה  a pour valeur 20 ; comme la mitsva de la circoncision n’a été donnée qu’après vingt générations cette lettre vient signaler la négligence de ce commandement par une partie du peuple. Quant à la lettre hé, finale du motאֵיכָ֣ה , elle stigmatise l’éloignement des cinq livres de la loi écrite (‘Houmach) [4].

Ce procédé peut s’appliquer aux lettres initiales ou finales de plusieurs mots [5].

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Notes

[1] א  (aleph) = 1 ; ב  (beth) = 2 ; ג  (guimel) = 3 ; ד (dalet) = 4 ; ה (hé) = 5 ; ו  (vav) = 6 ; ז  (zayin,) = 7 ; ח (Hét) = 8 ; ט  (tet) = 9 ; י (yod) = 10 ; כ (Khaf) ou  ך en finale = 20 ; ל  (lamed) = 30 ; מ (mem) ou ם  en finale: = 40 ; נ  (noun) ou ן  en finale = 50 ; ס  (sama’h) = 60 ; ע  (‘ayin) = 70 ; פ  (Pé) ou ף  en finale  = 80 ; צ  (tsadé) ou ץ  en finale = 90 ; ק  (kouf) = 100 ; ר  (rech) = 200 ; ש  (chin/sin) = 300 ; ת  (tav) = 400.  La guématria classique ne compte aucune lettre ayant une valeur supérieure à 400. Aussi, 999 est-il noté : תתקצ''ט. Cependant: le aleph final est compté pour 1000 dans une guématria "grand nombre"; et "on peut employer les lettres pointées pour les milliers"  (R' Lambert Mayer, Termes massorétiques prosodie hébraïque et autres études. Appendices à la grammaire hébraïque. Ed. Rachel Weil & Yaffa Ellenberger, Droz, Genève, 2005. Appendice IV, p. 13).

[2] Pour le total des lettres d’un mot.

[3] Noté par R’ R. ’H. Pontrémoli, Mé’am Lo’ez, Esther , Verdier, p. 367.

[4] Ben Azzai, cité par Strack & Stemberger (2007), p. 54.

[5] Exemple d’utilisation : R’ Y. Abou’hatsira זצוק"ל, Pitou’hé ‘Hotam, p. 358, p. 387

 

 

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Mise à jour juin 2015

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