Michna et Tossefta

17 janvier 2014

Michna et Tossefta

Introduction

 

« La Bible est la clé de voûte du judaïsme, mais le Talmud en est le pilier central qui, s’élançant des fondations, en soutient l’édifice intellectuel et spirituel » écrit  R’ Adin Steinsaltz [1]. Le Talmud comprend l’œuvre de plusieurs générations de maîtres : les Tanaïm et les Amoraïm [2].  

Michna et Tosséfta ont été compilées par les Tanaïm. Cette œuvre a traversé plusieurs périodes majeures :

- A l’initiative de R’ Yéhouda Hanassi (IIème siècle EC) les Tanaïm ont mis par écrit la loi orale (la Michna), de peur qu’elle ne soit oubliée. La littérature rabbinique de cette époque couvre trois domaines : halakha [3], agada [4] et kabbale [5] ; 

 - la nécessité d’expliciter la Michna se fit ressentir en tenant compte des parties de la loi orale non intégrée dans la Michna (Baraïta [6], Tossefta) : ce fut l’œuvre des Amoraïm (production de la Guémara, jusqu’au 5e siècle EC au moins prolongée par l’œuvre des Savoraïm [7]) ;

- après l’œuvre des Gaonim en Babylonie [8] puis des Richonim [9] d’Afrique du Nord et d’Espagne, Rachi et ses continuateurs (les Tossafistes) ont tenté de rendre plus accessible le Talmud grâce à leurs explications (Europe à partir du 11e s.). Cependant, le coût des manuscrits, et la situation précaire des Juifs, freinèrent la diffusion du Talmud ;

 - l’invention de l’imprimerie donna un nouvel élan à l’étude du Talmud malgré les censeurs chrétiens qui contrôlèrent les éditions en expurgeant tout ce qu’ils considéraient dommageable pour leur propre foi. La relative abondance de livres produits grâce à cette nouvelle technique conduisit à un essor de l’étude, notamment en Europe de l’Est ;

- aujourd’hui, les éditeurs sont libres de publier des éditions comprenant les passages autrefois coupés par la censure. R’ Adin Steinsaltz a « entrepris de traduire en hébreu moderne le Talmud - rédigé dans un mélange d’hébreu ancien et d’araméen qui déconcerte quelquefois le lecteur contemporain -, assorti d’un commentaire extrêmement limpide, et d’un vaste et éclectique apparat scientifique » [10]. On peut voir en cela une nouvelle tentative historique (après celle de Rachi et des Tossafistes) pour rendre plus accessible le Talmud en s’appuyant sur la renaissance de la langue hébraïque. Des traductions anglaises et françaises de qualité voient également le jour donnant accès au texte original à de nombreux lecteurs [11].  

 

 

NOTES 

[1] R’ Adin Steinsaltz (1976), Introduction au Talmud, Ed. fr. 2002, A. Michel, Paris, p. 11.

[2] Le Talmud rapporte les enseignements de la loi orale (Tossefta, Baraïtot) en même temps qu’un vaste savoir encyclopédique sur le vécu et les traditions d’Israël. Ces maîtres sont cités comme suit :  תנן Tnan introduit une michna ; תניא Tania  introduit une baraïta ; ת״ר Tanou rabanan introduit l’enseignement d’un maître du temps de la Michna (tana); תני  Lorsqu’un amora (maître du temps de la Guémara) cite un tana : il dit alors « Tané R’… ».

[3] Michna, Tossefta, Béraïta, midrach halakhique (voir ci-après, le chapitre 4).

[4] Midrach agadique (voir ci-après, le chapitre 4).

[5]. Zohar hakadoch, séfer hayétsira, séfer habahir, et les ouvrages appartenant à la littérature des  hékhalot (voir ci-après, le chapitre 4).

[6]   R’ Yéhouda Hanassi a fait le choix de compiler un grand nombre de lois orales dans la Michna mais, en même temps, il faisait le choix de ne  pas y intégrer d’autres (les beraïtot et celles qui furent ensuite compilées dans la Tossefta). Les Amoraïm introduisirent beraïtot et tosseftot dans leurs discussions (compilées ensuite dans la Guémara).

[7]  D’environ 500 à 589 selon Chérira Gaon dit le Rasha"g (רש״ג) gaon qui vécut au 10ème s.). Autres orthographes pour Chérira : Shrira, Shérira.

[8]  Le période du gaonat commence au 7ème siècle et s’étend jusqu’à 1038 (R’ ‘Haï Gaon à Pumbedita ; et R’ Chémouel Hacohen ben ‘Hofni à Sura).

[9] On appelle Richonim (premiers), les rabbins ayant vécu après la période des Gaonim (Babylone, v. 1038)  et avant la rédaction du Choul’han ‘Aroukh (écrit en 1563). Après cette date s’ouvre la période des A’haronim (qui se poursuit jusqu’à nos jours).

[10] R’ Josy Eisenberg, préface à l’édition française de R’ Adin Steinsaltz (2002), Introduction au Talmud, A. Michel, Paris, pp. 5-7.

[11] Notamment les éditions Artscroll (anglais, français), et, plus récemment, les éditions Béné Torah (français). Les chantiers du Rabbinat français (avec notamment les traités traduits par R’ Israël Salzer)  et les éditions Soncino (anglais) ont joué un rôle également. 

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