Témoignages

 

 

"Témoignages"

par Hillel Bakis

Les anciens et anciennes ont beaucoup de choses à raconter. Ce qu'ils transmettent aux générations suivantes est souvent précieux et riche d'enseignements sur la vie quotidienne du passé, mais aussi sur les traditions - voire sur la "grande Histoire" vue sous un angle original.

Les contes et récits présentés dans d'autres pages de ce site doivent beaucoup à ceux et celles qui ont eu la patience et l'envie de nous faire partager a posteriori des moments de leur vie et de leur expérience. Comment aurions-nous connu par exemple le courage de Wolfgand Pinner z''l qui osa se dresser contre les Nazis à Tripoli, au péril de sa vie  (https://editionsbakish.com/node/1567)?  Nous n'aurions pas pris connaissance de certaines conséquences du retour en Algérie de combattants juifs de la première guerre mondiale (voir: "La veuve d'Azar", https://editionsbakish.com/node/1566). Comment connaître autrement un épisode délicieux de la bonne entente qui a existé en Tunisie entre Juifs et Musulmans  (Voir: "Raoul Journo,  le notable arabe et le bébé juif", https://editionsbakish.com/node/1564)?

Ces récits sont respectueux de l'esprit et parfois de la forme-même de certains témoignages, mais ils sont réécrits par l'auteur.

La rubrique "Témoignages" de ce site propose à nos lecteurs d'accéder directement aux textes nés sous la plume des anciens. Car certains d'entre eux ont pris soin de coucher sur le papier des épisodes de leur vie. D'autres ont été plus loin encore: pendant des années, avec persévérance, ils ont tenté de laisser à leurs enfants un manuscrit relatant les faits marquants de leur vie. Ils ont parfois réussi à publier un ouvrage à compte d'auteur ou à intéresser un éditeur. Dans le cas contraire, leurs familles ont parfois pris à cœur le désir leur pères ou mères, grands-pères ou grands-mères et autres parents de partager la mémoire de leur temps qu'ils ont eu à cœur de conserver. Ainsi en est-il pour William Rahamim Belhassen  dont on trouvera ci-après quelques récits sur des moments qui ont compté pour lui dans sa vie (https://editionsbakish.com/node/1873). On pourra le constater: les souvenirs personnels ou l'expérience d'un individu particulier peuvent contribuer à la grande histoire, et, dans ce cas, les souvenirs mis à la disposition du public restituent une partie de l'histoire des Juifs de Tunisie du 20e siècle et la puissante force d'attraction de la Terre d'Israël pour certaines communautés. 

Nous invitons nos lecteurs à nous faire connaître les références des ouvrages déjà publiés dans cet esprit ou de notes d'intérêt dépassant le seul cadre familial.

Donnons un exemple entre mille de l'intérêt de la conservation des information véhiculées par la mémoire des familles. Dans la documentation disponible, il a existé un flou sur la date de décès du peintre Nathan Grunsweigh (ou Grunzweig) de l'Ecole de Paris qui est né en Pologne (Cracovie) en 1880. Certains ont mentionné un décès en 1943, en associant cette année avec l'indication que le peintre a été déporté à cette date (1). Certains ont brodé sur ce thème en affirmant qu'il est mort à cette date dans un camp de concentration nazi (2) alors que d'autres se sont contentés de mettre un point d'interrogation après la date : "1943 ?" (3)D'autres ont parlé d'un décès intervenu entre 1966 et 1977 (4). Aussi, des informations erronées quant à la date du décès étaient communiquées au public dans les notices biographiques, comme dans les fiches d'information présentées au public à l'occasion d'expositions. Le témoignage que nous avons reçu de sa famille (lors d'une simple conversation avec la famille d'un petit-fils du peintre) précise de manière claire que l'année du décès est 1956 (souvenir précis argumenté comme suit: tel de ses petit-fils, "né en 1951 avait 5 ans lors de son décès"). Ce souvenir est corroboré par l'acte de décès qui fut d'ailleurs communiqué récemment par la belle-fille du peintre à un musée de Haïfa pour tenter de corriger l'erreur récurrente.

