Traditions- Famille- Fille- Cérémonie dite Hollekreich

 



 

Nomination d'une fille. Cérémonie dite Hol Kreisch: 

 

 

Une coutume médiévale

Dans les régions alémaniques il existe une coutume attachante déjà mentionnée dans les écrits des Tossafistes: elle daterait donc, au moins, du Moyen Age [1]. Elle se fait en général le Chabbat après la première sortie de l'accouchée à la synagogue. « On réunit chez soi les amis de la famille, mais surtout beaucoup d'enfants qui entourent le berceau du bébé » [2].

Présente dans les mémoires [3], et encore pratiquée de nos jours dans les familles juives d’origine alsacienne, elle concerne tant les garçons que les filles. « Au cours des dernières générations, la Hol Kreisch des petits garçons a disparu, pour ne pas faire double emploi avec la nomination au brith mila (circoncision) » [4].

Aujourd’hui, cette cérémonie est donc plus particulièrement destinée aux filles car ces dernières « ne bénéficient pas, comme les garçons, d'un rituel d'accueil dans la communauté » grâce à la cérémonie du brit [5]. Aussi le Hollekreisch fait-il office de rite d’accueil pour les petites filles dans ces familles.

Les enfants de la communauté sont réunis autour du berceau du bébé et, par trois fois, ils le soulèvent en criant ensemble : " Hollekreisch" - on prononce Ho-le-krach.

On commence par réciter des versets bibliques : le premier verset de chacun des cinq livres de la Torah puis le dernier verset de Débarim (le cinquième livre/Deutéronome) [6]. Ces versets peuvent être lus par un rabbin ou par toute autre personne conduisant la cérémonie. Ce dernier demande ensuite aux enfants de soulever le bébé dans son berceau. Il leur demande à trois reprises: "'Hol Kreich comment appelle-t-on cette fille ?" [7].

Les enfants répondent par le nom donné à l'enfant à chaque fois (le prénom ‘hol pour les garçons car le prénom hébraïque sera donné lors de la mila) [8].

Les enfants récitent ensuite la prière avant le coucher (Hamala'h), et le premier paragraphe du Chém’  Israël.  

La personne conduisant la cérémonie bénit l'enfant comme les parents le font le Chabbat (yesim'ha…). Si un Cohen est présent, c’est lui qui donne la bénédiction elle-même (Birkath Cohanim).

Après quoi, des friandises sont distribuées aux enfants (noix, pains d'épices, dragées [9]). La cérémonie s'achève par une réception ou même un grand repas de famille.  

Illustration de la coutume  [10]

 

Interprétation du nom de la coutume

L’origine de ce terme a été diversement interprétée. Elle pourrait provenir [11]:

- d’une déformation du terme français "haut la crèche" (crèche = berceau) car, au moment de nommer l'enfant, on soulevait le berceau ;

- du cri « Holle kreichen" poussé par les présents pour éloigner Frau Holle, sorcière qui cherche à faire du mal aux petits-enfants (coutume parallèle à la tradition d’éloigner Lilith de la jeune maman et de l’enfant) ;

- de « 'hol kreichen » qui  signifie « crier le [nom] profane », donc dire à haute voix, le nom profane de l’enfant nom attribué en plus l’un nom kodech (nom hébreu). Dans la vie quotidienne et dès le 14e siècle, on un prénom ‘hol était donné à l’enfant (souvent judéo-allemand), prénom qui se perpétuait de génération en génération.




[1]  Nous avons eu connaissance d’une synthèse sur ce sujet écrite par le  G. R’  Max Warschawski, « Parmi les traditions en usage surtout dans la vallée du Rhin figure HOL KREISCH »  - communiquée par le 'hazan Gilbert Haenel (2011).

[2]  G. R’  Max Warschawski, op. cit.

[3]  Elle est « présente dans la mémoire de personnes interrogées » au cours de recherches publiées en 2002 par le Musée alsacien. Josie Lichti et Malou Schneider  (2002), Le puits et la cigogne - traditions liées à la naissance dans les familles juives et chrétiennes d'Alsace, Musée alsacien.

[4]  G. R’  Max Warschawski, op. cit.

[5]  Josie Lichti et Malou Schneider  (2002), Le puits et la cigogne - traditions liées à la naissance dans les familles juives et chrétiennes d'Alsace, Musée alsacien, http://judaisme.sdv.fr/traditio/naissanc/naissanc.htm (consult. avril 2010).

[6]  D’après G. R’  Max Warschawski, op. cit.

[7]   En Yiddish "'Hol Kreich, Wie Soll's Pupele Hasse". De nos jours, en Israël notamment: "'Hol Kreich eikh korim labat".

[8]  Selon une variante, ce sont les enfants présents autour du berceau qui demandent: « Comment doit s'appeler le bébé ? ». Le prénom usuel du nouveau-né est dit alors à trois reprises, et le père ou le rabbin récitent des versets bibliques. Voir : « Hollekreisch, wie soll's Bubbela heisse ? » Josie Lichti et Malou Schneider  (2002), Le puits et la cigogne - traditions liées à la naissance dans les familles juives et chrétiennes d'Alsace, Musée alsacien, http://judaisme.sdv.fr/traditio/naissanc/naissanc.htm (consult. avril 2010).

[9]  « Il ne faut surtout pas oublier de distribuer aux enfants des dragées » G. R’  Max Warschawski, op. cit.

[10]  Reproduite dans le texte du G. R’  Max Warschawski, op. cit.

 

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