Outre la mémoire des familles qu'il conviendrait d'explorer, il existe parfois des notes et manuscrits inédits, ou même des ouvrages publiés en petit nombre d'exemplaires, épuisés aujourd'hui. Le but de cette rubrique est de contribuer à mettre en lumière cette documentation. Pour les ouvrages encore manuscrits, est-il besoin de dire qu'ils doivent être respectés, conservés précieusement, et si possible publiés sous une forme ou une autre? Ils intéresseront des historiens dans le futur. Lucette Valensi a justement noté que les « textes parlant de Je, écrits à la première personne, relatant une expérience singulière et individuelle, [...] témoignent d’abord pour un destin collectif » (5).  Si des livres existent, nous  citerons leurs références afin que les lecteurs intéressés puissent se procurer ces ouvrages en librairie ou en prendre connaissance en bibliothèque. Si la documentation est inédite, elle pourrait donner lieu à publication dans cette rubrique.

Notre site n'a certes pas pour vocation de publier tout ce matériel ni de mener ou prolonger des études littéraires déjà engagées par ailleurs (6). Mais peut-être pourra-t-il aider à stimuler la collecte dans les familles de cette mémoire (dont on pleure la disparition en même temps que celle des anciens, mais c'est alors trop tard!). Peut-être pourra-il participer au recensement de la documentation - des manuscrits inédits surtout - conservés dans les familles. Peut-être encore, pourra-t-il inciter familles ou éditeurs à procéder à la publication intégrale (classique ou électronique) de certains manuscrits ou tirer de certains de ces manuscrits des extraits pour une publication électronique immédiate, sans attendre une édition imprimée ultérieure (7). 

Les témoignages peuvent aussi concerner l'action communautaire et se situer dans l'actualité. C'est le cas pour le témoignage recueilli auprès du Rav Chim'on Balouka chlita du quartier de Névé Ya'akov Mizra'h à Jérusalem à propos de l'édification de la seule grande synagogue et complexe communautaire séfarade (au sens large) de son quartier (8).

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NOTES

(1) Adrian M. Darmon (2003), "Around Jewish Art: A Dictionary of Painters, Sculptors, and Photographers", Ed. Carnot,  (p. 149). Nous avons utilisé ces informations pour corriger les notices en français de Wikipedia (voir: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_Paris; et https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathan_Grunsweigh 14 et 15 juin 2015). Nous avons par ailleurs complété la notice sur le peintre (la faisant passer de 1 594 octets à 3 944 octets). 

(2) "He was deported to Germany and died in a concentration camp in 1943", http://mushecht.haifa.ac.il/art/GhezCollection_eng.aspx?id=6, consult. 14 juin 2017. 

(3) Sur le site polonais de wikipedia: https://pl.wikipedia.org/wiki/Natan_Grunsweig?action=edit&veswitched=1&oldid=46777538,  consult. 15 juin 2017

(4) Altius.com - http://www.altius.com.pl/index.php?aukcje_id=14&obiekty_id=3498, consult. 15 juin 2017.

(5) Valensi (1987), "Mémento pour les Juifs d’Afrique du Nord", p. 164 in Foulek Ringelheim (dir.) : « Les juifs entre la mémoire et l’oubli », Revue de l’Université de Bruxelles, 1-2.  

(6) Voir la rubrique "autres ouvrages" de la page  https://editionsbakish.com/1866

(7) Comme cela a été le cas pour les récits de William Rahamim Belhassen né à Tunis en 1930, publiés ci-après. On affichera d'abord la page  https://editionsbakish.com/1873 (cliquer sur cette adresse) puis, on "tournera les pages" comme dans un livre papier en cliquant en bas de page : à droite pour avancer; à gauche pour revenir en arrière. 

(8) Voir la page publiée sur sur ce site à partir d'une interview (réalisée pour l'association Hotsaat Bakish) le 30 octobre 2016.

 

Texte mis en ligne le 22 mars 2016, à Kiryat Ata, Israël. 

Mis à jour en juin 2017.

 

 

 

 

 

 

 

 

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